La curiosité, un défaut ?

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Elle est enfin rentrée, j'étais tellement heureux, elle m'a tant manqué.

J'en étais arrivé à un cheminement de pensées quelque peu étrange, pendant ces quelques jours seuls à la savoir au loin.

Personne n'appartient à personne.

Je ne sais ce qu'elle représente pour moi, un drôle de sentiment qui inclut une possession de l'autre que je me résonnais à ne pas appliquer.

J'ai vraiment peur de paraître jaloux, je ne l'ai jamais vraiment été avec certaines personnes précédentes, je commence à me méfier de moi, je n'ai pas à avoir de droits.

Nous avions ainsi convenu, mais c'était un accord tacite, de ne jamais aller voir ailleurs, tant que nous étions ensemble.

On en avait parlé il y a quelque temps de cela, mais à mon niveau ou le sien, le respect de la personne et de la relation est primordial.

Je lui fais confiance, elle également je pense. Mais sa manière d'être tolérante, gentille, à l'écoute de tout le monde, sa sensualité innée me fait douter de moi. Non pas que je me laisserai séduire par une autre personne, mais j'ai toujours un œil sur elle, ça me dérange d'être ainsi.

Je lui ai déjà dit, mais elle s'en tire avec un pirouette du genre :

__ St Michel Archange veille sur moi, et c'est toi.

Je me force quelquefois à m'absenter, quand nous sortons ensemble.

Je vais fumer dehors et la laisse danser sans que je ne la vois et avec qui elle veut.

Et quand je reviens, elle me dit souriante et avec gentillesse :

__ Il ne faut pas me laisser seule, regarde, j'ai dansé avec lui, justement il est seul et célibataire.

Un de ses dons où travers, selon le choix, elle peut faire parler n'importe qui sur sa vie, ses goûts et autres diverses choses.

Pas de tortures, juste un sourire.

Il m'est arrivé plusieurs fois de lui dire que c'est impoli d'entrer dans la vie des gens sans vraiment les connaître.

Il me revient ainsi en mémoire, quelque chose d'un peu extrême.

Nous prenons l'apéro chez des amis que je connais très bien, il fait bon.

Nous sommes installés en bord de Garonne derrière leur maison.

Un grand mec baraqué de leur connaissance arrive, et les présentation faites, s'attable avec nous.

En moins de dix minutes, elle réussit à savoir que c'est un flic qui prépare un examen d'aptitude.

Il vient de divorcer de sa femme, s'entend à couteaux tirés avec elle et a des problèmes pour la garde de leur fille.

Elle ponctue parfois en donnant des conseils, piochés on ne sait où.

Je n'arrête pas de lui donner de petits coups dans les jambes et de dire doucement :

__ Voyons ma chérie, on est là pour prendre un verre, ça peut être gênant.

Elle s'adresse à lui pas démontée pour un sou :

__ ça ne te gêne que je m'intéresse à ta vie, sinon tu ne réponds pas bien entendu.

__ Non bien sur, je suis avec les amis de mes amis, je n'ai rien à cacher.

Je ne vois pas ce qu'il pouvait répondre d'autre, d'ailleurs.

__ Ah ! Tu vois, je ne suis pas impolie.

Nous ne l'avons plus jamais revu, il est passé par hasard le jour où nous étions là.

J'ai ainsi plein d'exemples de personnes dont elle sait pas mal de choses.

Pas que je n'écoute, mais j'entends quelquefois ses remarques sur telle ou telle connaissance que l'on croise, alors que j'ai déjà un mal de chien à mettre un nom sur un visage.

Elle me fait ainsi penser, à quelqu'un qui prend des échantillons de bouts de vies, pour se construire un panel de connaissances, comme un laborantin tentant de connaître un domaine de recherche qu'il découvre.

Elle me sidère encore une fois.

Elle était née hier et découvrait la vie, ou plutôt les vies.

Je sais faire la différence entre de la curiosité et de l'intérêt, mais là, c'était plutôt du domaine de l'échantillonnage, un ange tombé sur terre qui apprend ce que sont les humains.

Ce genre de pensée me fait beaucoup rire, et je m'en suis ouvert à une amie qui a eu l'occasion de la croiser.

On arrivait plus où moins à la même conclusion, elle ne savait pas que les gens pouvaient être divers et variés dans le malheur et dans leurs vies.

Il y a des choses que je sais d'amis ou connaissances, ce qui est normal.

Je n'ai appris le personnel que plus tard, dans le fil des conversations.

Un minimum de confiance devait s'installer.

Les temps chauds se prolongent, normal, nous sommes en été, on décide de repartir en bord de mer et son amie Florence sera là.

Elle est au courant maintenant que nous sortons ensemble, Marie-Françoise avait mis un point d'honneur à le lui apprendre, mais son amie n'est pas aveugle.

Plusieurs fois elle a posé la question à l'un ou à l'autre, nous avons toujours éludé d'un commun accord.

Elle se doute bien de ce qui se passe, et elle est contente pour nous.

Elles ne se voient plus aussi souvent, et s'en était confiée à moi, pour ne pas gêner sa copine.

Je ne sais trop comment lui expliquer que si c'est à mon bénéfice, je n'en suis que plus heureux de profiter d'elle tout le temps.

Elle nous aime beaucoup tous les deux, réellement.

Heureuse de nous voir heureux tout simplement, une fusion de caractères et de vies différentes, seul cela la surprend.

Elle se trouve un peu comme entre le marteau et l'enclume, parce que certaines doléances, aussi bien de ma part que de Marie-Françoise, lui parviennent aux oreilles.

Je ne lui demande rien, elle se garde bien de répéter, mais si elle m'entend lui dire que je trouve ma copine pointilleuse, elle me répond que son amie me trouve également trop généraliste.

Si je trouve Marie-Françoise trop expansive, elle me répond que je lui parais trop renfermé, et ainsi de suite.

Elle ne soulignait que nos différences de comportements, et se trouvait ainsi surprise que l'on s'entende si bien.

Elle tient le mauvais rôle à son corps défendant pour nous préserver tous les deux, comme si elle avait participé a notre rencontre.

Mais nous étions partis pour prendre du soleil, s'il le voulait bien, rien ne devait être nuageux.

Ce n'est plus une amazone qui s'affaire, mais deux maintenant à lutter contre des plants insensibles aux griffures qu'ils déclenchent.

Des étals de victimes, surtout les épineux, attendent de partir aux déchets.

La terre sèche et mal irriguée, nous fait soupçonner un défaut du système d'arrosage.

Un tableau mural en panique, demande un piton plus adéquat.

Des volets roulants mal coulissants demandent un démontage partiel.

Une serrure de porte commence à rendre l'âme.

Un frigo mal ventilé qui oublie de faire de la glace.

En bref, il y a de quoi s'occuper.

Les moments des repas sont les bienvenus, surtout l'apéro qui précède, et se joignent à nous quelquefois, des personnes de passage de ses connaissances, mais nous restons sages.

C'est un moment de détente sacré dans le midi, qui nous permet de deviser de tout et de rien, juste pour le plaisir de prendre un ou plusieurs verres entre gens de bonne compagnie.

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