Chapitre 32

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10 jours plus tôt

Nos cages sont transportées dans un entrepôt dont le sol est en terre battue. Le même qui m’a abritée la fois où j’ai été prisonnière du ciment.

Prise d’un mauvais pressentiment, je regarde aux alentours. La nausée me prend lorsque je remarque deux gardes qui mélange un immense bac plein d’une substance grise que j’identifie immédiatement.

D’autres les ont aperçus également et les pleurs redoublent dans les cages.

Monsieur Pirot et madame Notat font leur entrée dans la pièce. Jamais encore je ne les avais vu à ce point en colère…

L’homme se place face à nous et prend la parole d’une voix glaciale, plus tranchante que n’importe quel acier :

« Vous resterez ici, à disposition du personnel de l’école et de vos camarades de la classe dominante. Ils auront carte blanche pour vous faire subir ce que bon leur semble. »

Sur ces mots, il quitte la salle d’un pas vif, sans plus se préoccuper de la terreur que sa sentence a provoquée.

Zoé est la première. Malgré ses sanglots hystériques, les gardes la forcent à s’allonger sur le sol, jambes pliées et écartées. Ils versent le ciment dans les quatre trous où disparaissent ses pieds jusqu’aux chevilles et ses coudes. La pauvre tente de se débattre, de se relever mais les trois hommes la forcent à garder la position jusqu’à ce que le ciment durcisse. Lorsqu’ils la relâche, nous savons tous que c’est trop tard. La jeune femme tente de se redresser mais ses efforts sont vains. Moi plus que quiconque, je sais à quel point ce piège est efficace.

A tour de rôle, les autres sont à leur tour cimentés dans des positions suggestives et vulgaires. De la sorte, nous sommes facilement accessibles aux gens qui vont bientôt venir profiter de nous.

Je suis la dernière à être sortie de sa cage. Madame Notat accompagne les gardes jusqu’à la place que je vais occuper. C’est elle-même qui a choisis la position que je vais prendre. Je suis surprise qu’ils ne me tuent pas immédiatement. C’est ce qu’avait laissé entendre l’enseignante de bondage la dernière fois. Cette dernière ne tarde d’ailleurs pas à m’apporter une réponse :

« Il me semble que monsieur Pirot et moi t’avions prévenue la dernière fois. Nous devrions te tuer sur le champ ! Cependant, nous avons déjà perdue une soumise ce soir, nous nous abstiendrons donc jusqu’à ce que nous sachions exactement quel a été ton rôle dans cette affaire. »

Je devrais sans doute m’inquiéter devant cette menace. Mais mes sens restent comme anesthésiés et je ne parviens plus à éprouver la moindre peur.

Je ne tente même pas de me débattre lorsque les hommes me saisissent, je les laisse m’agenouiller dans le trou, positionner mes mains dans deux autres creux, derrière moi.

Je réagis à peine lorsque les hommes versent le ciment sur mes membres. Je suis encore sous le choc de la mort d’Alice et de notre échec cuisant.

Ce fut le début d’un long calvaire : viols, coups, lavages au jet d’eau froide, frustration. Tant de torture qui petit à petit ont détruit l’humanité et la dignité en moi, me réduisant au rang d’un simple jouet sexuel.

Retour au moment présent

Je me tortille misérablement, espérant, priant pour jouir enfin. Mais une fois de plus, mes efforts restent vains, le vibro s’arrête juste avant de m’offrir la délivrance.

Je pourrais en hurler de frustration si je n’avais pas un sexe en bouche à ce moment.

Une main d’abat violemment sur mon sein droit, signe que la personne à qui appartient ce sexe s’impatiente. Je reprends donc, avec toute l’aisance que m’ont donné ces quelques mois en enfer. Je passe ma langue sur les veines saillantes de la verge, suçote le gland, alterne facilement les gestes qui, je le sais, font plaisir à l’homme qui me domine actuellement.

Et même le feu pourtant atrocement douloureux de mon bas ventre ne parvient pas à m’empêcher d’accomplir cette tâche. Parce que dans cet endroit, au cours des mois, ces gestes sont quasiment devenus un réflexe…

L’homme finit par jouir dans ma bouche. Sans même prendre le temps de réfléchir, j’avale. Parce que c’est ce que je dois faire, ce que l’on m’a appris à faire…

L’homme repart, me laissant de nouveau seule avec le feu qui brûle en moi.

Peut-on mourir de frustration ? Sans doute pas, c’est dommage…

J’ignore totalement depuis combien de temps je suis ici, depuis combien de temps je porte cette ceinture maudite. J’ai essayé au début de garder contact avec la réalité, essayer de mesurer le temps qui passe. Mais j’ai perdu le compte à peu près à la 36ème personne venue profiter de mon corps.

Les stimulations quasiment constantes sur mon sexe ont rendu mon corps hypersensible. Je ressens tout. Le moindre changement dans l’environnement, le moindre courant d’air, le moindre toucher. Tout… Et tout contribue à entretenir le feu qui brûle chaque seconde un peu plus fort.

