Chapitre VII

2 minutes de lecture

La Grandeur de la Colère

- Royaume de Lenk-

***

Un fracas secoue le couloir, assourdit les gardes royaux, et vient importuner l’ouïe d’un roi en pleine rêverie. D’un sursaut, Sa Majesté repousse la literie dorée, enfile ses babouches de soie avant de gagner l’entrée de sa suite.

– Mais quel est le bouffon qui fait tout ce raffut au milieu de la nuit? Gronde-t-il en ouvrant la porte.

Les soldats en faction devant sa porte arment leur bras et le plus proche désigne d’un doigt une forte carrure au fond du couloir. Les torches en applique déforment de leurs langues flamboyantes les ombres et transfigurent celle de l’homme en une imitation du diable. Les murs tremblent sur son chemin, comme les armures des gardes.

Enfin assez proche pour distinguer l’importun, Sa Majesté se vtoi accrochée par le regard le plus noir et le plus brûlant de son existence.

Le Roi Sendhar de Tehka le pétrifie de ses yeux sombres et tranche son orgueil d’une lame sourcilière. Il dégaine un sabre d’une longueur surprenante, le pointe vers Alfir o’Lenk comme s’il pouvait transpercer ce coeur royal à cette distance, et hurle:

– Vous! Vous le paierez ! Rien ne pourra la remplacer, mais ma vengeance sera à la hauteur de sa perte! Comptez vos jours Alfir. Oh Non! Comptez vos heures!

Sendhar crache un glaire épais au pied d’Alfir, avant de vider les lieux sous les regards écarquillés d’une assistance médusée.

Sa Majesté o’Lenk, stupéfiée par tant de haine condensée en un si court discours, ne sait comment réagir. Un pas de course le sort bientôt de sa torpeur. Le Maréchal s’arrête au bout d’une lance.

– Mais abaissez-moi ça voyons!

Une sueur alarmée perle à son front. Il essuye ses mains moites de crainte à sa redingote, le temps de reprendre un souffle perdu au travers des innombrables couloirs du palais. Il inspire en profondeur, brûle ses narines à la puanteur de sa propre sudation.

– Majesté! La Princesse Ayela o’LenK a été retrouvée morte dans la chambre princière. Et le Prince Shadar est introuvable!

Le roi tourne la tête et rive deux pupilles dilatées sur le nez du maréchal.

– Mais?

Le valet de service a entendu des cris. Il a tenté d’ouvrir la porte mais celle-ci était fermée de l’intérieur. Il est allé chercher la garde. Les soldats ont défoncé la porte et découvert la scène. Une fenêtre était cassée et dégoulinante de sang. Et…

– Et quoi?
– On a trouvé un sachet de Poudre d’Etoiles et des pétales de Lyscalla, Seigneur.

Le Roi, frappé au coeur par cette nouvelle, tombe à genoux. Il connaissait les symptômes et les effets de cette drogue. Comment avait-t-il pu passer à côté. Ne pas remarquer les changements d’humeur de son fils. Il avait trouvé des excuses à ces remarques acerbes dans ce mariage inattendu et ses nouvelles charges à venir. Il avait faillit.

Son fils, unique.
Son héritier.
Il ne se fait aucun doute sur la culpabilité de Shadar.

Dans sa négligence, le Roi avait permis au prince de s’enfoncer dans une décadence sans rémission. Et celui-ci venait d’emporter l’entier du royaume en enfer.

Annotations

Vous aimez lire DavidPerroud ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0