051 Alerte

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  L'ambiance était électrique dans le bureau de Steve. Le patron était en colère et le faisait savoir :

   — Ce n’est pas possible : cela fait trois fois que nous refaisons ce maudit inventaire, et à chaque fois on tombe sur un chiffre différent ! Putain, faites gaffe !

Écœuré, il envoya valser son dossier sur le bureau. Rob proposa :

   — On pourrait pointer les bons de commandes avec Carlos, histoire de voir si les livraisons correspondent toutes. Si ça tombe, nous essayons de trouver un nombre de pièces qui ne correspond pas à ce que nous avons reçu.

Steve passa sa main dans ses cheveux et soupira.

   — Pourquoi pas. Allez-y. Mais si on ne trouve pas l’erreur, il faudra vider à nouveau toutes les caisses, pour tout recompter. Ce ne sont pas des bombons, on ne peut pas se permettre d’égarer une seule grenade ou un seul chargeur.

Rob et Carlos commencèrent à comparer les différentes lignes de leurs documents, bons de commande et de livraison. Steve faisait les cent pas, alors qu’ Erin, assise à la place du chef, consultait le courrier. Le téléphone sonna sur le bureau. Surprise, elle regarda Steve.

   — Tu n’as pas ton oreillette ?

   — Non. Réponds s’il te plaît.

Elle décrocha le combiné que l’on utilisait plus guère. Son visage marqua une grande surprise. Elle releva la tête tout en masquant le micro.

   — Steve, c’est pour toi. Personnel, de la part de Ruslan Ivanov.

   — Quoi ? Attends une minute.

Il fouilla dans sa poche à la recherche de son oreillette, la mis en place et l’activa puis il fit signe à Erin de raccrocher le combiné.

   — Steve Maroco, j’écoute.

   — Ruslan Ivanov. Je suis désolé de vous apprendre que vous avez vu juste avec le Président. Hugues Milton et moi-même avons été victimes de sabotages sur nos aéronefs. Je voudrais prévenir Christa Kalemberg, pour qu’elle prenne les précautions qui s’imposent, mais je ne sais pas où elle se trouve. Êtes-vous au courant de ses déplacements ?

Steve eut un sourire mauvais.

   — Monsieur Ivanov, ne pensez-vous pas que vos sacro-saints principes se retournent contre vous ?

   — Ne croyez pas que cela m’amuse de vous parler. Si la vie de mon amie n’était pas en jeu, je ne vous donnerais pas l’occasion de triompher. Alors je réitère ma question. Savez-vous où elle est ?

   — Je ne suis pas un service de renseignement. Je ne répondrai donc pas à votre question. Par contre, je sais très bien ce que j’ai à faire. Au revoir Monsieur Ivanov.

Il désactiva son oreillette. Dans la pièce tous les regards étaient braqués sur lui.

   — Décollage immédiat pour les mines de Tampiro. J’ai besoin de quelques volontaires. Il s'agit d'une mission privée, c’est moi qui paie, autrement dit ce ne sera pas terrible.

Erin jeta un regard aux deux hommes. Rob hocha de la tête, Carlos leva le pouce. Elle eut un petit sourire.

   — On en est tous.

   — OK, il me faut encore cinq hommes d’équipage, et tout l'équipement de déminage. Ah ! Important : il faut commencer par vérifier tout le matériel avant de l’utiliser. C'est valable pour le minibus et l’aéronef. Nous risquons d’être l’objet de tentatives de sabotage. Soyez très vigilants. Erin, pour les hommes d’équipage, je ne veux que des anciens.

   — On dirait que ça sent mauvais.

   — Oui, le Président à commencé à faire le ménage.

Erin pâlit.

   — Ah merde !

   — Comme tu dis.

   — Nous allons retrouver Christa Kalemberg ?

Steve lui jeta un regard noir et répondit sèchement « Oui ».

Tout le monde se dispersa pour préparer ce départ précipité.

Après l’avoir soigneusement examiné, ils prirent le minibus, direction le spacioport. L’ambiance était pesante : Steve n’avait visiblement pas envie d’en dire plus, et ses hommes respectaient son silence.

Arrivés devant l’aéronef, l’équipe entreprit de le passer au peigne fin. Les hommes de garde, deux jeunes recrues encore peu expérimentées, n’en croyaient pas leurs yeux.

Au bout d’un gros quart d'heure, Rob émit un sifflement strident. Steve se précipita.

   — Il y a une charge bien cachée sous le train d’atterrissage. Elle aurait explosé en vol, au moment de le rentrer. On aurait eu un aileron arraché. Comme à ce moment là, l’astronef est encore dans l’atmosphère, il se serait trouvé en déséquilibré et le crash aurait été inévitable.

   — Continuez à chercher, il y en a peut-être d’autres.

Steve retourna vers l’équipage de garde.

   — Vous n’avez vu personne approcher de l’appareil ?

   — Quand on est à l’intérieur, on ne voit pas les piétons, seulement les autres aéronefs.

   — Il y en a qui se sont rapprochés ?

   — Oui, trois ou quatre. La navette d'un cargo de la société « Trans-Galactique », un Yacht privé décoration style bois exotique et cuivre, un transporteur de passager classe « C »… Il me semble qu’il y en avait un autre.

Le second garde intervint timidement.

   — Une navette grise, un vieux modèle. Son pilote ne semblait pas très doué pour les manœuvres. Il a failli nous accrocher alors qu’il avait de la place de l’autre coté. J’ai trouvé qu’il se compliquait la vie, surtout qu’il n’est pas resté longtemps.

Steve serra le poing.

   — Le coup classique : il occupe votre attention et pendant ce temps un complice s’approche de votre astronef par l’autre coté. Ils se sont garés à gauche ?

   — Oui.

   — Je m’en doutais : les charges ont été trouvées à droite. Vous deux, rentrez à la base. Je vais la mettre dès maintenant en alerte maximale.

Carlos refit son apparition.

   — On a tout vérifié. Il n’y en a pas d’autre.

   — Bon, on y va.

Ils montèrent tous dans l’aéronef. Pendant qu’ils s’installaient, Erin demanda l’autorisation de décollage à la tour de contrôle.

   — Ici « Cheval de Troie », matricule 24541-ZA-432. Demandons autorisation de décollage immédiat pour Tampiro.

   — Autorisation accordée. Piste 5, fenêtre 4. à 13h41. Vecteur de libération 312.

   — Bien reçu. Merci.


Dans l’ombre d’un hangar Ruslan Ivanov éteignit son scanner portatif. Il avait un petit sourire.

   — Monsieur Maroco, malgré vos cachotteries je m’invite à la fête. A bientôt sur Tampiro.

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