Chapitre 1 

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D'un point de vue cartographique la connaissance de ce monde se limitait à la division de deux parcelles de terre immensément vastes, l'une à l'Ouest et l'autre à l'Est, ces deux parcelles furent nommées par leurs ancêtres, royaume de Léandre à l'Est et royaume de Séan à l'Ouest. Une vaste étendue d'eau isolait les deux royaumes l'un de l'autre et les séparait en tout point excepté aux portes de deux cités où un bras de terre avait résisté à la montée des eaux. Il était long de plusieurs centaines de kilomètres mais uniquement large d'une centaine de kilomètres, bordé d'un côté par l'immensité des mers élyséennes et de l'autre par l'infinité des mers apeironiennes. Un contact moindre était donc réalisable entre ces deux royaumes géographiquement opposés, mais de chaque côté personne n'osait réellement s'aventurer en territoire étranger depuis la grande séparation. Mille ans plus tard et une vingtaine de jours solaires après l'union de deux étoiles étrangères, les prémices d'un lien durable entre deux royaumes avaient été rétablit et Annaëlle foula la terre de Séan pour la seconde fois. Un lien avait été scellé entre deux cités, gardiennes des portes de leurs royaumes respectifs se rejoignant par le sentier des ailés, un sentier que seul les oiseaux empruntaient depuis mille années. Uropi et Ancaria entretenaient des relations étroites depuis quelques lunes rouges seulement, déroulant le premier fil tissant un lien fragile entre les deux royaumes par une union réunissant leur deux héritiers respectifs.

Les portes de Séan bientôt dépassées depuis deux bonne heures, celles de la cité d'Ancaria se dressèrent devant elle. Le long voyage la séparant de sa nuit de noce était à présent terminé. Annaëlle avait espérée bien inutilement échapper à cette évidence. Et dans sa nouvelle demeure une chambre qu'elle se devait de partager l'attendait. Elle était épuisée et voulait se glisser sous les draps quels qu'ils soient, peu lui importait la couleur peu lui importait le tissus tout en ayant conscience de l'impossibilité d'en jouir seule. Il ne lui restait d'autre choix que de rester éveiller jusqu'à l'épuisement, tandis qu'elle l'avait atteint depuis des heures. Elle voulait pouvoir se soustraire aux ardeurs de Mébael, regrettant amèrement celles de William. La fréquence habituelle de leurs retrouvailles ne s'était pourtant pas tout à fait écoulée. A chaque nouvelle lune argentée depuis la dernière lune rouge ils se retrouvaient dans les jardins d'Aurum, des jardins dont elle s'efforcerait de garder un souvenir immaculé. Le char tiré par deux chevaux s'engouffra dans une première enceinte de pierres grises, des murs épais d'une hauteur inhabituelle la composait, les portes se refermèrent derrière le dernier char de voyage faisant d'eux des prisonniers consentants. Les murs intérieurs étaient bordés d'échoppes luxueuses, animés par un esprit de curiosité, de riches marchands clamant l'attention des passants détournèrent momentanément leurs esprits de négociations vers un char surmonté d'une tente à demi circulaire qui leur apportait une nouvelle tête couronnée. Annaëlle s'enfonça dans la confortable banquette de ce moyen de locomotion qui attirait tout particulièrement l'attention espérant échapper à ses regards insidieux. Quelques kilomètres plus loin et de nombreuse maisonnées dépassées une deuxième enceinte de pierre au sein de la première d'une circonférence bien plus petite leur fit face. Ils s'arrêtèrent et la princesse se rapprocha de l'ouverture de la tente écartant les rideaux de cuirs où filtrait des courants d'air lui cinglant le visage. Il continuèrent leur chemin essuyant le bruit de lourdes portes en acier qui se refermèrent sur eux une deuxième et dernière fois. Sur le parvis de la citadelle, des domestiques attendaient bien sagement, parfaitement alignées comme de jolies poupées dociles aux silhouettes menues de petites filles. L'une d'entre elle aux cheveux d'un châtain clair bien trop terne regardait la toilette inaccoutumée de la princesse native de Léandre avec un certain émerveillement. Elle ne devait pas dépasser les treize ans. Ses petites lèvres rappelant la forme symbolique d'un cœur restaient entrouvertes, sans pour autant qu'un son ne daigne les effleurer, pour laisser entendre sa voix enfantine. Les autres domestiques, inclinèrent leur tête vers l'avant, les mains jointes derrière le dos de sorte que l'axe central de leur corps les soutenant ne se courba aucunement, seul leur encolure se pencha les yeux rivés sur leurs souliers abîmés en signe de révérence. Leurs robes n'étaient que aillons, composées de tissus inutilisés provenant de différents vêtements et assemblés maladroitement donnant un résultat bien surprenant même pour des domestiques. Affligée d'un tel accoutrement qui révélait bien des mauvais traitements elle se décida à employer une partie de ses journées à la couture confectionnant pour ses demoiselles impécunieuses, de nouvelles tenues méritant l'appellation de robe. « J'aurais tellement de temps à tuer, cette perspective est bien plus réjouissante que celle d'errer sans but entre les murs ou les jardins fuyant la compagnie de mon mari » Se dit-elle. Elles s'écartèrent sur son passage relevant la tête et suivant la direction de ses pas. Cinq jeunes filles affublées de la dénomination de domestiques par la Reine Opale lorsqu'elle les lui présenta avaient donc été choisit pour égayer ses journées.

