Chapitre 5

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 Degenhard et Carmélia commencèrent à marcher en direction du nord. Ils longèrent la montagne basse des craqueleurs. La faune était calme ; ils ne croisèrent aucun craqueleur, de grands êtres faits de pierres, ces derniers dormant tranquillement aux pieds des montagnes.

 Quand ils atteignirent un petit point d'eau, ils s'arrêtèrent un instant pour se désaltérer puis reprirent aussitôt la route. Ils passèrent devant le temple du dieu Sadida. Celui-ci était connu sous plusieurs noms : le Maître des Poupées, le Danseur aux Semelles de Vent, le Père du Peuple des Arbres, ou encore le Dieu Feuillu. Ce dieu était celui qui faisait germer, fleurir et éclore chaque source de végétation. Il comptait beaucoup de personnes qui lui étaient fidèles, et qui utilisaient le pouvoir de la vie végétale. Dans ce temple, il y avait un arbre colossal, aux branches si grandes qu'elles n'en finissaient pas, et aux feuilles magnifiquement dorées. Celui-ci était sujet de plusieurs histoires, mais personne ne savait laquelle était vraie.

 Plus loin, il y avait la grande porte en bois qui menait aux territoires des bworks et des gobelins. Elle était ornée de gros anneaux en fer et d'une tête de mort sculptée. Ces créatures n'étaient pas agressives, mais pouvaient l'être lorsqu'on les dérangeait. Les bworks mages, archers et guerriers vous attaqueraient alors.

 En continuant, les deux miliciens croisèrent des familles de bouftous sauvages. Ceux-ci étaient de mignonnes créatures laineuses à petites cornes. Ici, ils vivaient en toute liberté.

 Puis ils traversèrent la Milifutaie, une petite forêt où régnaient les sangliers, les prespics -des animaux roux qui possédaient des pics cachés par leurs poils- et les milimulous -des créatures poilues aux grandes oreilles et au regard agressif.

 Peu de temps après, ils atteignirent enfin le village d'Amakna et rejoignirent en une dizaine de minutes la taverne, qui était proche de l'épicerie et de la banque. Sur la terrasse, beaucoup de gens étaient attablés et buvaient jusqu'à plus soif. Plusieurs clients étaient soûls, criant et riant. Certains dormaient déjà sur leur table, la tête dans l'assiette.

 Degenhard et Carmélia entrèrent dans la taverne, passant la grande porte qui avait la forme d'un tonneau. Alors que dans l'auberge bondée tout le monde parlait, le silence s'abattit subitement sur les clients. Ils s'interrompirent tous dans leurs actions, cessant de manger et de boire. Tous les regards se posèrent sur les nouveaux venus. On entendait parfois un hoquet sortant de la bouche de ceux qui avaient trop abusé de la boisson, ou un rot expulsé par ceux qui avaient trop mangé. Un instant, Degenhard avait oublié que les Brâkmariens étaient mal vus à l'extérieur de leur région. Les Bontariens étaient les premiers à les haïr, mais beaucoup d'habitants vivant dans les territoires neutres comme le village d'Amakna ressentaient la même chose envers eux. Il en était également de même pour la plupart des lieux que leur nation avait conquis.

 Degenhard ne pouvait nier que sa cité était dirigée par un chef autoritaire et impulsif, qui ferait tout pour voir son éternelle ennemie, Bonta, tomber. Les Brâkmariens avaient ainsi causés de grands ravages partout dans le monde. De plus, les citoyens de la Cité Pourpre pratiquaient l'esclavage, capturant et maltraitant des disciples du dieu Ouginak, le Molosse Noir. Ceux-ci étaient un peuple de grands guerriers. Mais malgré leur force et leur courage, beaucoup d'entre eux s'étaient vus obligés de s'agenouiller devant la puissance des Brâkmariens et de les servir. Le général comprenait donc cette haine envers eux. Et il avait également l'impression d'avoir gâché la journée à tous ces citoyens qui avait pourtant dû bien commencer.

