Chapitre 53 :

6 minutes de lecture

Eddie regardait partout, la rue était assez étroite, et avec Sokann derrière lui cela avantageait leur adversaire. De nouveaux cris retentirent, ainsi que des bruits de course, et des milliers de Drociens déboulèrent derrière le Chafe, fuyant en direction du port.

— Mais qu’est ce qu’il se passe bordel ? s’exclama Sokann les yeux écarquillés.

— Notre armée est finalement arrivée, répondit Eliott.

Tout en leur souriant il prépara une flèche de lumière, son arc brillant de mille feux. Eddie se prépara à éviter, mais le trait le rata largement, pour aller frapper la foule derrière lui. L’explosion fit voler des gerbes de sang, tuant sur le coup les plus proches, et projetant au sol les autres, qui se firent piétiner par la course des autres fuyards.

— A quoi tu joues ? cracha Eddie. Tu n’es pas censé protéger ces gens ?

— Je te l’ai déjà dit, répondit Eliott. Je cesse de jouer la comédie.

Le garde royal jeta sa veste, et sortit de sous ses vêtements une amulette représentant un œil. Son sourire disparut quand il remarqua qu’Eddie n’avait pas l’air surpris.

— Aucune réaction ? s’enquit Eliott.

— Pardon, j’aurais dû ? répliqua le chasseur de relique. J’étais déjà au courant que tu étais le plus gros fils de pute de Drocia, que tu fasses partie d’une secte d’illuminés ça ne change pas grand-chose.

Encore d’autres Drociens traversèrent la rue, cette fois derrière Eliott. Des soldats tentaient de gérer l’afflux en les faisant tous aller dans la bonne direction. Entre les deux flux d’habitants, les trois hommes continuaient de se regarder en chien de faïence. Des soldats qui avaient vu l’explosion se rapprochèrent, leurs armes levées tandis qu’ils encerclaient l’ancien garde royal.

— Je ne sais pas quelle armée tu as derrière les murs, dit Eddie. Mais à l’intérieur tu es tout seul.

— C’est ce que tu penses ?

L’archer leva le bras, et un des soldats planta son arme dans le dos de son collègue. Un autre allait réagir mais il fut transpercé par une lance. Eddie vit que les fuyards se dispersaient, des soldats ayant commencés à les attaquer sans prévenir. Sokann dévia un coup de claymore, et trancha le bras de son adversaire avec sa lame courbe.

— Dans quel but faire couler autant de sang ? s’impatienta Eddie, les flammes de son épée redoublant d’intensité.

— Pourquoi je te le dirais ? Tu seras bientôt mort.

L’ancien garde royal leva son arc, et il fut bientôt entouré de lumière, libérant le plein pouvoir de son arme. Comme lors de la dernière fois cinq arcs plus petits se mirent à flotter autour de lui, tandis que les étranges lunettes cachaient ses yeux.

— Prépare toi Sok’, lança Eddie en se mettant en position.

Les cinq objets volants se collèrent, et une sphère lumineuse commença à se former. Un rayon jaillit, de la largeur de la rue, désintégrant tout sur son passage et tuant presque deux milles Drociens qui tentaient de fuir.



Le capitaine trancha le soldat le plus proche de lui, Hubert tomba au sol, du sang coulant de sa poitrine. Jamais de sa vie de guerrier Veter n’avait connu de situation aussi horrible. Hubert avait pourtant toujours été un de ses meilleurs hommes, et ce depuis de longues années, pourquoi le traduire aujourd’hui ? Une étrange fumée s’éleva de son visage, et bientôt Hubert fût remplacé par un total inconnu. Comprenant ce qu’il se passait, le capitaine hurla le plus fort possible.

— Des traîtres sont parmi nous ! Restez tous éloignés pour ne pas vous faire frapper dans le dos !

Ses hommes acquiescèrent en se jetant des regards méfiants, tout en élargissant la formation. Leur groupe fermait la marche des citoyens en fuite, Sho’Ryu était transporté sur un brancard, et le capitaine avait tenu à le garder assez proche de lui pour pouvoir le protéger en cas de soucis. Ils avaient quitté le mur cinq minutes auparavant, et couraient à travers les rues de Drocia en espérant que les murs tiendraient assez longtemps pour permettre à tous d’atteindre le port. Veter voyait encore ses soldats lui assurer de fuir, tandis qu’eux restaient pour défendre la muraille.

— Son état s’améliore ? demanda-t-il à Justine qui courait à côté du brancard.

— Je... je ne sais pas, dit-elle entre deux respirations bruyantes. Je n’ai jamais soigné personne en courant.

— Si le messager à cheval est arrivé à temps, on devrait avoir du soutien sur la grande place.

Des grognements ainsi que le son de griffe traînant contre le sol se firent entendre. Et le capitaine sentit son cœur rater un battement, quand il se retourna il vit une dizaine de créatures leur courir après.

