11 rétablissement et préparation.

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Le lendemain de la réunion dans la grande salle du donjon, Anna se réveillait avec un air de déception sur la figure. Certes, son équipier avait enfin accepté et même proposé de lui-même, que tout les deux s'entraîne régulièrement ensemble pour faire face à la tempête qui s'annonçait. Cependant, cela dût attendre car elle fut sollicitée pour aider aux soins à l'infirmerie, tout comme Aélis. Sa magie de glace était parfaite pour faire dégonfler les fractures et les entorses, mais aussi pour geler et anesthésier les membres du corps. Anna répugnait à cette tâche qu'on lui avait confié : certains blessés dont les plaies furent trop touchées par la gangrène durent être amputés. Or, la jeune femme n'ayant jamais fait ça de sa vie, les trois jours suivants où elle dût participer lui laissèrent des souvenirs écœurants en tête. Elle ne pouvait s'empêcher d'aller vomir après chaque amputation, et l'avait même fait pendant lors des premières auxquelles on la fit participer. Elle trouva du réconfort auprès d'Aélis, qui comme elle aidait aux amputation et aux autres soins en cautérisant les plaies, ainsi que les membres amputés grâce à sa magie de feu. Aélis emmena Anna chaque soir dans le réfectoire collectif du quartier des sorcières, où elle lui donnait du vin pour faire passer les horreurs de la journée tout en buvant avec elle. Au bout des trois jours, l'état des blessés était stable et les deux sorcières furent enfin libérées de leurs activités à l'infirmerie.

Pouvant enfin avoir du temps pour s'exercer avec Van, la jeune femme partit le chercher à travers le donjon sans le trouver. Elle passa donc la journée à s'exercer dans les jardins, car cela l'occupait et l'empêchait d'avoir des pensées négatives. Cependant, elle ne put s'empêcher de constater comme un vide dans les jardins. Ni la doyenne, ni d'autres sorcières étaient présentes ce jour-là, car soit elles veillaient leurs camarades à l'infirmerie, soit elles y étaient alités. Seules rares d'entre elles n'y étaient pas car de corvée ce jour-là, ou alors elles étaient occupées ailleurs. Dans ce lieu désormais désert contrairement à d'habitude, elle comprit enfin quelque chose qu'elle n'avait pas remarqué avant. Elle avait passé tant de temps à apprendre les règles de la forteresse, qu'elle avait négligée d'entre comprendre l'état d'esprit de ses condisciples sorcières. Depuis le début, elle ne ressentait que sa peur face à la situation qui avait dégénérée en faveur de l'inquisition, mais en réalité ses condisciples avaient la même peur qu'elle. Cependant, elles la géraient différemment qu'elle bien qu'Anna ne l'ai pas compris plus tôt, leur comportement avait été plus qu'un indice.

Combien de fois Anna s'était-elle retrouvée à écouter les autres rires et partager des discussions graveleuses de la part des autres sorcières ? Combien de fois le rire et l'amusement avaient été présents dans les jardins durant les entraînements, pendant qu'elle ne cherchait qu'à progresser pour oublier sa peur ? Comment n'avait-elle rien remarqué pendant tout ce temps ? Ce qu'Anna voyait comme des propos et comportements insouciants, n'était pas ce qu'elle s'imaginait. Toutes avaient peur comme elle, mais plutôt de se laisser submerger par leur émotion, elles vivaient chaque journée comme si elles étaient sûres de mourir le lendemain. Elles n’hésitaient pas à vivre à contre-courant des mœurs et de la morale qu'imposait le monde chrétien, car elles se voyaient déjà un pied dans la tombe et n'ayant plus rien à perdre. Chacune combattait ses peurs en vivant pleinement le moment présent, alors qu'Anna en se croyant la seule ayant la tête sur les épaules, n'avait fait que propager ses propres peurs. Elle comprenait mieux les propos de Konrad et de la doyenne : elle ne devait pas garder ses peurs pour elle au risque de les transmettre aux autres, même si c'était important d'éviter la contagion, mais elle devait les combattre en elle-même pour son bien à elle aussi.

