Crime organisé

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Un yakuza est un membre d'un groupe du crime organisé au Japon. Une mafia japonaise. Pour aller vite.

Il y a une organisation et des règles à respecter. Ce n'était pas facile de suivre la ligne de conduite des yakuzas. Et il y a un "code d'honneur".

Et après, il y a les préjugés et les clichés.

" Merde ! Cet homme devait avoir de sérieux problèmes de santé.

- Lieutenant. Vous êtes sérieuse ?"

Le lieutenant Sylvie Lyster leva les yeux et regarda son collègue amusé.

" Quoi ? Ce type doit faire dans les deux cents kilos ! Il a forcément des problèmes de santé."

L'inspecteur se mit à rire et frotta ses favoris.

Content de damner le pion de sa collègue.

" C'était un sumotori.

- Quoi ? Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

- Les cheveux. Trop longs. Il les a noués d'une manière reconnaissable. C'était un lutteur encore en active.

- Vous foutez pas de moi, Ghost ! Ce n'est pas un sumo !

- Pourquoi ? Parce qu'il ne se balade pas à poil avec une serviette autour des fesses ?"

Le lieutenant se mit à rire et claqua sa main sur sa bouche pour se faire taire.

" T'es con, Ghost."

Adrien Maillard arriva sur ces entrefaites, un rapport dans la main et un café pour sa petite amie.

" Il s'agit d'Utagawa Kuniyoshi. Un sumo arrivé du Japon depuis peu. Il devait participer à une série de combats organisés par l'ambassade japonaise à l'occasion du Nouvel An.

- Un sumo ? Tiens donc ? Je le savais déjà, Adrien.

- Ha bon ? Comment ça ?

- Les cheveux voyons."

Le lieutenant Maillard contempla le lieutenant Lyster avec une profonde admiration.

Un coup de vent fit voler le rapport et les policiers se retrouvèrent à courir après les feuilles volantes.

Les yakuzas sont d'anciens groupes criminels, plus ancien que la mafia italienne. Ils remonteraient au XVIIe siècle. Ils respectent le gokudō, autrement dit la voie extrême, à l'imitation des Samouraïs et respectent le Ninkyōdō qui contient 9 règles :

Tu n'offenseras pas les bons citoyens.

Tu ne prendras pas la femme du voisin.

Tu ne voleras pas l'organisation.

Tu ne te drogueras pas.

Tu devras obéissance et respect à ton supérieur.

Tu accepteras de mourir pour le père ou de faire de la prison pour lui.

Tu ne devras parler du groupe à quiconque.

En prison tu ne diras rien.

Il n'est pas permis de tuer un katagi (personne ne faisant pas partie de la pègre).

Est-il utile de préciser que ces règles sont parfois oubliées au profit de la famille ou de l'intérêt personnel ? Les temps ont changé.

Et périssent les préjugés et les clichés.

" Utagawa Kuniyoshi était un homme riche et célèbre dans son pays, Ghost. Mais je suppose que tu vas me dire que tu savais ?

- Non, mais je m'en doutais.

- Rassure-moi ! Il n'y a pas de film en noir et blanc sur les sumos ?"

L'inspecteur se mit à rire.

" Des combats. Oui. Le sumo est un sport de lutte traditionnel, lieutenant. Très populaire dans mon pays. Il consiste en deux règles simples : les lutteurs ne doivent pas sortir du cercle, le dohyō, ni toucher le sol avec une autre partie du corps que la plante des pieds. Il s'agit d'un sport d'adresse et de force, plus que de brutalité. Il est reconnu par le CIO, mais il n'est pas encore une discipline olympique. Nous ne désespérons pas de le voir devenir."

Monsieur Nakamura souriait gentiment au lieutenant Lyster et la jeune femme écoutait avec attention les explications sur le sumo qu'on lui apportait.

" Utagawa Kuniyoshi nous a fait un immense honneur en acceptant de venir participer à notre compétition, ici, à Paris. Sa mort est une immense perte pour mon pays et pour les Japonais.

- Je suis désolée, monsieur Nakamura.

- Merci, lieutenant."

L'attaché d'ambassade se leva et, avec un profond respect, il accompagna la policière jusqu'à la porte de son bureau, mettant ainsi fin à l'entretien.

Sans rien avoir appris de nouveau à la police.

Le lieutenant se sentit frustré.

Adrien Maillard était assis dans le bureau du lieutenant Lyster maintenant.

Il la voyait tous les jours et en devenait de plus en plus amoureux, au point de ne pas remarquer les rires étranges qui la prenaient et les regards appuyés qu'elle jetait dans certains angles de la pièce.