En revanche, mon esprit lui, est complétement anesthésié. En dehors du feu qui dévore mon bas ventre, plus rien ne compte. Plus de question, plus de peur, de tristesse, d’incompréhension. Je sais que je devrais m’inquiéter pour madame Noblet et mes camarades, que je devrais être dévastée par la mort d’Alice, que je devrais être terrifiée pour la suite. Maintenant que madame Noblet a été attrapée, notre dernière lueur d’espoir s’est éteinte. Plus rien, plus personne ne viendra nous sauver. Peut-être même vais-je mourir dans les jours qui viennent. Mais je ne ressens rien de tout cela. Rien d’autre que la douleur et la frustration… Je n’ai même plus la force de me battre pour conserver un semblant de dignité. Je me suis abandonnée à cette école…

Quelqu’un me retire brusquement le bandeau que j’ai sur les yeux. J’ai été tellement longtemps dans l’obscurité qu’il me faut un moment pour me réhabituer à cette luminosité.

La personne qui m’a retiré le bandeau, et dont je n’arrive pas encore à voir le visage, me retire également les bouchons d’oreilles.

J’entends de l’agitation tout autour. Il semblerait que notre punition prenne fin, tous mes camarades sont en train d’être libérée en ce moment même.

Mon esprit est tellement loin que je ne m’en réjouis même pas.

J’arrive enfin à faire le point et découvre madame Notat devant moi. Pour la première fois depuis des jours, mon esprit sort brièvement de sa torpeur et un frisson de peur me secoue.

L’enseignante me contemple de longues secondes, sourire aux lèvres. Elle aime la posture d’impuissance totale que mon corps est forcé de conserver. C’est même elle qui a indiqué au garde la position dans laquelle je devais être prisonnière. Je me souviens de son sourire en contemplant mon désespoir.

La femme commence à me caresser les seins. Elle attrape mes tétons, les pinces, les malaxe, joue avec pendant un bon moment.

Mon corps, trop sensible, réagit immédiatement à ses attouchements et je laisse échapper un long gémissement.

Satisfaite, l’enseignante s’accroupit et entreprend de me retirer la ceinture métallique que je porte à la taille.

Lorsque l’air frais caresse mon sexe, je sens un nouveau frisson me parcourir le corps, augmentant encore, si c’est possible, la frustration que je ressens.

« S’il vous plais… »

Ma voix n’est qu’un murmure rauque.

Madame Notat sourit :

« Quoi donc ? »

Elle a compris mais veux que je l’exprime à voix haute.

« Je vous en prie, faites-moi jouir ! »

Un sourire carnassier étire les lèvres de la femme. Elle recommence à jouer avec mon corps, en caresse chaque parcelle en dehors de mon sexe. Ses mains sur mes cuisses réaniment le feu en moi et la douleur causée par la frustration me semble plus insupportable que jamais.

« S’il vous plais ! »

La femme plonge son regard glacial dans le mien. D’une voix dure, elle demande :

« Qui est tu ?

- Une soumise.

- Quel est ton rôle ?

- Servir et donner du plaisir.

- Une soumise a-t-elle le droit de fuir ?

- Non ! Je suis désolée ! S’il vous plait… Je ne le referais plus, j’ai compris la leçon ! Je vous en prie, faites-moi jouir !! »

Enfin, la femme pose son doigt sur mon clitoris et commence à le malaxer. Il ne me faut que quelques secondes pour exploser dans un grand cri. Jamais je n’ai ressenti pareille délivrance. Si je n’étais pas prisonnière du ciment, je me serais effondré au sol, haletante et gémissante.

Madame Notat se relève et me domine de toute sa hauteur :

« Puisque c’est ta prof qui a fouiné et vous a retrouvé, nous avons choisis de ne pas te tenir personnellement responsable de cette tentative de fuite. Et puisque l’une des tes camarades est morte, nous avons besoin que tu restes dans la classe afin de rentabiliser l’année. Mais c’est la dernière fois que tu nous pose des problèmes. La dernière, tu entends ?! A la prochaine connerie de ce genre, tu seras exclu du cursus pour être torturée jusqu’à ce que tu en meurs. Et ce, peu importe la situation ou le nombre de victimes ! Compris !? »

Je hoche piteusement la tête.

L’administration nous laisse la soirée pour nous remettre de notre punition. Dès demain matin, nous sommes attendus en cours où nous devrons rattraper le retard occasionné par la punition.

Je reste un très long moment sous la douche. Mon corps est salement amoché après ces quelques jours. Mes membres qui ont été prisonniers du ciment sont à vif, crevassés et atrocement douloureux. Quant au reste de mon corps, il a été soumis au bon vouloir des apprentis dominants et du personnel de l’école. Je ne compte plus les bleus, les marques de fouets, les morsures, les griffures et autres.

Mais je sais que je m’en remettrais. Une fois de plus, mon corps guérira et recommencera à subir les sévices de cette école…

Ce soir, ce sont deux gardes qui viennent me coucher. L’un m’emprisonne dans la cage tandis que l’autre reste à l’entrée de la chambre, prêt à intervenir au moindre problème. Je me doute que les mesures de sécurité ont encore été renforcées. Et cette fois ci, je doute que l’on puisse passer au travers.

