Tristesse et deuil

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Le policier fantôme fut surpris de trouver une porte close.

Le bureau des inspecteurs était fermé.

Il n'osa pas entrer et disparut.

Parfois, il lui restait quelques habitudes du passé. Comme son respect encore trop ancré pour l'autorité et la loi...ou sa maladresse vis-à-vis des femmes...

Il n'osa pas forcer la porte et disparut.

Deux jours plus tard eut lieu la même scène.

Là, il s'inquiéta et partit hanter la salle de conférence et les alentours de la machine à café.

Il ne fallut pas longtemps pour qu'on parle du lieutenant Lyster.

" Où est Sylvie ?, demanda quelqu'un.

- Chez elle.

- Elle ne va pas mieux ?

- La mort de son frère l'a beaucoup secouée. Elle ira mieux demain.

- On dit toujours ça et on ne va jamais mieux. Un accident, c'est ça ?"

Un des policiers jeta, lugubrement :

" Pire. Un suicide. Elle se sent responsable."

Et personne ne comprit d'où vint la soudaine bourrasque qui fit voler les rapports sur les tables et emmêla les dossiers.

Il frappa.

Il pouvait encore frapper à une porte.

Il suffisait de faire lever des pierres et de les jeter sur le bois.

Il fallut de longues minutes et la porte s'ouvrit, dévoilant une Sylvie Lyster, décoiffée et dépenaillée.

Elle sortit prudemment sur le seuil de son appartement et aperçut les pierres sur le palier.

" Je n'ai pas envie de causer, murmura-t-elle en levant les yeux dans le vide autour d'elle.

- Justement, je n'ai pas envie de causer non plus."

Elle eut un sourire et s'écarta pour laisser entrer le néant.

L'appartement était mal entretenu, des barquettes de plat à emporter trainaient, des bouteilles de bière et des mouchoirs roulés en boule gisaient sur le sol.

Au-milieu de tout ce capharnaüm se tenait Midnight et le chat affichait un regard d'une profonde désapprobation.

Les cheveux de Sylvie Lyster étaient simplement retenus par un bandeau, elle ne les avait pas brossés depuis des lustres.

Ses yeux étaient rouges et tristes.

L'inspecteur contempla toute cette désolation avec stupeur.

" Bon, bon, bon. Je vous fais un tour de magie ?," proposa-t-il.

La jeune femme sourit, un petit sourire désolé.

" Etonne-moi, Ghost."

Le policier se plaça au centre de la pièce chaotique et leva les mains...

Les objets se mirent à leviter.

Les mouchoirs, les bouteilles, les barquettes...

Et lentement, il les fit tourner autour de la jeune femme.

Sylvie se mit à rire.

" Et maintenant ?, demanda-t-elle avec un regard de gosse.

- Maintenant...il faut tout ramasser !"

Le policier claqua des doigts.

Et tout retomba sur le sol.

" Je suis magicien mais je ne suis pas agent d'entretien."

Sylvie Lyster regarda ce collègue improbable qui était venu pour la soutenir. Elle secoua sa mélancolie et ordonna en se précipitant dans sa cuisine :

" Recommence ! Je vais chercher un sac poubelle !"

L'inspecteur fit leviter les objets, le lieutenant les récupérait et peu à peu l'appartement fut propre et rangé.

Puis on commanda une pizza.

Puis on s'assit devant un film...de fantômes...

" Ce soir, on se fait la trilogie de Sos-Fantômes, annonça le lieutenant en s'installant près de l'inspecteur.

- Mon Dieu, sourit le policier décédé. Je vais apprendre ce que je suis ?

- On se fait l'ancienne saison puis la nouvelle, on en aura pour toute la journée."

L'inspecteur secoua la tête et regarda la jeune femme, souriante mais immensément malheureuse.

" Et après vous me raconterez ?"

Le sourire se figea.

Et Sylvie posa avec fermeté sa main sur celle de son collègue, haletant sous le froid glacial.

" Après je vous raconterai."

Plus tard, bien plus tard.

Une fois que tout fut terminé.

Peter, Raymond et Egon et leur secrétaire Janine, avaient sauvé New-York de tous les phénomènes paranormaux qui menacaient de la détruire avec leur agence : SOS-Fantômes...

Le poc-corn, la pizza, la bière étaient terminés...

Les larmes revinrent et la culpabilité réapparut en bloc...

Alors...l'inspecteur raconta son propre suicide et cela permit à la jeune femme de comprendre...sinon de pardonner...

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