Nous sommes en plein rush pour l'édition du numéro hors-série du magazine Terre des hommes, créé par Marc, et qui doit célébrer les dix ans de sa disparition, sa mémoire.

Et j'ai besoin du professionnalisme d'Étienne pour mener à bien cette publication qui me tient à cœur. Parce que je souhaitais mettre en perspective les photos d'hier, prises par Marc et qui lançaient déjà des alertes sur la dégradation de l'environnement et de la biodiversité, et celles d'aujourd'hui, prises par son frère et illustrant l'accélération de cette dégradation, conséquence du dérèglement climatique provoqué par les activités humaines.

Sauf que depuis l'accident à la suite duquel j'ai mis un terme brutal à notre liaison extraconjugale, mes relations avec Étienne sont particulièrement tendues. Il n'a pas compris les raisons qui motivaient ma volonté de rompre. Pour lui, je n'avais pas à me sentir coupable puisque le couple que je formais avec son frère aîné prenait l'eau de toutes parts depuis des lustres. Marc aussi me trompait, et je ne l'ai appris qu'après coup. Mais je ne voulais rien salir. Quand Gwenaëlle, fruit de mon infidélité avec Étienne, est née neuf mois plus tard, j'ai absolument tenu à ce qu'elle ait officiellement le même père biologique que sa grande sœur. Et qu'elle soit préservée de tout ça.

Je n'ai jamais renvoyé Étienne du groupe de presse Degraaf, je n'ai jamais mêlé ma vie privée à la gestion de l'héritage que m'a laissé mon mari. C'est une dette morale que j'ai envers lui, c'est pour cela que je poursuis son combat.

A l'image de beaucoup de couples, Marc et moi nous étions éloignés avec le temps. Seulement, je n'ai jamais cessé de l'aimer. Un sentiment plus fort que la mort qui nous sépare...