Ses craintes, bien qu'elle les eût attribuées au fiasco de Constance, elle les portait en elle et sur sa peau depuis la fameuse nuit où elle fut marquée au fer rouge par l'inquisition. La peur d'un sort pire que celui-ci l'avait accompagnée à la forteresse, et était toujours présente malgré les nombreux mois s'étant écoulé depuis. Ses peurs l'avaient amenée à se replier sur elle-même quand, d'autres ayant vécu la même chose qu'elles étaient là pour lui prêter une oreille attentive et l'aider à aller de l'avant. Et puis, quand elle repensa à la nuit où elle avait été conduite dans la forteresse, elle se souvenait que Van le premier avait été à son écoute bien qu'elle ne puisse parler à ce moment-là. Il fut le premier à la réconforter, et à essayer de la comprendre alors qu'elle depuis des mois n'avait jamais cherché à faire la même chose en retour, alors qu'il était devenu son partenaire entre temps. Elle comprenait bien mieux pourquoi elle avait tant de mal à faire équipe avec lui : elle avait gardé ses distances au lieu de s'ouvrir à lui. Si elle avait parlé, il aurait su qu'elle ne savait pas nager avant qu'il n'ait l'idée de les faire plonger dans le fleuve à Constance. Elle savait désormais aussi, pourquoi elle avait tant de mal à user de sa magie sur le loup. Comment l'âme de l'animal aurait pu accepter de lui obéir, si elle-même était aussi distante avec son maître en temps normal ?

Anna quitta alors les jardins pour partir à nouveau à la recherche de Van avec une idée importante en tête : tout les deux devaient se parler et au plus vite. Leur discussion pouvait peut-être les aider à surmonter les événements à venir, mais elle avait aussi une autre raison de vouloir lui parler. Elle voulait savoir ce que lui pensait et ressentait en ce moment vis-à-vis de la situation. Lorsqu'au bout de deux jours, elle lui mit enfin la main dessus, elle l'attrapa par le col de sa chemise et le traîna de force dans les jardins qui étaient toujours aussi désert. Van resta un long moment à regarder la jeune femme dans les yeux, surprit de ce changement de comportement envers lui. Puis, Anna lui demanda de s'asseoir sur le sol et vint en faire de même s’appuyant le dos contre le sien. Bien que ce soit elle qui ai souhaité discuter avec Van, elle resta silencieuse un long moment, incapable de trouver ses mots mais plongée dans une certaine nostalgie. Elle avait l'impression d'être revenue à la nuit de sa première rencontre avec le jeune homme, si proche de lui physiquement mais sans pouvoir lui parler. Van avait bien compris ce que sa partenaire voulait, et tenta de débloquer la situation en lui adressant la parole le premier :

- J'aimerais bien comprendre ce que tu as de si important à me dire pour m'avoir traîné ici.

- Dis-moi, tu n'as pas peur toi à l'idée de devoir repartir affronter des ennemis dangereux dont on ne sait rien, et qui pourraient tous nous tuer les uns après les autres ? Lui demanda Anna. Comment arrives-tu à rester aussi calme et détendu ?

Le jeune homme se mit alors à rire, chose qu'elle ne l'avait presque jamais ni vu faire. Bien qu'elle eût l'impression qu'il se moquait d'elle, l'entendre rire ainsi lui réchauffait le cœur car elle pensait qu'il était assez confiant envers la suite des événements, et donc elle se sentait légèrement rassurée. Cependant, la réponse de Van ne collait pas avec l'idée que s'était faite Anna :

- Bien sûr que si j'ai peur, comme tout le monde ici. Si je suis calme et détendu, c'est parce que je me suis fait une raison. Si personne ne s'est opposé à la décision de Konrad et Faron, ce n'est pas qu'on n’avait pas peur, mais parce qu'on savait que malgré le danger, cela devait être fait.

- Je ne comprends pas, tu veux dire que même si tu avais le choix de rester ici, en sécurité et de vivre une vie plus longue et plus heureuse, tu irais quand même suivre le plan de Faron ? S'étonna Anna. Moi, après avoir vu l'état de ceux revenus blessés, j'ai surtout pas envie de revivre ce genre de situation. D'ailleurs, je n'ai jamais demandé à vivre ainsi ou à avoir cette magie qui a chamboulé ma vie, et qui a rendu si incertain mon futur.

