2 La forteresse dans la montagne.

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Après plusieurs heures de marche Anna, qui entre temps avait fini par s'assoupir, se réveilla et se retrouva face à un spectacle des plus surprenant. Au pied d'un des pics les plus bas de la montagne se trouva un grand lac, et sur sa rive gauche était taillé à même le pic une grande forteresse. Elle n'avait entendu parler d'un seigneur ou d'un château dans les montagnes du Sud-ouest du Saint Empire Germanique, et se demandait qui avait bien pu faire sculpter un tel édifice à même la montagne, ni même pour quelle raison un tel édifice se trouvait là. La pauvre Anna qui pensait ne pas pouvoir être plus surprise qu'elle ne l'avait été pour l'instant, se retrouva la tête submergée par encore plus de questions. Van se dirigea vers la forteresse tout en gardant le silence, mais Anna avait l'impression que son allure était de plus en plus lente, et qu'il perdait petit à petit en équilibre. Après avoir entièrement longé la rive gauche du lac, ils arrivèrent enfin devant une immense porte en bois de chêne qui donnait accès à l'enceinte de l'édifice. Avant même que Van n'eût besoin de s'annoncer, les portes de la forteresse avait déjà commencé à s'ouvrir comme s'il était attendu.

Une fois passé la porte et à l’intérieur des remparts, Anna put voir un contraste des plus étonnants. Alors que le donjon et la structure extérieure de la forteresse étaient sculptés à même le roc de la montagne, tout le reste était fait en bois : maisons, granges et étables, lavoir et cabane à outils. Seuls les bâtiments usant de feu tels que four et forge étaient en brique. Un autre contraste venait à interroger l'esprit de la jeune femme : sa population. Le nombre de personnes résidant dans la forteresse semblait bien maigre par rapport à sa taille, n'abritant qu’environ deux centaines de personnes. De plus, la mixité de la population était étrange car elle comptait un déséquilibre certain entre femmes et hommes ainsi qu'en terme d'âge. Peu d'enfants et de vieillards mais beaucoup d'adultes entre vingt et cinquante ans. Elle avait du mal à savoir si elle était dans un château à la population très étrange, où s'il s'agissait d'un regroupement d'individus totalement hasardeux. Cependant, une certitude était présente dans son esprit : elle et Van étaient le centre d'attention de tout le monde à cet instant. Pourtant, bien qu'elle ne puisse dire pourquoi, elle était sûre que ce n'était par manque de population qu'ils étaient observés de tous, et cette théorie n'était pas dût seulement aux messes basses qui s’échangeaient sur leur passage. Que se passait-il donc dans cette forteresse ? Qui la dirigeait et pourquoi son existence semblait-elle inconnue ?

Lorsqu'elle se trouva au pied du donjon, la structure de l'aménagement de la forteresse semblait différente du reste. Sculpté dans un seul ensemble, deux escaliers montaient en direction du donjon taillé plus haut dans le pic de roche, et le long des escaliers étaient disposés une cinquantaine d'habitations creusées dans la pierre de la montagne. Lorsque Van commença à monter l'escalier de droite, Anna pensait qu'il résidait dans l'une de ces habitations et que c'est dans l'une d'elles qu'il comptait l’emmener. Mais plus il montait vers le donjon, plus la jeune femme se demandait s’il ne l'emmenait pas dans le donjon en réalité, et si c'était le cas, elle ne comprenait pas pourquoi. Lorsqu'ils arrivèrent devant les portes du grand bâtiment, l'entrée leur fut ouverte immédiatement et ils furent accueillis par des individus bien différents de ceux croisés dans le reste de la forteresse. Tout comme Van, ceux-ci étaient taillés physiquement pour le combat, et armés de diverses armes. Cependant, ils étaient peu nombreux et Anna se demandait comment ils pouvaient défendre un fort aussi grand dans ces conditions. Puis, l'un d'entre eux interpella Van d'un air sévère et mécontent :

- Tu es en retard, tu devais rentrer hier soir après ta mission. Et qui est cette personne que tu nous as ramenée ?

- Justement, c'est la raison de mon retard, serait-il possible de voir l'une des guérisseuses ? Elle n'est pas très gravement blessée mais elle aurait besoin de soin, surtout concernant la parole, il semblerait qu'elle en soit privé pour l'instant.

- Vu ton état de fatigue tu aurais bien besoin de soin et de repos aussi. Pour ton rapport ce n'est plus la peine de te presser, le chef est parti en voyage et ne reviendra que dans deux jours.

