Chapitre 25

14 minutes de lecture

Décadence

C'était un cauchemar. Un affreux, horrible et inimaginable cauchemar. Quand je relevais la tête, je vis que le visage des autres exprimait tout autant d'inquiétude et de déception.... Comment je pouvais avoir fait une telle connerie ? Quand je relevais la tête, je vis que le visage des autres exprimait tout autant d'inquiétude et de déception.... Mais moi, j'étais fou de rage, fou de rage ne rien avoir fait encore une fois. Tyron était là, confiant une carte de la ville entre les mains, il s'était penché dessus avec d'autres personnes y compris Hailey et Logan.

  • Il faut qu'on soit logique dans les recherches. Dit Tyron. Logan et leurs amis iront chercher du côté du lycée peut-être qu'elle s'est cachée là-bas en douce.

Je les regardais tous aussi faux les uns que les autres, jamais ils n'avaient compris, jamais ils ne pourraient comprendre Erin. Ils avaient tous contribué à sa chute et maintenant, ils essayaient de la rattraper. Comment ils pouvaient encore se regarder dans un miroir ?

  • Les membres de l'Hydra, pensez qu'elle a pu aller chez chacun d'entre vous. Vous passerez donc à votre domicile pour vérifier et par la suite nous retournerons une dernière fois au QG

  • Vous êtes vraiment tous des idiots ! Dis-je soudainement.

Ma haine était indéchiffrable. Pourquoi ? Pourquoi me prenait-on toujours ce que j'aimais ? Je n'avais pas le droit d'avoir une vie normale ? Je ne pouvais donc pas vivre sereinement ? Non. Il fallait toujours un obstacle sur ma route. Et l'obstacle, c'était eux.

  • C'est de votre faute si on en est là aujourd'hui. Dis-je en pointant du doigt Tyron .

  • Damon ! Me rappela Logan .

  • Non, Logan ! Vous êtes toute une belle bande d'enfoirés et je parle de vous tous. Hailey, tu es complètement débile de l'avoir laissée toute seule.

  • Calme-toi ce n'est la faute de personne Damon. J'aurais fait la même chose qu'Hailey . Nous avons connu une Erin honnête et forte, on ne pouvait pas se douter qu'elle ferait une fugue. Dit Alexis.

  • Je rêve ! Vous faites tous semblant d'être aveugle. Regardez un peu le carnage autour de vous et réfléchissez !

  • Damon. M'interpella Tyron. Nous devons tous rester concentrés et ne pas nous disperser en dispute.

Un rictus glacial sortit de ma bouche malgré-moi. J'en avais assez de garder mon sang-froid. De tempérer mes mauvais côtés, de laisser couler. Il ne s'agissait pas d'une simple dispute. Nous parlions d'Erin. Un être humain, une personne vivante....

  • Ah oui, toi ! Le grand Dieu d'Erin. Le grand chef. Tu ne te rends pas compte que tu es le déclencheur de cette mascarade. Tu es celui qui la rend faible et malheureuse. Est-ce que ta petite bande est au courant de tes méthodes ? Je ne crois pas !

  • Damon ! Me prévint mon frère qui m'adressait enfin une parole.

  • Vous êtes tous responsable. Et toi le premier Tyron ! Dis-je en m'emportant. Elijah. Tu es la pire des merdes ! Tu te sers d'une fille fragile pour te vider les couilles et ensuite, tu la laisses en plan. Aucun de vous n'a été foutu de vraiment l'aider. Vous avez préféré la blinder de drogue et la faire rentrer dans vos petites combines. Tyron, tu savais très bien ce que tu représentes pour elle. Et pourtant, tu l'as abandonné comme une merde sans lui donner de raison.

  • Écoute-moi bien petit merdeux ! Me dit Tyron en s'avançant vers moi. Tu n'as pas fait la moitié de ce que j'ai fait pour elle.

  • Ah ouais ? Dis-je en m'avançant un peu plus. Et tu as fait quoi au juste ? Ah oui. Tu lui as sauvé la vie, c'est vrai. Et après ? Entraîné dans tes problèmes de gang ce qui lui a valu de se faire passer à tabac et par la même occasion se faire évincer de l'Hydra. Sheldon lui file des drogues en douce, Elijah la baise et dans le lot il y a notre cher Chef Tyron qui la pousse au suicide. Tu as raison beau boulot !

