Une histoire de rotondité

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Une histoire de rotondité

   Incontestablement, nous sommes environnés d’une multitude de signes qui sont la parole à recevoir en tant qu’hommes errants à la recherche d’un point fixe. Ce matin de rude figure, des cabanes de pierre se sont inscrites dans mon champ de vision, mais aussi, comme en un jeu d’écho, la tour d’un moulin à vent aux larges ailes, à la toiture conique faite de minces planches grises que prolonge une queue servant à orienter les pales au vent.

    Ici, se résume de tout temps mon irrésistible attrait pour les bâtisses rondes, leur symbolique assemblante, leur perfection au centre de laquelle on se sent entièrement accueilli. Nul angle qui blesserait. Nul recoin propice à s’investir des ombres et des formes mouvantes d’une angoisse toujours tapie dont nous supputons qu’elle nous guette et fomente quelque projet. C’est cela la magie de la circularité : être au centre et ressentir au plein de son corps l’influence d’ondes bienfaisantes, salutaires. N’était-ce pas la raison d’être des donjons, lesquels outre leur forme défensive, devenaient l’ultime refuge dont l’être tout en rondeur se donnait comme l’antidote de la lutte, de l’assaut ?

Fontvieille-Mistral

   Mais revenons au moulin. A seulement l’évoquer, se projette dans mon esprit la belle tête romantique d’Alphonse Daudet. Je le vois dans sa tour de Fontvieille - même s’il n’y a pas vraiment vécu -, penché sur sa feuille blanche, écrivant sous la dictée du Mistral quelques unes de ses pages si savoureuses : « L’Arlésienne », « L'Élixir du révérend père Gaucher », enfin toutes ces histoires si empreintes du caractère d’un lieu qu’elles ne peuvent qu’avoir été dictées depuis un mystérieux centre qui diffusait, sur l’entièreté du pays alentour, la beauté des chroniques provençales. Par définition, Solveig, je crois que le moulin ne peut abriter qu’une présence solitaire. Non seulement en raison de l’exiguïté de son espace mais parce que sa nature profonde est de devenir le creuset d’une intimité. Un face à face d’une solitude avec une autre solitude. Là naissent les plus belles créations.

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