" Adrien, tu pourrais m'amener un café, mon chéri."

Et le chéri obéissait.

" J'ai quelque chose pour vous, Ghost !," fit aussitôt le lieutenant en ouvrant le rapport sur son bureau.

Le policier s'approcha et regarda le dossier.

Lyster lui annonça avec un petit air de triomphe :

" Le sumotori appartenait à l'écurie Yoshio Kodama. Vous en dites quoi ?

- Il n'a pas de tatouage ? Ni de doigt coupé ?

- Vous avez trop regardé les films, Ghost, se moqua Lyster.

- Il a été assassiné par un yakuza !

- Nous sommes sur la même longueur d'onde ! Le clan Yoshio Kodama est connu au Japon pour sa main-mise sur le sumo et les jeux, expliqua la jeune femme.

- Quelque chose me dit que cela explique le couteau en pleine poitrine et les trois shurikens jetés dans le dos.

- Un sumotori qui a trahi ?

- Qui s'est enfui ?, rétorqua l'inspecteur.

- Qui a refusé de payer ?

- Mhmmm, je suis content de voir que l'enquête avance, lieutenant, se moqua le fantôme.

- Merci, inspecteur."

Le café apparut et les deux collègues se séparèrent.

" Je me suis dit, Sylvie, que peut-être le sumo était un trafiquant ? Après tout, il y a beaucoup de trafics entre la France et le Japon."

Sylvie sourit à son amoureux.

Et l'inspecteur leva les yeux au ciel.

Les yakuzas ont plusieurs activités lucratives. A l'instar de la mafia italienne, ils dominent et manipulent les paris et les jeux, le sport à-travers le sumo, mais également ils organisent le racket des sociétés sous couvert d'offrir une protection, ils gèrent l'immobilier. Ils se chargent des trafics divers et variés et de l'industrie du sexe.

On parle de Naples comme ville mafieuse...que pourrait-on dire de Tokyo ?

Mais que voulez-vous ?

Il y a tellement de préjugés et de clichés.

Adrien reçut sa première blessure de guerre en interrogeant une communauté asiatique.

On avait remonté la piste des athlètes venus du Japon et appartenant à l'écurie Yoshio Kodama.

Un des accompagnateurs n'était pas un athlète, ce n'était pas un sumotori. C'était un yakuza.

On le sut à son tatouage.

Cliché ?

Vérité !

L'inspecteur Adrien Maillard le paya d'une balle en pleine poitrine.

Le lieutenant Sylvie Lyster se rua sur le jeune criminel qui ne parlait même pas un mot de français et frôla la mise à pied lorsqu'elle sortit son arme de service pour la lui poser sur le front.

Mais ce fut le vent qui fit basculer tout le monde sur le sol qui calma le jeu.

Ça et le mystérieux choc que reçut le yakuza à la mâchoire et qui l'assomma sur le coup.

Un coup de poing ?

On ne comprit pas.

Les témoins furent incapables de raconter ce qu'il s'était passé.

Dans l'appartement de Sylvie Lyster, l'atmosphère était morose.

On était assis sur le canapé, face à la télévision éteinte et on réfléchissait.

Morne.

" Mon frère s'est suicidé, annonça tout à coup Sylvie Lyster, car sa copine est morte dans un accident de voiture il y a six mois."

Cela ébranla l'inspecteur qui, bêtement rétorqua :

" Tu y es pour rien, alors.

- J'ai promis à mon frère de pas le laisser tout seul. J'ai oublié."

Sylvie se mit à pleurer doucement.

L'inspecteur se décala et leva le bras pour la laisser se coucher contre lui.

" Je te préviens, je suis glacé.

- M'en fous. Quand j'aurai trop froid, je m'en irai."

Mais l'inspecteur était glacé en effet, d'une froideur de tombe et de chambre froide.

" Putain. Si Adrien meurt... Merde..., murmura Sylvie.

- J'ai perdu tellement de collègues... Je n'ai pas toujours été là où il le fallait..."

Le téléphone retentit et Sylvie se précipita dessus en claquant des dents.

Le silence était profond dans l'appartement.

L'inspecteur essayait toujours de chasser le chat qui le regardait fixement.

Sylvie revint, un large sourire aux lèvres et des larmes brillant dans les yeux.

" Il est réveillé. J'aurai le droit d'aller le voir demain."

La chaleur revint dans l'appartement et l'inspecteur désigna la télévision.

" On se regarde quoi ?

- Soleil Levant. Je n'ai pas vu Sean Connery depuis des lustres."

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