Lettre ouverte à ceux que j'aime

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15 Juillet 1916, Verdun

J'adresse cette dernière lettre à tout ceux qui m'ont, un jour, accompagné sur la longue route de l'existence

Il ne reste pour moi désormais qu'un maigre espoir de survie, qui s'ammenuise au gré des tirs et des explosions. Il m'est malheureusement impossible d'écrire à chacun d'entre vous, le temps me manque, trop. J'ai donc pris la décision de vous offrir ce dernier témoignage de mon amour, comme une lettre ouverte à ceux que j'aime.

A mes amis, tout d'abord. Vous, dont l'épaule et le soutien m'ont été inconditionnel tout au long de mes quelques vingt-neuf années, sachez que votre sourire et votre joie m'accompagneront comme derniers compagnons jusqu'au tombeau tout proche. Pour vous, Hector, Sebastien, Charles et Henri, mais aussi pour vous Elisabeth et Gentianne, cet unique mot qui porte l'espoir d'un coeur et l'affliction d'une âme, celle de ne pas vous avoir pu connaître d'avantage, cet unique mot qui résonne dans mon être comme un adieu : Merci, et vivez.

A mes professeurs, tous hommes, à l'exeption de madame Guénolin, il me faudrait l'équivalent de plus d'une vie pour vous témoigner toute ma gratitude et l'honneur qu'il me fut de vous avoir rencontrés. C'est la destinée tragique de tout enseignant que de perdre son élève, mais à vous qui en avez vu mourir tant et tant sur les champs de la Grande Guerre, recevez mes derniers mots de réconfort comme ceux de milliers de mes camarades tombés. Nous vivrons à travers vous et vos récits, car l'homme meurt mais sa mémoire perdure. Alors ne desesperez pas, et contez.

A ma famille, mes parents, mes tantes et mes oncles, mes nièces et mes grands-parents, dans la souffrance et dans la peine, par delà la mort, je continuerai de vous aimer, sans pouvoir vous le dire. Je regrette de ne pouvoir voir grandir Eleanore et Léontine, les adorables filles de mon frère et sa femme. Je regrette de ne pouvoir assister aux noces de perles de mes parents, comme je leur avais promis dans mon dernier message. Jusqu'à mon dernier souffle, mes pensées iront vers vous, qui avez pris la peine de m'élever et de me supporter, pendant vingt-neuf ans. Il en faut bien du courage pour donner naissance, mais en faut encore plus pour assumer son enfant. Que Dieu vous garde.

Enfin, à ma plume, celle qui guide mes mains dans ce dernier effort, aucun mot, aucune sentence ni aucune parole ne saurait rendre compte de l'amour pur que je te porte. Je t'ai aimé, de tout mon coeur, et mon amour pour toi ne cessera de grandir qu'à mon trépas. Dis à l'enfant à venir que son père, de sa demeure eternelle, le recommande au seigneur, et qu'il l'embrasse. Très, très très fort. A cette famille que je ne pourrais jamais fonder, à mon tendre enfant que je ne pourrai jamais féliciter pour ses excellents bulletins de note, à toi ma tendre Carla dont l'âme éclatante m'a illuminé tout ce temps, en tant que père et amant, j'aimerais tout de même vous dire que mes derniers mots, je les ai écrits à l'encre de votre affection.

Benjamin.

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