Chapitre 18

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Lui

• Damon •

Je savais qu'elle allait me faire ce coup-là. J'aurais dû parier de l'argent. Je n'ai même pas attendu devant les portes du lycée quand j'ai compris qu'elle avait filé une heure plus tôt. Mais je n'avais pas dit mon dernier mot. Je pensais qu'elle opposerait plus de résistance à m'accompagner. Cependant, elle ne me contredit pas. Elle a simplement soupiré et elle est montée dans sa chambre se changer. J'étais étonné, mais j'en étais aussi satisfait. Pour une fois ni elle, ni moi ne voulions être dans le conflit. J'entrais dans la maison, voyant qu'elle allait mettre un moment. Tout était rangé impeccablement, contrairement à la dernière fois ou les assiettes sales, les vêtements et autres bordels étaient mis un peu partout. Ce constat me fit sourire. Au fur et à mesure de mes visites, à chaque fois que j'avais mis les pieds dans cette maison, j'avais remarqué que le bazar ambiant s'intensifiait. Il était en quelque sorte la représentation de son mal-être qui s'intensifiait un peu plus à chaque moment.

Mais elle avait repris du poil de la bête, c'était bon signe. Non, ce qui me déplaisait maintenant était son état de santé physique. Je n'avais pas eu à loisir de remarquer, jusqu'à ce matin, qu'Erin avait maigri. J'avais pendant tout le temps où nous nous étions éloignés, évité soigneusement de la regarder, parfois, il m'arrivait de fixer un point dans son dos, de regarder sa chevelure rose danser au gré de ses mouvements, d'observer chacun de ses gestes, mais je n'avais jamais fait gaffe à ce détail-ci.

Quand elle était arrivée vers nous ce matin, j'avais été absolument surpris de voir qu'elle voulait discuter avec Hailey . Je ne savais pas pourquoi, où du moins pas encore. Mais j'avais trouvé que c'était le bon moment pour faire un pas vers elle. Je n'avais pas eu à attendre longtemps devant les toilettes des filles, quelques minutes tout au plus...

Quand elle est sortie des toilettes, elle avait un léger sourire collé sur le visage, pourtant, elle est passée devant moi sans une parole, sans un regard. C'est uniquement quand je l'ai interpellé, et qu'elle s'est retournée que j'ai pu voir l'ampleur des dégâts. Ses yeux pourtant pétillants d'habitude, étaient ternes, rougis par le manque de sommeil et les cernes sous ses yeux indiquaient que dormir devenait vital pour elle. Et ses joues.... son visage si creusé par la maigreur. Elle lui ressemblait tellement...... Son désespoir et sa douleur était identique. Elle était rongée de l'intérieur et cela commençait à se voir de l'extérieur.

  • Je ne sais pas ce que tu cherches à faire, mais je ne me joindrais pas au groupe.

Elle était au bord des marches de l'escalier. Vêtue, d'un jogging et d'un pull, elle me regardait suspicieuse.

  • Non, ce n'était pas prévu ne t'inquiète pas.

  • Je préfère.

  • Tu aurais pu t'habiller autrement.

  • Pourquoi ? Ce n'est pas un rencard.

Elle me sourit de façon malicieuse. Je la suivis heureux de voir que l'heure était à la taquinerie. Et nous sommes partis. Erié était bondé ce soir. De la musique et des voix s'élevait de toute part. Je n'étais pas du tout à l'aise dans un tel environnement, et j'avais bien pu voir que mon « rencard » n'en était pas heureux non plus. Elle boudait depuis quinze bonnes minutes. Le chemin ne devait pas prendre autant de temps d'habitude, mais la foule ambiante nous empêchait de circuler plus rapidement. Je marchais devant Erin de façon à ouvrir le passage. Elle était si maigrelette et petite qu'elle se faisait engloutir par la cohue. J'avais voulu lui prendre la main, mais dès que j'avais effleuré ses doigts, elle les avait retirés aussitôt. J'étais vexé, mais l'instant d'après je sentis que quelque chose s'agrippait à mon manteau. Je devais donc me satisfaire de ça. Au bout d'un certain temps, la vague humaine est devenue moins dense, nous permettant enfin de souffler un peu, elle me lâcha par la même occasion, se mettant à ma hauteur.