Traversant des couloirs vides de tout objet, décoration ou mobilier, la jeune femme fut conduite vers une infirmerie située dans l'aile gauche du donjon, où elle fut lavée et allongée dans un lit, le peu qui lui restait de ses vêtements usés fut brûlé tandis que de nouveaux furent apportés. Sa cheville fût rapidement bandée, et le bas de son dos recouvert d'un onguent pour soulager la brûlure. Cependant, avant même que sa gorge fut examinée pour voir d'où venait son problème de voix, la jeune femme s'écroula de sommeil et s’endormit. Ayant vu la marque au fer rouge récente dans son dos, la guérisseuse imaginant bien ce qu'elle avait dû subir dans la nuit, elle décida de laisser Anna dormir pour se reposer. Mais la jeune femme, bien plus fatigué qu'elle-même ne l'imaginait, ne se réveilla finalement que deux jours après s'être endormie. Lorsqu'elle émergea, elle trouva à son côté du linge neuf lui étant généreusement offert. Il lui était donné une robe de lin verte ainsi qu'une culotte de soie noire lui arrivant aux genoux. Elle regarda tout autour d'elle pour constater qu'elle était seule dans la pièce, et s’aperçut par la fenêtre que la nuit était déjà bien installée dehors. Elle s'habilla, et partit à la recherche de quelqu'un pour la renseigner, lui expliquer où elle se trouvait ainsi que tout ce qui lui était arrivé.

Les couloirs étaient déserts, et la jeune femme eut du mal à croire que les lieux soient habités tant le silence régnait dans le donjon. Les couloirs entièrement vides raisonnaient à chacun de ses pas, tandis qu'elle visita plusieurs couloirs successivement sans rencontrer le moindre individu. Puis, à force de déambuler dans les couloirs et de ne trouver que des portes fermées, elle finit par arriver dans un grand corridor où se croisaient les deux ailes du donjon et un grand couloir au bout duquel elle put apercevoir de la lumière. Elle s'y dirigea lentement pour y trouver une porte entrouverte donnant sur une grande salle, de laquelle s'échappaient plusieurs voix en pleine discussion. Reconnaissant celle de Van, elle qui était en quête de réponse décida de les écouter de l'autre côté de la porte :

- Merci pour ton rapport mais si tu dis vrai et que l'inquisition traîne dans la montagne, tu as agi avec imprudence.

- Je ne vois pas pourquoi, je n'ai fait qu'appliquer la procédure habituelle. Vous n'allez pas me le reprocher.

- Justement la situation n'est clairement pas habituelle. L'inquisition ne vient jamais par ici d'habitude. S'ils voient les cadavres de leurs collègues, ils vont vite comprendre que quelque chose ne tourne par rond par ici.

- J’aurais donc dû ne rien faire selon vous ?

- Ce n'est pas ce qu'on te dit, intervint une troisième voix. Le problème vient de cette fille que tu as ramenée ici. On ne sait rien d'elle si ce n'est que l'inquisition l'avait pour cible.

- N'est-ce pas ce que l'on fait habituellement ? Empêcher l'inquisition de tuer des sorcières ou même celles qui sont simplement accusées de l'être ? Puis, les placer ici sous notre protection ?

- Normalement oui. Mais là c'est différent. Elle était traquée dans la montagne où se situe notre base. Qui nous dit qu'il ne s'agit pas d'une religieuse, ou d'une femme ayant passé un marché avec l'inquisition, à qui l'on a proposé de jouer les appâts pour nous piéger nous ? Si on avait la preuve que c'est une sorcière, la question ne se poserait pas, surtout que l'inquisition ne marchanderait jamais avec elle, ni ne l'utiliserait contre une vie sauve, ils se seraient empressés de la tuer ou de l'arrêter avec plus d'effectifs.

- Mais j'en suis une, intervint la jeune femme.

Anna commençait à comprendre pourquoi tant de femmes étaient cachées ici, dans une forteresse qui n'apparaissait sur aucune carte. Elle savait aussi pourquoi c'est ici que Van l'avait amenée et pourquoi il avait parlé d'un endroit sûr pour elle. Ce qu'elle avait entendu avait finalement pu répondre à certaines de ses questions comme le fait que Van ait attaqué l'inquisition pour la sauver, ou pourquoi elle avait attiré touts les regards sur elle à son arrivée. Cependant, elle en aurait sûrement plus appris en continuant à les écouter parler, comme leurs identités ou l'étrange pouvoir dont Van avait usé devant elle. Mais à force d'être le sujet de leur débat, elle n'avait pas pu s'empêcher d'intervenir. Elle qui avait souffert de l'inquisition deux jours plus tôt, qui n'avait pas demandé à quitter son village et encore moins à finir dans cette forteresse, elle eut du mal à garder le silence en se sachant la cible de leur suspicion. Les personnes dans la salle sachant qu'elle était ici et qu'elle les avait entendus, elle entra d'elle-même dans la pièce sans attendre d'y être convié ni autorisé.

