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Comment une vie bascule ? Je suis parfois émerveillé - est-ce le juste mot pour sgomento ? - par l’absurdité de certaines morts.

Recevoir l’anthologie des morts débiles sous le sapin m’aurait plu. Sauf que, depuis mes douze ans, ma sœur n’a plus jamais déposé de cadeaux le matin de Noël. Pire, elle les a interdits ! A part pour le piccolo Isaac. Io m’a suffisamment blâmé de ruiner ses rêves d’un Noël empaqueté en passant systématiquement les fêtes de fin d'année entre Martina et Papa. Io m’a reproché tellement de choses. Gâcher Natale, ne pas comprendre le rituel des chaussures déposées les jours précédents la Saint-Nicolas, ne pas aimer les frites mayonnaise… Io me manque !

Le ciel est bleu. Aucun nuage ce matin. Le vent est doux. La chaleur montera plus tard. J’entends le bruit des vagues. Le paradis.

Je crois bien qu’un tel livre existe, même si je n’en suis pas sûr. Un livre sur les morts connes. Comment s’appelait ce film épouvantable que j’ai vu avec Io ? Un couple parti faire de la plongée sous-marine, beaux, riches, amoureux… sauf que le bateau qui les a largués en pleine mer, eux et une vingtaine d’autres touristes, les oublie. Quand ils remontent à la surface, ils sont seuls au milieu de l’océan. Ils flottent grâce à leurs bonbonnes d’oxygène. Le couple voit les heures défiler sans que personne ne revienne les récupérer. La nuit tombe. Des requins surgissent. Io était tellement angoissée qu’elle se levait toutes les cinq minutes pour boire, pisser, chercher du chocolat. Mais quand je voulais changer de chaîne, elle me l’interdisait en hurlant. Finalement un requin mord le mari. C’est le genre de film qui aurait dû bien se terminer : beaucoup d’angoisse et, à l’aube, les secours les auraient sauvés. Sauf que l’homme meurt d’hémorragie et d’épuisement. Sa femme tient son cadavre. Puis elle le lâche. Les requins sont toujours là. Il y a des gros plans sur son visage angoissé. Finalement, elle ôte sa bonbonne d’oxygène et se laisse couler. Générique de fin. C’était affreux, j’en avais rêvé la nuit. Io aussi. Le matin, elle était allée vérifier sur le net, persuadée que l’histoire était véridique. Évidemment, elle avait raison. Quand c’est horrible, c’est forcément vrai.

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