Il m'était nécessaire de le revoir. Par respect.

J'aurais pu le traiter avec mépris ; après tout, c'est un escort et il doit en avoir l'habitude.

Mais ça m'aurait paru déplacé à son égard, lui-même ayant été très gentleman.

Dans pareille situation, peu d'hommes auraient résisté à la tentation de passer à l'acte malgré l'absence de consentement évident, compte tenu de mon invitation initiale.

Certes, Valentin est un escort boy qui doit culbuter un nombre incalculable de femmes sans forcément toujours faire dans la dentelle, seulement il a eu la décence de respecter ma volonté lorsque j'ai souhaité tout arrêter.

Au demeurant, j'ai été incapable de lui en expliquer la raison, malgré son insistance.

Pourtant, l'envie était bien là, chevillée au corps. Mes barrières étaient ailleurs.

A l'évidence, il avait tout pour me plaire : j'aime sa jeunesse, sa félinité - un beau guépard à la Delon. Et son sourire, son regard, ses caresses, ses baisers sur ma peau, sentir son désir pour moi...

Oui, j'ai aimé tout ça, et j'aurais pu basculer avec lui.

Comme avec Étienne, comme avec Marc.

Marc qui trône toujours dans son bureau, qui m'observe et me juge. M'inhibe.

Il n'est plus là, et pourtant, il est encore tellement présent dans ces murs, ou à la rédaction.

Je l'aime autant que je le hais.

Je l'aime et lui en veux d'être parti sans avoir pu le lui dire.

Je le hais de continuer à me hanter et à ne pas me laisser vivre.

A ne pas me laisser baiser par un autre homme que lui.

Par Valentin, un escort...