Chapitre 12 : Les entrepôts

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Agence IronHead,

Vendredi 14 octobre 1843, tard le soir

-M-

Le crépitement du feu rompait le silence du bureau. Ils avaient profité de la fin de l'après-midi pour préparer leur plan pour la rencontre qui les attendaient. Personne ne savait ce qui les attendait exactement, ni combien de gardes du corps seraient là pour surveiller la rencontre. Mais ils avaient le moyen d'approcher un des sbires de Big B et donc le moyen d'envoyer un message.

Simbad s'était couché sur le divan, près du feu, seul avec ses deux orbes de métal lévitant au-dessus de lui. Il avait décidé de les laisser tranquille dans la cuisine au grand plaisir de Mira qui, encore choquée, désirait revenir sur les évènements de la journée.

Grundal, contrairement à son habitude, rangeait la cuisine de l'agence. Cela n'avait pas été fait depuis longtemps, n'importe qui serait entrer dans la pièce aurait pensé qu'il s'agissait d'un débarras. Mira était assise sur le vieux buffet face à lui, les yeux rivés sur ses mains comme si le sang de son agresseur les souillait encore. Perturbée par l'acte qu'elle venait de commettre, elle ne cessait de se demander comment Grundal réussissait à vivre avec ce genre de fardeau. D'après ses dires, il n'avait jamais eu l'intention de tuer qui que ce soit, la décision de tuer un individu ne devant jamais être la solution de facilité.

- Il était là à vouloir ma mort, déclara la jeune fille, et puis, d'un coup tout s'est arrêté...

- Tu sais Mira, les remords, qui t'accablent, sont la preuve que tu n'es pas quelqu'un de mauvais. Ce gars voulait ta mort, si tu n'avais pas agi ainsi, tu ne serais peut être pas ici pour en discuter.

- C'était si simple, juste appuyer sur la gâchette, fit Mira les yeux dans le vide.

Le nain mit sa main sur son épaule.

- A te voir, ce n'était pas si simple d'appuyer sur une gâchette, répondit-il en souriant.

- Comment fais-tu pour vivre après ça ?

- Nous n'avons pas d'autres alternatives que d'apprendre à vivre avec. Donne-toi le temps et tu verras, tu sauras te pardonner ! C'était de la légitime défense, tu n'avais pas le choix, déclara le détective d'un air compatissant.

Cette dernière remarque fit apparaître un faible sourire sur le visage de la jeune fille. Le désordre de la cuisine rappela le nain à la tâche. Mira resta quelques minutes silencieuses à digérer les paroles de son ami. Le souvenir de l'altercation ne devait pas l'empêcher d'agir, car la soirée était loin de se terminer.

- Et sinon, tu l'as attrapé où ce gus ? Demanda Mira en changeant de sujet.

Accompagné d'un signe de tête en direction du salon, le nain comprit que la question désignait le professeur.

- Le contrat m'oblige de l'avoir avec moi comme partenaire. Contre toute attente, il s'est avéré utile et plein de ressources.

- Et ce contrat de quoi parle-t-il ? demanda-t-elle curieuse.

- Désolé Mira, mais moins tu en sauras et mieux tu te porteras, répondit Grundal en poussant une caisse contre le mur. Surtout que le contrat exige une certaine confidentialité !

- Tu sais que par la force des choses, je fais partie de l'enquête dorénavant. Et d'ailleurs c'est grâce à moi que vous allez pouvoir rencontrer Big B, rétorqua-t-elle.

Le détective souffla tout en lavant une assiette. Acceptant de lâcher du lest, il lui expliqua brièvement la situation.

- Seulement notre piste est mince ! Continua-t-il. Il va falloir donner une bonne raison à Big B de nous recevoir, sans attiser sa colère.

- Et comment comptes-tu t'y prendre ? Aux dernières nouvelles, il n'a pas de boîtes aux lettres ou d'adresse chez qui sonner.

- Nous allons devoir trouver l'un de ses collaborateurs et lui demander de délivrer un message pour nous.

- Tu te doutes bien qu'ils ne vont pas nous accueillir les bras ouverts, s'assura Mira.

