– Qui mettre à la tête de l’empire à présent ? Même provisoirement ?

La question posée par Berjol Arho avait déjà été débattue à plusieurs reprises, mais jamais sans réponses. Les libérateurs, toujours autour de la table de réunion, dans la salle du conseil, réfléchissaient. Et y répondre devenait dès lors une nécessité.

– Faisons un gouvernement, fit Mérande Ferty. Des ministres et un chef. Chargés de s’occuper des premières mesures importantes comme l’ordre et la sécurité, le réapprovisionnement et la redistribution des matières premières, la reconstruction des bâtiments...

– D’accord pour les ministres, mais qui pour les devenir ?, demanda Armon.

– Eh bien… nous ? C’est nous qui sommes là, nous qui avons commencés à trouver des solutions pour la suite, c’est donc à nous de prendre les places.

Comme tout le monde présent la regarda avec des grands yeux, elle poursuivit :

– Allons, n’ayez pas peur ! Je suis persuadée que nous ferons toutes et tous de très bons ministres. Et quant à notre chef…

Elle tourna la tête vers Amon.

– Le peuple n’en sera que d’accord, conclut-elle.

Berjol explosa de rire.

– Si Armon prend la tête, je marche !, argua-t-il.

– Pareil pour moi, continua Jal d’Odium, la magicienne.

– Attendez, attendez, ai-je au moins mon mot à dire ?, questionna l’intéressé.

– Dès demain matin, nous ferons une déclaration publique avec tous les noms et les fonctions des ministres, d’accord ?, suggéra Mérande. Allez, le peuple adorera te voir en dirigeant, même si c’est provisoire, le temps qu’un nouvel empereur soit désigné.

– Je ne veux pas du pouvoir, je n’aime pas ça.

– C’est pourquoi il faut que ce soit toi, rétorqua Berjol. Tu feras un bon boulot pour t’en débarrasser au plus vite, et le peuple ne t’en seras que reconnaissant. Essayes au moins !

Armon tourna en rond pendant quelques instants, réfléchissant à la chose, aux conséquences à venir, à tous les choix qu’il aurait à effectuer… et se résigna.

– C’est d’accord, souffla-t-il. Et vous serez là, de toute façon. Il ne peut rien se passer de mal.