Lorsqu'elle rentra dans la salle, elle vit qu'il y avait plus de personnes que les trois qui parlait d'elle. Elle y reconnut Van dont l'apparence lui était connue, puis son regard s’attardât sur les deux autres personnes parlant d'elle. L'un était un homme grand, blond et massif aux yeux turquoise. Vêtu d'une veste et d'un pantalon marron, lui et Van faisait tout deux face à un homme d'une trentaine d'années, et dont l'apparence eut rapidement pour effet de glacer le sang de la jeune femme, provocant une forte sensation de malaise. L'homme vêtu d'un gilet bleu marine et d'un pantalon noir était encore plus grand et massif, que le premier sur lequel la jeune femme avait posée son regard, sa taille étant proche des deux mètres avec des cheveux longs, d'un noir sombre et attaché en arrière, affichant un visage partiellement détruit. Trois grandes balafres parallèles lui traversaient la gauche de son visage, passant sous un bandeau à l’œil gauche et indiquait que celui-ci lui avait était arraché d'un puissant coup de griffe. En voyant la taille des cicatrices laissé par les griffes, Anna s'imagina qu'elles furent provoquées par une créature extrêmement massive et féroce. Elle qui était entrée dans la pièce confiante à la recherche de réponse, Anna se trouvait désormais intimidé par les personnes présentes et incapable de prendre la parole.

Un long moment de silence s'était installé depuis son entrée peu discrète dans la salle, et qui lui avait valu un regard noir et sévère des deux derniers occupants de la pièce, aux quels la jeune femme avait négligé de prêter attention. Deux vieillards, un homme et une femme assis de chaque côté de l'homme au bandeau, la fixait et semblait attendre plus de réponse de la part de la jeune femme. La vieille dame aux cheveux aussi blanc que la neige avait un regard aux pupilles couleurs émeraudes, un visage tout ridé et portait une longue robe turquoise accompagné d'un châle gris. Le vieil homme, bien que très âgé, dégageait tout de même une forte présence. Vêtue d'une chemise blanche et d'un pantalon noir, le vieillard avait ses cheveux d'un blanc nacré, mi-longs et détachés, et avait l’œil droit brûlé et le gauche avec une pupille marron. Tandis que tous attendaient une explication de la jeune femme, en voyant le vieillard commencer à somnoler la vieille dame perdit patience et interpella Anna d'un ton sec et autoritaire :

- Toi ma petite, une sorcière ? Laisse-moi rire. Tu pensais vraiment qu'il te suffirait de le proclamer pour que l'on te croit ?

- C'est pourtant la vérité, je vous le jure.

Anna raconta ce qui lui était arrivé pour qu'elle en arrive à être pourchassé par l'inquisition, ainsi que le moment où elle avait été attrapé par l'évêque et ses hommes, ainsi que son sauvetage par Van. Mais à partir du moment où elle aborda l'épisode de la glace gelée, tous eurent un regard surprit envers elle, à l'exception de la vieille dame qui eût pour elle un regard strict jusqu'à la fin de son histoire. S'étant expliqué vis-à-vis de l'assistance, c'était désormais elle qui voulait des réponses, mais la vieille dame la reprit immédiatement sur son récit :

- Allons donc ! Les vraies sorcières, capable de maîtriser potion et soin sont déjà beaucoup plus rares que le nombres de celles qui furent accusées et condamnées comme telles. Mais celles qui sont capables de contrôler l'une des forces de la nature, sont encore plus rares. Je ne sais pas ce que tu sais de la magie, mais comprend bien une chose : te croire après une telle histoire vas demander des preuves, et j’entends par là une démonstration.

- C'est vrai que je ne sais rien de la magie, répondit Anna. Mais ce pouvoir est bien réel, même si je ne comprends pas pourquoi je le possède. Mais si vous voulez une démonstration, dites ce que vous attendez de moi, et je vous prouverai que je ne mens pas !