Anna se surprenait elle-même : elle qui ne trouvait ses mots il y a encore quelques minutes, la voilà qui se confiait bien facilement. Cependant, elle qui avait compris que céder à ses peurs ne la mènerait nulle part, elle était toute tremblante en abordant la question de leur futur ici. Van l'avait bien compris, son dos coller au sien, il pouvait ressentir sa peur, ses doutes, les frissons de son corps. Il aurait pu mentir ou enjoliver sa réponse pour la rassurer, mais il préféra lui dire les choses telles qu'il les pensait en toute honnêteté, estimant cela plus respectueux vis-à-vis d'elle qui avait fait l'effort de se confier et de lui parler à cœur ouvert :

- Je pense que tu te trompes quand tu parles de choix. Certes nous avons bien la possibilité de choisir l'une des options que tu as évoquées. Nous pourrions rester ici et vivre en paix, caché de l'inquisition, mais à quel prix selon toi ? Si nous avons tous accepté de retourner nous confronter aux répurgateurs et à l'inquisition, ce n'est pas pour le plaisir de se battre, mais parce que nous devions le faire. Si nous restions bien à l'abri ici, alors dis-moi qui irait sauver tous ces innocents promis aux flammes du bûcher ? Toutes les sorcières qui ont vécues la même chose que toi, tu penses qu'il serait mieux de les abandonner à leur sort ?

- Non, je ne pense pas que c'est normal d'abandonner des innocents à une mort certaines ! S'indigna Anna. Je comprends très bien ton point de vue. Cependant, pourquoi faut-il que cela soit vous ? Pourquoi seriez-vous les seuls à vous sacrifier pour les autres ? N'en avez-vous pas déjà fait assez comme ça ? Je ne veux pas revoir de mutilations comme celles de ceux qui sont revenus entre la vie et la mort.

- Tu es quelqu'un de gentil à t'inquiéter de notre sort en plus du tien, lui répondit Van. Mais comprends que si nous le faisons, c'est parce que nous avons la force de le faire, et aussi que nous sommes les seuls à le faire à ma connaissance. Tu as eût la malchance d'arriver ici quand la situation s'est fortement dégradée, car si tu avais comme nous, connu la satisfaction d'avoir sauvé des innocents condamnés injustement à être brûlés vif, tu n'aurais pas moins peur, mais tu aurais sûrement plus de détermination à repartir en mission malgré les risques.

Le jeune homme s'interrompit brusquement. Sa voix était devenue douce et hésitante sur la fin de sa phrase, comme s'il avait autre chose à dire mais n'osait pas le faire. Van pris alors une forte inspiration, balbutia une première fois comme s'il était gêné de dire ce qu'il avait sur le cœur. Puis, se concentra et recommença sa tentative pour finir de dire à Anna ce qu'il avait en tête :

- Après tout, je n'ai jamais regretté une seule fois de t'avoir sauvé la nuit où tu étais poursuivie par l'inquisition.

À ce moment-là, bien que ni l'un ni l'autre ne puisse l'avouer à voix haute, chacun était heureux qu'ils se parlent dos à dos car aucun des deux ne pouvait voir le visage de l'autre. Tout deux étaient devenus rouges d'un seul coup, suite à la déclaration de Van. Pourtant, Anna avait du mal à croire l'aveu du jeune homme car ce dernier, n'avait jamais manifesté la moindre joie à l'idée de l'avoir elle pour partenaire. Alors pourquoi venait-il de lui dire cela ? Était-ce parce qu'il n'avait pas le choix que de faire équipe avec elle, et donc qu'il faisait en sorte que cela se passe au mieux entre eux ? Ou alors était-ce elle qui avait mal compris la situation ? Anna devait en avoir le cœur net, et se leva pour aller s'accroupir face à Van. Elle devait voir son visage quand elle lui poserait la question, afin que lorsqu'il réponde son visage indique s'il mentait ou pas. Cependant, la jeune femme se prit les pieds dans sa robe durant la manœuvre et tomba directement sur Van qui fut tant surpris, qu'il n'eut pas le réflexe de la retenir et se retrouva les épaules au sol avec la jeune femme sur lui. Van le visage si rouge tant il était troublé par la situation, resta figé sans savoir comment réagir. Anna, bien que consciente de ce que pourrait penser toute personne les trouvant ainsi, profita de la situation sachant que son partenaire était bien trop vulnérable pour lui mentir à cet instant :

