CHAPITRE 1 Partie 2

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       Un homme masqué introduit chez le vieux couple, était en train de fouiller le salon quand la femme était entrée dans la pièce après qu'un bruit l'eût réveillé. L'homme, paniqué, s'était emparé du premier objet venu et lui avait fracassé le visage avec. Les cris de la vieille dame avaient alors sorti son époux du sommeil, qui était descendu en trombe. Le corps de la femme étendue là, au milieu de la pièce, l'avait glacé d'horreur. Au lieu de le soulager, l'absence du meurtrier, le rendit fou de rage. Elliott s'était alors précipité sur sa femme pour la prendre dans ses bras, serrant l'arme du crime à l'en briser, y laissant ses empreintes. Il avait été arrêté par la suite. Après son rêve, madame Harper était apparue juste devant elle pour la supplier d'aider son mari. Lena n'aimait pas l'injustice, alors elle avait enquêté. Elle s'était glissée dans la maison du couple pour voir la scène de crime. A l'époque, Ashton était encore en vie et travaillait avec elle. Elle était restée à l'extérieur pour surveiller les alentours. Mais la vérité, c'est que le risque de se faire attraper était grand et que Lena ne voulait pas qu'elle le prenne. Elle avait toujours protégé Ash de ses bêtises.

       Toujours est-il qu'elle avait fini par trouver l'essence de l'assassin et par réunir les preuves. Il s'agissait d'un petit junkie venant des bas-fond de l'East End. Lena et Ashton avaient tout révélé au commissaire de Scotland Yard. Celui-ci avait fait ce qu'il fallait et Elliott Harper avait fini par être libéré. Tout est bien qui finit bien. Mais l'homme avait perdu l'amour de sa vie et le déplorait chaque jour, bien qu'il n'en montra rien.

        Cependant, l'histoire ne s'était pas arrêtée là. Lena avait été touchée par ce qu'elle avait ressenti dans son rêve. Elle avait vu tout l'amour du vieil homme pour sa femme, ainsi que son désespoir après sa mort. Par la suite, la jeune femme était souvent allée à la salle de boxe. Elle était accompagnée de la défunte qui ne voulait pas lâcher tant qu'elle n'aurait pas fait passer un message à son mari. Seulement, la détective n'avait jamais été douée pour ça. La plupart du temps, elle passait pour une folle. Pourtant, Elliott l'avait cru, sans l'ombre d'une hésitation. Après l'avoir remercié, il avait éclaté de rire, avant que les larmes se mettent à couler à flots.

         Depuis, l'ancien soldat l'accueillait très souvent à la salle de boxe. Certaines fois, elle lui parlait de ses rêves. Il ne disait rien, se contentant de l'écouter. Quand Ash était morte, c'était Elliott Harper qui l'avait soutenu et aidé à remonter la pente. Il avait été plus présent pour elle en neuf mois que ses parents en vingt-cinq ans, acceptant tout d'elle, de ses crises de larmes en passant par ses crises d'hystéries ou de violences. A chaque fois, il attendait patiemment qu'elle se calme, même si elle détruisait son bureau, ou frappait les murs parce que les punchings ball n'étaient pas assez durs. Une fois la crise passée, il lui lavait les mains et soignait ses phalanges. Plusieurs fois, il l'avait forcée à se rendre à l'hôpital, parce qu'elle s'était cassée quelque chose. Il était la seule personne qui avait un minimum d'autorité sur Lena.

        Le bâtiment n'était pas très impressionnant. Il s'agissait d'un carré en béton prit en sandwich par deux immeubles modernes. Lena ne fut pas étonnée de voir la grille levée et la lourde porte ouverte. Le vieil homme savait parfaitement que la détective était très matinale et pouvait arriver très tôt le matin, ou très tard le soir. La jeune femme entra, même si les horaires sur la porte indiquaient que l'ouverture exact ne serait qu'à neuf heures, soit dans trois heures. Mais Elliott ne lui en tiendrait pas rigueur au contraire, il serait bien trop content de la voir.