Plutôt que de répondre à la jeune femme, la vieille dame se tourna alors vers Van, l'interpellant avec autorité :

- Donne-lui ton arme mon garçon, et vite ! Nous allons rapidement être fixés.

Van, bien que surpris par la demande de l'ancêtre, s'exécuta en silence et tendit le manche de sa rapière à la jeune femme. Cette dernière tira la lame de son fourreau puis, à la demande la vieille dame, elle planta l'épée dans un espace dans l'assemblage des pierres du sol. La lame plantée devant elle, Anna attendit sans rien faire, ne comprenant pas ce que la vieille dame attendait d'elle comme démonstration. Mais au bout que quelques minutes, la jeune femme perdit rapidement patience à attendre une explication et elle interpella la vieille dame :

- C'est bien gentil tout ça, grand-mère, mais on fait quoi maintenant ? Vous vouliez une démonstration mais vous me donnez une arme, à quoi ça rime cette histoire ?

- Fichue gamine, va ! Quand tu disais ne pas savoir grand-chose en magie, je ne pensais pas c'était à ce point-là. Tu crois que dans le cas où tu dis vrai, j'aurai pris le risque de te voir geler la pièce ? Ce que je te demande est simple. Tu vas poser ton index sur le saphir pour en geler l'intérieur et uniquement cette partie-là.

- À quoi bon faire ça ? À quoi ça va servir au juste, la pierre est si petite que même si j'y parviens vous n'auriez aucun moyen de le savoir. Et puis d'abord comment je suis censé faire ça, moi ?

- Tais-toi donc et obéit. Tu sais créer de la glace avec ta magie, non ? Le principe reste similaire à un détail près : plutôt que de produire ta glace à l'air libre, tu vas envoyer ta magie dans le saphir jusqu'à ce que je te dise d'arrêter. Si tu réussis, je t'expliquerai les choses en détail et je te formerai. Dans le cas contraire, j'aurai bien fait de ne pas te révéler plus d'informations que nécessaire.

La jeune femme se leva et se plaça devant la rapière, posant son doigt sur la pierre précieuse. Puis, fermant les yeux, elle se concentra pour visualiser de par son imagination de la neige tombant dans une sorte d’œuf aux parois bleues comme le saphir, la neige devenant glace petit à petit dans son esprit. Tout en gardant sa concentration sur ce quelle visualisait, elle observait le saphir sur la rapière, et ressentait bien qu'elle fournissait un effort lui prenant de l'énergie, mais pourtant il lui semblait que rien de concret ne se passait. Elle continua alors pendant plusieurs minutes où rien ne changea jusqu'à finir par s’écrouler de fatigue à genoux sur le sol. Elle avait beaucoup de peine à respirer normalement, et sa vue se brouillait tant elle était au bord de l’évanouissement. Cependant, l'ancêtre ne lui avait en aucun cas demandé de stopper l'opération : ce fut seulement elle qui n'eût d'autre choix quand elle arriva à bout de forces. Pourtant, malgré tout ses efforts rien ne s'était produit quand elle eut insufflée sa magie dans le saphir. Elle se demandait toujours en quoi ce qu'elle venait de faire avait bien pu servir, et en quoi cela aurait pu prouver ou non ses talents magiques. Anna s'attendait désormais à avoir des réponses, ou à se faire réprimander par la vieille dame pour avoir arrêté l'exercice sans sa permission, mais cette dernière resta silencieuse à observer la scène.

Puis, à la grande surprise de la jeune femme, ce fut Van qui se tenait debout devant elle. Il reprit la rapière plantée dans le sol mais ne la rangea pas dans son fourreau. L'épéiste se piqua le pouce avec la pointe de l'arme puis se mit immédiatement en garde par la suite. La suite des événements fût alors si surprenante pour Anna, que toutes les explications possibles n'aurait pu aussi bien répondre à ses questions que ce qu'elle vit à ce moment-là. Van passa son pouce, d'où s'écoulait quelques gouttes de sangs, sur le saphir enchâssé dans la garde de sa rapière qui se mit à scintiller d'un bleu phosphorescent si intense, qu'il en illumina toute la lame d'une lueur bleue. Puis il fendit les airs de sa lame d'un coup sec et ce fut là qu'Anna prit conscience de ce qu'elle venait de faire sans le savoir. De la lame sortit alors un spectre de loup, le même qu'elle avait vu être enfermé dans le saphir avec une différence significative pour la jeune femme : l'animal, bien que sous forme spectrale, présentait désormais un pelage de glace. Elle comprit alors pourquoi cette méthode pour prouver ses dires, bien qu'elle ait du mal à en cerner les motivations profondes qui accompagnaient cette démonstration. Elle venait d'offrir son pouvoir de glace l'esprit du loup enfermé dans la rapière.

