Dimanche 7 Décembre: Pourquoi moi?

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Mariella ruminait de sombres pensées dans le studio quand Caroline débarqua, presque aussi morose que sa cousine.

“Alors, comment tes parents ont réagi Ella?”

“J’ai été obligé de leurs dire que j’était sur une enquête, il ont donc appelé Lewis pour que celui-ci leurs confirment que c’était vrai. Ils se sont excusés mais je me suis empressée de leur dire que ce n’était pas une affaire d’une très haute importance. Ma punition est donc levée. Tout est bien qui finit bien.”

"On dirait pas trop a ton air.”

Mariella répondit par un grommellement intelligible. Sa cousine la scruta avec intensité, plusieurs secondes, puis reprit la parole.

“Laisse moi deviner… Lenny.”

Encore une fois Caroline avait tapé dans le mille. A ce mot Mariella releva la tête vers sa cousine, la détresse se lisant dans ces yeux.

“ Qu’est qu’il t'a fait celui-là?"

“C’est pas lui… C’est moi. Quand je lui ai dit hier que j’avais une urgence hier pour le code noir, il a cru que c’était parce que je n’était pas intérréssé. Du coup, il ne me répond plus… à mon avis il m’a bloqué!”

“Ho nonnn. C’est pas possible qu’il te bloque toi. L’une des personnes les plus merveilleuses au monde!"

“Merci d’être toujours là pour moi” répondit Mariella, l'air sincèrement soulagée.

“Mais toi, dis moi pourquoi ça ne va pas?”

Caroline laissa passer un silence puis annonça:

“Lyla est morte ce matin! Dans le centre de désintoxication. Elle est morte sous les yeux d’Olympe.”

“Ho mon dieu…” murmura sa cousine. “ Et dire que je m'inquiétais pour mes amourettes.” compléta-t-elle en se relevant et prit par les épaules Caroline.

"Ça va aller” affirma celle-ci. “Mais je pense qu’on va devoir redoubler d'efforts dans notre enquête si on veut qu’il n’y ai pas d’autres victimes.”

Le silence régna une nouvelle fois sur la pièce légèrement éclairée avec la faible lumière douce du début d’hiver. Les deux détectives joignèrent leurs regards, avant de tourner leur yeux autour de la pièce. Leurs têtes s'arrêtèrent instinctivement sur le calendrier rouge et vert qui trônait sur la petite table de la cuisine. Mariella et Caroline s’avancèrent lentement à pas feutrés sur le calendrier du Scorpion, sans se dire un mot. Une fois devant, elles restèrent immobiles pendant une dizaine de secondes avant que Mariella enfonce son doigt dans la fente en carton du sept décembre.

Avec une main tremblante, elle retira de la case… Une paire de lunettes!

“Le verre droit est fêlé" remarqua Caroline qui s’était approchée.

“Qui porte encore ce genre de lunettes de nos jours?” s’interrogea sa cousine.

En effet, les lunettes devaient appartenir à un collectionneur d'antiquités. Elles étaient petites et rondes et les branches s’écaillaient passant d’un argenté terni à du marron usé.

Elles devaient appartenir à un collectionneur ou alors à une personne dans la fleur de l'âge, pensa Caroline.

“Regarde” dit Mariella, “Sur la branche de gauche, à l'intérieur, on peut distinguer la marque des lunettes. A mon avis c’est dans le collimateur, je crois avoir déjà vu cette enseigne dans Satin Avenue.”

“J’en doute fort, Satin Avenue possède au moins cinq ou six opticiens.” Tout en disant cela, la cousine de Mariella se pencha néanmoins sur les vieilles lunettes. En lettres d’ors penché étaient écris: Le tournant de la vue.

“N’empêche, c’est écrit tellement petit que, effectivement, là on aurait besoin de lunettes.” constata la détective brune. Elle se redressa pour voir la réaction de sa cousine. Celle-ci sans un mot posa les lunettes et se rua dans l’unique autre pièce que possédait le petit appartement. Mariella revint deux minutes plus tard, un sourire triomphant sur le visage, un minuscule boîtier orange dans sa main.

“Caro, je te présente Monsieur Citrouille, protecteur de mes lunettes de 6em.”

“A oui, celle que tu mettais jamais.”

“Oui” répondit la blonde un peu rembrunit. “Mes toutes premières lunettes.”

“Attends c’est pas tes seules lunettes?”

“Non j’en ai eu plusieurs autres paires mais chez un autre opticien, et je te signale que les autres tu me voies jamais avec car elles sont seulement pour lire et regarder la télé.”

“Génial Ella mais très sérieusement qu’est ce que tes lunettes ont avoir avec notre enquête.”

“Regarde” dit celle-ci en lui pointant du doigt le boîtier. Il était écrit dessus la même chose que sur les lunettes mystérieuses.

“C’est le même opticien et … Je ne vois toujours pas le rapport.”

“Il nous suffit juste de nous pointer là-bas et de demander à qui appartiennent les lunettes.”

“Je ne crois pas que ce soit aussi simple que ça!"

