J’avais certes éprouvé un grand chagrin tout à l’heure en revenant chez moi avant la fin des cours, pourtant, en ayant été témoin de cette scène au restaurant où j’avais observé une autre fille volée une personne qui m’était cher, je ne pouvais ressentir que de la haine. Il n’y avait plus aucune place pour les larmes. Ce n’était cependant pas envers cette fille que j’avais le plus d’animosité, c’était contre Ryan. Qui pouvait savoir, cette étudiante ne savait peut-être même pas que Ryan était en couple avec moi. Dans le cas contraire, si elle avait été au courant de cette information, alors elle était tout aussi cruelle que lui. Ce dont j’étais convaincu dans cette histoire, c’était que Ryan avait été parfaitement conscient de son geste. Il savait pertinemment que je l’aimais et que ça me briserait le cœur de la voir commettre un truc de ce genre. Sa façon de me punir pour l’avoir fait attendre avait été de se jeter dans les bras d’une autre? Je pense que ce qui me brisait le plus le cœur c’était de le voir insouciant, affichant un sourire sur son visage en compagnie d’une autre jolie fille, comme si en fin de compte je n’avais jamais existé pour lui. C’était ce qui me faisait le plus mal. Et si Ryan m’avait aperçu plus tôt au collège, anéanti en le surprenant avec une autre étudiante, est-ce qu’il se serait sentit le moindrement un peu coupable? Aurait-il encore voulu me faire souffrir après avoir vu mon visage affligé? Je me disais qu’au final, je n’avais jamais eu affaire au véritable Ryan Nelson. Il m’avait caché sa véritable personnalité depuis le départ.

Ryan s’amusait comme un fou avec cette étudiante pendant que moi je l’observais à travers une vitre de voiture, n’ayant qu’une seule envie en tête : Le faire payer.

- Regarde-le! Ce garçon est un véritable crétin si tu veux mon avis, continua Lindsey.

- Je n’arrive pas à y croire. C’est comme si j’avais affaire à une tout autre personne que celui avec qui je suis sortit pendant des mois, dis-je, abasourdi.

- Ce type ne te mérite pas Taylor. Tu seras beaucoup mieux sans lui.

- Je ne le laisserai même pas tenter de s’expliquer auprès de moi! dis-je avec rage. Je me suis fait avoir! Comment ai-je pu être aussi stupide !? Je ne connaissais absolument rien de lui, tu te rends compte ?!

Le sourire qu’affichait Ryan sur son visage m’obligea à baisser la tête, sur le point de faire une crise d’angoisse. C’était insupportable à regarder.

Lindsey voyait à quel point j’étais secoué par la situation.

- Taylor, on devrait préférablement retourner chez toi. On pourrait regarder un film pour te changer les idées?

Je restai silencieuse pendant une longue minute. Malgré mon état mental, ma décision était prise depuis longtemps.

- Il est hors de question que je rentre chez moi maintenant. Ce serait le laisser gagner. Il doit comprendre ce qu’il a fait. Je ne mérite pas d’être rejeté comme ça!

- Oui, je comprends totalement ce que tu ressens, mais je ne voudrais pas que ça te fasse encore plus de mal.

- Justement, ne pas le faire serait encore pire pour moi. Je me fou de ce qu’il fera lorsqu’il retrouvera sa maison en pagaille. Il pourra bien m’envoyer en prison, ça m’importe peu! Tout ce que je veux, c’est qu’il sache comment je me sens, et le faire regretter.

Je n’avais pas été dans un état stable ce soir-là. Mon désir de vengeance était devenu immense. Il n’y avait eu plus que ça dans mon esprit. Dire que je me foutais d’être jeté en tôle n’était pas supposée ne pas m’effrayer, parce qu’en réalité, j’étais terrorisé, mais je refusais de l’admettre. C’était un véritable cauchemar que je vivais. Mes émotions étaient si fortes, bousculées, que j’aurais pu sortir de la voiture et poignardé mon ex copain devant tout le monde si j’avais eu un couteau en ma possession. Heureusement que ma meilleure amie avait été présente avec moi ce soir-là, parce que j’ignore jusqu’où je serais allé.

- Si tu veux on pourrait aller manger ailleurs dans ce-cas? proposa-t-elle. Je comprendrais que tu ne veuille plus y aller.

J’accepta, mais ce n’était que pour quitter ce restaurant et ne plus voir Ryan qui était entrer dans sa Ford avec elle. Je ne voulais rien avaler.

Finalement, nous nous sommes arrêtés dans un dépanneur du coin et nous nous sommes pris plusieurs trucs qui n’avaient rien d’un repas, du genre des sacs de chips, des biscuits et des friandises. J’étais convaincu que Lindsey allait vouloir abandonner ce projet et qu’elle allait me ramener chez moi, sauf que je pense qu’elle tenait à ce que mon désir soit réalisé.

Environ une demi-heure après avoir surpris Ryan au restaurant de pizza, nous nous sommes garés juste devant sa maison, et nous avons attendus. Nous avons patienté pendant une vingtaine de minutes sans le moindre signe du retour de mon ex copain. J’ignore où ils étaient allés ainsi, en espérant qu’ils n’allaient pas revenir avant que nous ayons terminé de faire ce que nous avions à faire dans sa maison. Lindsey et moi cherchions un plan pour s’introduire dans la demeure sans que personne ne nous voit. Déjà, il y avait un grand avantage, il n’y avait personne chez lui pour nous surprendre.