Les deux mains de Tyron vinrent se poser sur mes épaules et me pousser violemment. Les hostilités étaient lancées. Seulement Dean intervint et nous sépara aussi vite que l'éclair. Je crois qu'aucun de mes amis ne savait réellement ce qui se passait. Si, peut-être Logan, lui qui était au courant de tout devait sûrement comprendre d'où venait cette tension palpable.

  • Stop! Tout le monde s'arrête ! Cria mon frère. C'est du grand n'importe quoi les gars. Pas la peine de penser à comment on en est arrivé là. Il y a une fille psychologiquement instable dans les rues. Nous allons la trouver et la raisonner.

  • Et tu comptes faire comment grand génie ? Dis-je agacer de cette vie de merde.

  • Nous te téléphonerons. Et tu iras la voir toi-même.

  • On dirait bien que mon grand frère, sait que je suis le seul qui puisse la raisonner. Dis-je à l'attention de Tyron et tous les autres qui osaient se prétendre être l'ami d'Erin.

  • Il faudrait qu'une personne se charge d'appeler les hôpitaux de la région au cas où il lui serait arrivé un truc. Dit Logan.

  • Je vais le faire. S'empressa de dire Candice en levant la main.

  • De toute façon, dis-je. Quoi que vous fassiez. Je la trouverais avant vous et je la protégerais de vos conneries !

  • Et si tu n'y arrives pas ? Me défia Kenneth .

  • Alors je ferais la seule chose censée qui s'offre à nous. J'appellerais la police.

Je commençais à partir de la maison. Cela ne servait à rien que je reste. Je perdais le contrôle. Et perdre le contrôle, surtout maintenant n'était pas bon pour moi. Ils se voilaient tous la face, et je n'en pouvais plus. Pourquoi ? Pourquoi il n'y avait que moi qui comprenais ? Qui voyait ? Peut-être parce que nos douleurs étaient similaires à une époque... Ou bien encore parce que j'avais déjà vu la détresse que provoquait la souffrance. Je ne voulais plus revivre ça.

  • Logan, tu viens ? Dis-je sans me retourner.

  • Et nous, on fait quoi ? Dit Hailey

Par contre, quand les cinq mots sortirent de sa bouche, je plantais mon regard noir dans celui bleu azur de Hailey.

  • Toi. Tu en as déjà assez fait ! Crachais-je.

J'en avais assez de me taire, de ne pas froisser les autres... Logan qui fit un dernier baiser à sa chérie, me rejoins. Contrairement à ce que je pensais. Il ne dit pas un mot. Rien. Ses pensées devaient être les mêmes que les miennes envers Hailey à l'heure actuelle. Ou bien mon état d'énervement était assez voyant pour le faire taire. Je décidais dans un premier temps de passer au lycée. Pourquoi Erin était là-bas ? Et pourquoi pas ? Le raisonnement de cette fille était si illogique parfois que je ne savais pas où aller. Mais il fallait bien commencer quelque part.

  • Damon...

Je ne répondis pas. Je n'avais même pas entendu mon ami pour dire la vérité. Bien que je sois silencieux, à l'intérieur, la panique me gagnait. J'envoyais de nouveaux messages sur le téléphone d'Erin bien que je sache pertinemment que je n'aurais jamais de réponse. Comment j'avais pu être aussi stupide ? Comment j'avais pu faire confiance à Erin. J'aurais dû l'accompagner, la rassurer et la soutenir. Au lieu de ça, j'ai placé une confiance aveugle en Hailey. Ce n'était pas de sa faute après tout, j'avais pendant une seconde, espéré qu'Hailey suffirait. Qu'elle pourrait être le bouclier d'Erin face à sa fragilité. Mais je m'étais trompé. Maintenant, je comprenais qu'il n'y avait que moi qui pouvais être son rempart robuste et invincible. J'avais eu tort !! J'avais encore et toujours tort. Je n'arrivais pas à réfléchir, pas à comprendre. J'étais inquiet, sans compréhension des événements et déboussolé d'un comportement que je n'arrivais pas à comprendre.