“Mais si Caro! Tous les opticiens gardent un formulaire avec tous leurs clients et tout ce qu’ils achètent. On dit qu’on est des gentilles fifilles et qu’on voudrait redonner les lunettes à leurs propriétaires.”

Toutes traces de mélancolie c’était évanouis chez les jeunes filles grâce à la perspective qu’elles allaient avancer leur enquête.

“Bon ben… Vite, chez Le tournant de la vue.

***

Maintenant les deux cousines se trouvaient face à la Boutique de lunettes. Diverses lunettes étaient présentées dans la vitrine. Les murs étaient peint d’un blanc qui se voulait neuf et le slogan de l’opticien avait était réécrit en lettres qui variaient entre le doré et l’argenté. De l'extérieur on pouvait apercevoir un jeune couple s'occuper des diverses clients qui se trouvaient dans la boutique. De temps en temps un jeune garçon, qui devait avoir leur âge, sortait d’une porte dissimulée dans le mur avec des cartons pleins les bras. Les détectives ne purent apercevoir son visage qui se trouvait toujours soit derrière les cartons soit il se tenait de dos.

Les jeunes filles ne firent pas plus attention à lui devinant que très certainement ce devait être un stagiaire. Caroline prit la décision d’entrer quand à peu près tous les clients furent partis. Seule une vieille dame prenait tout son temps pour choisir sa future paire de lunettes. Mariella et sa cousine se dirigèrent donc vers l’employé qui était libre. De près il paraissait plus vieux et plus fatigué que ce qu'on pouvait croire de devant la vitrine.

“Bonjour, que puis-je faire pour vous?”

“Bonjour, nous vous apportons une paire de lunettes que nous avons trouvé… euuu…”

Caroline prit le relai:

“A la fin d’une réunion de senior sur le changement climatique. Pour sensibiliser autant les personnes d’âge mûr que les enfants.”

“Oh oui. Montrez moi donc cette paire, que j’identifie qui est cette personne”

Mariella lui tendit les lunettes.

“Ahh, la dernière fois que j’ai vendu une paire de ce type c’était il y a environ sept ans. Les drageoirs sont légèrement déformés. Hum laissez moi une seconde que j’identifie quel problème à la personne qui possède ces lunettes.”

Il laissa les cousines seules cinq minutes puis revient en leur faisant une description tel wikipédia.

“La personne à une Hypermétropie, l’œil hypermétrope ne parvient pas à faire la mise au point d’un objet éloigné. L’image perçue vient en arrière de la rétine. La vision de près ou de loin est floue. Il faut donc aider l’œil dans sa mise au point en lui ajoutant de la puissance. C’est le rôle des verres convexes dont la puissance est positive.”

Mariella lança un regard à sa cousine qui voulait clairement dire : Cet homme connaît son métier on aurait pas pu trouver mieux.

“Ces lunettes sont en titane !” s’exclama l'opticien-lunetier. “Chez les vendeurs de lunettes c’est considéré comme haut de gamme alliant légèreté et solidité. Par contre je ne comprends pas comment elles ont pu finir comme ça, aussi mal au point c’est désolant.” expliqua l'employé, l'air réellement peiné.

“Vous n’avez vraiment aucune idée de à qui ça peut bien appartenir?” tenta Mariella.

“Si cela me revient, j’ai vendu ces lunettes à un homme il n’y a pas sept ans mais six ans. Un homme très certainement riche. Il savait que ces lunettes ne pouvaient être remboursées, ni être prisent en charge ni par la sécurité sociale, ni par la mutuelle. Cet homme avait sans le faire exprès écrit sur le chèque cinquante euros de plus mais il m’a dit :Gardez la monnaie. Je ne l’ai plus jamais revu.”

“Vous ne vous souviendrez pas par hasard comment s’appelait ce monsieur?” le questionna Caroline.

“Non vous savez c’était il y a six ans. Déjà que je me demande comment j’ai pu vous ressortir tout ça.”

“Vous n’avez pas de livret où vous noté vos clients?” insista Mariella.

“Si, c’est probablement sur mon ordinateur. Attendez moi je vais le chercher car ce n’est pas sur l’ordinateur principal ça c’est sûr." finit-il par lâcher en désignant d’un signe de tête un PC sur la droite du comptoir. Il se dirigea vers l’arrière boutique et demanda aux cousines de le suivre. Ils entrèrent dans une immense pièce circulaire remplit d’armoire et de cartons, le tout donnait un résultat totalement bordélique et Caroline se demanda comment on pouvait se retrouver dans un tel univers. Sans hésiter le vendeur les guida vers le coin où on devait trouver les objets les plus anciens dans cet espace. Au plus grand bonheur de Mariella, un gigantesque bureau se cachait derrière les trois plus grandes étagères de la pièce. Il était jonché de paires de lunettes toutes dans la beauté que réserve la vieillesse des objets à qui sait l’observer.