Comme toujours elle manquait de courage, tout en ayant abandonné l'idée de prier l'étoile d'Alcé, qui ne semblait pas vouloir lui accorder ses faveurs, il lui fallait donc apprendre à apprivoiser ce concept qui selon elle demeurait encore bien vague à ses yeux. Elle était une parfaite caricature esquissée sur une toile vierge dégageant de ce tableau toute l'innocence du monde. Au moins elle se rendait compte de ce fait tout en étant loin d'en éprouver de la fierté, presque agacée de son comportement qui devait à tout prix changer et s'adapter au mieux à ce royaume étranger. Elle avança d'un pas mal assuré dépassant les cinq jeunes filles faisant office de suivante, marchant dans les pas de la Reine sur un sol de pierre grisâtre, ne sachant si c'était une idée raisonnée lorsque Mébael la rattrapa. Se positionnant à ses côtés ses prunelles de jade s'assombrirent par le peu de lumière qui filtrait dans cette enceinte de pierre rugueuse, il la regarda avec tendresse. Ses commissures se relevèrent et il l'invita à le suivre. L'immense couloir central était décoré de sculptures par dizaine, des chevaliers en armure, parés d'épées à double tranchant, la pointe encastrée dans le sol et la poigne s'arrêtant au niveau de leur taille, leurs deux mains de pierre gantées se rejoignant sur la poigne de la lame. Elle découvrit un hall sous la protection de gardiens piégés dans le marbre, aussi sombre que de l'Obsidienne. Derrière les socles emprisonnant les chevaliers noirs se trouvaient des colonnes circulaires, sculptées puis recouvertes de feuille d'or. Ils n'avaient rien de rassurant et de leur visages imaginaires cachés sous un heaume, seul leurs yeux effroyablement expressifs pouvaient être perçus. Les contours de leurs visages étaient encadrés par des cornes oblongues et pointues dépassant le dessus du heaume. En observant de profil les cornes pouvaient être perçues comme des petites ailes piquantes dépourvues de plumes. « Anges gardiens veillant à ma sécurité ou démons menaçant veillant à ce que je ne m'échappe ? » Leurs cuirasses arboraient la gravure de trois fleurs d'amaryllis s'opposant aux armures des gardiens de la cité d'Uropi décorées par ses précieuses fleurs d'Aurum également au nombre de trois. Une fleur pour le Roi une pour la Reine et la dernière pour leur premier enfant, héritier de leur cité.

