Il était une fois une petite fleur qui poussait dans un jardin, au milieu de beaucoup d’autres fleurs. Ce n’était pas la plus belle, ni la plus grande fleur du jardin, ni celle qui avait les couleurs les plus vives ou qui était la plus chargée de pollen. Alors cette petite fleur restait très seule et très tranquille. Personne ne s’approchait pour sentir son parfum ou admirer ses pétales. Les abeilles lui rendaient rarement visite, alors elle passait ses journées à regarder le ciel en rêvant de s’y envoler.

Un jour, un petit oiseau qui planait par hasard au-dessus du jardin atterrit à ses côtés pour se reposer. Ce n’était pas le plus grand, ni le plus majestueux des oiseaux, ni celui qui avait les plumes les plus brillantes ou qui volait le plus vite. Ce n’était qu’un oiseau un peu solitaire qui aimait simplement voler pour admirer le monde d’en haut.

– Bonjour petite fleur, dit l’oiseau, est-ce que je peux me reposer à tes côtés ?

– Oui, bien sûr, petit oiseau, dit la fleur, mais les autres fleurs sont bien plus grandes que moi et te feront sûrement plus d’ombre, tu sais...

– Non, je n’ai pas besoin de très grandes fleurs, répondit-il, je ne suis pas un très grand oiseau.

L’oiseau se reposa ainsi un moment à côté de la fleur.

– Mais dis-moi petit oiseau, ne préfères-tu pas la compagnie de ces jolies fleurs aux couleurs si vives ?

– Oh tu sais, ces fleurs-là sont très belles, mais je ne suis pas un joli oiseau, répondit-il.

– Est-ce pour cela que tu m’as choisie alors, petit oiseau, parce que je ne suis pas une belle fleur ?

– Bien sûr que non, petite fleur ! Pour moi, tu es la plus mignonne des fleurs de ce jardin ! Et ton parfum m’est très doux, répondit l’oiseau.

La petite fleur en rougit de toute sa tige jusqu’aux pétales.

– Personne ne m’a jamais dit que j’étais mignonne… Sais-tu que tu es le plus gentil des oiseaux que j’ai rencontrés ? Lorsque tu survolais le jardin, tu étais si gracieux. J’aurais tellement voulu être à tes côtés...

Le petit oiseau en rougit de toutes ses plumes jusqu’au bec.

– Personne ne m’a jamais dit que j’étais gracieux, petite fleur... Sais-tu que tu es la plus gentille des petites fleurs que j’ai rencontrées ?

Ainsi l’oiseau et la fleur passèrent un long moment au soleil.

– Je dois partir maintenant, petite fleur, dit enfin l’oiseau. Mais je voudrais faire quelque chose pour toi parce que tu as été si gentille.

– Et je voudrais faire quelque chose pour toi parce que tu as été si gentil, dit la fleur.

L’oiseau regarda la fleur et la fleur regarda l’oiseau.

– Si seulement je pouvais emporter quelques-uns de tes pétales avec moi…

– Si seulement je pouvais m’envoler et voir le monde d’en haut...

À ces mots, l’oiseau commença à creuser la terre avec son bec tout autour de la fleur, avec une extrême délicatesse et la fleur souleva chacune de ses racines pour aider l’oiseau. Lorsque cela fut fini, l’oiseau installa la petite fleur sur son dos. Elle glissa ses racines dans ses plumes pour bien s’accrocher.

– Es-tu prête, petite fleur, prête à t’envoler pour voir le monde d’en haut ?

– Oh oui petit oiseau, répondit la fleur. Mais vas-tu pouvoir m’emporter avec toi ?

– Oh oui petite fleur, ne t’inquiète pas ! Ensemble, nous volerons plus loin et plus haut que tous les jardins du monde.

Et l’oiseau s’envola avec la fleur sur son dos.

Alors qu’ils survolaient le jardin, toutes les fleurs et tous les oiseaux du voisinage levèrent les yeux vers le ciel.

Les fleurs s’écrièrent : « Regardez cet oiseau magnifique ! N’a-t-il pas le plumage le plus extraordinaire qui soit ? »

Les oiseaux s’écrièrent : « Regardez cette fleur qui vole ! N’est-elle pas la plus belle des fleurs qui soit ? »

Car s’ils n’étaient pas, seuls, une jolie fleur et un bel oiseau, ils étaient tous les deux, la plus magnifique des fleurs et le plus majestueux des oiseaux.