  • La plage ? Me dit-elle

  • Ce sera calme.

  • Tu as raison.

Nous avons marché dans le sable un moment avant de trouver l'endroit que je cherchais depuis le début. Une dune plus à l'écart que les autres, ou trônait des rochers me paru être le bon endroit. Sans nous concerter, nous nous sommes tous les deux installer sur une des énormes masses caillouteuses.

  • Il faut attendre combien de temps ?

  • C'est censé commencer vers onze heures.

Elle soupira.

  • Tiens ! Lui dis-je en lui tendant un paquet de bonbons sorti de ma poche.

  • On n'offre pas plutôt des fleurs pendant un rencard ? Ironisa-t-elle.

  • ..... Mais ce n'est pas un rendez-vous ! Prends.

Elle ne posa pas plus de questions, elle voyait que j'allais la faire manger de gré ou de force. Autant que ce soit dans la douceur.

  • Tu pourrais te nourrir un peu plus quand même.

  • Je sais, je n'y pense pas, c'est tout.

  • Et dormir aussi...

  • Bon, on est venu là pour passer un interrogatoire ?

Je l'avais piqué au vif. C'était de ma faute. À peine installé que je la bombardais déjà de remarque. Pour le moment, elle picorait quelques bonbons, c'était déjà bien. Elle se mit en position couchée, attendant que les lumières des feux d'artifice daignent bien jaillir dans le ciel étoilé. Son talon commença à ce balancé nerveusement dans le vide. Elle était impatiente, elle n'avait qu'une envie, c'était de rentrer dans sa maison et de s'y cacher jusqu'à demain. Malheureusement, je ne l'entendais pas de cette oreille.

  • Tu vas perdre Damon . Lança-t-elle soudainement.

  • De quoi ?

  • Tu vas perdre.

  • Pourtant, c'est un bon compromis . Tu dis que tu m'aimes et je te fous la paix.

  • Je suis incapable de m'aimer moi-même. Comment je pourrais le faire avec quelqu'un d'autre ?

Je me couchai à mon tour, à ses côtés profitant de l'horizon d'étoile qui s'affichait autour de moi.

  • Je suis persuadé du contraire.

  • Vraiment ?

  • Tu en es capable. Tout le monde l'est.

Elle tourna sa tête vers moi. Je fis de même.

  • Alors peut-être que je n'en ai tout simplement pas envie.

  • Dans ce cas ce n'est pas grave.... Mais permet moi d'en douter.

Elle rit doucement avant de regarder de nouveau le ciel noir.

  • Tu me le dis je te laisse tranquille. Je trouvais ça équitable comme marché. Dommage. Dis-je simplement.

  • Peut-être.... Que je ne veux pas que tu me laisses tranquille....

Je tournais, de nouveau mon visage vers elle. Ses yeux rivés dans les cieux, elle me parut soudain fragile, prête à sombrer dans des abîmes que je ne connaissais pas.

  • Je t'ai menti... quoi que tu dises, je n'ai pas l'intention de te laisser tranquille.

Plus jamais je ne pourrais l'abandonner, ne serait-ce que pour ma propre personne, je ne pourrais pas le faire. C'était bien trop dur désormais. J'avais malgré-moi créer un lien avec cette fille. Un lien fragile certes, mais spécial. De l'amour, de l'amitié... C'était tellement différent de tout ça. Tellement plus, mais à la fois tellement moins. Je ne pouvais pas mettre un autre nom sur ce lien que celui de besoin. Erin , se mentait à elle-même autant qu'à moi, cependant au fond, nous savions tous les deux qu'elle était incapable de supporter la solitude. Et moi, j'étais le seul à ne pas pouvoir m'éloigner quoi que je fasse. C'était devenu un besoin vital. Tant mieux. Dit-elle dans un soupir de soulagement. Erin ... Avec moi, tu peux être toi-même. Je ne te jugerais pas. - Je suis désolé.... Me chuchota-t-elle.

