Mené par le bout du Nez

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Elle n’avait peut-être jamais vécu ce genre d’aventure, mais elle n’était pas une sainte. Aussi s’accorda-t-elle le droit d’accueillir le plaisir qui montait entre ses reins, de guider la langue experte de l’homme entre ses jambes avant de jouir pleinement, en laissant des cris qu’elle retenait parfois s’échapper sans pudeur. Thomas grogna contre son oreille en lui attrapant le lobe, apparemment très excité par ce qu’il voyait, mais elle le repoussa.

Prenant un large inspiration, Estelle se redressa en tendant la main sur sa gauche, là où se trouvait la bouche chocolatée. Sa paume glissa sur le visage de l’homme alors qu’elle se collait contre lui. Elle le sentit marquer un court temps d’arrêt, vite contrecarré par les doigts d’Estelle qui enlaçaient son sexe dressé. Elle entendit son souffle s’accélérer : après tout, lui non plus ne la connaissait pas ! Elle commença à imprimer un lent mouvement de va-et-vient sur sa verge, savourant son épaisseur, tout en nichant son nez dans le cou de son partenaire. Elle remarqua que l’odeur de lavande s’était dissipée et que la note de cœur, du girofle, se mélangeait divinement bien à celle plus âpre de sa sueur. Elle lâcha le sexe durci, tourna le dos à l’homme et d’un mouvement gracieux, s’empala sur son membre tendu.

Un grognement mécontent lui parvint sur sa droite, mêlé à un petit rire suivi d’une claque. Visiblement, Thomas n’appréciait pas son choix et cela faisiat rire le troisième homme. Cela ne l’empêcha pas de savourer cette première pénétration. Elle ondula comme elle n’avait jamais osé le faire, imaginant à la fois la tête dépitée de son amant habituel tout en profitant des baisers mordants de l’homme dans son dos. Elle haleta, prête à exploser, mais retint son plaisir. Quelques coups de reins supplémentaires libérèrent son partenaire dans un cri bestial. Elle le sentit basculer en arrière et se détacha de lui, le souffle court, la chatte en feu.

Un corps se plaqua contre elle, le sexe si tendu qu’il lui fit mal en frappant sa cuisse.

– Alors, c’est ça que tu veux ?

La voix de Thomas était méconnaissable. Un mélange improbable de désir et de colère, sans doute dangereux, mais Estelle refusa d’avoir peur. C’était lui qui l’avait mise dans cette situation : il allait apprendre à ses dépens qu’il fallait se préparer à tout avec elle.

Elle s’empara de sa bouche dans un baiser violent alors qu’il cherchait à la pénétrer. Elle se tortilla pour l’éviter.

– Qu’est-ce que tu veux, Estelle ? demanda-t-il à bout de souffle.

– Je croyais que tu faisais cela pour moi, lui glissa-t-elle à l’oreille, non sans la mordiller au passage.

– Évidemment.

– Alors, accepte que je m’amuse un peu.

Nouveau grognement, mais l’intonation laissait à présent passer plus d’excitation.

– Tu es prêt à lâcher prise aussi, mon chéri ?

Les bras de Thomas l’enlacèrent et elle apprécia de se nicher un instant contre lui : le girofle était bien plus présent sur sa peau, mêlé à l'odeur du cèdre qui restait en note de fond sur toutes les affaires qu’il portait. Elle adorait cette fragrance : c’était sa préférée, bien que Thomas l’ignorait. Le cèdre lui donnait toujours envie de faire l’amour… Elle se ressaisit en s’éloignant un peu de lui.

Elle inspira de nouveau, à la recherche du parfum de menthe qui caractérisait son troisième partenaire. Elle fit demi-tour à quatre pattes, offrant une vue délirante de son sexe à Thomas qui empoigna fermement le sien, et rejoignit le troisième homme. Sa bouche la couvrit de baisers délicats, mais elle n’en était plus là. Elle le poussa en arrière et enjamba ses cuisses. Des mains se plaquèrent sur ses hanches pour la guider vers le membre tendu. Elle s’y empala dans un long gémissement. Thomas la rejoignit, caressant son ventre puis sa perle au rythme des mouvements qu’elle imprimait à son amant. La senteur caractéristique du stupre envahit son odorat et elle ne résista plus à l’orgasme qui se précipitait en elle. Elle se cambra contre le torse de Thomas, hoquetant sous les poussées de plaisir qui montaient à elle à n’en plus finir. Entre les doigts habiles de Thomas et le sexe de son amant d’un soir qu’elle sentait grossir en elle, elle ne savait plus comment gérer ces sensations trop intenses. Elle explosa en même temps que son partenaire, dans un long cri rauque qu’elle ne se connaissait pas.

Essoufflée, elle prit appui contre Thomas, savourant un instant de calme et le plaisir qui refluait en elle. Les lèvres brûlantes de Thomas se posèrent sur sa nuque et elle esquissa un sourire en glissant la main dans son dos. Ses doigts se refermèrent sur le membre tendu à l’extrême de celui qu’elle aimait, le faisant gémir. Elle tourna son visage vers lui et ôta son bandeau. Leurs regards se nouèrent et il put y lire une espièglerie qu’il ne lui connaissait pas. Elle se réjouissait de l’avoir mis dans un état pareil ! Il pensait lui offrir une soirée inoubliable, la faire monter dans les tours sous les doigts experts de ses anciens amis libertins avant de la prendre sauvagement, mais elle l’avait pris à son propre jeu.

Un petit rire s’éleva dans un coin de la pièce : ses potes se foutaient de sa gueule, non sans raison.

– Estelle, me laisse pas comme ça, pitié… murmura-t-il en l’embrassant de nouveau.

Elle se tortilla pour lui faire face et passa un doigt sur son membre rougi. Un dernier petit coup d’œil et elle se tourna vers ses deux acolytes qui, allongés à quelques mètres d’eux, ne perdaient pas une miette de la scène.

– Messieurs, pourrais-je vous demander de vous joindre à moi pour vous occuper mon cher Thomas ?

Un sourire se dessina sur les lèvres des complices de Thomas qui se redressèrent d’un même mouvement.

– Estelle ? T’es sérieuse ?

D’une main ferme, elle se repoussa sur la fourrure avant se glisser contre son flanc.

– Tu crois que tu es le seul à avoir envie de voir l’autre prendre son pied ? lui susurra-t-elle.

Thomas manqua de protester, mais des lèvres épaisses venaient de le rendre muet. Estelle mordit les siennes, déjà excitée par ce qui allait suivre…

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