Diavolosa

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Je cours, encore et encore...

J’essaie de fuir une bande de pirates armés jusqu’aux dents. Une grande bâtisse marque la fin de la ville. Je casse une fenêtre pour m’y engloutir. D’un coup, immense silence dehors. Je jette un œil discrètement par la fenêtre. Mes poursuivants sont tous là, stoppés net devant l'habitacle, blancs comme des linges, la bouche ébahie comme s’ils avaient vu un fantôme. Des chuchotements commencent à monter timidement. Je regarde autour de moi. Une tête de cerf est accrochée au-dessus de la vieille cheminée.

Au sein de celle-ci, un doux feu oranger vacille, illuminant une immense chaise qui semble appartenir à un chef de clan. À l’image de la tête de cerf, le siège était fait de bois et des cornes ornaient le haut. Un épais coussin à carreaux vert, typique de l’Ecosse. Devant la fenêtre où je me trouvais, une gigantesque table rectangulaire était entourée d’une dizaine de chaises comme si une réunion venait d’avoir lieu. Des douzaines de cartes maritimes et terrestre, ainsi qu’un tas de parchemin traînait encore. Je m’approchais pour regarder cela de plus près, ma curiosité piquée...

Bang ! Un coup de feu retenti et la balle vient se loger pas loin de moi. De suite, je fais un bon pour me cacher derrière la table en bois, qui n’en est visiblement pas à son premier coup de feu. Soudain, je vis des jambes fines serrées dans un pantalon de cuir marron des bottines à lacets noirs, assez usées. Aussi vite que l’éclair, je vis son visage et reculais. Elle était très belle. Des lèvres pulpeuses, un regard de chat, les yeux bleus, les cheveux longs et épais d’un noir bleuté. Elle me tendit une main fine, rapide et me demanda ce que je faisais là, m’aidant à me relever. Je ne comprenais pas cette entrée fulgurante pour un accueil finalement si chaleureux. Elle m’expliqua que j’étais en sécurité ici. Son père est le capitaine Blackbeard et elle s'appelait Diavolosa. Je ne me sentais pas vraiment rassurée. J’étais dans l’antre du diable en personne... C’était à la fois fascinant et effrayant. Comment vais-je bien pouvoir me sortir de ce pétrin ?

Diavolosa me balança un flingue entre les mains, puis, alla accrocher des tas d’affichettes avec divers portraits sur le mur face à la table qui était vierge.

« Tire », me lâche-t-elle, se laissant tomber sur le siège dans un nuage de poussière, un verre de whisky à la main. Je tire sur chacun des portraits. Tous eurent un point entre les deux yeux.

« Ben dit donc, t’es une bonne tireuse, on ne dirait pas comme ça. Au fait, qu’est-ce que tu comptes faire de toutes tes groupies ? ». Me demanda-t-elle, désignant la fenêtre, d’un air totalement indifférent sirotant sa boisson. C’est vrai, je les avais oubliés. Cette partie de chasse ne faisait que commencer. Elle apporta les plans de la maison. Aucun moyen de sortir... Hormis la porte d’entrée...

« Il va te falloir de l’aide, il me semble », me dit-elle. Elle siffla et d’un coup, des centaines d’hommes surgirent telles des araignées du plafond. Celui-ci était constitué de planches avec un amont de hamac virevoltant à deux mètres du sol. C’est sûrement de là-haut qu’elle a surgi tout à l’heure. Je n’avais pas fait attention à cet étage, constitué d’un sol à l'image du coussin écossais, avec des carrés pour surveiller et bondir en cas d’ultime nécessité.

Diavolosa m’attendait à la porte d’entrée prête à l’ouvrir dès que ma rêverie fût terminée et ses hommes présents.

***

Je me réveillais d’un bon. Trempée de sueur. L’air était lourd et chaud. Trois heures. Comme d’habitude... Ces cauchemars finiront par avoir ma peau. C’était une espèce de rituel, toutes les nuits. Ce n’était jamais le même. Il semblait se poursuivre.

Je me levais et allais voir mon fidèle dragon, Tharros. Il était magnifique au clair de lune. Ses écailles, d’un bleu éclatant en plein jour, devenaient bleue nuit avec les étoiles, comme des paillettes scintillant au rythme de sa respiration. Une fumée blanchâtre, aux reflets bleus, jaillissait de ses narines tels des nuages dans le ciel noir.

Je vins me caler sur la paille près de lui. Je restais là, un bon moment, à regarder la galaxie bercée par les ronflements de mon ami. Ce plafond nocturne étincelait, il n’y avait pas de nuage et il faisait chaud. Je finis par m’endormir près de mon ami. Je sais que je vais retrouver le monde des pirates comme d'habitude et continuer mon rêve. Vais-je réussir à semer mes ennemis ?

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