- Nous aviserons le moment venu. La rencontre sur les docks est la meilleure piste que nous ayons de toutes manières.

Le plan de Grundal était risqué, il n'y avait aucune garantie que le message arrive à destination, ni même que l'opération soit bien apprécié. Mira ne voulut pas argumenter plus longtemps, il devait savoir ce qu'il faisait pour fonctionner ainsi. De toutes manières, vu l'heure qu'il était, ils allaient devoir partir.

Invitant Simbad à les rejoindre, ils se réunirent tous les trois dans le vestibule pour revêtir leur manteau. Mira, heureuse, put retrouver sa tenue habituelle et son blouson troué. Le nain revêtit son chapeau melon, puis chercha quelque chose pendant quelques minutes dans les tiroirs d'une armoire.

- Tiens fiston, je sais que tes pouvoirs peuvent être puissants mais, après la fusillade chez le poissonnier, je serais plus tranquille si tu avais sur toi aussi une arme plus... conventionnelle, déclara Grundal en lui tendant un revolver de belle facture.

Mira fut un peu jalouse à la vue de l'engin, sa « pétoire » à coté avait l'air ridicule. Simbad pris l'objet et l'analysa brièvement avant de remercier le nain d'un hochement de tête.

- Sait-on jamais, reprit-il, tu pourrais en avoir besoin en cas de problème. Je te laisse prendre un holster dans l'armoire derrière toi.

- Vous pensez que ce sera dangereux ? demanda l'elfe tout en s'équipant.

- C'est possible, autant se préparer du mieux que nous le pouvons.

Mira sortit la première, dégoutée de n'avoir reçu aucun présent du détective.


-G-

Après avoir fermé l'agence, ils marchèrent une dizaine de minute avant d'arriver sur les docks, Une immense zone portuaire surplombé par un phare où des navires en provenance des quatre coins de la mer centrale acheminaient des produits en tout genre. Des épices, de la soie et autres produits exotiques qui provenaient du reste du monde. Nombre de caisses entreposées portaient d'ailleurs la marque d'Hagrah, la grande cité flottante, passerelle fluviale entre la cité de la république et le continent du sud. Cette cité avait posé beaucoup de problèmes par le passé en s'auto-proclamée libre, pour s'émanciper de l'autorité de la république. Peu de gens savent comment s'était fini cet élan de révolte, cependant une chose était sûre, le commerce n'avait jamais stoppé.

Les trois marchaient le long des quais, Grundal en tête pour essayer de repérer le fameux entrepôt. Simbad était surpris par l'activité qu'il pouvait encore y avoir à cette heure. Beaucoup de bateliers étaient encore là pour décharger leurs cargaisons. Sûrement qu'il devait s'agir des dernières embarcations arrivées plus tôt dans la soirée.

La majeure partie du port était déjà noyé dans l'obscurité et seul le son du bois contre la pierre rappelait leur présence. La brigade de nuit était déjà passée car quelques lampadaires éclairaient les quais, découvrant au passage une mer d'huile, ainsi que l'entrée de certains entrepôts. Ce n'est qu'au bout du port qu'ils virent quelques marchands qui attendaient devant un entrepôt fermé.

- C'est ici, dit discrètement le nain tout en se plaçant derrière quelques caisses. Il semblerait que la rencontre n'ait pas encore débuté.

En effet, après quelques minutes deux individus patibulaires ouvrirent les portes du bâtiment. Cent mètres les séparaient du lieu d'échange, ce qui permettait à Grundal d'analyser la situation cachée derrière une caisse.

- Un humain et un elfe, constata Mira qui étudiait également la situation. Ils n'ont pas sorti du gros calibre on dirait.

- Mmmh, ne les sous-estime pas, fit le nain calmement avant de se tourner vers l’elfe. Bien Simbad, tu vas y aller et te faire passer pour le poissonnier.

-Comment ?! S'étonna le professeur. Mais je ne ressemble pas à un poissonnier. Encore moins à un gobelin.

Grundal lui tendit des papiers d'identification falsifiés d’un poissonnier, ainsi qu'une liasse de billet.

