Chapitre 55 : Libération

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Les flammes se rassemblèrent, projetant leurs lumières avec de plus en plus d’intensité, avant d’exploser projetant un souffle brûlant tout autour. Eddie se mit assit avec difficulté, sous les moqueries des soldats qui l’observaient d’un peu plus loin. Sho’Ryu, qui avait gardé une bonne distance au cas-ou, s’approcha tout en se forçant à ne pas sourire.

Le moindre commentaire désobligeant, et je vais trucider un des idiots là-bas, prévint le chasseur de relique.

Comme si j’avais l’habitude de me moquer de toi, se défendit le nijimien.

Eddie accepta la main tendue vers lui, et se releva malgré la douleur qui traversait tout son corps.

Au moins l’explosion était un peu moins forte.

J’ai dit quoi ?

C’était juste une observation, plaisanta Sho’Ryu.

Le chafe regarda un regard assassin aux soldats qui riaient, et ils firent semblant de retourner à leurs occupations. L’armée était très occupée ces derniers temps, mais par chance les terrains d’entraînement restaient disponibles. Eddie caressa Ignis, l’épaisse lame était encore brûlante, et la pierre rouge incrusté dans la garde conservait encore son éclat.

Tu n’aurais pas des conseils à me donner ? lança Eddie. Ton truc avec tes lames là, c’est comme la libération au final.

Pas tout à fait, répondit Sho’Ryu en réfléchissant. La symbiose, c’est quelque chose que seul les Kurosuke peuvent réaliser. L’arme ne nous donne pas son pouvoir, nous devenons l’arme nous-même. Mais dis-moi, pourquoi tiens-tu donc à maîtriser la libération ?

Je dois devenir plus fort, j’aurais perdu contre cet idiot de garde royal dans un vrai combat à mort. A Aria je n’ai rien pu faire au château, je me serais fait tuer sans Luke. Je ne sais pas quand on le retrouvera, mais je ne veux pas être un boulet pour lui.

Je vois, c’est vrai que ça doit être dur d’être aussi vantard et si faible, remarqua Sho’Ryu avec sérieux.

Aucune aide de ta part donc ?

Ce n’est pas ce que j’ai dit.

Sho’Ryu posa une main sur le manche de son sabre blanc, et de l’autre posa une main sur le torse d’Eddie.

En public ? Comme ça ?

Tais-toi abruti.

Il sentit la relique magique qui occupait la place du cœur d’Eddie. Elle palpitait à intervalle régulier, envoyant des vagues de mana dans le reste du corps. Il remarqua que le flux magique était complexe, comme si plusieurs personnes avaient mélangé leurs manas.

C’est comme s’il y avait plusieurs sources magiques différentes en toi.

Tu ne m’apprends rien, répondit Eddie. Avant que je passe le « pacte » avec la relique, je n’arrivais même pas à trouver ma propre magie parmi celle de mes ancêtres. Maintenant j’y parviens, mais c’est très difficile et épuisant.

Le problème est là, déclara Sho’Ryu en enlevant sa main. Au lieu de chercher ton propre mana, tu devrais tout utiliser dans son ensemble. Tout sera plus stable, et tu auras bien plus de puissance.

Tu penses que c’est possible ? demanda Eddie, surpris.

Qu’est-ce que j’en sais ? dit Sho’Ryu en levant les épaules. Tu es la première personne que je rencontre avec une relique à la place du cœur.

Eddie lui sourit, avant de lui faire signe de se reculer. Le chasseur de relique se concentra, en acceptant la totalité de la magie de son cœur, il sentit une immense puissance l’envahir. Les flammes jaillirent encore plus fortement, formant un petit tourbillon autour de lui.

L’explosion qui suivit manqua d’atteindre les bâtiments alentours, et les flammes jaillirent si haut dans le ciel que tous les habitants d’Helmstedt purent les voir. Ce fût la dernière fois ou Eddie fut autorisé sur les terrains d’entraînement.



Eddie secoua la tête, se rappeler de ses moments n’allait pas l’aider à survivre. Il s’était caché dans la maison la plus proche, et avait ses occupants gisant sur le sol, tués par les Daevas. Une explosion retentit, le sortant totalement de ses pensées. Il avisa une chaise à l’autre bout de la pièce, et projeta des flammes pour l’embraser. Une flèche dorée traversa le mur, et explosa le meuble ainsi qu’une partie du plancher.

Il m’a retrouvé.

Le chafe prit son élan et sauta par la fenêtre, entendant derrière lui plusieurs explosions. Les lunettes de son adversaire lui permettaient de le repérer à travers les murs, et Eddie avait vite comprit que c’était grâce à la chaleur qu’il le repérait. Il atterrit dans la rue avec une roulade maladroite, et se précipita vers une autre habitation pour se mettre à couvert. Le brun sentit quelque chose dans son dos, et se jeta sur le côté, esquivant un trait doré à la dernière seconde. Il releva rapidement la tête, Eliott sur tenait sur le toit du bâtiment, ses cinq arcs flottant toujours autour de lui.

— T’as bientôt fini de courir ? lança l’archer.

— Quand t’arrêteras de te battre de loin comme un lâche ! provoqua Eddie.

— Rêves donc !

