10. Collision

4 minutes de lecture

Alors que le professeur venait à peine de terminer son discours qu’il avait pourtant si bien préparé, tours les étudiants se levèrent pour plier bagages et enfin rentrer chez eux. Déjà la moitié avait décidé de sécher ce cours qu’il jugeait inutile car le rythme de parole du pauvre homme les endormait. Heureusement, les élèves les plus sérieux et les moins dissipés continuaient de répondre présents.

Adeline, Juliette et Martin décidèrent de se réunir à la suite de leur dernier cours pour commencer leur projet de groupe. Suivant une longue discussion et un commentaire parfaitement argumenté de la part d’Adeline, Juliette et Martin avaient accepté le sujet de la Rosa gallica. Ce n’était pas seulement parce que c’était un sujet relativement simple selon Adeline, mais aussi car elle en connaissait déjà beaucoup grâce à ses recherches.

Avant de se rendre dans une salle libre, ils s’arrêtèrent à la cafétéria où ils prirent chacun une boisson à leur goût afin de remonter leur niveau d’énergie. Une fois servis, ils commencèrent à sillonner les couloirs et les escaliers, mais aucune salle n’était libre à cet horaire et dans ce bâtiment. Comme l’automne s’était finalement installé, les pluies s’intensifiaient et la nuit s’imposait de plus en plus tôt. Le trio devait donc se résoudre à s’installer sur les vulgaires tabourets délabrés du couloir mal éclairé au bout du bâtiment.

– Bon, Adeline, on va avoir besoin d’un petit cours de ta part, sourit Martin en prenant une gorgée de son thé aux fruits rouges.

– Là, tout de suite ? s’étonna celle-ci, pensant que son ami plaisantait.

Pour toute réponse, Martin appuya son regard et haussa les sourcils. Adeline n’avait certainement pas l’habitude de faire de genre de choses, encore moins avec des amis. Ses bonnes notes ne lui avaient valu que des regards en coin et des moqueries à l’époque du collège, ainsi que quelques profiteurs au lycée. A la fac, voilà qu’on lui demandait de jouer les professeurs !

– Je vais essayer… soupira-t-elle en allumant son ordinateur portable.

Puis, elle eut une meilleure idée que de réciter la page Wikipédia : elle allait exposer ses recherches personnelles. Elle se redressa soudainement avant de plonger la main au fond de son sac et d’en ressortir son fameux carnet. Extrêmement bien entretenu, pas une feuille n’avait été froissée malgré les quelques ratures, l’écriture était soignée et même les pages avaient été numérotées pour créer un sommaire au fur et à mesure. Juliette écarquilla les yeux et s’empressa d’attraper l’objet avant de l’observer attentivement. Chaque sujet était présenté d’une manière différente, avec une couleur et une présentation propres, certains étaient même accompagnés de dessins soigneusement reproduits.

– Alors c’est ça que tu fais quand tu passes ton aprèm chez toi sans répondre aux messages ? ricana-t-elle sans dissimuler une pointe d’admiration.

– Oui, enfin, pas uniquement, bafouilla Adeline subitement gênée.

– Impressionnant ! ajouta Martin en lui montrant un sourire qui lui réchauffa le cœur.

– Oui, bon ! s’impatienta la jeune fille en récupérant son travail. Vous le voulez ce cours, oui ou non ? demanda-t-elle sévèrement en feuilletant son précieux carnet.

– On t’écoute professeur ! s’exclama Martin en mimant un salut militaire.

Adeline ne put s’empêcher de rire, faisant retomber la pression qui la pesait. Elle tourna quelques pages avant de tomber sur celles qui l’intéressaient. Elle prit le temps de relire les quelques premières lignes avant de se replacer correctement sur son tabouret, le dos droit, les épaules en arrière et les pieds croisés. Elle respira un grand coup et commença son cours.

La Rosa gallica, ou Rosa provins ou encore rose de France, est une des espèces de rosiers les plus anciennement cultivées, et pourtant elle n’a pas tant évolué. Elle était déjà connue des anciens Grecs et Romains qui l’utilisaient surtout comme ornementation pour leurs somptueux jardins. Par la suite, on a découvert ses propriétés thérapeutiques. A la Renaissance, elle était préconisée contre la tuberculose, et elle a été longtemps utilisée pour soigner les hémorroïdes, les maladies de peau et les affections des yeux. Non seulement c’est une plante avec beaucoup de bienfaits sur la santé, mais en plus de cela ses couleurs vives et chamarrées sont splendides. La plupart des roses que nous connaissons aujourd’hui sont dérivées de la Rosa gallica et de croisements divers et variés.

Etonnamment, les deux élèves écoutaient attentivement, et semblaient même intéressés. Juliette ne bougeait plus d’un poil, et Martin paraissait fixer ses lèvres pour en absorber le moindre mot. Adeline ne put s’empêcher de marquer une pause et de sourire face à cette scène. Qui aurait cru qu’elle serait capable de captiver d’autres personnes simplement en partageant sa passion ? Comme le faisait le professeur qu’elle admirait depuis son arrivée, et elle s’aperçut de la satisfaction que cela lui procurait.

Martin posa une question sur un point qu’il n’avait pas compris. D’un gène plein de bienveillance, Adeline lui tendit son carnet et entreprit de lui expliquer d’une autre manière. Lorsque toutes les questions furent posées, le trio put finalement commencer leur véritable travail de recherches, car malgré celles poussées d’Adeline, il leur fallait déterminer un protocole à mettre en œuvre afin de valider leur hypothèse. C’était le moment de se creuser les méninges.


Après une bonne vingtaine de minutes, Adeline se pencha en arrière et étira ses bras le plus loin possible pour se détendre le dos. Un léger gémissement s’échappa de ses lèvres, faisant réagir Juliette au quart de tour.

– On peut arrêter si tu es fatiguée, suggéra-t-elle dans l’espoir de rentrer chez elle.

– Non, non, ça va, souffla Adeline en se replaçant face à son ordinateur.

A peine posa-t-elle les doigts sur son clavier qu’elle remarqua une soudaine soif. Elle empoigna son gobelet planté là depuis bien trop longtemps, et décida de se dégourdir les jambes en même temps. Elle se leva rapidement, mais c’était sans prendre en compte le passant qui la bouscula violemment, provoquant la chute du café sur les mains d’Adeline.

Annotations

Vous aimez lire Titi7410 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0