Les premiers chefs à se proclamer Roi de leur cité après la grande séparation durent choisirent un emblème pour les caractériser, pour se différencier. Ils optèrent pour la fleur exprimant leurs sentiments respectifs envers leur femme. Ainsi donc la première reine de la cité d'Ancaria devait inspirer chez son époux un sentiment similaire à « Voyez comme je brille, je suis d'une vanité sans nom, accordez moi votre amour ». Tandis que la première reine de la cité d'Uropi semblable à un soleil mais dont le cœur n'étaient que froideur inspira chez son mari une vivre méfiance des apparences et les Hélianthes furent ainsi choisit. Mais cet emblème n'est plus depuis presque quinze lunes rouges. Peu après la disparition de la reine Hélina dont le prénom étant bien trop similaire à leur emblème disparu, le Roi Auguste opta pour un changement rompant avec le respect de leurs traditions ancestrales. Sa propre fille lui inspira son choix, les fleurs d'Aurum furent ainsi choisit comme nouvel emblème, en son honneur et selon son père en l'honneur de son don pour écouter l'âme des Hommes. Reprenant les dires de Méanne Annaëlle lui avait répondu que cela n'avait rien d'un don, qu'elle était simplement pourvu d'une empathie démesurée, dont elle doutait parfois si elle était amie ou ennemie. Il y avaient tellement de fleurs différentes que c'était un choix extrêmement avisé pour palier à la diversité nécessaire des emblèmes. Il y avait un millier de cité dans chacun des deux royaumes, deux milliers d'emblèmes à s'approprier et deux milliers de nom de fleurs à disposition.

Toujours précédées de Mébael, les domestiques suivirent la trainé de poudre que traçait la récente collision de deux étoiles. Ils traversèrent de nombreuses pièces décorées de façon bien extravagantes, des dorures aveuglantes ci et la, sur chaque meubles, sculptures, cheminées, tapisseries que cela en devenait banal et insipide. La sobriété lui manquait déjà car tout cet étalage de richesse lui donnait la nausée. Tandis qu'une odeur pestilentielle et une misère certaine régnait dans les rues du Bourg bien éloigné de la cité mère protégée par des doubles remparts, juchée sur la colline. La cité d'Ancaria était entourée de gigantesques remparts d'une quinzaine de mètres de hauteur, mais ce qui l'avait le plus troublée fut de constater la double protection dont se parait la royauté, « Une petite cité privilégiée à l'intérieur de la cité mère » Une perle bien gardée dans sa coquille de nacre pendant que l'océan se désagrégeait un peu plus chaque jour. Elle n'avait encore jamais rien vu de tel. Sous son règne prochain elle se jura de changer certaines choses, ou du moins d'essayer, que Mébael soit de son avis ou non cela l'importait peu. Elle s'arrangeait pour que sa propre volonté, déteigne sur celle de Mébael. De ce qu'elle avait pu constater depuis leur union il semblait sous son emprise alors qu'elle n'avait pourtant pas tenter de l'apposer, du moins consciemment.

- Je vous laisse vous rafraîchirent et vous installez dans vos appartements. Nous dînerons ensemble un peu plus tard si vous le voulez bien. Je vous attendrais. Il prononça ces mots avec une tendresse certaine dans le regard et elle ne pu réprimer un faible sourire.