 Le milicien chercha une table libre et en trouva une. Avec sa partenaire, il se dirigea vers le fond de la taverne, tout en supportant les lourds regards des autres clients. Ils parvinrent à destination non sans difficulté. Il y avait tellement de monde qu'il était difficile de circuler entre les nombreuses tables ! Épuisés, ils se laissèrent tomber sur les chaises en bois. Ils furent observés encore un instant. Mais, voyant qu'ils étaient là en simples clients, les consommateurs se remirent à manger et boire puis se fut à nouveau la cacophonie. Tout le monde parlait en même temps et on ne pouvait rien comprendre, n'aurait-ce été qu'un seul mot.

 Degenhard posa sa faux à côté de lui contre le mur et soupira. L'atmosphère avait été d'abord tendue mais à présent, il entendait des rires et des cris de joies. C'était comme si on les avait oubliés malgré leur entrée qui n'était pas passée inaperçue. Il espérait qu'ils ne se feraient pas plus remarquer.

— Miliciens, dit une voix.

 Le général sursauta. Il n'avait pas vu la serveuse de la taverne arriver. Carmélia l'avait sans doute appelée et elle était venue.

— Qu'est-ce que je vous sers ?

— Deux bières et le plat du jour s'il vous plaît, répondit Carmélia.

 Tout en notant sur son carnet, elle écarquilla les yeux. Degenhard devina que c'était la politesse de Carmélia qui l'étonnait. Il rit intérieurement. Les Brâkmariens étaient victimes de stéréotypes, mais pas tous en étaient la preuve. On les considérait comme des personnes sans pitié, agressives et assoiffées de sang. Il était vrai que Carmélia n'était pas dérangée par le fait de tuer des gens, mais seulement si les éliminer était nécessaire. Il n'était cependant pas dans ses valeurs de tuer des innocents. En dehors de cela, elle ne manquait jamais de courtoisie.

 La serveuse s'éloigna et revint quelques minutes plus tard avec les commandes. Elle déposa devant eux deux choppes si remplies que le contenu dégoulinait et deux assiettes bien pleines. La bonne odeur de la nourriture emplit leurs narines. Il s'agissait d'un plat typique d'Amakna : une friture Amaknéenne. Tradition depuis la nuit des temps, ce repas est constitué de viande ladre. Malgré son nom, cette viande est délicieuse quand elle est cuisinée à point. Elle est toujours accompagnée de flocons d'avoine, et le tout est frit dans de l'huile.

 Degenhard prit sa fourchette et la planta dans la viande coupée en morceaux. Avant de la porter à sa bouche, il observa Carmélia. Il soupira en voyant qu'elle avait déjà englouti la moitié de son assiette. Il enfoui son morceau de viande dans sa bouche. Il se détendit immédiatement, content de pouvoir enfin manger quelque chose.

 C'est alors qu'il aperçut un mouvement du coin de l’œil.

 La porte de la taverne venait de s'ouvrir et des cris parvinrent à ses oreilles. Il s'interrompit un instant pour voir les nouveaux clients arriver.

 Ce fut d'abord trois jeunes gens qui entrèrent en riant : deux hommes et une femme. Il était aisé de reconnaître le dieu envers qui ils avaient prêté allégeance grâce à leur apparence.

 Tout d'abord le premier homme qui avait, comme Carmélia, un aspect de chat. Un disciple du dieu Ecaflip, le Maître du Jeu. Les adeptes de ce dieu étaient des joueurs invétérés et avaient toujours la chance de leur côté.

 Degenhard devina que le second homme s'était tourné vers le dieu Iop, le Grand Batailleur. Il fallait se méfier de ces disciples car on ne pouvait jamais savoir ce qu'ils prévoyaient, à part foncer tête baissée dans un combat. Mais ils étaient de grands guerriers, capables du pire comme du meilleur, possédant une force qu'on ne pouvait contrer qu'avec l'intelligence. Effectivement, celle-ci était leur point faible.

 La femme possédait sur son corps des marques aussi rouges que le sang, témoignant de son appartenance aux fidèles de la Vierge de Fer, la déesse Sacrieur. Les adeptes de cette déesse étaient des combattants difficiles à battre puisqu'ils puisaient leur force de leur souffrance et que leur propre sang pouvait devenir une arme.