- Répond moi franchement, car j'ai l'impression que tu détestes faire équipe avec moi. Je m'en suis rendu compte à Prague lorsqu'à la première occasion, tu t'es jeté dans la bataille au lieu de rester avec moi. Tu n'aimes pas travailler en équipe, ou c'est moi qui ne te convient pas ? J'ai besoin de savoir car notre avenir en dépend, surtout si l'on doit repartir en mission ensemble.

Van resta silencieux mais son visage indiquait que la question d'Anna l'avait vraiment touchée : ce n'est pas qu'il ne voulait pas lui répondre, mais qu'il ne savait pas comment le faire. Son regard lui, ne pouvait se détourner des belles pupilles dorées de la jeune femme. Elle de son côté, commençait à s'impatienter car plus il attendait pour lui répondre, plus elle craignait que ce dernier lui mente. Après plusieurs minutes, le regard de chacun plongé dans celui de l'autre, Van se releva sans repousser Anna toujours assise sur lui. Puis, il fini par lui répondre avec une voix légère et timide que la jeune femme ne lui connaissait pas :

- Je n'ai rien contre toi, mais je sais que faire équipe ensemble c'était bien trop tôt vis-à-vis de tes compétences mais aussi de ton état d'esprit.

- Que veux-tu dire ? S'étonna Anna en affichant un visage gêné. Que je suis nulle en matière de magie ? C'était pas la peine de me dire ça, je sais bien que je ne suis pas aussi forte qu'Aélis ou Alisia.

- C'est n'est pas ce que j'ai dit ! Répliqua Van. Je dis juste que ta magie n'est pas faite pour ça. Tu n'as pas vraiment l'esprit d'une guerrière. Tu es bien trop douce et gentille pour blesser des gens avec ta magie, je m'en suis rendu compte quand nous étions à Constance.

-Comment-ça ? Demanda Anna. Je ne vois pas ce que tu veux dire, et je ne comprends pas pourquoi tu n'en as pas parlé plus tôt, si vraiment tu penses que je ne suis pas assez doué pour t'aider.

- Tu es doué en magie, même si tu manques encore d'expérience ! Répondit Van. Je n'ai jamais dit que tu étais mauvaise dans ce domaine.

- Alors quoi ! Insista Anna. Explique-toi clairement !

Alors qu'Anna perdait patience et que le ton de sa voix devenait agressif, cette dernière craignait de voir la discussion tourner au vinaigre. Pourtant ce n'était pas son intention car elle voulait juste une réponse sincère, et non une dispute avec le jeune homme. Contre tout attente Van ne s'énerva pas mais se remit alors à rougir au moment de lui répondre :

- Ta magie est belle, dit-il en détournant le regard des yeux de la jeune femme. C'est ce que je voulais dire. Tu n'es pas mauvaise en magie, c'est juste que je pense que ta magie n'est pas faite pour combattre. Elle est faite pour émerveiller, aider face aux catastrophes et accidents. Pour réconforter par sa beauté. Même si je suis conscient du dégoût et du traumatisme qu'ont été les trois jours que tu as passés à l'infirmerie, ta magie y avait vraiment plus sa place qu'avec moi.

Anna resta abasourdie par les propos du jeune homme. Alors qu'elle pensait l'entendre dire qu'ils n'étaient pas fait pour s'entendre comme une équipe, ou qu'il la croyait incapable d'être au niveau des autres sorcières, ce dernier lui avait fait la réponse qu'elle n'aurait pas crue entendre de sa bouche. Sa principale raison pour ne pas l'emmener avec lui en mission, fut si belle et adorable qu'elle ne savait pas comment elle devait prendre sa déclaration. Est-ce un compliment ? Une critique ? Une excuse de sa part pour se justifier ? Tout ce qu'elle savait à cet instant, c'était que les paroles du jeune homme l'avaient touchées droit au cœur. Pourtant, sa magie, elle était que ce qu'elle décidait d'en faire et non quelque chose de définitif ou d'irrémédiable. Elle prit alors une décision en son for intérieur. Ce n'était pas à Van de changer d'équipière, mais à elle de changer pour s'adapter au jeune homme :

- Tu sais, ma magie, rien ne t'oblige à y renoncer. C'est vrai que je n'aime pas blesser les gens, mais on fait équipe et c'est ma magie qui coule à travers l'âme de ton loup. Alors si je ne peux pas combattre avec, je peux au moins m'en servir pour te protéger si je le veux.