Et quand le doute me gagnait, je ne pouvais réfléchir. Tout ceci mêlé à la rage me rendit sourd au deuxième appel de mon meilleur ami. J'avais tout fait. Dans les moindres détails, j'avais tenté de la sauver. J'avais cru comprendre son esprit tordu. Me demandant quoi faire chaque seconde de ma vie depuis qu'elle y était entrée. J'avais, certes plusieurs fois, échoué devant la tâche, je m'étais préparé à la bombe à retardement qu'était Erin , mais pas aujourd'hui, pas maintenant, pas cette fois. J'avais cru en elle, je m'étais investi dans la tâche.... J'avais baissé ma garde pour elle, je m'étais battu pour elle. Elle ne pouvait me faire ça ! Et pourtant, c'était le cas. Erin m'avait percé à jour. M'avait attiré plus que nécessaire, et cela, depuis le premier jour. C'était la seule, qui pendant un instant me faisait oublier mon fardeau. Elle était pour moi un exutoire et ma chance de rédemption. Alors j'estimais avoir le droit de protester quand elle décidait de devenir indispensable à mon existence et que par la suite, elle se volatilisait.

  • Damon !! Hurla une nouvelle fois Logan

Cette fois, j'entendis. Je me stoppai net et me retournai. Mon meilleur ami se tenait bien à trois mètres de moi. Il me fixait l'air énervé et déterminé à ne plus avancer d'un pas. En effet, je remarquai que le blond était essoufflé. Puis, par la suite, je pris conscience que moi aussi.

  • Mais bordel où on va comme ça ?

  • Quoi ?

Oui, il avait raison. Je voulais prendre la direction du lycée. Mais les murs, les arbres et les enseignes ne ressemblaient en rien au bon chemin.

  • Merde ! Je voulais aller au lycée. Dis-je énervé de ma bêtise.

  • Putain de merde faut qu'on se calme Damon. Il faut qu'on réfléchisse.

  • C'est ce que j'essaye de faire, Logan !

Je devais me concentrer sur le moment présent. Je devais mettre mes doutes et mes angoisses dans un coin de ma tête. Habituellement, c'était moi l'homme calme et réfléchi, mais là, c'était carrément Logan qui me hurlait dessus. Je ne devais pas céder à la panique.

  • Bon ! Dit-il. Nous allons voir au lycée.

  • Et si elle n'y est pas ? On fait quoi ?

  • Il faut que nous soyons logiques. Nous devons fouiller chaque endroit connu de la ville ou Erin avait l'habitude de se rendre.

  • Oui.

  • Ça va nous prendre des heures.... Dis-je frustré.

Je soufflai, jurai et regardai mon meilleur ami qui était soudainement silencieux. Il fixait avec intensité un dessin d'ananas accroché devant un magasin alimentaire. Il avait un léger sourire !

  • Quoi ? Dis-je ne comprenant pas pourquoi il souriait dans un moment pareille.

  • et si on passait un coup de fil à Preston ?

Putain, comme ce garçon était à la fois intelligent et complètement débile. Mon téléphone, qui n'avait jamais quitté ma main, arriva en un instant sous mes yeux. Je n'avais jamais trouvé le numéro de Preston aussi vite. J'appelai celui-ci avec impatience.

  • Ouais ! Dit une voix rauque et endormie.

  • Preston !

  • Quoi Damon ...

  • J'ai une faveur à te demander et je pense qu'elle va te plaire !

  • ...Ou pas, mais dit toujours.

  • J'aurais besoin de toi que tu me localises un numéro de téléphone.

  • Ok simple.

  • Je ne veux pas une pauvre localisation Google Maps. Je te demande la géolocalisation les déplacements en temps réel et tout le bordel compris.

  • En gros tu me demandes d'utiliser mon ordinateur.

  • Ouais

  • et de jouer avec quelques petits logiciels compliqués et interdits que je peux trouver dans les données de la police....

  • Ouais. Dis-je amusé d'une phrase aussi longue de la part de Preston .

  • Tu ne pouvais pas me faire un meilleur cadeau de Noël Atkins . Envoie-moi le numéro de téléphone par sms.

  • Super !

Je raccrochais et souriais à mon meilleur ami.

  • Putain tu es génial crétin !

  • Oui, je suis génial ! Tu le diras bien fort quand on sera devant ton père ! Comme ça, il arrivera peut-être à comprendre que je ne suis pas une petite racaille avec une mauvaise influence sur son fils.