 Derrière ces trois personnages, un quatrième arriva. Il retint plus grandement l'attention de Degenhard. Tout habillé de rouge, il semblait s'agir d'une femme à la vue de ses longs cheveux qui pendaient dans son dos. Il ne vit pas son visage qui était caché par un chapeau. Mais quand il remarqua l'insigne argenté épinglé à son manteau, il se raidit. Un glaive orné d'ailes. Des Bontariens ! Avec un air méfiant, il les regarda s'installer à une table non loin du comptoir qui venait tout juste d'être libérée.

 Le général se leva brusquement de sa chaise, reprenant sa faux. Carmélia, qui était encore à manger son repas, le regarda d'un air interrogateur.

— On s'en va, annonça-t-il froidement.

 Carmélia se mit debout à son tour. Ils allaient commencer à partir mais la serveuse revint vers eux.

— Vous nous quittez déjà ? demanda-t-elle d'une voix faussement triste.

 Les deux Brâkmariens acquiescèrent. La femme leur tendit alors un papier griffonné.

— Je n'ai jamais d'argent sur moi, prévint Carmélia en regardant son compagnon.

 Degenhard tâta sa ceinture en soupirant. « Où est-elle ? » se questionna-t-il en ronchonnant. Il baissa les yeux et se rendit compte que sa bourse avait disparue ! Il se demanda comment cela était possible, lui qui ne se séparait jamais d'une petite bourse de kamas. Puis il repensa à la scène qui s'était déroulée plus tôt. « Oh non... J'ai dû la perdre pendant la bataille ! ». Il leva un regard désolé vers la serveuse. Comprenant, celle-ci se mit en colère.

— Si vous ne payez pas, je préviens la milice !

 Elle avait crié et sa voix avait avertit tout le monde, qui avait une seconde fois suspendu son repas. Les clients que le général avait observés les remarquèrent. Tout le contraire de ce qu'il voulait ! Il chercha une échappatoire mais la disciple de la déesse Sacrieur était déjà arrivée devant eux. Elle les regardait d'un air offensif.

— Eh bien ? commença-t-elle d'une voix cassante. Qu'attendez-vous pour la payer ?

 Les Brâkmariens ne répondirent rien. Quoi qu'ils dissent, il était trop tard pour changer la situation.

— Alors ? continua-t-elle en haussant le ton. Vous ne comptez pas régler ? Suis-je sotte ! Vous, les Brakmariens, ne le faîtes jamais et partez sans rien dire ! Vous n'êtes que l'incarnation du mal !

 Degenhard sentait son sang bouillir dans ses veines. Ce qu'il détestait par dessus tout était se faire insulter. Et cette jeune femme croyait dur comme fer à ses propos.

— Mais aujourd'hui, reprit-elle, vous êtes tombés sur moi et je ne compte pas vous laisser filer, bande de démons !

 Cette fois c'en était trop ! Degenhard ne pouvait pas laisser passer ça. Il ne pouvait pas la laisser l'injurier de la sorte. Il serra le poing et leva son bras, prêt à défigurer son visage qui avait pourtant une pointe de beauté avec ses marques qui sillonnaient joliment ses joues rondes. Comme lui, elle se prépara à se battre, empoignant la garde de son épée.

 Mais les deux furent interrompus par leurs compagnons. Carmélia posa une main sur l'épaule de Degenhard qui avait pourtant du mal à se retenir. La femme à chapeau s'était approchée et avait ordonné à la disciple de Sacrieur de laisser son arme dans son fourreau. Cette dernière ne le fit pas immédiatement. Mais voyant que l'autre la regardait d'un œil mauvais, elle lui obéit.

— Nous sommes en terrain neutre, expliqua la femme au chapeau. Je ne veux pas de conflit politique avec le roi Allister.

 Le roi Allister était le souverain qui était à la tête d'Amakna. La guerre entre Bonta et Brâkmar avait fait beaucoup de ravages et il serait déraisonnable d'engager une nation de plus dans ce conflit.