- J'ai pensé à tout ! Ce sont des hommes de main, ils ne connaissent pas la tête de leurs 'protégés'.

-Mais, que voulez-vous que je fasse à l'intérieur ? Demanda l’elfe en regardant tour à tour ses deux associés.

- Tu fais comme les autres, tu suis les consignes, tu remplis les papiers, tu payes et tu attends le signal.

-Qu’allez-vous faire ?

Le ton que le professeur prenait et son teint blême laissait présager de son inquiétude vis-à-vis du plan qui lui était présenté.

- Mira et moi nous nous occupons des gardes qui gardent l'entrée. Dès que tu entends du grabuge à l’extérieur tu immobilises les hommes de main qui surveilleraient l’échange.

Le détective scruta le professeur de la tête au pied cherchant chaque détail qui pourrait réduire les chances de réussite. La propreté trop parfaite, ainsi que son accoutrement lui sautèrent aux yeux.

- Mais que faites-vous Grundal ? déclara Simbad en voyant le nain s’emparer de son chapeau.

- Tu es beaucoup trop soigné pour un marchand, répondit-il en passant le manteau et le couvre-chef à Mira.

D’un geste, il lui ébouriffa les cheveux puis, avant de le laisser partir, s’empara de son holster.

- Tu n’as pas d’autres armes sur toi ? Demanda le nain en désignant son veston. Où sont tes orbes ?

Simbad sans répondre lui montra ses poignets où se trouvaient deux larges bracelets en métal.

- Très bien, reprit Grundal. Tu pourras compter que sur ça pour te défendre à l’intérieur.

- Combien sont-ils à ton avis ? Demanda Mira.

- Ils ne doivent pas être nombreux, ce n’est qu’une récolte de fond. Aller en piste l’artiste ! Déclara Grundal en tapant l’épaule du nouveau poissonnier. Ne me déçois pas !

Après un dernier regard inquiet, le professeur continua son chemin le long des quais pour rejoindre l’entrepôts. De loin, ils le virent s’insérer dans la file d’attente puis, après quelques minutes d’attente et une brève inspection, rentrer dans l’entrepôt.

- Tu comptes t’y prendre comment pour te débarrasser des vigiles ? Demanda Mira toujours cacher derrière la caisse. Regarde-les, ils doivent faire une toise de plus que toi ? Et je ne parle pas de leur carrure.

Grundal souffla longuement devant l’inquiétude de ses associés, cependant, elle n’avait pas tort. Ils allaient devoir utiliser la ruse pour mettre ces caïds hors d’état de nuire, mais ce n’est pas caché derrière une caisse qu’il allait pouvoir planifier quoi que ce soit.

- On va d'abord s'approcher en passant par derrière, décida le nain.

Ils suivirent les différents pontons qui longeaient les quais pour arriver à l’arrière du hangar. Positionné dans la ruelle entre les bâtiments, ils se positionnèrent à l’angle du bâtiment près d’un empilement de caisses. Des gouttes clairsemaient le sol de petites tâches réfléchissant la lumière des lampadaires.

Grundal, en levant le nez, aperçut une fenêtre accessible en grimpant sur les différents chargements. Discrètement, il avertit Mira qui gravit avec agilité le monticule.

- L'espace est rempli de rangements, chuchota-t-elle, comme des étagères ou des futs. Les marchands sont mis en ligne devant un gobelin qui compte et note sur un registre l’argent qu’il reçoit. Simbad est parmi eux en bout de file.

-Très bien combien, ils sont à l’intérieur ? Demanda le détective.

- Ils sont que deux, on dirait que l'elfe de l’entrée est également à l’intérieur, remarqua-t-elle.

Grundal passa la tête discrètement et vit que Mira avait raison, il ne restait qu’un homme de main devant l’entrée.

- Très bien, descends ! Nous allons dégager l’entrée.

Le nain enleva son chapeau, puis le donna à Mira qui venait de toucher le sol. Récupérant une vieille bouteille sur le sol puis sortit de la ruelle en titubant sous les yeux de l’orc.

- ET TOI ! D'où tu sors ? cria le garde.