Je rigolais. Logan avait une mauvaise influence sur les gens. C'était indéniable. Il ne faisait que des conneries. Il était mauvais en cours et de temps en temps décidait d'être absent de math sans raison apparente. Mes échecs scolaires étaient un problème dont il était le premier concerné. Je ne pouvais qu'être d'accord avec mon père sur ce coup-là. Mais Logan était plus qu'un cancre. Il avait une sorte de don, un pouvoir hypnotique sur les autres. Je ne savais pas comment, ni pourquoi, mais Logan avait le pouvoir de réunir les gens... D'apaiser les cœurs.

Mon meilleur ami irradiait la bonne humeur et la joie de vivre à chaque instant. Comment il faisait ? Je n'en avais aucune idée, j'assistais impuissant à sa joie de vivre qui réunissait tellement de monde autour de lui. Il m'avait touché, il m'avait sauvé de nombreuses fois et je savais qu'il était peut-être le seul à pouvoir atteindre et comprendre Erin. Les rares fois où Erin et Logan étaient tous les deux en ma présence, j'avais senti une sorte de lien entre eux. Je ne pourrais pas l'expliquer autrement. Mon meilleur ami pouvait discuter avec Erin comme personne ne pouvait le faire, même pas moi. Je ne comprenais pas pourquoi elle lui laissait cet accès à son cœur, mais j'appréciais.

Par la suite, nous avons prévenu les autres de notre plan. Chacun était stressé, tendu. Tous savaient que notre seule et unique chance reposait sur un simple téléphone portable. Une chance si maigre, et pourtant, nous placions un tel espoir en elle. Durant les trois heures qui suivirent, nous cherchâmes. Dans le lycée, dans les bars, la plage et les parcs.... Rien... Je décidais même, sans vraiment m'en rendre compte, de retourner sur le toit de cet immeuble, où j'avais échangé mes derniers mots avec Ambre.

Mon raisonnement n'était plus celui de quelqu'un de logique. J'étais monté sur ce toit... Simplement. Espérant que je la trouverais ici. Mais il n'y avait rien à trouver ici. Comme nulle part ailleurs. Je faisais fausse route. Je me sentais honteux d'être revenu là. Honteux, car sans m'en rendre compte, je me mettais face à mes démons. Est-ce que je cherchais simplement Erin ? Où est-ce que je chassais un souvenir ? Un souvenir douloureux, le drame de ma vie que je ne pourrais jamais réparer. Je revoyais encore cette chevelure flamboyante sur le rebord de ce toit. Je revoyais son visage, résigné et déterminé. Je ressentais de nouveau cette horrible souffrance. Ce remords qui avait creusé un abîme de solitude et d'impuissance. Je revoyais les rayons du soleil se refléter sur son collier bon marché. Son corps si fragile et minuscule se laisser aller dans le vide. Je faisais fausse route. Erin n'était pas comme ça. Erin n'était pas ici et surtout, Erin n'était pas Ambre.

  • Pourquoi on est ici mec ? Me demanda mon ami une pointe d'inquiétude dans la voix.

  • Je... Dis-je en me retournant. Je pensais... Laisse tomber. Bougonnais-je.

Il me regarda une seconde, perplexe, ne comprenant pas mon comportement.

  • Écoute, je pense que le mieux c'est qu'on retourne chez toi et que nous attendions simplement plus d'informations de la part de Preston.

  • Non, non, on doit continuer.

  • Damon, tu n'as strictement aucune idée de l'endroit où elle est, c'est débile, on repart.

S'en était trop. Sa phrase fut celle qui me fit perdre les pédales.

  • C'est débile ? Répétais-je. Non, tu sais ce qui est débile ? Que personne ne soit capable de surveiller cette gamine pendant une journée sans qu'elle fasse des conneries. Que personne ne soit foutu de la retrouver. Oui, je n'ai aucune idée de l'endroit où elle est, mais toi non plus espèce d'abruti. Sur le dernier mot, j'en profitais pour pousser Logan en arrière de toutes mes forces.

  • Regarde-toi. Dit-il en se relevant. Pauvre petit Damon impuissant. Et tu crois que c'est en criant partout ta colère que les choses vont s'arranger ?

  • Ferme ta gueule Logan, moi au moins je me bouge le cul, pendant que vous vous continuez vos petites affaires comme si de rien était. Je vous emmerde tous jusqu'au dernier.

  • C'est bon, tu as fini ? Demanda le blond.

La seconde suivante son poing frappait mon visage de plein fouet.

