Espion, lève-toi !

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"Je suis l'agent X344. Nom de code : Antarctique. Ma mission consiste à surveiller plusieurs membres du corps diplomatique postés en Europe de l'Ouest pour en faire le rapport auprès de mes supérieurs."

L'inspecteur Rivette était fatigué.

Il en avait assez qu'on le prenne pour un imbécile. Il n'avait plus osé parler de son collègue. Cela déclenchait des haussements d'épaule et des rires à n'en plus finir.

" Vous devriez vous en faire une raison, inspecteur, fit le policier en souriant. Je suis mort.

- Comment c'est possible que je vous vois ?"

L'inspecteur s'assit et croisa ses mains sous son menton.

" C'est une excellente question. Je ne sais pas ! Vous êtes le premier en deux cents ans.

- Assez avec cette histoire !"

Rivette forma une boulette de papier et la jeta rageusement sur son collègue qui la rattrapa au vol.

Rivette claqua :

"Là ! Vous voyez ! Ce n'est pas possible que vous attrapiez des choses !

- J'ai eu deux cents ans pour m'entraîner ! Heureusement que je sais le faire sinon je serais un jobard. Demandez à vos collègues de vous parler du fantôme des archives.

- Pauvre con !"

"Je suis l'agent X344. Nom de code : Antarctique. Je suis un agent dormant. Mon poste est à Paris. J'ai été réveillé, suite aux soupçons de trahison contre un membre de l'ambassade de Paris. Un de nos diplomates nous trahit avec un pays d'Asie. "

La mort a été horrible et douloureuse. Plus de cheveux, les reins et la moelle osseuse se sont détériorés. L'homme avait été admis à l'hôpital et il était mort en quelques jours. Les médecins avaient conclu à un virus. Mais le doute subsistait.

Et on avait fait appel à la police.

Ce jour-là, l'inspecteur Rivette découvrit pourquoi il se chargeait sans cesse des affaires étranges, c'était son lot en fait. Il était bon dans ces cas bizarres.

" Mais je suis toujours seul à enquêter ?, avait demandé prudemment le jeune homme à son supérieur.

- Evidemment !, répondit le préfet de police. Vous êtes tellement... Pardonnez-moi de le dire ainsi Rivette ! Mais vous êtes étrange. Seulement, vous êtes bon ! On vous envoie sur un cas et en quelques heures, vous nous amenez la solution ! Exceptionnel !

- Merci, monsieur," fit sans sourire le jeune inspecteur.

Car, assis sur une chaise et ses longues jambes étendues devant lui, se tenait l'inspecteur qui lui servait de collègue depuis plusieurs mois...

Et ce salopard souriait, amusé.

"Je suis l'agent X344. Nom de code : Antarctique. Mon contact est un ancien membre du KGB. Il travaille comme garde du corps et chauffeur à l'ambassade des Philippines. Il connaît très bien notre ambassade située à Paris. Grâce à lui, j'ai eu accès à des informations de première main."

Rivette chassa tous les policiers et les médecins de la chambre d'hôpital où se trouvait le mort.

On lui obéit, sans discuter. On avait l'habitude des manières étranges du sergent.

Même devenu un inspecteur, il restait un drôle de type.

Enfin seuls, Rivette regarda son collègue et asséna durement :

" Et maintenant ? Je vais chercher un oui-ja ?"

Le policier suspecté mort se mit à rire et secoua la tête :

" Non ! Juste un peu de jugeote !

- Faites donc dans ce cas et montrez-moi !

- Encore ? Cela fait un an que je vous montre !

- Ou alors je fais appel à un exorciste et je nettoie la salle des archives !

- On a déjà essayé !"

Le policier aux favoris touffus s'approcha du corps et l'examina.

Les cheveux disparus, la peau pâle, le corps exsangue.

Il secoua la tête et lança, étonné :

" Tiens, je n'ai pas vu cela depuis les années 1970. La Guerre Froide.

- Au fait ! Au fait !, s'écria Rivette.

- Je me demande..."

"Je suis l'agent X344. Nom de code : Antarctique. J'ai été doublé. Mon contact est un agent double. Je protège les informations dont je dispose sur une clé USB. Je la cache dans... Merde... Je vais crever..."

L'inspecteur fouilla les vêtements du mort et Rivette ne pouvait pas croire qu'il voyait un fantôme le faire. C'était ridicule et impossible.

Mais c'était un fait !

Le policier poussa un cri de joie et s'approcha de Rivette. Lentement, il ouvrit sa main et dévoila une petite clé USB. Ridiculement petite.

Rivette était fasciné.

"Où était-elle ?

- Talon de la chaussure gauche.

- Comme dans les films d'espionnage ?

- Comme de juste ! Nous avons affaire à un empoisonnement au Polonium.

- Mais comment le savez-vous ?"

L'inspecteur désigna la jambe nue du mort et la petite blessure presque refermée.

" Une petite bille de polonium et le tour est joué. Nous aurions pu en découvrir la trace dans les urines, sinon l'autopsie nous le dira.

- Comment..."

"Je suis l'agent X344. Nom de code : Antarctique. Que quelqu'un transmette mes informations à mon gouvernement ! J'ai fait mon travail et j'ai réussi à découvrir le traître. J'ai une femme et une fille. J'ai..."

L'inspecteur leva la tête et regarda dans l'angle de la pièce. Un angle vide.

Rivette suivit son regard mais ne vit rien.

" Vous ne voyez pas, Rivette, mais vous entendez peut-être ?"

Rivette écouta.

Mais il n'entendit que le silence.

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