Partie 3

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Au lendemain, alors qu’il ouvrait les yeux après une longue nuit sans réel repos, il se rendit compte que les deux jeunes gens étaient partis. Plus aucune trace de leur passage ne subsistait. Dehors, le soleil au-dessus de l’horizon les accueillis de ses doux rayons, tout en leur signalant la disparition du mur de sable qui s’était abattu sur eux la veille.

Seth sortit au grand air pour profiter de l’air doux du début de matinée, loin de la chaleur étouffante qui s’emparait du désert vers le milieu de journée. A ses côtés, Jedd semblait avoir passé la même nuit que lui. Ses yeux rougis par la fatigue peinaient à affronter la clarté de l’extérieur.

— Dois-je annoncer le départ ?

— Oui. Ce soir, nous dormons dans les lits du palais de Vissam, annonça Seth.

On lui avait vanté tant de foi la beauté de la capitale Renissienne qu’il avait fini par croire que ce n’était rien de plus qu’un mythe, une légende inventée de toutes pièces afin d’attirer les voyageurs. Qu’il avait été bête.

Jamais de sa vie il n’avait eu droit à une telle vision. La ville se profilait à l’horizon, découpait sur l’océan, lui donnant une allure irréelle, comme si elle se tenait dans le vide. Les bâtiments n’avaient pas l’immensité de la citadelle de Nyma, mais ils avaient une beauté particulière, tout en relief, et laissaient apparaître des formes tout en finesse et délicatesse. Partout, la végétation était présente. Elle agrémentait les maisons de grandes feuilles au vert prononcé, ou bien de feuillages aux formes diverses et variées. Le tout formait une harmonie reposante, exotique, entouré par le bruit des vagues qui heurtait avec grand fracas les rochers en contrebas des falaises qui délimitaient la ville.

Et partout, ce blanc magnifique et pur.

Il n’avait jamais vu Vissam, avant. On lui avait seulement parlé de sa singulière beauté. Il n’y avait pas vraiment cru. Il était persuadé qu’on avait voulu lui vendre la ville, et l’idée avec qu’il devrait peut-être un jour s’y rendre, et connaître ses coutumes. Par politesse, diplomatie, et tout ce qui s’en suit.

Parce qu’il se devait d’être aimable, respectueux, et de ne surtout pas contrarier les personnes qu’il y rencontrerait.

Aujourd’hui, il se tenait devant cette cité et savait pertinemment que les jours à venir n’allait pas être de tout repos pour lui. Ce qu’il avait à faire entre les murs de cette ville ne l’enchantait pas le moins du monde. Toutes les nuits ressembleraient probablement à celle-ci, tant il mettait de cœur à l’ouvrage.

Le cortège de nobles qui l’accompagnait était là pour démontrer de tout l’intérêt que portait son pays à son voisin, même si les seigneurs d’Aleria ne savaient rien des raisons profondes de la rencontre. Ils étaient heureux d'être là, à l'exact opposé de ce qu'il ressentait lui.

Il ne pouvait en revanche pas s’empêcher de vouloir connaître l’opinion qu’ils avaient de lui, par ici. L’état d’esprit général était-il en accord avec celui de son propre pays ?

Sa venue rimait avec la promesse d’une alliance durable entre Renis et Aleria, unissant deux des familles les plus puissantes du continent, pour le meilleur comme pour le pire.

Au sein de la ville, la vie était présente partout. Les gens étaient curieux, et s’étaient arrêtés dans leurs activités personnelles et professionnelles pour accueillir le cortège étranger. Partout autour de la rue principale, ils étaient observés dans un silence respectueux qui n’en était pas moins étrange. La population ne semblait pas savoir comment accueillir les Aleriens, bien qu’il n’y ait aucun signe d’animosité.

Les deux pays, faute de ne pas être de grands alliés, entretenaient des relations cordiales, et les échanges commerciaux étaient monnaies courantes.

Ils arrivèrent bien vite en vue du palais. Tout aussi blanc que le reste de la ville, ses grandes arches semblaient soutenir tout le poids du monde, tant elles étaient imposantes. Et pourtant, de même que le temple caché dans le désert, rien n’était véritablement tape-à-l’œil, mais plutôt réalisé avec une telle finesse que l’on ne pouvait rester qu’admiratif devant l’architecture des lieux. Les finitions avaient été travaillées avec soins, et aucune grossièreté n’étaient visible, rendant le lieu majestueux, simplement.

Devant le palais, le cortège fut accueilli par un homme richement vêtu, dans la force de la cinquantaine, fièrement campé sur ses deux jambes, prêt à recevoir les visiteurs qui s’annonçaient. Valens, souverain aimé par son peuple et sa famille, n’avait jamais subi véritablement les affres du temps et arborait un visage encore jeune pour son âge, mais un regard qui en disait long sur la sagesse qu’il avait su acquérir à force de régner.

Derrière lui, quelques membres de la famille royale, dont ses frères les jumeaux Dalion et Daian, attendaient patiemment en soutien. Chacun connaissait ces deux grands hommes pour leurs hauts faits sur les champs de batailles et en dehors, notamment leurs dons pour la politique et la diplomatie. Seth ne savait pas s’il devait les considérer comme des alliés ou des obstacles à cette rencontre.

Plusieurs autres membres de la cour se tenaient derrière le trio, échangeant de temps à autres des commentaires. Ils notaient chacun de leurs faits et gestes, les scrutaient et les étudiaient. La moindre erreur au protocole serait reprise, transmise, amplifiée et déformée, pour finalement, si ces personnes le voulaient bien, devenir un affront à la famille royale et déclencher un conflit politique. Il connaissait le procédé, pour avoir eu le temps de voir les choses se dérouler sous ses yeux, depuis sa plus tendre enfance.

Une raison parmi tant d’autres qui lui dictaient sa haine contre la noblesse et la futilité de leurs comportements. Il détestait par-dessus tout ce don qu’ils avaient pour être là où il ne fallait pas dans les pires moments. Par leur faute, il avait sincèrement le sentiment que sa vie ne lui appartenait plus.

— Avez-vous fait bon voyage, mon ami ? s’exclama haut et fort Valens, de sorte que chacun autour d’eux entendent bien l’échange qui débutait.

Le souverain ouvrit grand ses bras pour accueillir Seth dans une accolade qui se voulait chaleureuse. Il se laissa faire. Il participait à la mise en scène en rentrait dans son personnage. La grande comédie pouvait maintenant commencer. Il était le prince venu rendre visite à un ami de longue date.

Valens et lui n’étaient en rien amis. Son père pouvait peut-être se compter parmi eux. Lui n’était que le fils, celui qui devait encore faire ses preuves. Il était là pour rencontrer une personne importante, et faire bonne figure auprès de l’oncle de cette dernière était un premier pas dans cette voie-là.

— Quelques imprévus, mais rien d’exceptionnel.

Il ne souhaitait pas réellement s’étendre sur le sujet, et savait bien que d’autres le ferait pour lui. Il préféra donc se taire, et suivre Valens, qui lui présentait déjà sa cour, laissant derrière lui sa propre délégation, qui ne tarderait pas à être occupée, à son tour, il ne savait comment.

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