- Qui ? Moaa ?! répondit le nain en se retournant.

Il se donnait des airs de vieux saoulard, faisant mine par moment de perdre l'équilibre. Et grâce aux quelques individus qui vivaient près de l'agence, il put se montrer à la hauteur de la prestation.

- Oui toi l’ivrogne ! Qu'est-ce que tu faisais dans la ruelle !

- Dans cette ruelle, là tu veux dire ? demanda le nain en pointant maladroitement là d'où il sortait. Bah j’me soulageais, mais... chuuuuut ! L’dis pas aux poulets, dit-il en mettant son doigt sur sa bouche. Tu veux un peu de ma bouteille ?

Le vigile quitta son poste puis passa devant Mira embusquée dans l’ombre. Elle posa le chapeau, attrapa une pagaie posée contre le mur puis attendit le bon moment pour frapper.

- Attends-toi ! Je t'ai déjà vu non ? Déclara l’homme de main.

- Ah bah pas moi ! Et pourtant l’éternel sait que t'es moche, j'me serais souvenu d’une tronche pareille, dit Grundal.

C'est alors que Mira sortit de l’ombre. D'un bond elle arriva dans le dos de l’orc, puis lui assena un grand coup derrière la tête l’assommant net et sans bavure. Grundal s’avança et rattrapa le corps avant qu’il touche le sol.

- Bien joué Mira ! fit discrètement le nain en posant délicatement leur victime.

En relevant la tête, il la vit en train de scruter les quelques gouttes de sang qui parsemaient le bout de bois. Posant son doigt sur la carotide, Grundal sentit le pouls de sa victime. D’un mouvement de tête, il fit comprendre à la jeune fille apeurée qu’elle ne l’avait pas tué.

Elle jeta son arme dans l’eau, puis fit quelques pas pour se ressaisir. Fouillant l’orc, Grundal dénicha un six-coup de bonne facture.

- Aller ma petite, on doit encore aider Simbad, dit le nain en plaquant le pistolet contre l’épaule de son amie.

Tous deux se postèrent de part et d’autre de la porte. Mira semblait crispée sur son pistolet fraichement obtenu.

- Respire ! Tout ira bien, chuchota Grundal en voyant l’appréhension de la jeune fille.

D’un coup net, il enfonça la porte dans un fracas retentissant.

La violence fut tel que l’agent présent derrière le battant fut projeté au sol. Les citoyens à l’intérieur lâchèrent des cris de panique puis se dispersèrent dans la pièce.

Grundal remarqua l’autre garde sur le côté, surpris, qui tenta de dégainer son arme mais ses mains furent immédiatement happées par deux projectiles argentés puis plaqué contre le mur tel un insecte.

Hors de danger, le nain se tourna vers l’agent au sol qui commençait à se retourner. Profitant de sa hauteur, il lui assena un violent coup de pied dans la tête, le mettant définitivement hors d’état de nuire.

- Mira, ligote ce gars dans un coin et ramène l’autre ! Ordonna le nain en désignant la personne au sol.

La jeune fille s’exécuta immédiatement, sous les yeux apeurés des commerçants.

- Vous autres, Sortez ! IMMEDIATEMENT ! Sauf toi au fond, commanda-t-il en pointant le comptable derrière son bureau.

Ce dernier était en train de rassembler en vitesse ses affaires, comme s’il s’apprêtait à fuir. Grundal en déduit qu’il devait y avoir une autre sortie. Il traversa la pièce à contrecourant du flot de citoyens qui sortaient, se dépêchant d'appréhender le suspect. Arrivé à sa hauteur, il l’attrapa par le col, puis le plaqua contre la table faisant tomber une bourse de pièce dans un tintement assourdissant. Le gobelin sous le choc lâcha sa sacoche de cuir répandant une liasse de documents sur le sol.

- Je resterais à ma place si j'étais toi, dit calmement le nain la tête proche du fonctionnaire apeuré.

- Vous allez le regretter, cria le garde immobilisé au mur. Vous ne savez pas à qui vous avez affaire !

- Simbad, tu peux t’occuper de notre ami épinglé, s’il te plait ? Demanda le détective en gardant son attention sur le bureaucrate.