  • Hm. Fis-je simplement entre mes dents, sachant très bien de quoi elle parlait. Même-moi, je ne tenais pas à revenir sur le sujet.

  • Tu n'aurais pas dû voir ça.

  • Je sais à quoi m'attendre avec toi. Riais-je.

  • Tu sais Tyron , m'as laisser le choix....

  • Lequel ?

  • Il m'a mis un couteau dans la main. Je savais que si je faisais quoi que ce soit, il me laisserait mourir.

Mon cœur se serra si fort, que ma respiration devint affreusement douloureuse.

  • Je n'ai pas pu...

  • Pourquoi ? Dis-je à la fois horrifier et subjugué par ses paroles.

  • Je ne mérite pas de mourir. C'est plus douloureux de vivre avec la culpabilité.

  • Tu dois arrêter de penser ça sinon c'est la culpabilité qui va te tuer, si ce n'est pas déjà le cas.

Elle sourit simplement. Un sourire triste, accablé de douleur et de culpabilité. Ma poitrine, se serra, un peu plus... Mais cette fois, c'était de rage. Comment pouvait-elle dire ces mots et les penser ?. Avoir de tels ressentiments envers soi-même était tellement destructeur et c'est ce qu'elle faisait. Elle se détruisait à petit feu, à chaque seconde, ne mangeant plus, ne dormant plus. Elle était capable de se relever, elle autant qu'un autre. Mais elle se forçait à s'enfoncer un peu plus dans les ténèbres. Qu'est-ce qu'elle me cachait que je ne comprenais pas ? Je me redressais légèrement, et basculais sur le côté. Mon visage au-dessus du sien, je fixais ses yeux si magnifiques et pourtant si malheureux. Mes mains de part d'autres de sa tête, elle ne réagit pas.

  • Maintenant, ça suffit ! Sifflais-je menaçant ! Arrête de t'empêcher de vivre !

  • Non.... Souffla-t-elle simplement.

  • Tu es un vrai boulet ma parole ! Tu es ennuyeuse à toujours chanter le même refrain ! Réagit bon sang ! Tu es vivante. VI-VANTE, et ce n'est pas par punition.

Elle me regardait simplement. Aucune émotion ne passait dans son regard, rien. Mes paroles ne l'atteignaient pas. Qu'est-ce que je devais faire ?

  • Mais réagi putain, dit quelque chose, énerve-toi...

  • C'est ma faute Damon .....

  • Arrête de dire ça ! La coupais-je

Au-dessus de nous une lumière rouge explosa suivie d'une blanche. Le feu venait de commencer.

  • Damon ... Je ne dis pas ça par chagrin... Je te parle de façon intelligente et en pleine possession de mon esprit...C'est à cause de moi qu'ils sont morts ! C'est un fait ! Une réalité.

  • Écoute-moi bien ! Jamais je n'écouterais de telles paroles...

Elle se mit à pleurer. Pour quelle raison ? Je ne saurais le dire, elle en avait tellement des raisons. Mais à ce moment-là, je crois qu'elle pleura, car je ne voulais pas la croire... désespérée de me convaincre de cette soi-disant réalité. Elle comme moi campait sur nos positions, nous étions dans une impasse.

  • Tu peux bien me raconter ce que tu veux, crier haut et fort que tu es coupable de tous les malheurs du monde, tu n'arriveras pas à me faire te détester. Je ne resterais pas là à te regarder te détruire. Boire, fumer coucher avec n'importe qui passe encore.... mais que tu te mets dans un état comme la dernière fois plus jamais, tu m'entends. Au fur et à mesure que je hurlais, la peur s'insinuait dans son regard. Vas-y défoule-toi sur moi, fait tout ce que tu veux. Mais je ne laisserais pas une autre fille mourir sous mes yeux sans rien faire !