L'ouvrier ouvrit le tiroir le plus bas de son bureau et des deux mains il en sortit un rectangle noir poussiéreux. C'était un de ces ordinateurs portables du deuxième âge. Pas ceux du milieu des années 80 qui n'étaient rien de plus qu'un écran et des carreaux sur une boîte, ni les nouveaux types brillants et polis qui étaient plus fins que des chemises de travail et pouvaient contenir le contenu de dix fois ce cagibi. Il avait une quinzaine d'années, très épais lorsque l'écran se refermait sur le dessus, il fallait le brancher en permanence pour qu'il fonctionne, avec des carreaux qui faisaient un tintamarre pas possible à chaque fois qu'une lettre était tapée.

Alors que sa cousine s'émerveille à la vue de ce bordel, Caroline tapa du pied en attendant que l'homme crie que c'était ça, il avait trouvé les informations dont ils avaient besoin et pouvait les envoyer sur leur chemin. Il y avait quelque chose à propos de cet endroit qui la mettait mal à l'aise, mais c'était peut-être parce qu'il y avait un tueur en liberté et que la boutique d'un opticien est sur sa liste d'endroits qu'elle n'aurait jamais pensé pouvoir l'aider à résoudre une affaire.

Les minutes semblaient être des heures. Tous les deux ou trois instants, Ella tirait sur le bras de Caro et montrait une paire de lunettes sur une étagère ou dans une boîte, brillantes ou portant les traces d'une longue durée d'utilisation, et elle expliquait quel genre de modèle il s'agissait. C'était, comme c'était, rare, quand elle est allée chercher de nouvelles lunettes il y a environ deux ans et que le vendeur l'a laissée essayer celles-ci. Pendant ce temps, l'auditeur hochait la tête avec un esprit absent et une oreille presque levée comme un chien essayant de capturer le son qu'il recherchait.

Puis finalement l'homme s'arrêta de casser le clavier et leva la tête.

les deux filles inspirèrent et retinrent ce souffle jusqu'à ce qu'il sorte.

"Eveline Pincier."

Les yeux de Caroline se plissèrent et la bouche de Mariella se tordit, alors qu'elles se tournaient pour se regarder, que vers l'employé, toujours surpris.

"Eveline Pincier", a-t-il expliqué, "était la copropriétaire de ce magasin. Jusqu'à il y a trois ans. Elle est partie avec son conjoint et son enfant pour déménager en Amérique du Sud. Je pense qu'elle est allée au Costa Rica. Peut-être en Colombie, ça fait un moment que nous avons parlé mais le Costa Rica a plus de sens. C'est une île paradisiaque. Je dois avoir au moins trois cousins ​​là-bas qui-"

« Monsieur » interrompit Caroline aussi doucement qu'elle le pouvait, ce qui, même avec tous ses efforts, sonnait toujours sec. "Ça vous dérange... de vous dépêcher vers la partie où Mme Pincier nous est apparentée ?"

"Oh ! Désolé. Quand Eveline est partie, elle a emporté la moitié de nos dossiers avec elle. Tu vois, elle ne voulait pas repartir de zéro lorsqu'elle travaillait comme opticienne au Costa Rica. Et ces dossiers prouveraient son travail passé."

"Il y a plus?" s'enquit Mariella, la mâchoire presque décrochée.

Il était vrai que les tiroirs de rangement remplis à ras bord de morceaux de papier jaunes et blancs qui dépassaient suggéraient le contraire.

"Bien plus ! Tout cela ne représente que cinq ans d'archives. L'ordinateur est uniquement là où je stocke la position de chaque document, tout le reste est ici."

Les sourcils de la plus grande fille montèrent au sommet de son front.

"Vous ne pouvez pas me dire qu'elle a apporté ce bureau d'informations avec elle en Amérique."

"Non, bien sûr que non. Nous avons tout mis sur une clé USB. Trois semaines de copie mais maintenant Eve a tout ce dont elle a besoin. Malheureusement, elle a aussi les informations sur cette paire de lunettes que vous recherchez."

Caroline soupira et regarda ses pieds en secouant la tête. "Eh bien, c'est juste génial." murmura-t-elle.

“Vous êtes sûr que vous n'avez pas de copie ou quoi que ce soit? Que sont devenus les dossiers papiers?” insista Mariella.

"Brûlés." L'homme répondit. "Jetés à la poubelle. Je ne pensais pas que ça valait la peine de les garder car je n'en aurais probablement plus jamais besoin. Et de toute façon, je pourrais juste appeler Eve."

La tête de Caroline se redressa à ces mots.

“Pourriez-vous lui demander le dossier nécessaire ?”

“Je pense que c’est possible mais vous savez avec le décalage horaire…"

Caroline leva les yeux aux ciels et sa cousine se rapprocha un peu plus de l’opticien.

“D’ici combien de temps elle pourrait nous répondre ?”

Leur interlocuteur qui semblait comprendre qu’il allait bientôt perdre ses éventuelles clientes s’empressa de continuer.

“ Je peux lui envoyer un mail tout de suite et vous pourrez revenir demain.”

Mariella échangea un coup d'œil entendu avec sa cousine et adressa un sourire plein de reconnaissance un peu faux au vendeur.

“ Merci beaucoup, nous reviendrons donc demain pour chercher TOUTES les informations que nous avons demandés.”

Il baissa la tête, pour confirmer sa soumission.

“Bonne journée !”

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