Le traître rassembla ses arcs, et un rayon de magie pur en jaillit, ratant de peu son adversaire et désintégrant plusieurs maisons en continuant sa course. Eddie balança son épée dans le vide, et trois jets de flammes foncèrent sur Eliott, ce dernier les évita avec facilité, l’attaque étant bien trop lente à cette distance.

— Ça ne te dérange pas de détruire cette ville ? lança Eddie, pour gagner du temps.

— Pas le moins du monde, j’ai un objectif bien plus important à présent.

— Ah ouais ? Tuer tout le monde comme un fou ?

— Ne parle pas de ce que tu ne comprends pas.

Eliott agita les bras, et les arcs de dispersèrent, pour tirer de plusieurs directions à la fois. Eddie évita une première attaque, bloqua une seconde, mais la troisième l’atteignit à l’épaule. Les arcs se rapprochèrent de lui pour porter le coup fatal, mais le chafe planta son épée dans le sol, et injecta tout le mana qui lui restait à l’intérieur. Comme lors de leur précédent combat une tempête de flamme grandit autour de lui, détruisant les objets volants. Quand le feu fût dissipé, Eddie vit Eliott toujours sur le toit, en train de l’applaudir en souriant.

— Bravo, bravo ! dit-il joyeusement. Me voilà complètement désarmé !

— Pourquoi tu fais tout ça, lança le chafe entre deux bruyantes respirations. J’ai entendu dire que tu avais été recueilli par le roi après la destruction de ton village, et maintenant tu décides de le trahir ?

Le garde royal paru soudain très agacé par la question de son adversaire.

— On n’a pas dû te dire pourquoi mon village a été détruit.

— Par des bandits ?

— C’est ce que l’on m’a raconté, c’est la version officielle. Si seulement c’était vrai, dit Eliott, du dégoût sur le visage. C’est le roi lui-même qui a commis ce massacre.

— Pour quelles raisons aurait-il fait ça ?

— Parce qu’il soupçonnait que des espions d’Astria vivent parmi nous. Alors, plutôt que de perdre son temps à chercher le coupable, il a payé lui-même des hors-la-loi pour qu’ils rasent le village. Ainsi débarrassé, le grand Vershter-Oz Herrscher pouvait de nouveau reprendre ses rêves de conquête, et faire grandir son armée de plus en plus. Cet homme, comme tous les autres nobles de ce foutus pays, n’ont jamais pensé qu’à leur petite personne. J’ai vu le vrai visage de ces gens depuis que je suis garde royal, ils seraient prêts vendre leur famille pour un bout de terre supplémentaire.

— Et tu es prêt à tuer des innocents pour ça ? Les Daevas vont juste se débarrasser de tout le monde ? Comme cela on sera plus heureux ?

— Nous allons refaire ce monde, ces gens pourront bientôt nous remercier.

— Ça n’a aucun sens ! cria Eddie.

— Ce n’est pas à toi de le décider, répliqua Eliott. D’ailleurs, cessons de parler, et reprenons ou nous en étions.

L’ancien garde royal joignit ses deux mains, une forte lumière jaillit de lui, et cinq nouveaux arcs volants apparurent autour de lui. Eddie sentit ses épaules s’affaisser.

— Tu pensais vraiment que c’était terminé ? se moqua Eliott. Tu peux les détruire autant que tu veux, je les ferais réapparaître encore et encore !

Eddie n’eut pas le temps de réagir, les objets volants se placèrent en face lui en un instant, et cinq projectiles le frappèrent de plein fouet. Il fût propulsé en arrière, traversant le mur d’une maison, avant d’être arrêté par un second.

Putain j’ai mal !

Il essaya de se redresser, mais ne parvint qu’à s’adosser au mur tellement la douleur était forte. Il avait l’impression qu’on avait percé des trous dans son torse et son abdomen, et au vu de l’état de son manteau, et du sang qui coulait, il ne devait pas être loin de la vérité. L’attaque avait été plus puissante que son corps renforcé par la relique.

— Alors ? Tu es enfin mort ? dit une voix dans la rue, caché par la fumée de l’explosion. Ou je dois venir t’achever ?

Instinctivement, Eddie chercha son épée du bout des doigts, en espérant qu’elle ne soit pas tomber trop loin. Il la sentit sur sa gauche, et l’attrapa pour la poser sur ses genoux. Il se sentait nauséeux, et savait pertinemment qu’il ne tarderait pas à perdre conscience. Il devait tenter la libération, mais s’il ratait, il se ferait tuer sans pouvoir se défendre.

J’espère que Sokann a pu fuir, et que les autres vont bien, j’aurais aimé boire une dernière fois avec eux.

Après une profonde inspiration, Eddie commença à se concentrer, lui n’avait plus de mana, mais la relique regorgeait encore de celui de sa famille. Il s’en servit comme si c’était le sien, le stabilisant progressivement, avant de l’envoyer dans Ignis. Le feu commença à grandir autour de lui, formant comme un cocon protecteur.

Au moins si je me rate, j’emporte ce fils de pute avec moi.

Il sentit que le mana lui échappa, et une quantité gigantesque pénétra en un instant à l’intérieur de l’épée. Des flammes jaillirent dans toutes les directions, réduisant tout en cendre 

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