Vertige
C.,
Je me souviens de tout. Je me souviens du crissement des cordes des violons, du froufrou des jupes, des pas lourds et légers sur le parquet qui craque, des rires mêlés aux bavardages. Mais tout se mélange pour former un tourbillon de sons qui s'efface. Je n'ai pas conscience de tous ces autres qui s'amusent de l'autre côté du rideau, mince frontière de tissu entre deux mondes. Dans le mien, il n'y a que toi et la sensation grisante de ce moment volé. Nous fuyons, un bref et délicieux instant, la réalité. Il ne me reste que le goût de tes lèvres sur les miennes. Je me souviens de tout. Je me souviens de l'immense et inoubliable vertige d'être avec toi.
Aujourd'hui, les violons se taisent, les jupes ne caressent plus les lattes du parquet et les rires sont muets. Les sons ne se mêlent plus car le silence l'emporte sur le tourbillon de la fête. Et il ne me reste plus rien. Sinon l'immense et inoubliable vertige d'être sans toi.
S.
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