— Que sais-tu de la politique ?! s'exclama avec rage la première femme.

 L'autre soupira avant de répondre.

— J'ai passé ma vie à la Milice, à écouter tout ce que je pouvais entendre dont les discussions concernant la politique. Alors j'en sais plus que toi.

 La fidèle à la déesse Sacrieur pesta dans sa barbe tout en jetant des regards noirs à l'autre qui, vraisemblablement, était sa supérieure. Elle ne semblait ni l'apprécier ni la supporter. Finalement, elle partit en grommelant rejoindre ses compagnons qui regardaient la scène de loin.

 La femme au chapeau se tourna vers la serveuse qui attendait toujours qu'on la payât. D'un petit sac en tissu qui pendait à sa ceinture, elle sortit quelques pièces dorées et les tendit à la sommelière. Satisfaite, celle-ci les quitta puis s'occupa des commandes des autres clients qui étaient soulagés qu'aucune bataille n'eût éclaté.

 La soldate Bontarienne se retourna vers les deux Brâkmariens. Degenhard put enfin voir son visage. Il fut surpris qu'il s'agissait d'une adolescente à l'air enfantin. Ses yeux noisettes reflétaient une sorte de lassitude mais semblèrent s'illuminer lorsqu'elle les posa sur eux.

— Vous êtes dans un bien mauvais état, remarqua-t-elle en les regardant des pieds à la tête.

 Le général Brâkmarien rigola silencieusement. L'attaque qui avait été menée contre leur cité était l’œuvre de leurs ennemis. Et l'un d'entre eux osait leur dire une chose pareille... L'idée qu'il se moquât de leur situation l’écœurait.

— Que vous est-il donc arrivé ?

— Comme si vous ne saviez pas ce qui s'est passé ! rétorqua-t-il avec colère.

 L'autre sembla surprise par sa soudaine réaction.

— Nous soupçonnez-vous de quelque chose ?

 Il avait du mal à contenir sa colère tellement l'attitude de la jeune femme l'exaspérait.

— Ne faites pas les innocents ! Notre cité et notre région ont été détruites et on sait très bien qui est l'auteur de ce drame !

 Il était si emporté par la rage qu'il avait du mal à contrôler sa fureur. Et il n'avait pu s'empêcher de lâcher sa faux qui était bruyamment tombée sur le sol en pierre, et de prendre la fille par le col de son manteau. Son chapeau s'envola et tomba à ses pieds. Il l'avait tirée vers lui, à sa hauteur, l'obligeant à se tenir sur la pointe des pieds à cause de sa petite taille. Leurs visages étaient si proches qu'il pouvait sentir son souffle qui soulevait imperceptiblement sa capuche. Si près d'elle, il pouvait voir tous les détails de sa peau pâle. Ses tâches de rousseurs qui parsemaient ses pommettes délicates, ses boutons d'acné dont on est victime à son âge, une cicatrice si petite sous l’œil gauche qu'elle est invisible de loin. Il aurait pu trouver un certain charme à cette jeune figure, mais la situation l'en empêchait.

 Ses amis étaient morts par la faute de meurtriers qui n'assumaient pas leur acte. Et cela l'horripilait !

 Malgré l'agressivité dont il faisait preuve, la Bontarienne n'avait pas l'air apeurée. Elle soutenait même son regard. Au bout d'un instant, elle se mit à rire. Degenhard fut déconcerté par ce comportement.

— Vous ne croyez tout de même pas que c'est nous qui en sommes à l'origine ? questionna-t-elle entre deux rires.

 Elle riait à en pleurer. Degenhard se demandait ce qui pouvait être si amusant. Cela ne fit qu'amplifier sa colère. Non seulement l'ennemi refusait d'admettre mais en plus il se moquait éperdument des conséquences ! Il resserra son étreinte. Le col du vêtement de la Bontarienne se froissait sous son emprise.

 Puis la jeune femme cessa de rire et sécha ses larmes d'un revers de la main.

— Je ne sais pas ce qui vous pousse à croire que c'est de notre faute, dit-elle, bien plus sérieusement. Mais je peux vous assurer que votre déduction est fausse.