        Quand elle entra, la jeune femme se laissa envahir par le silence reposant de la salle. Le vieil homme savait comment elle aimait s'entraîner. Sans un bruit pour la troubler. La détective promena son regard sur toute la grande pièce. Il y avait seulement trois rings, avec au centre un de taille plus conséquente que les autres. Il s'agissait de celui utilisé pour les démonstrations. Sur sa gauche, une dizaine de punching ball étaient suspendus au plafond. Ils lui avaient si souvent servi de défouloir qu'elle n'arrivait plus à compter toutes les fois où elle les avait frappés. Les voir lui procura un certain bien être, contrairement aux humains, ils ne pouvaient ni bouger, ni crier. Les seuls bruits qu'ils faisaient était ceux de ses poings les rencontrant. Elle aimait sentir ses poings, nus la plupart du temps malgré les règles, s'abattre avec force contre le cuir rugueux, dans un bruit mat. A gauche, on pouvait voir trois portes, aussi blanches que la neige. La première menait au bureau de l'ancien soldat, la seconde, aux vestiaires des filles, endroit désert la plupart du temps. La jeune femme ne savait pas pourquoi, mais l'endroit était surtout peuplé par les hommes. Elle y voyait rarement une autre femme. Pourtant, les dames pratiquant des sports de combats n'étaient pas inhabituel. La dernière porte menait aux vestiaires des hommes. Endroit déjà visité par sa personne, dans le dos du coach, et pas pour parler chiffon.

        Lena entra dans dans le bureau d'Elliott sans frapper. Elle ne frappait jamais. La jeune femme était la seule à le faire. Personne n'aurait osé entrer dans ce bureau de cette manière, sous peine de repartir avec quelques dents en moins. Sachant bien qui pouvait s'introduir de la sorte, Harper ne leva même pas la tête du journal qu'il était en train de lire .

    "Tu arrives bien tôt, aujourd'hui, fit-il cependant.

       Lena eut un ricanement amer. L'ancien soldat leva les yeux et darda sur elle un regard perçant, pas besoin d'être médium pour savoir de quoi il en retournait. L'homme comprit rapidement ce qu'il se passait et ce qui tracassait sa protégée.

    –Tu veux en parler ? lui demanda-t-il."

        La jeune femme se mordit la lèvre. Voulait-elle en parler ? Sans doute. Elliott l'écouterait sans l'interrompre et surtout, sans la juger. L'homme ne la pressa pas. Il continua à la regarder de ses impressionnants yeux noirs. La détective finit par céder et lui relata son rêve sans omettre le moindre détail. Elliott était assez fort pour tout entendre. Il ne serait pas dégoûté ou choqué comme la plupart des gens. Après tout, étant un ancien militaire, il avait dû en voir des pires. Le vieil homme resta silencieux quelques instants, semblant réfléchir. Lena eut du mal à accepter ce silence. Elle voulait ses conseils et ce, au plus vite. Aussi fut-elle soulagée lorsqu'il prit la parole, même si ce fut pour lui poser une question :

    "Que comptes-tu faire ?

Lena souffla :

    –Que veux-tu que je fasse ? Je ne suis qu'une simple détective.

    –Tu es bien plus que cela, fillette et tu le sais très bien, répliqua-t-il.

La jeune femme haussa les épaules. Elliott constata la perturbation qui l'habitait encore, sinon, elle l'aurait repris sur le surnom qu'il venait d'employer et qu'elle haïssait. La médium vit à la façon qu'avait l'ancien militaire de faire bouger sa jambe qu'il avait autre chose à lui dire. Au vu de son hésitation, ça n'allait pas lui plaire. Il prit une inspiration et demanda :

    –Pourquoi ne contactes-tu pas Scotland Yard ?

Comme il s'y attendait, les yeux verts de la détective brillèrent de colère.

    –Comment oses-tu ne serait-ce que poser la question ? cracha-t-elle avec hargne.

Elliott soupira en fermant les yeux. Peut-être aurait-il dû se taire ? Lena était toujours très sensible sur le sujet. Elliott connaissait l'histoire. Il savait pourquoi elle réagissait comme ça. Mais le meurtre d'une femme était en jeu. La jeune femme ne devait pas se laisser influencer par sa colère.

    –Lena, je sais que tu ne veux pas en entendre parler, mais s'il s'agit d'une affaire de meurtre, tu ne peux pas rester les yeux fermés à rien faire.

La détective se mit à faire les cent pas. Elliott disait vrai, mais sa haine pour Scotland Yard était telle, qu'elle ne pouvait pas réfléchir convenablement. Pas avec ce qu'il s'était passé. Elle n'arrivait pas à faire la part des choses. Elle s'arrêta face à un mur. L'homme ne dit rien, sachant pertinemment ce qui allait suivre. Et il vit juste, car Lena envoya violement son poing dans le mur. Il soupira en l'entendant pousser un petit cri de douleur. Il se leva et se dirigea vers la jeune femme. Sans la regarder il prit son poignet et examina sa main. Ses jointures étaient légèrement abimées, mais elle ne semblait pas avoir quelque chose de cassé. Lena se dégagea et jura.

