Non coupable.

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" La Dépêche du Midi " 19 janvier 2018 - Grand Toulouse

Fait divers.

Chronique d'un drame familial.

La commune de Balma, dans la nuit du 18 janvier aux alentours de vingt-deux heures.

Le peloton de gendarmerie a été appelé pour constater le décès d'une femme d'une cinquantaine d'années. Les circonstances exactes de ce drame ne sont pas encore connues, mais il semblerait que l'époux aurait pris à partie sa femme, suite à un différent familial.

Selon nos informations, le couple discret et sans histoires était apprécié de ses voisins et parfaitement intégré dans le tissu local de cette petite commune.

Rien ne laissait présager les circonstances d'un tel drame et d'après certains habitants du quartier, ils s'absentaient souvent pour leurs obligations professionnelles.

Le mari aurait avoué les faits et devrait être présenté ce matin au parquet de Toulouse pour sa mise en examen.

Nous reviendrons sur les circonstances de cette affaire dès que nous aurons plus d'informations.

" La Dépêche du Midi " 20 janvier 2018 - Grand Toulouse

Fait divers.

Chronique d'un homicide.

Commissariat de Police Nord Toulouse La Vache.

Une personne se serait présentée spontanément pour avouer un meurtre.

Selon nos informations, un homme d'une cinquantaine d'années, se serait livré spontanément et aurait avoué le meurtre de sa compagne.

Les circonstances et le lieu du drame ne sont pas encore connus à ce jour, mais d'après les services de police, ils enquêteraient sur une affaire survenue quelques jours auparavant.

Il semblerait que ce drame serait dû à une histoire de jalousie ou de dettes.

Nous n'avons pu en savoir plus, les services concernés rechercheraient des témoins.

Le suspect aurait été entendu dans les locaux de la police après avoir avoué, et il devrait être présenté au juge d'instruction pour une mise en examen.

Nous reviendrons bien entendu sur cette affaire bien mystérieuse.

Je n'arrête pas de tourner en rond, je ne comprends plus rien.

Je suis resté deux jours à la prison de Seysses, je suis passé voir un juge et j'ai pu rentrer chez moi.

D'après mon avocat, je suis devenu un témoin assisté, parce que je m'étais livré spontanément.

Mais même ainsi, je pose un problème.

Il n'est pas impossible que l'on me convoque bientôt, mais pour autre chose.

Il m'a cité obstruction à la justice, délit d'entrave et faux témoignage.

Il parait que Monsieur était bien inculpé, avec force détails, mais que le procureur et l'avocat de la défense voulaient m'entendre.

Il est bien gentil le mien.

Tous les deux jours, j'ai droit à un appel de sa part.

Il avait travaillé comme avoué dans un cabinet d'huissier, mais la période devenant difficile, il ne supportait plus les détresses pécuniaires de tous les pauvres gens dont il gérait les dossiers.

Il avait donc choisi de changer de voie, et s'était inscrit au barreau de Toulouse par équivalence et expérience.

Il avait été commis d'office, puisque jeune praticien sans cabinet ni clientèle.

Il disserte chaque mot de mes aveux, tentant de trouver une virgule ou un accent mal placé.

Je ne sais pas s'il est vraiment persuadé de ce que j'ai fait, il veut simplement me défendre.

Je lui pose également un autre souci, puisqu'il a pu consulter le dossier de l'affaire de Monsieur.

__ C'est net et sans bavures. Je ne sais quoi vous dire. Vous n'apparaissez nulle part dans l'affaire, si ce n'est qu'en tant que le petit ami, qui justement a déclenché le drame.

Vous posez un problème à tout le monde. Par contre, l'avocat de Monsieur, comme vous dites, aimerait bien vous entendre. Mais en dehors du dossier, ce que je comprends bien, et que cela reste entre nous.

__ J'étais là, j'ai tout fait et tout vu, je n'arrête pas de vous le répéter. Je ne sais pas pourquoi il a avoué. Je suis sûr qu'on l'a obligé. Ça c'est déjà vu. Et pourtant, je ne suis pas là pour le défendre, loin de là.

__ J'entends bien, j'entends bien. Mon rôle est de vous défendre, contre votre gré s'il le faut, j'avoue que si jamais vous devriez apparaître autrement dans cette affaire, nous pourrions trouver certaines circonstances. Nous pourrions parler de l'humidité, de la pluie, d'un pied qui glisse, vous tentez de la rattraper, que ce n'est pas votre faute. Mais attention, ce ne sont que des suppositions. Comme je vous le répète, vous êtes et ne serez convoqué qu'en tant que témoin à décharge, et encore, si cela se produit, puisque les faits sont établis par des aveux et des preuves.

__ Je fais quoi alors ? Vous ne comprenez pas que je tourne en rond ?

__ Bon, ce que je vais faire. Je vais encore relire votre déposition, étudier en détails. Une affaire comme celle-ci avec deux personnes qui s'accusent du même homicide, dont un coupable avéré, je vais rechercher, mais je ne vous promets rien. Entendez bien, que je suis là pour vous défendre. Tout ce que vous me dites reste entre nous, mais vraiment, vous me compliquez la tâche.

Je ne voulais plus voir personne, je glissais tout doucement, inéluctablement.

L'épicier du coin me connaissait bien maintenant, ainsi que le bureau de tabac.

Entre les bouteilles d'alcool et de quoi fumer, mon budget devenait important.

Je reçois beaucoup d'appels, mais je ne décroche plus quand je reconnais le numéro.

Un seul faisait exception.

Je suis parti manger quelquefois chez mon ami Stéphane.

Il m'a dit une seule fois, des mois auparavant :

__ Tu es amoureux, je le vois.

J'ai ri pour me disculper, on ne parle pas de ce genre de choses entre hommes.

Nous étions seuls à ce moment.

Il n'est jamais revenu sur le sujet, sauf une fois pour dire sur le ton de la plaisanterie, que j'étais le second taulard qu'il connaît.

Il ne tenait pas à me remonter le moral, je n'aurais pas accepté que l'on me prenne en pitié.

La pitié, je la réserve à ce que j'ai perdu, à ce que j'ai provoqué.

Il est au courant de tout.

Lui seul me croit, il m'a toujours cru, mais il ne m'a jamais rien demandé, si ce n'est que de venir de temps en temps prendre l'apéritif et manger avec sa famille.

Je sais que la leçon avait été donnée aux autres qui viennent dîner également.

Je croise des regards furtifs, des sujets évités, leurs manières de se forcer à paraître.

Et je rentre le soir, comme d'habitude.

Je suis sec de larmes, je ne peux plus en verser.

J'interpelle ‘ mon ange gardien ‘, elle a réussi à me persuader que chacun avait le sien.

J'ai cru à beaucoup de choses avec elle.

Je l'insulte sur sa nullité, sa supposée protection.

Il aurait dû m'aider à réécrire le livre de ma vie, à ne pas corner les pages de mes actions.

De toute façon, j'aurais de nouveau écrit la même histoire.

Il fallait que je la rencontre et que je l'aime, ce devait être écrit, j’y croyais maintenant.

Je me souviens d'une de ses phrases avant qu'elle ne m'envoie un dernier baiser par messagerie.

__ Tout ce qui est à moi m'appartient, tout ce qui est à toi est négociable. »

Je n'ai jamais négocié, elle pouvait tout avoir et le savait.

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