  • Maintenant, je te conseille de te taire Damon et de te calmer. Tu es inquiet et furieux ça, je peux le comprendre. Mais je ne te laisserai pas insulter tes amis, je t'interdis de dire que personne ne fait rien. À l'heure actuelle, tout le monde retourne la ville pour retrouver Erin le plus vite possible. Nous avons tous été impliqués à un moment où a un autre. Que ce soit Hailey, Candice, moi, toi ou n'importe qui. Alors cesse de dire des bêtises et résonne comme un véritable Atkins pour la retrouver putain.

La main de mon ami se posa sur mon épaule.

  • Damon, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Elle peut être n'importe où et on a aucune piste. Sois raisonnable.

C'est vrai, je devais penser au plus urgent maintenant et mettre entre parenthèses ma rage soudaine contre l'humanité tout entière. Je cherchais des coupables qui n'y avaient pas, tout ça à cause de mon inquiétude pour Erin.

  • C'est d'accord. Allons chez moi. Dis-je.

Je me relevais non sans une douleur fulgurante à la joue droite.

  • Une dernière chose. Tu veux sauver Erin de ses peines, soit, je serais le premier à t'aider. Mais garde bien une chose en tête. Je ne te laisserai pas retomber dans tes vieux démons à cause d'elle.

Lorsque nous sommes rentrés chez moi. Mes parents nous attendaient dans la cuisine. À peine la porte en bois, c'était ouverte que j'avais vu ma mère accourir. Suivi de mon père. Logan les avait appelés sur le chemin. Moi, j'en étais incapable. Comment expliquer à sa mère que la fille qu'on aime est portée disparue, sûrement déjà morte, qu'elle est droguée, complètement cinglé et qu'elle à retourner toute sa baraque. Comment je pourrais regarder mes parents dans les yeux ?

  • Du nouveau ? Enchaîna la voix rauque de mon père.

  • Non rien... Répondit mon ami.

Je m'approchais du canapé et me laissais tomber. Les yeux rivés sur l'extérieur, je n'avais qu'une question en tête. Où es-tu ?

  • Il faudrait peut-être appeler la police. S'engagea ma mère.

  • Impossible. Il faut normalement quarante-huit heures pour qu'une personne soit officiellement portée disparue.

  • Sauf si elle est mentalement instable. Me dit mon père.

Je relevais mes yeux vers lui. Il paraissait grand, imposant. Mais cela ne me fit rien. Alors je fixais mes yeux dans les siens.

  • Nous attendrons le matin. La police ne fera rien de plus que ce que nous sommes en train de faire. De nouveau, je fixais la fenêtre. Laisse-nous une chance.

Je n'eus pas de réponse. Ce que je pris donc, pour une réponse positive. Il fallait laisser une chance à Erin. Il fallait garder espoir en Preston. La porte résonna. Je savais qu'il s'agissait de mes amis. Nous avions tous décidé de nous rejoindre ici. Mon blond d'ami se jeta aussitôt sur sa tendre et douce Candice.

  • Du nouveau ?

  • Non, on a fait tous les hôpitaux de la région. Mais une fille aux cheveux roses de dix-sept ans ça ne passera pas inaperçu. Si elle a un problème, on le saura très vite.

Espérons juste que ce ne soit pas la morgue qui nous appelle. Je secouais la tête. Comment je pouvais avoir de telles pensées. Il pleuvait désormais. Elle devait être trempée. Elle devait mourir de froid et penser qu'elle le mérite. Je me levais pour aller me chercher une tasse dans la cuisine. Le silence était de plomb. Chaque mouvement était trop brusque pour ce moment dramatique et tendu. Quand j'ouvris le placard, je me rendis compte que ma main tremblait. Mes nerfs me lâchaient je n'arrivais plus à me contrôler que ce soit physiquement, ou mentalement. J'étais en train de perdre pied. Mais surtout, j'étais en train de perdre ce jeu. Erin avait gagné. Elle m'avait attrapé, elle m'avait enchaîné. Comme un enfant cruel, elle m'arrachait chaque plume de mes ailes. Ce jeu de sentiment était bien trop dangereux pour elle comme pour moi. J'étais fou d'inquiétude, la tête pleine de questions et le pire dans tout ça était ma défaite implacable.

Annotations

Vous aimez lire Sitraka Tiavina ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0