Le mur n’est pas encore tombé, pensa-t-il, soulagé. Ceux-là ont dû passer en vitesse.

— Ne vous arrêtez pas ! ordonna-t-il à ses hommes. Repoussez-les en courant !

La créature de tête gagna encore du terrain, avant de bondir sur le capitaine. Le vieil leva son arme, et le monstre s’empala dessus, il ne parvint pas à retirer son arme, enfoncée trop profondément, et il dut la lâcher. Il attrapa la hachette qui pendait à sa ceinture, avant de la jeter d’un geste habile dans la tête d’un autre monstre. Un de ses hommes se fit attraper la jambe, et il hurla tandis que trois créatures s’arrêtèrent pour l’achever à coup de croc.

— Grande place en vue ! annonça l’un des brancardiers.

Le groupe posa le pied sur la grande place de la ville, et des soldats poussèrent des chariots pour former une barricade de fortune. La place formait un énorme espace ouvert de la taille d’un petit village, avec une magnifique fontaine en plein milieu. En temps normal des étals étaient dispersés un peu partout, et des vendeurs criaient le plus fort possible pour attirer les clients. Aujourd’hui des milliers de Drociens attendaient, tandis que des soldats tentaient de gérer la situation. Un autre haut-gradé s’approcha du capitaine. Un jeune du nom d’Aaron qu’il avait déjà rencontré.

— Que se passe-t-il aux murs ? demanda Aaron, tandis que d’autres hommes d’avançaient pour se préparer au combat.

— Il ne va pas tarder à tomber, répondit Veter. Des sortes de monstres sont arrivés par milliers, vous n’avez pas eu le messager ?

— Si bien sûr, nous avons fortifié la grande place comme prévu.

— Pourquoi reste-t-il dans ce civil ici ? s’impatienta Veter. Plus de la moitié sont encore là !

Aaron paru gêné, et pointa du doigt les rues qui menaient en direction du port.

— Certains soldats nous ont trahis, et des hommes vêtus de noir sont arrivés de nulle part, bloquant les rues. Ils n’attaquent pas, mais ils sont trop nombreux pour pouvoir les déloger sans pertes.

— Et les ruelles ? Nous devons mettre ces gens à l’abri !

— Trop dangereux, répondit Aaron en secouant la tête. S’ils nous tombent dessus par surprise, nous nous ferons décimer sans pouvoir avancer. Ils ont plusieurs magiciens parmi leurs rangs.

— Il faut rapidement débloquer la situation, les murs ne vont pas tarder à tomber !

— Nous devrions pouvoir tenir ici, objecta le jeune homme.

— Ces monstres sont bien trop nombreux ! s’emporta Veter. Donnez-moi des hommes, je vais libérer le che...

Des milliers de grognements retentirent, tous comprirent en même temps, les murs étaient tombés.


Les flammes continuèrent de lécher les murs et le sol pendant presque trente secondes, avant de lentement cesser d’être crachés par le dragon rouge. Quand tout fut dissipé, tout était cramé, mais aucune trace de l’homme en noir.

— Tu l’as eu Dreiss ? demanda Vershter-Oz Herrscher.

Le principal intéressé ne répondit pas, incapable de parler sous sa forme draconique. Des applaudissements se firent entendre depuis l’entrée de la salle, et l’inconnu en noir marchait lentement vers eux.

— Et dire que je pensais cette espèce disparue, et aujourd’hui je me trouve face à l’un des représentants des draconides. Combien d’autres secret me cachez-vous mon roi ?

La poitrine du dragon se mit à rougir de nouveau, mais la silhouette encapuchonnée tandis le bras vers lui, et un cocon noir se forma autour de la créature. En moins de deux secondes Dreiss fut complètement scellé.

— Cependant, il faudra plus qu’un dragon pour se débarrasser de moi.

De minuscules pointes noires sortirent du sol, se plantant dans les pieds du roi, le bloquant sur place.

— Qu’allez-vous faire ? demanda Vershter-Oz Herrscher, résistant de toute ses forces pour ne pas hurler malgré la douleur.

Une lumière rouge apparu derrière le cocon de magie, et des flammes transpercèrent la barrière. La gueule du dragon jaillit, attrapant le roi là l’arrière de ses vêtements. D’un geste il l’arracha du sol, puis d’un battement d’aile il s’éleva, brisant le grand vitrail à l’arrière de la salle de trône. La silhouette resta sans bouger.

— On dirait que je l’ai sous-estimé.

Il attrapa le livre qui lévitait à côté de lui, et se concentra. Son ombre qui était encore étendu partout dans la salle se contracta peu à peu, pour former un cercle d’un mètre autour de lui. Lentement une forme émergea de son cercle, des griffes se formèrent, puis une gueule et des ailes. Un dragon noir s’était matérialisé, dans l’étrange matière magique du Daevas.

La créature sombre effectua un battement d’aile, et partit à la poursuite du roi.

Annotations

Vous aimez lire Hoghan ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0