- Je vous en remercie. Sa conscience jubilait et si elle s'était exprimée cela aurait été en ces termes « Je vous remercie pour ce moment de répit ! » Oui c'est bien beau mais pour combien de temps ? Jusqu'au soir ou elle devrait trouver un moyen de se défiler. Elle ne voulait pas de son toucher, elle ne voulait que William et sa carrure de soldat prêt à l'écraser sous son poids s'il ne le retenait pas suspendu au dessus d'elle. Elle s'imagina ses cheveux noirs dont les boucles alourdies par la gravité viendraient lui caresser le visage, l'incitant à les attraper et à les enrouler impétueusement autour de ses doigts tout en cherchant le contact de ses lèvres, de sa langue caressant la sienne, de la transparence de ses yeux bleus se confondant aux paillettes d'or des siens. Ses mains venant effleurer son cou, s'attardant sur sa poitrine, descendant le long de son ventre, attrapant ses hanches et relevant sa cuisse la plaquant contre son flan. Puis remontant doucement lui soulevant les reins et l'attirant brutalement contre son torse. L'embrassant continuellement jusqu'à ce que le souffle lui manques jusqu'à ce que ses soupirs deviennent halètements. Jusqu'à ce que son corps en soit tremblant de plaisir, se tordant de jouissance sous ses coups de reins contre son bas ventre. Mélangeant l'essence de leurs deux corps, de leurs deux êtres. Lorsqu'elle émergea de la profondeur de ses pensées un alcôve se dessinait dans la pierre, encadrant une somptueuse tête de lit, sur laquelle des fleurs d'amaryllis se dessinaient dans le bois clair. Aux quarte coins du lit étonnamment large se tenaient quartes poutres soutenant une structure en bois de laquelle retombait lâchement des pans de tissus du même blanc crème que les draps. « Enfin un peu de tissus uni épargné par des motifs bien trop chargés ». Annaëlle se décida à s'allonger sur les draps et de fermer les yeux pour la première fois dans ses nouveaux appartements. Elle informa ses domestiques de la nécessité d'un repos de quelques heures et les congédia. Elle ne su combien de temps elle dormit, apaisée par le repos de son esprit, bercée par des rêves incontrôlés lorsqu'une de ses nouvelles domestiques frappa à sa porte attendant qu'elle daigne lui ouvrir, elle émergea difficilement.

- Ma Dame, le repas sera bientôt dressé, laissez moi vous aider à revêtir quelque chose de plus adéquat conte tenu de l'endroit où vous vivez à présent. Seriez vous enclin à porter une robe d'une étoffe rouge, votre taille souligné par un plastron en or tout autour de votre buste mais ne prenant pas votre poitrine ?

- J'ai conscience de ne pouvoir apporter mes traditions vestimentaires à Séan, je peux m'adapter. Son enthousiasme la fit bondir sur ses deux pieds, encore mal réveillée elle vacilla et s'assit au pieds du lit.

- Je disais simplement cela pour vous éviter de porter quelque chose d'inconfortable, qui plus est avant de consommer votre repas. La princesse ne releva pas et la jeune femme s'attela à cette tâche singulière, ses gestes étaient méthodiques, l'observant du coin de l'oeil Annaëlle voulu s'enquérir de son prénom. Interloquée de l'intérêt qu'elle lui porta, la domestique l'informa d'une faible voix qu'elle se prénommais Daphné. Elle était coiffée d'un chignon positionné au niveau de sa nuque, ses cheveux emprisonnés dans un tissus blanc retenu par un cordon de cuir noir tressé. Son visage était banal tout autant que les cinq autres domestiques qui lui avait été présentés mais elle n'en était pas moins jolie. Elles étaient toutes brunes aux iris d'un marron dont la teinte différait de l'une à l'autre, le châtain de leur cheveux n'étant également pas tout à fait le même. Et leur teint halée leur donnait l'illusion d'une bonne mine malgré leur vie peu envieuse bien loin du statut des suivantes de Léandre et à mille lieux de celui de leur précieuses Cybèles, de leur guérisseuses. Daphné la conduisit comme convenue dans la salle à manger, veillant à ce que sa démarche ne perde en grâce conte tenue de l'accoutrement qu'elle l'avait aidée à ajuster. A chacun de ses pas ses hanches et le dessous de sa poitrine se heurtaient au métal du plastron enserrant sa taille mais elle n'en laissa rien paraitre.

- Nous ne dînons pas avec le reste de votre famille ? Elle découvrit Mébael attendant patiemment la présence de sa femme à sa table, il était seul.

- Ils prennent leurs repas dans une salle à manger située dans une partie secondaire de la citadelle, l'aile droite nous étant entièrement destinée. Ma compagnie vous déplaît elle a ce point ?

- J'ai simplement le droit d'être surprise, dans la cité de mon père les repas sont partagés sans aparté. Ma tante et son mari vivent dans notre citadelle avec leurs deux filles qui composaient ma suite. Et nous partagions nos repas ensemble.

- Mais c'était le cas pour moi aussi avant que nous soyons mariée. Il lui répondit le plus simplement du monde.