- Mais cela veux dire que tu vas à nouveau devoir te mettre en danger, risquer ta vie ! Répliqua Van. C'est vraiment ce que tu veux ?

- Non, répondit timidement Anna en baissant les yeux. Ce que je veux c'est vous aider, toi et les autres. Et tu l'as dit toi-même tout à l'heure. Si nous n'aidons pas les innocents à échapper à l'inquisition qui le fera ? Je veux t'aider même si c'est dangereux alors ne me laisse par en arrière. Je veux qu'on s'entraîne ensemble. À partir de maintenant, on ne sera plus un guerrier et une sorcière partant ensemble en mission. Je veux qu'on soit une véritable équipe. C'est comme ça qu'on s'en sortira et qu'on aura une chance de rester en vie, et de la prolonger un peu plus, même si ce n'est que de quelques mois ou quelques malheureuses années de plus.

Van avait bien compris au ton de la voix d'Anna, que celle-ci était effrayé à la simple idée d'évoquer l'incertitude du temps qu'il leur restait à vivre avant que l'inquisition ne finisse par engloutir tout ce qui s'opposait à elle. Cependant, ses paroles étaient aussi porteuses d'une détermination nouvelle et sincère à l'idée de faire face côte à côte au noir futur les attendant. Il accepta la requête de la jeune femme et lui promit de renforcer leur capacité à travailler en équipe, tout en priant pour que la jeune femme n'ait jamais à blesser quelqu'un avec sa magie, si lui pouvait le lui l'éviter. Puisqu'ils étaient déjà dans les jardins, Van lui proposa de commencer le jour même, en lui expliquant la théorie en matière de magie de combat : bien qu'il ne soit pas magicien lui-même, il avait suffisamment vu de sorcières pratiquer pour apprendre les bases à la jeune femme. Mais avant toute chose, il commença par saisir Anna par les hanches pour la remettre sur le sol avant que quelqu'un ne les voit dans une position compromettante, bien que rien ne se soit jamais passé entre eux. Van passa la journée ainsi que la semaine entière à expliquer à Anna comment éviter de prendre des risques dans un combat, vis-à-vis de ses compétences à distance. Il lui expliqua aussi à la jeune femme les différentes formes qu'elle pouvait donner à sa magie de glace, en fonction des situations se présentant à elle. Cela allait d'un simple bouclier de glace à octroyer à son partenaire, en passant par des plaques au sol pour faire glisser ses adversaires, à des formes plus complexes comme une armure entièrement composée de glace ce qui nécessitait qu'elle puisse en fournir et modeler une grande quantité en une seule fois.

Cependant, tout cela n'était resté qu'à l'état théorique durant la semaine, car avec un quart entier des effectifs du quartier des sorcières toujours alité, Anna devait comme les autres fournir plus d'effort et de temps libre aux corvées collectives pour compenser les absences. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle Van avait décidé d'attendre pour la pratique : cela demandait beaucoup de travail et de temps pour apprendre et maîtriser le combat magique, et la jeune femme en manquait. Deux semaines plus tard, la vie avait petit à petit repris son cours normal au donjon et dans le quartier des sorcières. Les jardins étaient à nouveau occupés par les sorcières qui souhaitaient s'exercer ou juste de s'y détendre et profiter de la beauté des lieux. Anna avait passé ces deux semaines à assimiler la théorie et les conseils de Van, tout en renforçant sa concentration par de longues séance de méditation. Le jeune homme semblait particulièrement s'amuser durant ces exercices où il tentait de déconcentrer la jeune femme en la taquinant, tandis qu'elle devait tout faire pour rester impassible face à lui. Mais la jeune femme se serait bien passée des petites attentions de Van, tant cela lui rendait la tâche plus difficile même si cela était le but de l'exercice.

