Zehava et John se voyaient maintenant presque tous les jours. Les vacances d’été touchaient à leur fin et chacun d’eux allait reprendre leur travail. Le 3 septembre 1939, la France déclara la guerre à l’Allemagne. Les tensions commençaient à monter un peu partout, et John sentait que quelque chose d’horrible se préparait, probablement une nouvelle guerre, mais ce dont il ne se doutait pas, c’est combien atroce cette guerre serait, et combien d’innocents elle emporterait avec elle. Zehava et John étaient de plus en plus proches et leur amour de plus en plus fort. Ils sortaient souvent et chacun d’eux s’était lié d’amitié avec les amis de l’autre.

Le meilleur ami de John, Jean, étudiait également l’histoire, et partageait la même passion que lui pour les civilisations antiques. Tous deux, ils faisaient des recherches à la bibliothèque sur les incas en particulier, et tous deux rêvaient d’un jour pouvoir aller sur le terrain. Ils se connaissaient depuis tout petits et s’entendaient à merveille.

Zehava quant à elle avait beaucoup d’amis, mais elle était surtout proche de Clara, une de ses amies avec qui elle avait étudié, et qui était également sa voisine. Elles étaient l’une pour l’autre la sœur qu’elle n’avaient jamais eues.

Lorsque la France déclara la guerre à l’Allemagne, le frère de Zehava, Aaron, décida de rentrer chez lui voir sa famille. Aaron était architecte et il voyageait beaucoup en France, pour divers projets de construction, car le travail ne se trouvait pas toujours devant son perron.

Zehava, comme elle lui avait promis, invita John chez elle pour lui présenter son frère. Lorsqu’il arriva chez elle, John observa Aaron. C’était un bel homme, grand, avec une mâchoire carrée, les mêmes yeux bleus que sa sœur, et une carrure qui ferait pâlir d’envie tous les autres hommes du quartier. Il avait un sourire d’une blancheur éclatante et surtout, il avait chez lui un air de bonté qui montrait tout de suite que c’était quelqu’un de bien. Il avait une petite amie qui était venue avec lui, elle s’appelait Ada. Elle était grande et svelte, aux longs cheveux blond et avait de beaux yeux verts. Zehava lui avait dit que cela faisait déjà plusieurs années qu’ils étaient en couple. Ils semblaient vraiment heureux ensemble et dans la façon dont ils se regardaient l’un l’autre on pouvait avoir un aperçu de l'étendue de leur amour.

“-Bonjour, je suis John, se présenta -t-il.

Aaron lui fit un grand sourire et lui serra la main chaleureusement.

“-Je sais, lui répondit-il, nous avons beaucoup entendu parler de toi dans les lettres de ma soeur, dit-il en regardant Zehava qui sourit légèrement. Ravi de te rencontrer, je suis Aaron et voici Ada, dit-il en enlaçant sa copine.

Ils continuèrent à parler ensemble un bon moment, ils s’entendaient très bien ensemble. Le repas avait été servi, la table était majestueusement dressée, et Zehava rayonnait de bonheur de voir sa famille et celui qu’elle aime réunis.

Au milieu du repas, Aaron se leva de sa chaise et saisit son verre de vin :

-J’ai une grande nouvelle à vous annoncer, leur dit-il.

Toute la petite tablée l’écoutait attentivement.

-Ada et moi nous sommes fiancés, et nous allons bientôt nous marier ! dit-il avec joie.

Sa mère et sa sœur poussèrent un cri de joie, et tout le monde les applaudirent.

"Félicitations, leur dit John sincère, je vous souhaite tout le bonheur du monde.

-Merci, je te souhaite la même chose avec ma soeur. Prend bien soin d’elle, lui dit Aaron d’un air sérieux.

-Ne t’inquiète pas pour ça, je ferai bien attention à elle, répondit John. Je l’aime plus que tout.

-Tant mieux, répondit Aaron avec un clin d'œil. Maintenant que les choses ont été mises au clair, je propose que nous passions au dessert, dit-il avec amusement. J’attend ça depuis le début du repas, les fameuses tartes de maman m’ont manquées, plaisanta-t-il

Le repas se termina dans la joie et la bonne humeur, les rires fusaient régulièrement dans la petite pièce qui transpirait du bonheur de ses invités.

-Je suis ravi d’avoir pu rencontrer ton frère, dit-il à Zehava, et sa future femme également. Ils sont vraiment adorables.

-Je suis également contente que tu aies pu les rencontrer. Aaron n’est plus souvent à la maison ces derniers temps, mais il est très important pour moi tu sais. “

-Oui je me doute. Il est vraiment très sympathique en tout cas, répondit John.

-Ma famille t’adore, lui dit Zehava. Et moi aussi, sourit-elle

John sourit également et lui dit que rien ne pouvait le rendre plus heureux que d’être avec elle. Elle était toute sa vie à présent, et il ne se voyait pas continuer à vivre sans elle dans le futur.

-Êtes vous fatigué Monsieur Courtier ? lui demanda Zehava avec un sourire en coin.

-Non pas vraiment, répondit John. Qu’avez vous en tête mademoiselle ?

-Est-ce qu'une petite balade dehors vous plairait ? La température est encore bonne pour l’heure qu’il est, proposa Zehava.

-Avec plaisir, répondit John.

Les deux amants marchèrent longuement dans la nuit noire, se tenant par la main. Ils traversèrent la grande ville de Paris, éclairée par les lumières du soir et encore plus mystérieuse la nuit. Ils arrivèrent près d’un parc ou d’un champ, ils n’auraient trop su dire. Zehava se mit à courir sur une grande pelouse d’herbe verte et John la rejoignit. Il l’attrapa et ils tombèrent ensemble dans l’herbe fraîche. Ils riaient et s’allongèrent sur le dos, observant le grand ciel étoilé.

-Regarde ce ciel, John, c’est magnifique, murmura Zehava. Nous sommes tellement petits dans l’univers.

John acquiesça et la regarda amoureusement :

-Je t’aime, lui dit-il

-Je t’aime, répondit-elle en l’embrassant.

Ils restèrent ainsi en silence, observant le ciel et les étoiles, et ce ne fut que quand le ciel commença à s’éclaircir de la lumière du soleil levant, qu’ils décidèrent de rentrer chez eux, tranquillement, main dans la main. Chacun avait trouvé en l’autre la moitié qu’il leur manquait et ils n’échangeraient ce bonheur pour rien au monde.