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Après une matinée à cueillir des plantes, les laver, puis les mettre à sécher au soleil, les trois amis avaient finalement retrouvé les autres pour déjeuner. Ou plutôt, l’odeur alléchante qui s’échappait de la maison les avait rappelés à la réalité. La cuisine de leur location était équipée d’une plancha, face à laquelle Maxime et Lucas n’avaient pas su résister.

Le groupe venait juste de s’installer à table quand Iris rentra, les bras encombrés de sacs de provisions, et l’esprits de questions qui n’avaient toujours aucune réponse. Louna ne lui laissa pas le temps de poser ses affaires et lui annonça de but en blanc qu’ils souhaitaient visiter un vieux fort que Lucas avait trouvé sur le net. Elle voulait parler à sa grande sœur de ce qu’elle l’avait entendu dire au téléphone, et espérait en avoir l’occasion durant la visite La jeune femme acquiesça d’un signe de tête en posant ses courses sur le plan de travail et rejoignit le groupe en poussant un soupir d’épuisement. Il ne s’était même pas écoulé une journée, mais elle avait eu tellement de choses à voir et à faire qu’elle se sentait vidée.

Maxime lui tendit le plat de viande, qu’elle accepta avec un petit sourire. Elle n’avait plus la force de jouer la grande-sœur aujourd’hui. Pour le moment, la seule chose qu’elle aurait aimé faire, c’est une bonne sieste.

Tout va bien ? demanda-t-il en la fixant de ses iris d’acier.

Iris releva la tête, surprise. Elle s’était perdue dans ses espoirs de vacances et de repos bien mérité, et n’avait pas touché aux deux chipolatas qui refroidissaient dans son assiette.

Un peu fatiguée, admit-elle avec une grimace. Je n’ai pas vraiment l’habitude de jouer la nounou.

Le garçon échangea un coup d’œil avec Louna, mais il voyait bien qu’il en faudrait plus pour qu’elle lâche l’affaire.

Je peux te donner quelque chose si tu veux, proposa Paul en posant sa main hâlée sur celle de la grande sœur, oubliant sa gêne habituelle. J’ai de quoi te redonner de l’énergie, ou bien t’endormir si tu veux faire un petit somme réparateur.

Cette fois, ce fut Jane qui lança un regard complice à son amie. Rien ne perturbait le jeune homme quand il s’agissait de ses remèdes.

Non ! s’écria Iris, en rompant prestement le contact physique. Enfin, je veux dire… Je ne veux pas dormir, ça retarderait notre visite.

Tu peux rester à la location si tu veux, on est assez grand pour se débrouiller sans toi, railla sa sœur.

La jeune femme lui offrit un regard noir. Elle sentait la contrariété de Louna. Elle n’avait sans doute pas apprécié son attitude de la veille avec Maxime, et cherchait à l’évincer de la sortie pour être tranquille. Ce fut comme un coup de fouet pour Iris, qui regagna un semblant d’énergie l’espace d’un instant.

Paul, donne-moi un tonique. Ou même une grande tasse de café, je m’en fiche tant que ça me regonfle à bloc pour botter les fesses de ma sœur. Si tu crois que tu peux roucouler loin de ta BBS, tu te fourres le doigt dans l’œil, ma petite !

Je ne roucoule pas ! s’étrangla sa cadette, rougie par la honte. Il n’y a rien entre Max et moi, arrête de te faire des idées !

Jane connaissait les deux sœurs, et savait pertinemment qu’aucune des deux ne courberait l’échine. Iris était trop protectrice, et Louna trop fière. Alors elle prit son courage à deux mains, inspira, et interrompit leur petit duel avant qu’une véritable dispute n’éclate.

Iris, ne m’étrangle pas pour ce que je vais dire mais… Louna n’a plus quinze ans. Elle est presque adulte, elle est assez grande pour vivre sans chaperon. On sait que tu ne cherches qu’à la protéger, surtout depuis ce qu’il s’est passé avec Nick, mais vous ne pouvez pas vivre comme ça toute votre vie. Ce n’est pas à toi de décider avec qui Louna flirte ou pas.

La blonde reprit son souffle avant de se tourner vers son amie.

Quant à toi ma cocotte, il faut que tu apprennes à te lâcher un peu ! On est en vacances, loin du lycée. Ça fait plus d’un an que Nick est parti, alors tu vas me faire le plaisir de te détendre et de profiter du soleil, de la plage et des beaux garçons !

Le silence s’imposa dans la pièce, lourd, pesant. Etonnée d’être en un seul morceau, Jane se détendit un peu. Paul revint à ce moment-là, une tasse fumante dans la main. Iris murmura un bref « merci » sans quitter la jeune fille des yeux, bu une gorgée du breuvage et soupira.

Si ça peut te rassurer, intervint Max, il n’y a rien entre ta sœur et moi. Nous sommes justes amis. C’est tout.

Tu as raison, Jane, concéda-t-elle. J’ai besoin de contrôler ce qui entre dans ma vie, et dans celle de mes proches, de ma famille. Je ne peux pas m’en empêcher, c’est comme ça. Quand j’ai vu l’état miséreux dans lequel il avait laissé Louna, je m’en suis voulue. Si j’avais fait mon job, il n’aurait jamais eu l’occasion de la blesser.

La jeune femme se replongea dans les souvenirs douloureux de l’année passée. Elle revoyait l’image de sa sœur meurtrie comme si c’était hier. Lorsqu’elle l’avait retrouvée ainsi, recroquevillée sur elle-même, tremblante et le visage enfouit, elle savait qu’elle n’avait pas été suffisamment présente, qu’elle n’avait pas su protéger sa petite sœur si fragile.

Mais je sais que vous avez tous été présent pour elle après cet épisode, admit Iris en poussant un soupire. Je ne veux plus la voir aussi malheureuse que l’année dernière. Je souhaite plus que tout qu’elle ait une vie normale, et pleine de joie.

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres roses de Jane lorsqu’elle vit le regard insistant que Paul dardait sur l’aînée, regard qu’elle n’osait pour une fois pas soutenir. Les rôles semblaient s’être inversés.

Je sais qu’il faut que je te laisse faire tes propres expériences, et tes propres conneries, murmura-t-elle à sa sœur. Je ne peux rien te promettre, tu sais bien que je suis un cas désespéré, mais je vais essayer de te lâcher la grappe un peu. Au moins pendant ces vacances.

Après tout, on ne reste qu’une semaine, ajouta la blonde avec un clin d’œil. Un flirt de quelques jours ne peut pas lui faire de mal !

Iris leva les yeux aux ciels avec un petit rire. Tout pouvait arriver en une semaine : il suffisait juste de rencontrer les bonnes personnes au bon moment.

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