Lorsqu'elle passa enfin à la pratique, elle ne mit pas longtemps à comprendre que donner forme à sa magie de glace était une chose, mais l'utiliser vite et efficacement en était une autre. De plus, deux personnes qui étaient témoins de leur entraînement décidèrent de se joindre à eux, afin de compliquer l'apprentissage de la jeune femme et tenter de la faire progresser le plus possible dans un délai de temps limité. Faron avait envie de reprendre la formation des guerriers, sa jambe de pierre lui permettant de pouvoir continuer à marcher normalement, il n'était plus en capacité de retourner en mission. Wanda, quant à elle avait décidé d'aider à former les prochaines sorcières aux côtés de la doyenne, afin de rester avec son partenaire. Avec l'accord d'Hildegarde, Wanda reprit donc en main la formation d'Anna afin de l'aider au mieux à apprendre, là où Van n'était pas la personne la plus qualifiée pour le faire. Elle proposa un exercice à la jeune femme qui devait l'aider elle ainsi que son partenaire à progresser. Elle devrait avec sa magie de glace, tenter de stopper des pierres lancer sur Van par la magie de terre de Wanda, afin de le protéger. Le jeune homme lui, devait toujours rester devant Anna, et parer toutes les pierres qu'Anna n'avait pu stopper pour protéger sa partenaire. Cet exercice avait pour but de faire progresser chacun individuellement, mais aussi sur leur travail d'équipe et leur complicité en les faisant se protéger mutuellement ainsi qu'en les forçant à communiquer entre eux et à se coordonner au mieux.

Les premiers jours furent laborieux pour eux, car Wanda ne retenait pas ses attaques magiques et visait très bien les deux jeunes gens. Les raisons de leurs échecs étaient facilement repérables mais plus difficiles à corriger. Premièrement, Anna avait beaucoup de mal à suivre le rythme de Wanda, et ses boucliers de glace se formaient souvent bien trop tard quand les projectiles touchaient déjà leur cibles. De plus, elle devait en urgence tenter d'éviter ceux que Van ne pouvait bloquer ou encaisser, ce qui perturbait sa concentration et sa vitesse de réaction : elle comprenait mieux pourquoi Van l'avait si souvent déconcentré quand elle méditait. Enfin, si la communication s'était grandement amélioré depuis leur discussion à cœur ouvert dans les jardins, leur coordination n'était clairement pas bonne et ils se gênaient plus qu'ils ne s'entraidaient. Pour remédier à ce problème, Wanda leur interdisait de se rendre à l'infirmerie en cas de blessure et leur imposait non pas de se soigner eux-mêmes, mais que chacun s'occupe des blessures de l'autre. Le but était de les forcer à prendre conscience de la douleur et de la souffrance que chacun payait en cas d'erreur de l'autre. Cela devait les inciter à redoubler d'effort pour se protéger mutuellement et améliorer leur coordination.

Au bout d'une semaine, après tant d'échecs que le corps de chacun n'avait plus de secret pour l'autre à force de soigner diverses blessures, ils commençaient enfin à avoir des progrès visibles. Anna avait de plus en plus confiance en son partenaire et ne perdait plus sa concentration en s'inquiétant des projectiles qu'il n'aurait pu stopper. Van avait suffisamment gagné en vitesse et en dextérité pour devenir un véritable rempart humain pour la jeune femme, dont les boucliers de glace le soulageaient enfin de la quantité de pierres qu'ils devaient stopper, et ils devenaient plus précis dans la coordination de leurs gestes et de leurs déplacement. De ce fait, Wanda et Faron leur donnèrent un nouvel exercice : Anna et Van devait tenir tête à leur mentor dans des combats. Ils s'entraînèrent ainsi pendant des jours, cette phase de leur apprentissage se déroulant plus facilement, Van étant déjà un combattant expérimenté. Ce fut Anna qui eût le plus de mal à progresser, car elle devait aussi apprendre à se montrer stratégique et gagner en expérience. Ainsi, le temps passait mais Anna n'arrivait toujours pas à faire une chose : avoir de l'emprise sur l'âme du loup de Van, et cela devenait pourtant une nécessité.

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