Je ne suis même pas sûr d’encore vouloir m’enfuir. C’est comme si je n’avais jamais connu autre chose que cette vie de torture, comme si plus rien ne m’attendais dehors.

Cette pensée devrait m’inquiéter mais ce n’est pas le cas.

Je me couche simplement dans ma cage et laisse le sommeil m’emporter.

Les jours suivant se déroulent dans le flou, comme si mon esprit n’avait pas encore totalement réintégré mon corps et j’accueille les pires nouvelles avec une certaine indifférence. Nous sommes tous condamné à la chaise gode jusqu’à nouvel ordre. Et alors ? Je la connais déjà cette torture.

Les prochains cours seront plus denses afin de rattraper notre retard. Et alors ? Ces cours ont toujours été un enfer.

Madame Noblet remplace désormais Alice. Et alors ? Une victime reste une victime.

Les autres apprentis soumis sont à peine plus en forme que moi. Nous continuons de manger ensemble, de marcher ensemble mais plus rien ne semble avoir d’importance. Nous ne parlons pas, nous nous contentons de mettre un pied devant l’autre et de subir.

Madame Noblet semble inquiète. Les deux premiers jours, elle a tenté d’établir le contact, de nous parler, de nous faire réagir. Mais elle a fini par arrêter. Elle nous laisse le temps de nous remettre de l’horreur.

C’est en fin de semaine, le samedi, que je recommence enfin à reprendre contact avec la réalité. C’est arrivé assez brusquement. Je me suis réveillée le matin avec le besoin d’aller me recueillir sur la tombe d’Alice. Cela faisait des jours que je n’avais aucune envie, aucun désir, aucune énergie. Mon esprit encore engourdit y voit une amélioration.

En prenant garde d’éviter les apprentis dominants, je me rends dans le petit cimetière situé derrière l’externat. Il s’agit juste d’un carré de pelouse, plus ou moins bien entretenu, dans lequel sont grossièrement plantés six croix en bois. Il n’y a même pas de nom sur les croix, ce n’est rien d’autre qu’une vague indication qu’un cadavre repose en dessous. Je me dirige vers la croix la plus récente et m’assois devant.

Mon cœur se serre de tristesse en repensant à la jeune femme, mon amie, une petite sœur que je voulais défendre à tout prix. J’aurais tant aimée la connaitre dans d’autres circonstances, apprendre à connaitre son sourire, son rire et devenir son amie loin de cet enfer. Des larmes coulent silencieusement sur mes joues. Au lieu de me plonger dans le désespoir, la vue de cette tombe me redonne étrangement de l’énergie. Je sens la léthargie dans laquelle je me complais depuis des jours disparaitre totalement. Je suis de nouveau bien conscience de l’horreur qui m’entoure et du destin qui m’attends. J’ignore si c’est vraiment une bonne nouvelle mais je m’accroche à cette conscience. Si la léthargie nous permet de vivre l’enfer sans sourciller, elle ne permet aucun espoir…

J’étais tellement plongée dans mes pensées que je n’ai pas entendu madame Notat approcher et sursaute en la voyant près de moi.

Cette dernière me sourit, d’un sourire très froid :

« Je suis heureuse de voir que ton apathie est terminée. Bon retour parmi les vivants Leïla. »

Je me détourne, ne souhaitant pas voir le sourire de cette femme.

Un petit rire me parvient et je sais que la suite n’annonce rien de bon.

« C’est vraiment dommage, vous avez failli réussir. Il s’en est fallu de peu pour que vous parveniez à vous échapper. »

Je ne réponds rien à cette provocation.

« C’est moi qui ai deviné ce que vous prépariez. »

Je me tends et, la voix tremblante, demande :

« Comment ? »

Je ne m’attends pas à ce qu’elle réponde mais pourtant elle le fait, et sa réponse me glace d’effroi.

« Lorsque les gardes ont fouillé ta chambre, ils n’ont rien trouvé, pas même le livre que je t’ai offert. Tu l’as volontairement confié à quelqu’un d’autre parce que tu savais que ta chambre serait fouillée. C’est à ce moment que j’ai compris que vous prépariez quelque chose. »

J’ai la sensation que mon cœur s’est arrêté de battre.

« La nuit suivante, j’ai attendu dans le couloir du dernier étage de l’externat et je vous ai vu partir en voiture. »

Je me redresse difficilement. C’est impossible, tout mais pas ça… C’est de ma faute. Notre échec, la mort d’Alice, l’emprisonnement de madame Noblet. Tout est de ma faute…

Je tourne le dos à madame Notat et, tremblante de tous mes membres, m’éloigne. Son rire me donne envie de vomir.

Je me dirige vers la chambre d’Alice, là où vit désormais madame Noblet. En cet instant, elle est la seule que je veux voir.

Je toque à la porte et, sitôt cette dernière ouverte, je m’effondre dans les bras de mon ancienne enseignante.

Je parviens à balbutier un pardon puis éclate en sanglots.

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