Qui casse paie.

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La dernière fois que je suis venu ici, c'était pour déclarer une ‘ supposée ‘ effraction de la serrure de ma porte d'entrée, j’avais cassé la clef dedans.

Sur les conseils avisés du serrurier qui venait de forcer ma porte, c'était le seul moyen pour que l'assurance prenne en charge les frais matériel et le dépannage, surtout aux tarifs pratiqués par le technicien.

Il y a toujours le même panneau affiché sur la porte vitrée du commissariat :

__ Nous ne faisons entrer qu'une personne à la fois pour éviter de surcharger la salle d'attente.

En gros, je dois attendre que quelqu'un sorte pour entrer ; possible que si je viens d'être agressé, une blessure quelconque ou du sang partout, il faut que je patiente gentiment.

J'esquisse un sourire et je fouille mes poches pour chercher mon tabac à rouler.

Je commence juste à ouvrir mon paquet, quand la porte vitrée commandée de l’intérieur coulisse.

Le fonctionnaire assis derrière le comptoir regarde l'écran de son ordinateur et me demande la raison de ma venue sans vraiment me fixer.

Il doit être en train de regarder une vidéo ou de jouer à un jeu quelconque pour ne pas se relâcher.

Quelques personnes de tous âges sont assises dans un renfoncement derrière moi.

Je me penche en avant tout en murmurant, pour ne pas être entendu. Toute l'assemblée semble tendre l'oreille, pour profiter d'un nouveau malheur, que l'on ne peut qu'apporter en venant ici.

__ Je viens déclarer un accident qui s'est passé cette nuit.

__ Donnez-moi vos noms et adresse ainsi que l'étendu des supposés dégâts matériel.

__ Je crois que je me suis mal exprimé, j'ai tué quelqu'un cette nuit, et je viens me livrer.

Je crois qu'il va perdre le fil de ce qu'il regarde, parce qu'il lève enfin les yeux et me fixe incrédule.

Il prend son téléphone de bureau et appelle quelqu'un.

__ Dès que tu as fini, tu pourras recevoir une personne en priorité ?

Je ne sais trop ce qu'ils se disent, il s'est tourné en murmurant à son interlocuteur, enveloppant sa bouche et le combiné de la main.

Après avoir raccroché, il me demande mon nom qu'il écrit sur une feuille et me dit d'attendre avec les autres personnes.

Je m'assieds face à deux personnes âgées qui discutent.

D'après ce que je crois comprendre, sur le fait de poser une alarme, après un cambriolage qu'ils viennent déclarer.

Comme quoi, les associations d'idées, je pense à mon serrurier et mon précédent passage en ces lieux, en esquissant un sourire.

Il n'est pas loin de dix heures, et j'ai l'estomac qui gargouille.

Je suis en train de me dire que j'aurais dû grignoter avant de partir, mais j’ai l’estomac un peu serré.

Ça ne doit exister que dans les films, que l'on fournisse un sandwich.

J'ai dû voir trop de films, mais je demanderais quand même si ça dure trop longtemps.

Entre les personnes qui discutent d'objets disparus, celle qui regarde le plafond et l’autre qui cure ses ongles, j'ai largement le temps de voir que personne n’ose croiser le regard.

La misère ou les ennuis à déclarer restent personnels et sans compassion.

Une porte s'ouvre enfin à côté du comptoir, et deux filles en ressortent, toutes contentes d'avoir sans doute vidé un sac à doléances plaintives.

De derrière son écran, le fonctionnaire me demande de monter l'escalier derrière la porte, une personne va me recevoir.

Il n'est pas en uniforme, et me dit de m'asseoir sur une des chaises ; il finit d'imprimer un document qu'il range dans un dossier et me dit bonjour sans bouger de son fauteuil.

__ Vous êtes Monsieur ?

Je décline mon identité qu'il saisit au clavier.

__ Vous habitez ?

__ Vous êtes né à ?

Et ainsi de suite, question, réponse, question, réponse, du bref et du concis qui permet de ne pas perdre de temps.

__ Bon, monsieur Miguel, venant en au sujet de votre déclaration, je vous écoute.

Je me transporte quelques heures en arrière, et je me revois passer et repasser devant le portail ouvert.

Deux voitures sont garées devant les garages clos, une grosse allemande quelque peu âgée et une petite voiture bien de chez nous, faiblement éclairés pas les lumières de la rue.

Je connais bien le petit véhicule, pour y être monté plusieurs fois. Ils sont là tous les deux comme je le pense.

Je tente de me garer au bout de la rue, parce que je sais qu'un chemin longe l'arrière des terrains, pour les courageux promeneurs ou joggeurs.

Mais, je ne distingue aucunes lumières, je n'ose m'y aventurer par peur de m'égarer et de ne trouver la bonne habitation.

Je décide donc de revenir sur la route principale, à l'entrée du lotissement, de laisser la voiture sur un parking et revenir à pied.

Il fait nuit à cette heure, tous les gens sont soit attablés, soit devant le journal télévisé, quoique, les deux en même temps, histoire de malmener leurs estomacs les yeux rivés sur un écran.

Je sais que je ne devrais pas agir ainsi, mais sans idées préconçues et pour aller au bout de mon raisonnement quelque peu biaisé, j'ai envie de la revoir, jouer le rôle d'un voyeur lubrique qui regarde à travers les carreaux.

Cette pensée me fait sourire, ce n'est pas du tout dans mes habitudes, mais tout en marchant et en longeant les murs des propriétés de maisons tape à l'œil, je me motive en chassant certaines idées sensées.

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