Sachant au moins que désormais elle serait prise au sérieux en tant que sorcière, elle restait toujours dans le flou total concernant la suite des événements. Qu'allait-il encore lui être demandé avant que les personnes présentes ne soient satisfaites ? Et qu'attendait la vieille dame pour lui confirmer que le test qu'elle venait de passer était réussi ou non ? Au moment où Van rengaina sa rapière, le spectre se dissipa immédiatement pour retourner dans le saphir où il résidait désormais. Anna, toujours en attente de réponse, tenta de se relever mais titubait et son équilibre en était hasardeux à cause de la fatigue que lui avait laissée l'exercice auquel elle venait de se plier. Ce fut Van qui la rattrapa et l'aida à rester debout sur ses jambes, tandis que la jeune femme commençait à perdre patience à être tenue dans l'ignorance et cela, bien qu'elle ait fait exactement ce qu'on lui avait demandé. Tandis que la vieille dame semblait perdue dans ses pensées à réfléchir, la jeune femme eut l'impression désagréable que celle-ci s'était endormie sur place. Bien qu'elle ne soit théoriquement pas en position de force, étant soit sous la protection des individus présent, ou leur prisonnière dans la forteresse selon le futur qui lui était destiné, Anna fini par craquer et s'emporter contre la doyenne de la pièce :

- Maintenant ça suffit, grand-mère ! J'ai fait exactement ce que vous m'aviez demandé. Alors maintenant à vous de me dire si oui ou non vous êtes satisfaite du résultat et si oui, comme promis il va falloir m'expliquer certaines choses.

- La politesse et le respect semblent te faire défaut, jeune fille. N'oublie pas à qui tu t'adresses quand tu es dans cette pièce. C'est à nous qu'il revient de décider de ton cas, et de quand tu pourras poser des questions si tu en as. Pour ce qui est de t'expliquer ce que tu veux savoir, cela attendra car il se fait déjà très tard et cela ne servirait à rien de répondre à tes questions si tu es trop épuisée pour en écouter correctement les réponses.

- Vous vous fichez de moi ? Quand est-ce qu'on va enfin m'expliquer ce que je fais ici, et pourquoi ma magie vous intéresse si vous n'êtes pas de l'inquisition. Je ne peux pas comprendre ce que je viens de faire avec la rapière, seulement le résultat obtenu. J'aimerais savoir pourquoi tout cela m'arrive à moi ?

La vieille dame poussa un soupir d'exaspération devant l'insistance de la jeune femme. Elle semblait bien décidée à ne pas en dire davantage à Anna pour le moment, et s'adressa alors à Van qui soutenait le corps épuisé de la jeune femme :

- La demoiselle sera sous ta responsabilité le temps de son séjour ici, le temps que nous décidions d'une tâche à lui confier pour qu'elle se rende utile au sein de la forteresse. Pour ce soir et les prochaines nuits, elle dormira à l'infirmerie le temps qu'on lui trouve un toit. Tu vas donc l'y remmener.

- Ce sera fait, comptez sur moi.

- Quant à toi, jeune fille, demain et les jours suivants nous aurons de longues et importantes conversations. Alors tâche de te reposer et de ne pas traîner au lit demain matin. J'ai toléré ton insolence pour ce soir mais je ne compte pas recommencer les prochaines fois !

Après avoir salué les personnes présentes dans la pièce, Van exécuta en silence l'ordre qui lui fut donné. Il n'adressa pas le moindre mot à Anna, considérant qu'il n'avait rien à lui dire tant que la doyenne n'avait pas pris en charge la jeune femme. De son côté, Anna n'était toujours pas plus avancée sur sa situation, à part le fait de savoir qu'elle était une invitée entre ces murs pour l'instant et non une prisonnière. Le peu de choses qu'elle avait compris ce soir là n'avait fait que lui enfoncer encore plus de doutes et d'interrogations dans la tête. Cependant, elle espérait bien que la vieille dame réponde enfin à ses questions le lendemain. Lorsqu'elle se retrouva à nouveau seule dans l'infirmerie, elle eut à peine le temps de retirer sa robe et de s'allonger, qu'elle tomba dans un profond sommeil.

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