Je grimaçais, en entendant ce que je venais de dire. Sortir ces phrases et les entendre à voix haute n'était pas très agréable même si je le pensais. Mais je savais aussi que c'était égocentrique de ma part de lui demander de s'ouvrir à moi alors que je ne le faisais pas. Au travers des yeux d'Erin , je crus voir passer une lueur d'inquiétude... Je me calmais, à quoi bon s'énerver ? À quoi bon prétendre lui faire comprendre quelque chose en hurlant. Le visage d'Ambre , m'apparut alors, à la place de celui d'Erin, ce même regard, remplit de larme, de chagrin, de culpabilité, de douleur, de tant d'autre émotion, et pourtant si vide.... Mon corps entier se crispa, je fermais les yeux devant cette vision qui m'était imposée. Mais je les rouvris doucement. Je sentais une légère pression sur ma poitrine. Je compris qu'il s'agissait de la main d'Erin .Essayait-elle de percevoir les battements de mon cœur ? En tout cas, elle les apaisait. Son visage refléta soudain, une telle douceur une telle chaleur que mon cœur ne put que décompresser.

  • Je t'avais dit.....De rester loin de moi..

  • Erin ..... Dis-je dans un souffle rauque.

  • Et si on regardait simplement le feu d'artifice ?

Encore une fois, elle me repoussait. Gentiment certes, mais je n'obtiendrais plus rien de sa part. À quoi bon s'acharner. Je basculais donc sur le dos. Et ne dit rien. Cette fille me faisait tellement souffrir. Elle le savait, mais la douleur surgissait, car elle souffrait-elle aussi. Et non parce qu'elle m'aimait. L'amour n'était pas un sentiment néfaste ou douloureux. Mais pouvait-elle seulement le comprendre ? Rester loin d'elle. Si seulement, c'était possible. J'avais tout essayé pour m'éloigner de toi Erin . Mais il faut croire que ma propre souffrance devenait dure à supporter pour moi aussi. Elle avait volé une partie de mon âme, elle l'avait capturée malgré-moi et c'était ça le plus douloureux. Je tournais de nouveau mon visage vers le sien. La lumière verte qui jaillit du ciel éclaira les yeux émeraude et luisants d'Erin .

Une simple et unique larme glissait de son œil. À ma plus grande surprise, elle ne bougea pas quand j'entremêlais mes doigts dans les siens. Elle ne comprenait pas, elle ne voyait pas. Nous étions prisonniers ensemble désormais. Elle, m'entraînait dans les ténèbres, et moi avec des efforts surhumains, je tentais de l'attirer dans la lumière. Mais elle ne voyait pas que pour le moment, malgré tout mes efforts, c'est elle qui gagnait la partie. Trente minutes plus tard, une dernière lumière éclaira le ciel, et le spectacle se termina. Elle se leva silencieuse et commença à partir. Je la suivis tout aussi silencieux, dans la nuit froide de l'hiver. Son mutisme dura ainsi jusqu'à la porte de sa maison.

  • Merci Damon . Bonne soirée !

  • C'est une grosse blague j'espère..

  • Quoi ?

  • Tu ne crois quand même pas que je vais rentrer chez moi.

  • Tu es affreusement collant et agaçant aujourd'hui..

  • Comme les autres jours. Dis-je en rentrant dans la propriété.

Elle n'avait pas le choix, quoi qu'elle dise, je resterais ici. D'abord parce que après de tels aveux, je ne pouvais définitivement pas la laisser seule. Ensuite, je voulais m'assurer qu'elle dort. Elle ne cilla pas. Elle retira simplement ses chaussures et monta dans sa chambre sans un mot de plus. J'étais dépité, elle ne me contredisait même plus. Elle n'avait ni la force, ni l'envie de me confronter. Cela me rendait dingue. Au moins avant elle me hurlait dessus, nos conversations étaient explosives et parfois blessantes. Mais au moins nous en avions. Je soupirais. Elle baissa les bras un peu plus à chaque moment. Je montai à mon tour dans la pièce sombre qui était sa chambre. Elle était déjà couchée, bien que je sache pertinemment qu'elle ne pouvait pas s'endormir en seulement deux petites minutes. Les poches sous ses yeux venaient appuyer ma théorie. Mais un détail m'interpella. Où allais-je dormir ? Elle n'avait pas sorti son fameux matelas comme toutes les fois précédentes. Était-ce le signe que cette fois-ci, je n'étais pas le bienvenu dans sa chambre ? Alors que je mettais déjà un pied dehors, sa voix mélodieuse résonna dans le silence.