–Te venger sur le mur ne servira à rien Lena, l'admonesta-t-il. Tu sais très bien que j'ai raison. Ils vont avoir besoin de toi. Il s'agit de vie humaine. Tu vas laisser ta rancune t'empêcher de sauver des vies humaines.

– Ta gueule, le rabroua-t-elle. Je me fiche parfaitement de savoir que tu as raison. Il est hors de question que je les appelle.

–Et si c'est eux qui font appel à toi ?

–Qu'ils aillent au diable ! Siffla-t-elle."

Avant que l'entraineur n'ait pu dire quoi que ce soit, Lena tourna les talons et sortit de la pièce en claquant la porte.

       Elliott soupira. Il aimait Lena comme sa propre fille, il serait prêt à tout pour elle, mais il lui était difficile de la comprendre. Il savait que la jeune femme vivait mal la mort d'Ashton. Tout comme il savait qu'elle considérait Scotland Yard comme responsable. L'homme ne pouvait nier qu'elle avait raison, tout en ayant tort. Le Yard n'aurait pas pu sauver sa meilleure amie. Car même si elle avait survécu, elle aurait été détruite. L'ancien militaire ne savait pas comment le faire comprendre à Lena. Oh il avait essayé de le faire, à maintes reprises, mais ses réactions avaient été si violentes qu'il n'avait plus voulu lui en reparler. Cependant, cette fois c'était différent. Il ne pouvait pas laisser Lena agir de la sorte. Pas quand la vie d'innocent était en jeu. Parce que le meurtrier allait sans doute recommencer. La détective devait arrêter d'agir en égoïste et faire les bons choix. L'homme poussa un nouveau soupir et reporta son attention à son journal.

       Elliott était un crétin ! Lena l'aimait profondément, mais pour proférer des âneries pareilles, ce ne pouvait être qu'un crétin. Comme si elle pouvait appeler Scotland Yard et leur proposer son aide. Et puis quoi encore ? Jamais elle n'acceptera de se retrouver à enquêter avec eux. S'ils avaient un problème, ils se débrouilleront seuls. Comme elle avait dû le faire. De toute façon, Scotland Yard ne l'avait plus contacté depuis l'enterrement d'Ashton. Depuis qu'elle avait frappé un de leurs agents. Le meilleur ami de ce fils de pute qui n'avait cessé de le défendre.

       Lena poussa un cri de rage en fermant violemment la porte de son casier. Fort heureusement, elle avait fini de se changer. La jeune femme se dirigea vers la salle et choisit le punching ball le plus éloigné du bureau de l'entraineur. Encore en colère contre lui et elle ne voulait le confondre avec un sac de frappe. Même si ça ne serait pas la première fois que ça arriverait. Néanmoins, malgré son amour profond pour elle, Elliott n'hésitait jamais à se défendre et la détective n'était encore prête à tâter à nouveau de ses poings.

       Frapper lui faisait du bien. Ça la vidait de toute son énergie, au point qu'elle ne puisse plus réfléchir. Elle oubliait tout ce qui ce qui n'allait pas, restait focalisée sur les coups qu'elle portait. Si elle combattait un adversaire en temps réel, le coach lui aurait dit de faire attention à son environnement. N'importe quel objet pouvait lui servir d'arme pour se défendre. Mais contre un sac de frappe, ce n'était pas vraiment indispensable. Elliott le lui reprochait souvent. Lena frappait pour frapper, pas pour se défendre. Il lui disait sans cesse qu'elle devait apprendre à anticiper, même si ce n'était pas un véritable adversaire. Apprendre était important, pour s'en sortir en condition réelle.

        La jeune femme n'arrivait pas à penser à autre chose qu'à la pauvre femme de son rêve. Il lui était impossible de se l'enlever de la tête. Habituellement, la boxe l'aidait à oublier les horribles images dont elle était témoin. Mais pas là. Elle n'y parvenait pas. Son esprit lui envoyait encore l'image noire de la nuit. Sans compter cette odeur persistante de mort dont elle n'arrivait pas à se débarrasser. Ce rêve était différent des autres. Plus violent, plus macabre et, pire que tout... plus réel.

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