- Très bien, vous ne devriez pas tirer de conclusions si hâtives. Son visage s'emplit de satisfaction mais il ne répondit pas attendant que sa femme s'installe à ses côtés, accoudé à une table ronde bien étroite, d'une circonférence d'à peine un mètre, leur proximité la désempara « Pourquoi ai-je eut la bonne idée de quitter ce lit » Maugréa-t-elle intérieurement.

- Je m'excuses par avance de l'absence de vin à notre table, comparé à celui d'Uropi le goût ne conviendrait sûrement pas à votre palais, il n'est pas aussi délicat.

- Tant qu'il y a de la nourriture je ne vais pas me plaindre. Un rire clair inspiré par cette remarque inattendue raisonna dans la salle à manger.

- Je ne peux vous condamner à l'eau pour notre premier repas à Ancaria. Mais je peux vous proposer de la cervoise fraîchement fermentée, aromatisée de lavande en avez vous déjà goûté ? Mébael espérait susciter la curiosité de sa nouvelle épouse.

- Non jamais, je serais heureuse d'en connaître le goût. Il lui tendit un pichet en céramique rouge remplit du liquide inconnu qui allait bientôt ravir leurs palais, elle entendait crépiter cette curieuse boisson lorsqu'il lui en versa une petite quantité dans une coupe en verre positionnée devant elle aux étranges reflets pourpres dont le bord était recouvert d'un cercle d'or, qu'une fois remplie elle porta à ses lèvres.

- Comment trouvez vous cette boisson coutumière aux tables d'Ancaria?

- C'est agréable mais très.. Elle peinait à trouver les mots exact pour décrire ce breuvage.

- Pétillant ? Il esquissa un sourire.

- Oui c'est cela, pétillant. Une multitude de bulles éclataient sur sa langue. Au bout de la troisième gorgée elle du réprimer une éructation pour ne pas briser l'image délicate qu'il se faisait d'elle. Son contrôle en fut si maladroit qu'elle se mît à hoqueter bruyamment. Son estomac se soulevait par à coup contre le métal de son bustier laissant entendre des glapissements peu flatteurs. Elle vit Mébael porter sa coupe pleine à ses lèvres tout en maîtrisant un rire sourd, s'efforçant de contrôler un sourire qui ne cessait de vouloir posséder son visage.

- Ne vous.. (Elle glapit entraînant une montée de chaleur jusqu'à ses joues)... raillez pas de moi. Il éloigna sa coupe à présent vide et tout en la tenant au dessus du sol du bout des doigts la laissa glisser intentionnellement de sa main jusqu'à ce qu'un fracas de verre brisé lui parvint aux oreilles coupant court à son désagrément passager tout en lui arrachant un cris de stupeur.

- Par Mars ! pourquoi avez vous fait cela ? S'écria-t-elle dévisageant son mari.

- Pour vous effrayez et vous décharger des inconvénients du hoquet ma Dame, je n'aurais pas du ? Il avait vu juste, Annaëlle était débarrassée en un instant de cet affreux bruit glottal.

- Vous êtes bien attentionnée, auriez vous des attentes particulières ? Elle regretta bien vite son insinuation qui ne ferait qu'accélérer les choses.

- J'y ai simplement vu l'occasion de vous démontrer mon affection. Et puisque après notre repas vous me rendrez visite dans mes appartements aux vues de notre nuit de noces qui n'a pas encore été partagée et de notre mariage restant non consommé je voulais vous prouvez ma sincérité. Je ne vous ferais jamais de mal alors il ne tient qu'à vous d'accepter le simple fait d'être mon épouse.

- Je suis bien jeune comparée à vous mais en aucun cas dans le déni quand à ce que l'on attend de moi. Huit lunes rouges les séparaient mais Mébael lui paraissait bien plus jeune tant par son visage encore épargné par les marques du temps que par son esprit aux limites de la puérilité.