Avant de partir de chez moi tout à l’heure, j’avais récupéré une photo de Ryan et moi et je l’avais mise dans la poche de ma veste de cuir. Quand Lindsey et moi avions cherché un plan sécuritaire de cambriolage, j’ai ressorti cette photo, ayant pratiquement oublié que je l’avais mise là plus tôt. Je me suis mise à fixer cette photographie et je n’arrivais plus à éprouvée de peine de l’avoir perdu.

- Taylor, tu ferais mieux de ranger cette photo maintenant, insista Lindsey en m’enlevant gentiment la photo des mains. Tu vas finir par te rendre folle.

Je poussai un soupir puis m’enfonça dans mon siège. Elle avait raison. Je devais arrêter de me faire du mal en regardant une photo qui évoquait de bons souvenirs désormais perdus.

- Tu as raison, je suis en train de devenir dingue. Pourquoi est-ce que j’ai voulu saccager la maison de Ryan? Je sais que j’en serai incapable.

- C’est une peine d’amour. Ce que tu ressens est tout à fait normale.

- Mais… comment puis-je le détester autant si je l’aime? Est-ce que je dois être en colère ou bien triste? Je ne sais plus ce que je dois ressentir.

- Je sais, c’est compliqué. Tu ressens tout en même temps. De la façon dont ton couple s’est terminé, il est normal que tu ignores comment digérer ça.

Ma première véritable peine d’amour. Je pouvais confirmer que ça faisait terriblement souffrir.

- Je sais que ce genre d’émotions est compliqué à comprendre lorsque ça nous arrive pour la première fois.

- Oui, répondis-je en soupirant.

- Ne t’en fait pas, je suis persuadé que tu trouveras 100 fois mieux que cet abruti.

- Non, il n’est pas question que je me mettre à penser à d’autre garçons.

- Je veux simplement essayer de trouver un moyen pour te consoler du mieux que je peux.

- Oui, je sais, dis-je. Tu sais, j’ignore pourquoi j’ai apporté cette avec moi. Elle représente un bon souvenir mais quand je la regarde, ça ne fait que me briser le cœur encore plus.

En parlant de cette photo, des larmes se sont mises à couler sur mes joues. Elles étaient venues sans prévenir et j’aurais préféré ne pas avoir à pleurer devant Lindsey qui faisait tout pour me consoler. J’essuya rapidement mes larmes pour éviter de me mettre à sangloter sans fin.

- Excuse-moi… ces larmes viennent sans prévenir, m’excusais-je auprès de ma meilleure amie.

- Je suis tellement désolé pour toi, me dit-elle tristement. J’aimerais tellement pouvoir effacer ce que tu as vécu aujourd‘hui.

Elle enroula un bras réconfortant autour de mes épaules et j’appuya ma tête contre son épaule. Simplement d’avoir du réconfort auprès d’une amie comme elle, c’était pareil à des premiers rayons de soleil qui reviennent après un dur orage.

Il y eu soudain un signe de vie dans le quartier. Lindsey retira son bras d’autour de mes épaules lorsque nous vîmes une Ford noire aller se garer dans le stationnement de la maison de mon ex copain.

- Ça y est, il est là! Jette un coup d’œil dans la boîte à gant! me demanda Lindsey.

- Pourquoi?

- Il y a une paire de jumelle, donne-les-moi.

J’ouvris le coffre à gant devant mes genoux et trouva les jumelles que Lindsey voulait. Je les sorties de la boîte à gant et le lui remit.

- Qu’est-ce que tu veux faire de ces jumelles au juste? lui demandais-je, perplexe.

- On espionne.

Tout compte fait, c’était plutôt pratique de garder des jumelles dans sa voiture pour des cas particulier comme celui-ci. Lindsey observa à travers les longues-vues en direction de la voiture dans le stationnement. Elle resta silencieuse.

- Qu’est-ce que tu vois? m’impatientais-je de savoir.

- Rien de suspect pour le moment. La voiture est arrêtée, mais je ne vois personne à l’intérieur.

Lindsey me passa les jumelles pour que je puisse à mon tour voir ce qui se passait. C’était effectivement la Ford noire de mon ex copain, mais il faisait trop noir pour qu’on puisse y voir quelque chose dans la voiture. Du moins, jusqu’à ce que la lumière à l’intérieur du véhicule s’allume et me laisse voir enfin Ryan et sa nouvelle petite copine. La rage monta d’un cran en moi et mon cœur débattit dans ma poitrine.

- C’est lui, et il est encore avec elle.

- Tu es sérieuse?

- S’il l’emmène chez lui, ça doit sans doute faire un bail qu’ils se fréquentent alors, dis-je, scandalisé tout en regardant mon amie.

- Ça ne veut rien dire. Des tas de garçons et de filles vont chez l’autre même si ça ne fait qu’une journée qu’ils sont ensemble.

- Enfin je ne serais jamais entrée chez un garçon avec qui je suis en couple depuis une seule journée.

Je regardai à nouveau dans les jumelles. Ils rigolaient tous les deux ensembles. Je ne sais pas ce qu’ils se racontaient, mais Ryan n’avait rien d’un garçon qui avait des remords. Ce type n’avait pas de cœur! Il s’amusait comme un jeune adolescent dans sa belle voiture avec cette racoleuse sans même éprouver de la honte pour son comportement ?! Je me demandais comment il réagirait s’il découvrait que j’étais juste là en train de l’espionner, que je savais tout maintenant. Je retirai les jumelles lorsque je les vis échanger un baiser. Cette fois c’en était trop. Je remis les jumelles dans le coffre à gant et détacha ma ceinture brusquement. Ma copine m’arrêta immédiatement.

- Taylor, qu’est-ce que tu fais ?!

- J’en ait assez vu comme ça!

- Mais… qu’est-ce que tu comptes faire?

- C’est le moment ou jamais d’agir.