  • Reste...

Je ne comprenais plus son comportement, elle me repoussait, puis me demandait, puis m'envoyait balader à nouveau. Néanmoins dans ce simple « Reste » je pouvais entendre la fébrilité de sa voix. La fragilité continuelle dans laquelle vivait Erin . Alors je lui ai obéi. J'ai fermé la porte, et je me suis glissé sous les draps avec elle. Combien de fois j'avais tentée de me retrouver dans ce lit avec elle ? Combien de fois j'avais tentée de jouer avec cette innocence qui la caractérisait autrefois. Et maintenant que cela m'était possible, je n'osais pas bouger, comme si le seul mouvement que j'allais faire allait briser cet instant. Qu'elle allait s'enfuir comme un animal apeuré.

Il y a des mois de cela resté dans un lit avec une femme et me contenter uniquement de sa présence m'aurait été insupportable, et pourtant, ce soir, cela me suffisait amplement. Elle me tournait le dos depuis un bon moment déjà. Je savais qu'elle ne dormait pas. J'en étais persuadé. Le frottement des draps se fit entendre quand je me retournais pour faire face à son dos. Sa nuque me subjugua soudainement. Sa peau paraissait si blanche avec la lueur de la lune, ce corps si frêle... J'avais tellement envie de la toucher. Encore une fois, juste une toute petite fois pour sentir la douceur de sa peau sous mes doigts. Je tendis ma main. Mais il ne fallait pas. Elle m'avait montré à plusieurs reprises, aujourd'hui et autrefois que mon contact n'était pas des plus agréables, ni des plus désirables. À mon plus grand regret.

Cependant, ce fut elle qui fit le premier pas. En un instant, ses prunelles s'étaient retrouvées face aux miennes, nous nous observâmes longuement puis je sentis ses doigts froids et faibles caresser la peau de mon cou. Sentir ses doigts courir sur mon épiderme me provoqua un frisson intense et délicieux. Une pensée me traversa l'esprit. Combien d'hommes avaient profité de cette fragile personne ? Combien avaient attendu de la voir saoule et défoncée afin d'en profiter ? Tous avaient pu voir ce que je voyais en ce moment, une détresse incommensurable. Mais aucun n'avait voulu s'encombrer d'un tel constat. En cet instant, j'aurais pu avoir tout ce que je désirais chez elle autrefois. Son corps, ses sentiments qu'elle tentait tant bien que mal de me cacher. J'aurais pu faire ce que je voulais d'elle. Elle me regardait comme un animal blessé attendant enfin qu'on daigne bien l'achever.

J'aurais pu.

Mais je ne l'ai pas faite. Je savais que si je le faisais alors s'en étais fini de ce lien, s'en étais fini d'elle et moi, s'en étais fini de sa confiance qui m'importait tant. Elle me jaugeait, regardant ma réaction. Je n'en avais pas, je n'avais pas le droit de lui faire ce mal comme tous les autres. Je n'étais pas comme tous les autres. Enfin, elle me sourit. Un sourire sincère, chaleureux et tendre. Non, je ne la bafouerais pas. Malgré qu'elle n'attendait que ça, pour qu'enfin, elle trouve un moyen de me haïr. Finalement, elle ferma ses paupières émeraude et je compris qu'elle trouvait enfin le moyen de s'endormir. Les songes ne me gagnèrent pas aussi facilement. Je ne pouvais m'empêcher de me poser une question. Est-ce que j'étais capable de réparer une personne aussi brisée qu'Erin ?

