3/3

5 minutes de lecture

Louna passait une fin d’après-midi formidable. Elle s’était allongée sur le ventre, encadrée d’un côté par Jane qui prenait un bain de soleil, et de l’autre par sa grande sœur qui feuilletait un gros carnet en cuir avec une mine sérieuse. Elle aussi avait pris un peu de lecture, mais s’était laissé distraire par ses compagnons qui jouaient en riant au volley à quelques mètres seulement, et avait finalement abandonné son livre pour les observer. Les trois garçons se passaient le ballon tour à tour, concentrés sur leur jeu. L’un d’entre eux se mettait d’un côté du filet, et les deux autres essayaient de percer sa défense. Tous les quatre ou cinq tirs, ils changeaient de receveur. Louna les épiait depuis un moment maintenant, et trouvait que Maxime avait d’excellents réflexes. Pas une seule balle n’avait touché le sable sous sa garde. Lucas se débrouillait plutôt bien mais se faisait avoir à chaque fois que ses adversaires lançaient à sa gauche. Quant à Paul, c’était le pire défenseur qu’elle n’ait jamais vu. Mais la jeune fille n’était pas trop étonnée, puisqu’il passait son temps à scruter Iris et ne gardait jamais les yeux sur le ballon.

Quand ils se lassèrent de leur jeu, le soleil était bas et la température avait chuté. Les trois amis se précipitèrent pour rejoindre les filles. Maxime s’installa sur un bout de la serviette de Louna sans même lui demander la permission, ce qui lui valut un coup d’œil suspect de la part d’Iris. Paul et Lucas installèrent une serviette pour deux à côte de Jane, qui ronchonna car ils allaient mettre du sable partout.

Louna se redressa pour que son ami puisse s’installer un peu plus confortablement, et vérifia rapidement ce que sa frangine faisait. Leurs regards se croisèrent, mais aucune des deux ne voulait baisser la tête la première. Iris prenait son rôle de grande sœur très à cœur et jugeait normal le fait de surveiller sa cadette, tandis que Louna avait sa fierté et ne voulait tout simplement pas laisser Iris gagner son manège. Au final, ce fut Paul qui les arracha à leur petit duel.

  • Je crois que mon estomac essaye de me passer un message, déclara-t-il en riant.
  • Oui, moi aussi je commence à avoir faim, ajouta Jane, rejointe par Lucas et Maxime.

Iris poussa un soupir amusé, referma le carnet en cuir et le fourra rapidement dans le sac de plage. Louna voulut lui demander de quoi il s’agissait, mais sa sœur ne lui laissa pas le temps d’ouvrir la bouche.

  • Bon, je crois que ça veut dire qu’on rentre ! dit-elle d’un ton pressé.

Maxime l’observa, interrogateur, tandis que les autres se levaient et époussetaient leurs serviettes ensablées. Paul avait lui aussi lancé un regard surpris à l’ainée, mais aucun ne fit de remarque.

Iris partit en première, souhaitant que les jeunes la suivent sans poser trop de question. Jane et Lucas lui pressaient le pas, et Paul les rejoignit assez rapidement. Louna attendait Maxime, qui restait immobile et regardait sa sœur s’éloigner sans dire un mot.

  • Max, tu viens ? l’appela-t-elle impatiente.

Mais le garçon était trop concentré pour entendre la voix de son amie. Ses yeux d’acier fixaient la silhouette gracile qui marchait loin devant. La jeune fille avait l’impression qu’il n’était plus totalement dans son corps, qu’il se trouvait dans une bulle hors de l’espace et du temps et que son esprit était parti en voyage. Les pupilles de ses yeux gris avaient tellement rétréci qu’on ne les voyait presque plus. Il respirait lentement, trop lentement pour un humain pleinement éveillé, et pourtant il ne dormait pas. Aucun de ses muscles ne cillait. Ainsi immobile, on aurait pu croire qu’il s’agissait d’une statue.

Inquiète, la jeune fille attrapa la main du garçon, et répéta son nom à plusieurs reprises avant de le voir inspirer un grand coup, la regarder avec hébètement et cligner des yeux fébrilement. Puis, il redevint normal et serra la main de Louna dans la sienne.

  • Tu es sûr que ça va ?
  • Oui… oui, ça va, murmura-t-il faiblement. J’étais… ailleurs.
  • Oui j’ai bien vu ça, ronchonna la jeune fille. Allez viens maintenant, les autres vont se demander ce qu’on fabrique. Déjà que ma sœur ne nous lâche pas d’une semelle… je n’ai pas envie que les autres s’en mêlent.

Trop occupée par l’étrange comportement qu’il venait de manifester, Louna en avait totalement oublié le mystérieux livre qui semblait tant captiver sa sœur. Sans desserrer la main de Maxime, elle se dirigea vers la sortie de la plage.

Le garçon affichait un sourire en coin, se répétant en boucle la phrase ambigüe que son amie avait prononcée sans faire attention. Mais aussi enchanté était-il aux premiers abords, il ne perdait pas de vue les images perturbantes qu’il avait entraperçu en vagabondant.

Troublé, il ne fit pas attention aux trois SUV noirs qui passèrent devant eux, et ne vit pas le blondinet un peu trop curieux qui les observait de sa fenêtre, côté passager. Quand le regard de Louna croisa celui du jeune homme dans la voiture, elle ne put s’empêcher de lui adresser un sourire chaleureux. Un petit picotement la démangea au niveau de la clavicule et la jeune fille chassa l’insecte qui venait de la mordre. Quand elle releva la tête, les véhicules étaient déjà passés. De son pouce, Maxime lui caressa le dos de la main. Pour garder un peu d’intimité, et éviter les oeillades noires de sa grande soeur, ils restèrent en retrait tout le temps du trajet.

La soirée se passa dans une ambiance bien plus légère. Seule Iris avait préféré s’isoler, confortablement assise sur un fauteuil du salon pendant que le petit groupe s’amusait, riait et chantait. Une bonne heure s’était passée avant que la jeune femme ne décide de dégainer son portable. Elle avait bien réfléchi à la situation. Trop, peut-être. Mais en lisant les pages du journal, qui appartenait bel et bien à Marie, elle s’était rendu compte qu’elle n’aurait jamais dû venir avec sa sœur et ses amis.

Iris pianota sur l’écran pour trouver le contact qu’elle cherchait. Un instant, elle entendit dans sa tête la voix grondante de son père lui déconseillant de l’appeler, mais elle chassa vite cette impression. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne lui obéissait plus.

Lorsqu’elle arriva enfin sur la fiche d’Etienne, elle hésita. La jeune femme le connaissait depuis des années. Elle savait qu’il se faisait du souci pour Marie, tout comme il s’en ferait pour n’importe lequel de ses lieutenants, et pourtant un seul nom dans le journal avait réussi à semer le doute dans l’esprit d’Iris.

Car s’il y avait bien une chose qui obsédait son patron plus que la sécurité de ses hommes, c’était sa stupide quête de l’Ordeal.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Lou<3 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0