- Vous en parlez comme d'une obligation dont vous ne tirerez aucune satisfaction, aucun plaisir. Et si c'est le cas je compte bien vous prouvez le contraire. Le prince lui répondit d'une intonation de défi, un défi qu'il se lançait à lui-même.

- Ne me faite pas dire ce que je n'ai jamais prononcé. Un feu brulant s'empara de son visage, la cervoise devait en être la cause, elle s'en persuada.

- Alors c'est réglée. Elle venait en quelques sorte de lui promettre la nuit agitée qu'il désirait sans rechigner « Quelle sotte je fais ! Il s'attend à me déniaiser alors que l'affaire est déjà réglée depuis de nombreuses lunes argentées, comment vais-je palier à ce détail ? Méanne.. Ta présence m'aurait ôté bien des tords.. que dois-je faire ? » Fustigea Annaëlle. Prise de court elle articula un mensonge salvateur.

- Finissons au moins ce repas, je suis affamée. Répondit-elle dans l'empressement.

- Nous ne sommes pas pressés vous avez tout le temps d'en profiter. Elle voulait simplement gagner du temps car l'idée de se retrouver à la merci de son mari lui fit perdre tout appétit.

- Mais d'abord il faudrait nettoyer tout ce désordre. Elle essayait tant bien que mal de gagner du temps mais ses efforts étaient vains. Il s'exécuta et interpella une domestique, en un rien de temps le sol fut débarrassé des morceaux de verre cristallins éparpillés dans le seul but de la soulager des farces de son estomac. Elle finit sa coupe remplie de cervoise et pria Mébael de la resservir, avec un peu de chance il serait tellement enivré qu'il finirait bien par s'endormir comme un charme lui épargnant son toucher.

- Vous me surprenez, c'est la troisième coupe que vous buvez et vous ne flanchez guère. Ses paupières alourdit peinaient à la regarder, elle avait réussit à diminuer ses réflexes et accentuer son état de fatigue mais de son côté ce n'était pas non plus la joie. Son corps échappait quelques peu à son contrôle, si elle fermait les yeux elle ne pourrait les rouvrir.

- Attendez que je me lève pour constater mon état un peu trop éloigné de la sobriété. Elle le lui confessa.

- Tenez une tranche de pain, vous vous sentirez bien mieux après. Il redoublait d'attention sans arrière pensées.

- Rassurez vous je suis loin de restituer mon repas à vos pieds. Il mordit avec hargne dans le morceau qu'elle avait refusé, une pointe de déception dans le regard.

- Dans ce cas je vous attends dans mes appartements, une de vos domestiques vous y conduira. Son ton n'était en aucun cas autoritaire et sonna plutôt comme une requête, et elle lui sourit maladroitement le suivant du regard lorsqu'il quitta la pièce.

La jeune princesse avait ironiquement été épargnée par l'incompatibilité fréquente entre mari et femme, qu'elle aurait pourtant préférée constater. Tout était plus difficile à gérer, Mébael l'avait déjà pour épouse, et dans un avenir proche pour mère de ses enfants, de ses descendants. Mais il cherchait à obtenir la seule chose qu'elle ne pouvait lui accorder et cela l'attristait plus qu'elle ne l'aurait espérée. Elle lui aurait accordé si facilement si elle n'avait jamais connu William que s'en était presque dépourvu de sens à ses yeux, « Où est le destin dans tout cela ? Qu'a-t- il fait pour se retrouver lié à une femme telle que moi ? » Cet homme devait bien s'encombrer de quelques défauts et elle se persuada sans réelle conviction, de les percer à jour si tant est qu'ils existent. La princesse des fleurs d'Aurum attendit bien sagement que la domestique envoyée par Mebael vienne la trouver pour l'aider à se repérer dans cette nouvelle citadelle et c'est Daphné qui finit par entrer dans la pièce l'invitant à la suivre. Elle se leva pour la rejoindre, ses pas traînant sous le poids d'une grande appréhension et son cœur s'affolant elle fit volte-face et fini sa coupe de cervoise d'une traite espérant alléger la difficulté du chemin qu'elle allait devoir emprunter jusqu'aux appartements de l'étoile à laquelle elle avait été unie.

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