Le libraire

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Je me rendais souvent dans une libraire, du Quartier Latin. J'y allais en écoutant de la musique, casque sur mes oreilles. Musique étant synonyme de radio, de variétés françaises et de « chansons de vos légendes », sur lesquelles j'esquissais quelques mouvements. Une fois, je croisai cette silhouette affirmée, svelte, déterminée, mais toute en rondeurs délicates et fines. Le libraire, accompagné de sa cour de clients. Comme ses traits étaient délicats ! Doux, fins, tendres. Il souriait, ses yeux pétillaient d'une jolie manière. Les joues rebondies, les lèvres un peu fines, il parlait avec ses amateurs habitués, qui marchaient à ses côtés, l'entouraient.


Comme il était libraire et que j'ai par habitude de saluer tous les libraires, je lui fis discrètement un léger signe de tête, qu'il ne remarquât pas. Son élégance, en imperméable ouvert, était sans pareille. Je ne savais pas du tout quel pouvait être son rayon favori. J'hésitais, je pensais à la littérature française. Il avait ce charme et cette bonhomie que provoque la littérature. Nos chemins mirent longtemps à se retrouver. Un jour, par hasard, je l'ai recroisé, au détour d'un rayon, alors je me suis empressée de le saluer d'un « bonjour » audible mais discret. Il m'a regardé d'une étrange façon, ne sachant pas qui j'étais pour lui dire bonjour, si familièrement. Le libraire a poursuivi sa mise en rayon, s'est tourné vers ses collègues en demandant du regard qui j'étais. Interloqués eux aussi, ils n'ont rien répondu et toute la bande s'en est allée, souriant face à mon acte incompréhensible. Suite à cet épisode, nous nous sommes croisés une ou deux fois, je lui souriais et il me souriait aussi, mais rien de très flagrant, je n'en suis même plus certaine. En revanche, je savais qu'il m'avait remarqué. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, il n'y avait rien qui pouvait me laisser croire cela.


Une autre fois, à l'angle mort de la rue qui jouxte la librairie, nous avons failli nous rentrer dedans. Il tenait dans sa main un donut. Je m'en souviens parce que j'aime les donuts et que je m'étais demandé pourquoi un libraire mangeait des donuts. Cet épisode m'avait ravi. Plus tard, au lieu du donut, c'était du coca dans un gobelet de café. Sa tendresse, sa grâce et son charisme, son allure, son Coca au gobelet de café, son pull marine et sa bouille de penseur chérubin sont à croquer. J'allais donc souvent dans cette librairie, où le libraire avait le même âge que MPL. 

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