II - L'inconnue - 2/7

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 La journée s'écoule sans embûches, sauf une sale garnement qui joue avec la radio de Marius et fait courir à tous le risque de se faire repérer, par maints états, ou forces politiques locales. La portée limitée des ondes radios, dans l'intense bruit de fond qui émane des failles telluriques du monde, est une chance. Surtout ce jour heureux, où son intensité remarquable empêche toutes captation du signal à plus de quelques kilomètres.

 David est intransigeant, il veut punir l'enfant, le code stipule qu'il faut pendre par les pieds, deux jours durant les membres d'équipage coupable d'une faute grave. Joe lui rétorque :

 " Si respecter les règles fait la justice, il faut bien souvent les trangresser pour faire le bien. "

Devant elvisage circonscept de son interlocuteur, il ajoute :

 " Ce n'est pas à vous, le musicien, que je vais apprendre que sortir de la partition est souvent nécessaire pour atteindre l'exellence dans l'interprétation ? "

 David semble rester de marbre face aux arguments, mais dénoument heureux, c'est finalement une montagne de patates qui devient le châtiment consensus entre les équipages. Cloitré dans la cuisine à éplucher, on espére que la fillette ne fera pas d'autres catastrophes d'ici son départ avec la communauté des villageois.

 En cet après-midi, l’aveuglante lumière du Soleil imposait sa brûlante impérialité sur la Terre. Le butin est réparti en une multitude de caisses scellées qui charge bientôt les barques des Petits-Alfigeois. L'eau n'a pas bougé, après les barques, on sort une coque massive et un mat de l'entrepôt ; un voilier est assemblé afin de tracter la douzaine d'embarcations. Le voyageur rejoint Élia à la vigie, dans la canopée de l'arbre. L'eau du déluge d'hier est d'un calme placide.

 Les sens apaisés, elle ne s'attend pas à avoir de la compagnie :

 " Vous avez remarqué les cigognes argentés dans la région ? Il y en a plusieurs ici et là, elle semble avoir fui autour suite à notre arrivée. Elles semblent impatientes de reprendre leur place quand nous serons partis.

 — Oui, c'était justement elles que je regardais, vous s'aviez que leurs œufs égalements sont argentés ? Cela se vend une fortune chez certains orfèvres. Je n'aurais pas tant d'or à gérer que j'enverais quelques gaillards m'en glaner quelque-uns, mais vous voyez c'est drôle, aujourd'hui, avec cette richesse pécuniaire ; j'aurais l'impression d'abimer ce merveilleur spectacle en ôtant quelques oeufs.

 — Ne songez pas trop ; ce n'est pas la saison des nidifications, on remarque même certains jeunes dans les nids là-bas. Les œufs ont donc éclos depuis longtemps. À propos d'observation, je remarque aussi les deux tiers de notre équipage en train de se préparer à voguer.

 — Ce départ ne vous fâche pas trop ? le questionne t'elle.

 — Non, vous pensez bien ; désormais que le casse est fait, la douzaine que nous sommes à bord suffit à naviguer. Moins de membres d'équipage, c'est plus de discrétion aux escales. Si vous voulez tout savoir, je suis plutôt inquiet des saltimbanques, ils risquent d'investir tous leurs gains dans la java du siècle, j'aurais préféré plus de discrétion...Enfin bon, nous devrions être à bon port à ce moment-çi.

 — Je serais heureuse de connaître notre destination, comme nous abordons le sujet.

 — Je pense réduire notre trajet, nous avons perdu trop de temps avec la tempête et cette halte. Oublions Tel-Umna et ses grands lacs, je propose les doubles ports d'Ino où encore de nos loger dans les alvéoles de l'architectoire de Lem, plus au sud.

 — Je ne peux qu'appuyer vos choix, nous aviserons avec les vents propices pour déterminer notre destination finale j'imagine ?

 — Exactement.

 — Je voulais aussi vous faire part d'une chose... Étrange, qui est arrivé hier soir... Je ne suis pas d'un naturel impressionnable, mais je crois avoir discerné des formes vaguement humanoïdes déposer cette nuit l'inconnue découverte ce matin. "

 Il lui raconte alors, ce qui, ce dernier soir, ne fut pas un songe. Il lui décrit ce faux-rêve : ces deux formes humaines, à proximité du passage sous la souche, révélée tantôt par les mécaniciens. Elle demande si des détails font surface dans sa mémoire ; il répond qu'une vision est assez persistante, qu'entre les cordes d'eau, il a distingué des reflets métalliques et vitreux, correspondant à des scaphandres.

 " Vous ne pensez quand même pas que ... "

 Le voyageur lui coupe la parole :

 " Je ne pense rien, je ne croit que ce que je vois, plus je déduis. Ayant ôté l'impossible, le plus logique reste à considérer qu'il s'agit de ceux d'en dessous, Agartha...

 — Il y a plein d'explications plus raisonnable, vous n'allez pas croire ces légendes de villageois attardés ! Personne ne peut vivre sous la mer de nuage ; si on y respire quelques heures avec un masque, l'acide finit par ronger masques et combinaisons jusqu'à la peau... Je concède l'hypothèse que d'autres contrebandiers — même qu'une petite communauté mal connu colonise les sous-terrains locaux — mais rien n'appuie qu'il y ai plus ; vous voulez faire surgir un empire de votre chapeau mon ami. "

 Le voyagueur lui rétorque amusé :

 " Pour une sauveuse de villageois, je vous trouve bien sévère avec leur communauté. Pour revenir au sujet principal, mon idée reste plus élégante, elle donne sens aux brûlures de notre hôte clandestin. Cette femme a les marques typiques de l'eau-vitriol, constitutif majeur de l'acidité de la mer de nuages. "

 Élia clôt le débat et campe sur ses positions ; elle conseille de surveiller la femme, qu'elle pense être une pauvresse, ou une ethnologue excentrique, bannie d'une communauté troglodyte par quelques comportements déviants. En tout les cas, elle peut appartenir à une faction bien réelle et les dénoncer — contre argent comptant — la première occasion venue.

***

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