 Ce qui le poussait à le croire ? Les Bontariens étaient leurs opposants depuis toujours. Il n'y avait qu'eux pour avoir une motivation assez forte au point de faire disparaître la Cité Pourpre de la carte. Mais en même temps, il n'avait aucune preuve...

— Et puis, croyez-vous réellement que nous aspirons à ce genre de violence ?

 Il était vrai que détruire une ville, voire une région entière, était de la violence de haut niveau. Certes, chaque camp utilisait tous les moyens à leur disposition pour remporter la victoire. Mais les adeptes de la violence, Degenhard le savait très bien, n'étaient pas les Bontariens. Il n'était un secret pour personne que les Brâkmariens usaient intensément de la violence et qu'ils aimaient cela. C'était pour la plupart d'entre eux une passion qu'ils vivaient pleinement.

 Les doigts du milicien s'étaient desserrés et la jeune femme put se défaire de lui. Il la regarda remettre son col en place, lisser le bas de son manteau, puis ramasser son chapeau pour en recoiffer sa longue chevelure.

— Sur ce... finit-elle par dire en commençant à s'éloigner.

 Elle rejoignit ses compagnons. Les deux hommes avaient observé la scène d'un air inquiet, se demandant comment la discussion se finirait. L'autre femme avait finit par détourné les yeux, les sourcils froncés et les bras croisés, telle une enfant qui boudait. Avant de s'asseoir, la jeune milicienne au chapeau lança un dernier regard aux deux Brâkmariens, secouant la main pour leur dire au revoir, un grand sourire sur les lèvres. Ces derniers furent surpris de ce signe de la main et de cette risette. Une jeune Bontarienne qui était encore une gamine, faisant parti de la Milice et dirigeant déjà une troupe... Voir quelqu'un d'un si jeune âge être à se stade était stupéfiant, voire quelque peu troublant.

 Pourtant, Degenhard apprécia ce geste qui était amical et chaleureux. Cette milicienne ne s'avérait pas méfiante d'eux, elle semblait même un peu naïve. Mais elle n'avait pas l'air du genre à accuser ses ennemis d'un acte qu'ils n'auraient pas commis à la première occasion. Savoir qu'une telle personne existait encore le réjouissait. Mais cela ne dissipa pas sa colère pour autant. Comme tous bons combattants, les Bontariens savaient mentir. Et les menteurs faisaient naître, au mieux, le doute dans l'esprit de leurs interlocuteurs. Cependant, l'incertitude que les paroles de cette jeune femme avaient créée ne demeura pas longtemps dans la tête de Degenhard. Il se persuada à nouveau et rapidement de la culpabilité des Bontariens.

 Quoi qu'il en fût, ces Anges -comme on les appelait autrement- ne pouvaient être que les seuls auteurs de ce chaos. Ce terme si divin résonna alors ironique dans les pensées du général. Et puisqu'ils étaient coupables, il leur ferait avouer la vérité, et tuerait assez d'entre eux pour venger sa troupe. Ses amis.

— Degenhard.

 La voix de sa partenaire le tira de ses sombres pensées. Il ne savait pas pourquoi, mais l'entendre l'apaisa. Il tourna la tête vers elle.

— Oui ? dit-il plus calmement en ramassant sa faux.

— Que fait-on à présent ?

 Degenhard avait une idée bien précise dans la tête. Mais elle ne concernait que lui. Cependant, il avait une autre chose à faire avant cela.

— Nous devons regrouper les derniers Brâkmariens qu'il reste, ceux qui n'étaient pas présents lors de l'événement, annonça-t-il.

 Sa gorge s'était nouée en repensant à cette tragédie.

 La tête basse, il se dirigea vers la porte de la taverne pour sortir. Derrière, Carmélia le suivit de près.

 Quand ils sortirent, le calme revint enfin dans l'auberge, la tension s'étant envolée. Soulagés que le bâtiment tînt encore après une rencontre entre Bontariens et Brâkmariens, les clients reprirent leurs couverts et leurs choppes en main.

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