Camaël Chapitre 1

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- Et si on arrêtait les chamailleries, Cupidon et Camael. Toutes les semaines, c'est la même chose. Normalement, vous devriez trouver un terrain d'entente. D'ailleurs dans tous les autres districts, c'est comme ça que ça se passe. Cupidon et Camael sont des anges qui s'entendent, insista Gabrielle.

- Oui, mais je suppose que dans les autres districts, Cupidon n'est pas un incapable, dis-je.

- Incapable toi-même.

- Bon, on peut en revenir au cas de Terry ? reprit Gabriel.

- Terry... Exactement l'exemple des dégâts de Cupidon.

- Peut-être que je n'ai effectivement pas fait les meilleurs choix avec Terry. Mais bon, elle a aussi quelques antécédents. Et ce qui s'est passé durant son enfance, n'est pas de ma faute.

- Ok, je te l'accorde. Mais on en a vu défiler des soi-disant gentils garçons qui se sont avérés de vrais connards. Et a chaque fois la pauvre est dévastée.

- Pour l'instant, elle croit toujours à l'amour, précisa-t-il, comme si on pouvait s'en satisfaire.

- C'est bien le problème, si elle ne croyait plus à l'amour, je pourrais intervenir et la réparer. Ça, c'est mon domaine.

- Donc c'est que je n'ai pas si mal bossé. D'ailleurs, je crois que j'ai trouvé une nouvelle piste.

- Vas-y, fais-moi peur Cupidon !

- Alors, Camael, laisse-moi au moins te faire ma proposition. J'ai trouvé un homme un peu plus vieux qu'elle. C'est un choix audacieux et innovant, mais je pense que c'est peut-être ce qui lui faut.

- Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un mauvais pressentiment.

- Bon Camael, tu me laisses finir. Voilà, je me suis dit que Terry était une fille qui était plutôt gentille...

- C'est le moins que l'on puisse dire, le coupai-je.

Cupidon me lança un regard noir. C'est vrai que j'avais pour habitude de l'attaquer à tout bout de champ. Et il n'était pas si mauvais. Mais il faut avouer qu'avec Terry, il avait fait mauvais choix, sur mauvais choix. Et Terry, c'était... c'était une femme qui m'avait toujours charmée. Elle était douce, gentille, drôle, fragile, mais forte, piquante, et triste aussi. Depuis sa naissance, j'observais Thérèse, qui à l'adolescence, c'était fait appelé Terry, par ses amis. Il faut dire qu'étant née dans les années soixante-dix, ce prénom était plutôt ringard et ce diminutif lui allait beaucoup mieux. Je savais qu'un jour, elle aurait besoin de moi et j'attendais mon tour. Il y avait un truc chez elle, mais je ne savais pas quoi, encore.

- Je peux continuer sans être coupé, Camael ?

J'acquiesçai de la tête.

- Donc cet homme, pratique les relations Dominante soumise et peut-être que c'est ce qu'il faut à Terry. C'est plutôt un Dominant assez soft et je pense qu'il saura rassurer Terry et lui redonner confiance.

Dans la Brume, Cupidon nous montra son prétendant. Un prénommé Claude. Bon, clairement au premier regard, il me déplut. Sans raison cohérente. Mais j'avais l'intime conviction qu'il ne serait jamais le grand amour de Terry. Le seul point positif de toute cette histoire à venir, était que peut-être, Terry arrêterait de croire en l'amour. Et là, je pourrais enfin m'occuper d'elle.

Nous fîmes un tour de table, pour décider si Cupidon pouvait mettre en relation Terry et Claude. Par acquis de conscience, je pris la décision de ne pas m'opposer à ce choix douteux, en préférant simplement m'abstenir. Je ne serais comme ça pas vraiment responsable en cas d'échec.

La suite de la réunion porta plutôt sur des sujets qui ne concernaient ni Cupidon ni moi. Avec cette histoire de coronavirus, l'ange de la mort avait de quoi monopoliser la discussion. Pareil pour Gabriel aussi. Même si en tant que responsable, Gabriel, était de toutes les discussions.

Je pense qu'on avait dû y passer deux bonnes heures célestes, qui correspondait à deux minutes terrestres. J'étais épuisé et impatient de faire une pause. En regardant vers la terre, je vis Terry aller faire une petite promenade. Elle en faisait souvent en ce moment et à chaque fois, je la voyais pleurer. Il faut dire que ça dernière histoire l'avait beaucoup marquée. On aurait pu croire, au début, qu'elle était enfin tombée sur le bon. Avec quelques réserves, elle l'avait laissé la dompter. Il l'avait fait tout en douceur et en rire. De leur amitié, était né un attachement, de leur attachement avait émergé du désir et du désir était apparu des sentiments. Mais pour Terry, les sentiments étaient purs et sincères. Pour Terry seulement... Et maintenant il était parti en Australie et ne donnait plus la moindre nouvelle.

Alors durant ses pauses déjeuner, Terry marchait et pleurait. Ses jolis yeux verts prenaient des teintes de rouges que je détestais.

Elle mit ses écouteurs sur les oreilles et commença sa promenade dans ce grand parc, situé à deux pas de son bureau. J'entendais ces musiques, celles-là même qui lui rappelaient son amour perdu. Elle contenu un peu ses larmes devant les passants nombreux, puis choisit un sentier plus calme qui lui permit de lâcher prise. Mon dieu que je souffrais de la voir ainsi pleurer.

Et merde, je descends, rien à foutre !

Je savais qu'il nous était interdit d'aller sur terre, à moins d'avoir une autorisation signée de Gabriel lui-même. Mais je trouverais une excuse le moment venu. Là, tout de suite, je ne voulais pas m'encombrer avec les conséquences.

Dans ma tenue de joggeur, je me mis à courir en direction de Terry. Mon casque sur les oreilles, je fis mine de ne pas l'entendre et la heurtai à son passage.

- Oh désolé Madame, je ne vous ai pas vu.

- Ça arrive, dit-elle en baissant les yeux pour cacher ses larmes.

- Non vraiment, je suis impardonnable... Mais vous pleurez ? lui fis-je remarquer. J'espère que je n'en suis pas la cause ?

- Non ce n'est rien, juste une poussière dans l'œil.

- Vous voulez que je regarde ?

- Non ça ne sera pas nécessaire, dit-elle amusée.

- Ah, je préfère vous voir sourire. Surtout que vous en avez un très joli.

- Merci

- Mais c'est sincère. Et peut-être le plus beau sourire que je n'ai jamais vu.

Elle rougit et cacha dans ses mains un autre sourire, encore plus magnifique.

- Pourrais-je oser vous demander, de vous inviter à boire un verre, au kiosque qui est juste derrière nous ?

- Heuuu...

J'employais les grands moyens et trichais avec un sourire céleste auquel aucun Terrien ne pouvait résister.

- S'il vous plaît, renchéris-je.

- Bon d'accord.

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