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Je me réveillai difficilement. Il était trois heures du matin. Un cauchemar m'avait poursuivi tout le long de mon sommeil, et j'étais désormais mal à l'aise. Je tendais les bras pour m'étirer. Ce lit était tellement confortable. Je somnolais déjà quand une idée me fit revenir dans la réalité. J'avais beaucoup de place. Effectivement, je regardais sur ma droite, et mon idée se confirma. J'étais seul, au milieu de ce grand lit. Les draps étaient froids...

Je me demandai si je n'avais pas rêvé. Si elle était bien dans le lit au moment où je me suis enfoncé dans les songes. Mais l'odeur succulente de son parfum m'indiquait que j'avais toute raison de penser qu'elle avait quitté la chambre. Quand j'ouvris la porte, des voix étouffées me parvinrent depuis le salon. Je descendis quelques marches de l'escalier et le spectacle d'Erin endormie sur son canapé s'offrit à moi. Les voix venaient du poste de télévision qu'elle avait dû allumer plus tôt. Je m'approchai à pas feutrer, pour éviter de rompre son fragile sommeil. Elle était d'une beauté si innocente quand elle dormait. Sa respiration régulière soulevait la couverture lentement, suivant le mouvement de ses poumons. Son sommeil avait l'air paisible, cela me fit sourire.

  • Bon Erin , arrête de bouder....

Le prénom de la rose me fit tiquer et je me retournai devant le poste de télévision. L'image ne cessait de bouger de gauche à droite ne restant pas stable. La chevelure rose apparue soudain à l'écran. Elle avait une mine boudeuse et elle tentait temps bien que mal de cacher son visage à la caméra qui la suivait.

  • Vous me foutez vraiment la honte. Dit-elle.

Elle enfonça un peu plus sa tête dans sa capuche.

  • Vous n'en avez pas marre de votre caméra ?

Si ses cheveux n'avaient été roses, j'aurais eu du mal à reconnaître Erin . Elle avait un air poupin sur le visage, cet air candide qui avait disparu aujourd'hui. D'après ce qu'on pouvait voir, elle était assise à l'arrière d'une voiture.

  • on rigole ma puce, c'est l'anniversaire de ton père !

La caméra se dirigea vers l'homme qui tenait le volant du véhicule. Il avait l'air plutôt grand, mince. Les cheveux châtains. Ses lunettes sur le bout de son nez équilibraient avec l'air débraillé du personnage.

  • Ne cherche pas Marlène. Notre fille nous fait une crise d'adolescence ! Rigola son père.

  • Ce n'est pas vrai, je vous avais dit de ne pas venir me chercher au lycée. Renchéris, la rose à l'arrière de la voiture.

  • Et on peut savoir qui était ce jeune homme ? Demanda sa mère.

  • Maman ! Râla Erin.

Celle-ci ne put retenir un sourire amusé de la situation.

  • AH ..... Je le savais ! C'est qui ? Dit sa mère excitée comme une enfant.

  • C'est juste un ami !

  • Tu parles ! Ris son père. Allez dis nous au moins son nom.

La caméra resta fixée sur Erin . Comme elle était belle, ses cheveux étaient attachés en chignons, cela laissait entrevoir son cou fin et long.... Cette moue mi-boudeuse mi-amusée collée sur son visage lui allait si bien. En ma présence jamais je ne l'avais vue d'une telle façon. Ses joues venaient de prendre une teinte rosée. Gêné que son père lui pose autant de questions sur ses amis d'école. Même autrefois jamais je n'avais vu Erin rougir en ma présence. Où rougir pour moi, elle n'avait cessé de garder, déjà à l'époque une certaine distance par méfiance. Je m'étais même posé la question de savoir si je plaisais vraiment à cette fille.

  • En tout cas ce garçon avait l'air mignon.

  • C'est juste une connaissance.

  • Et est-ce que cette connaissance à un nom ?

Elle soupira, puis son sourire illumina l'écran.

  • Oui......Damon ....... Damon Atkins .

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