L’une et l’autre

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J’ai rêvé. Encore le même rêve… une maison, quelques marches, un seuil, une porte magnifique. Elle est belle avec ses deux battants aux fines moulures dorées et ses poignées en forme d’anneaux. Elle est solide et lourde. Elle est ouverte mais bien que me tenant sur le seuil je ne distingue rien de ce qu’il y a à l’intérieur. Il semble qu’un brouillard épais emplisse les lieux.

Les rêves n’ont-ils pas pour objet de nous révéler nos pensées les plus secrètement gardées ? Alors pourquoi les cacher ainsi à mes yeux ? Quelque chose est enfoui, quelque chose qu’il me faut dévoiler. Il va falloir entrer, je le sais. Qu’il y a-t-il de si inquiétant qu’il soit nécessaire de le masquer d’un voile brumeux ? Mon inconscient connaît parfaitement mon penchant curieux mais par cette mise en scène il m’astreint à la considération sérieuse ou du moins à la sérieuse considération. Je respire mal et je sens une indésirable moiteur envahir mes mains.

Logiquement, ma conscience rêveuse et mon inconscient architecte étant tous deux des parties d’un même tout, moi en l'occurrence ; si j’ai peur, c’est qu’ils ont peur eux aussi. Cette fois c’est sérieux. Inutile d’être interprète confirmé pour décrire ma vie en un résultat synthétique. C’est un naufrage. Mon imaginaire aurait d’ailleurs été bien inspiré de me proposer un décor littoral plutôt que continental. Passons…

Revenons-en au naufrage et à la définition que nous en donne notre avisé dictionnaire : ruine totale et complète. Je suis devant la porte, je n’ai pas bougé. Un visage se devine. Peu à peu, les contours se font plus précis jusqu’à ce que je puisse réaliser que ce visage qui me fixe est le mien. Un immense miroir se dresse au milieu de l’entrée, à trois ou quatre mètres devant moi. Je m’approche. Quelle sensation étrange !

Oui, l’autre est venue hier soir. Elle est venue comme ça, comme vient la pluie, comme par hasard. Depuis que j’ai découvert son existence, je consacre une folle énergie à tenter de ne pas la croiser. Il y moi et il y a l’autre. Ni moi ni l’autre ne sommes faites pour nous entendre, d’ailleurs jamais l’autre et moi ne nous sommes retrouvées simultanément dans la même pièce. L’autre me fais peur. Je sais d’elle qu’elle se glisse souvent quand la nuit tombe. Elle est l’écho des voiles obscurs. L’autre et moi, l’autre contre moi. L’autre est robuste, elle s’étend et s’attarde. Elle me convoite. Je crie, tu m’entends à peine.

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