Prisonnier du sable

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« OUH LA LA… ». Il craint le pire même s'il ne ressent aucune douleur particulière dans son corps. L’œil droit encore fermé, l’œil gauche à demi-ouvert, il tente de prendre conscience de son état global. Il a l’air tout à fait vivant, ma foi. Il espère surtout fonctionner comme avant ! Sa tête paraît bien vissée entre ses épaules. Il distingue son tronc et ses bras, mais… ni ses mains, ni ses jambes et encore moins ses pieds. Se seraient-ils vraiment inversés ?

Le besoin lui prend de tester toutes ses facultés. Il inspire, expire et lâche un « BLABLABLA... » imperceptible qui le rassure aussitôt, car il vient de s’entendre. Parfait.

Les yeux maintenant. Il regarde, scrute, observe et bien qu’aveuglé par la lumière intense, il voit un paysage aride et vallonné, parsemé de touffes d’herbes séchées. Très bien.

Il ressent une grande chaleur. Le soleil positionné au zénith lui mitraille ses rayons et des gouttes de sueur perlent sur son front. D’accord.

Sous son nez, du sable, rien que du sable et des odeurs méconnues. Bon.

À sa droite, il observe une plante qu’il n’a jamais vue auparavant. Qu'est-ce que c'est que ce machin ? C’est l’arbre de Joshua, composé d’un tronc étroit et de trois branches nues qui se terminent en feuillage. Une des branches exhibe d'ailleurs en son bout une belle fleur blanche. Cet arbre lui fait penser à un homme debout les bras en croix, indiquant d’un doigt bourgeonnant la bonne direction à prendre. C’est le genre de panneau qu’il aurait bien aimé trouver tout à l’heure dans la forêt. Autrement dit, le coup de pouce qu’il n’a pas eu. D’ailleurs, en parlant de pouces, où sont ses mains à lui ?

Aussi incroyable que cela en a l'air, elles sont enfouies dans le sable... tout comme le bas de son corps ! Il tente de bouger, remue, se trémousse et à sa grande surprise, il sort ses mains du sable très facilement « OUF ! ». Elles sont un peu frippées. Il tente ensuite de faire de même pour ses jambes mais se dégager de là par contre est une autre affaire, car il est profondément enfoncé. Mais bon...ce sera pour plus tard.

A présent rassuré sur le bon fonctionnement global de son corps, il se demande où il peut bien se trouver et sans son cheval en plus ! Il se remémore la carte de sa contrée, et même bien au-delà du territoire qu’il habite, il ne voit pas où se situe ce désert…

Dans l’incapacité de réfléchir plus, il laisse retomber sa tête en avant et, en appui sur ses avant-bras, assiste incrédule à la machination diabolique du destin sur le cours de sa vie. Sain et sauf, certes… mais enfoui jusqu’à la ceinture au milieu d’un désert ! Maître Renard lui aurait-il joué un drôle de tour ? Il semblerait que oui. Acte de magie ou pas, voilà notre homme dans le désert des Mojaves en pleine vallée de la mort. Fichtre ! Quel rebondissement !

Saura-t-il mettre à profit chaque seconde du temps qui passe dans cet environnement hostile ? Réfléchira-t-il sur son sort maintenant que son corps prisonnier ne mène plus la danse ?

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