- Comment je m’y prends ? Demanda le professeur au milieu des gémissements.

- Un bon coup sur la tempe, ajouta Mira qui hissait le corps de l’orc dans l’entrepôt à côté de son collègue.

Simbad s’approcha de son prisonnier, puis retira l’arme dans sa main.

- Je suis vraiment navré monsieur, n’y voyez rien de personnel.

Inversant le sens du pistolet, il abattit violement la crosse à l’endroit indiqué stoppant net les grognements du belliciste.

Grundal fouilla le gobelin pensant trouvé une arme, mais, étonnement, il n'était pas armé et semblait être là contre son gré. Du moins c'est ce que son air laissait suggérer.

Pendant ce temps, Mira et Simbad rapatrièrent le dernier corps à côté des autres, les ligotant les uns aux autres.

- Mais monsieur, cette brutalité ne sert à rien, balbutia le bureaucrate en levant les mains, je ne suis au courant de rien du tout !!!

Grundal resserra sa poigne.

- Alors, pourquoi font-ils appel à toi pour les échanges ? Étrange non, qu'ils te fassent confiance ?

- Mais non, je vous jure ! Un garde surveille toujours les transactions pour veiller à ce qu’aucune erreur ne soit commise !

Simbad, curieux, s'avança de la table, puis se baissa pour ramasser l'un des papiers qui jonchait le sol.

- Grundal, regardez ! Leurs documents sont officiels... Ils proviennent du ministère des finances publiques et sont pré-tamponnés, s’étonna le professeur en feuilletant les différentes pages.

- Voyez-vous ça, monsieur le fonctionnaire aide à blanchir de l'argent ! Vous en savez de toutes évidences plus que vous ne pensez. Vous allez nous suivre !

- Qu'allez-vous faire de moi ? demanda le gobelin tétanisé.

- Rien si vous suivez exactement mes consignes, déclara le détective en reposant sa victime au sol. Mira ?

- Oui ?

- Peux-tu attacher les mains de notre ami et...

C’est alors qu’une immense explosion retentit au loin brisant le silence des quais. La secousse fit trembler tout le bâtiment faisant tomber quelques vitres au passage. Tous par réflexe se courbèrent craignant qu’un débris ne leur tombe dessus.

Cela ne venait pas du port mais de légèrement plus loin. Grundal aperçut une lueur rougeâtre au travers des vitres de l’entrepôt. En vitesse, ils sortirent et constatèrent avec stupeur une grande colonne de fumée parsemée de braises éclairer le ciel.

- Par la Colonne qu'est-ce qu'il se passe !!! s'exclama Grundal.

- Ça vient du musée, fit Mira en repérant les lumières. Ce n'est qu'à quelques rues d'ici, que fait-on ?

La voie lactée visible plus tôt dans la soirée avait laissé sa place à une aura menaçante faisant pleuvoir des braises et des cendres sur tout le quartier.

- Grundal, le musée est à deux pas et ils pourraient avoir besoin de notre aide en attendant la brigade anti-feu, intervint Simbad. Imaginez qu'il y ait des citoyens prisonniers des flammes !

Le nain analysa silencieusement la question, les yeux rivés sur le halo de flammes qui s’élevait petit à petit au-dessus des toits. La situation ne le rassurait guère mais son partenaire avait raison, ils étaient les personnes les plus proches du lieu de l'explosion. Mais cela signifiait laisser partir le fonctionnaire.

- Écoute moi bien fiston ! dit le nain en lui mettant la main sur l'épaule. Allez-y mais surtout ne prenez aucun risque inconsidéré compris ? Je dois ramener le gobelin à l'agence.

- Allons-y Simbad ! fit Mira en commençant à partir.

Grundal attendit que Mira s'éloigne pour rattraper à l'elfe par la manche.

- Et surtout je t'en prie... Protège-là, tu m'entends ?

- J'y veillerai Grundal, je vous le promets !

Il les regarda s'éloigner dans l'obscurité des rues, Mira en tête. Le détective resta quelques minutes à regarder le ciel, persuadé au fond de lui que des forces s’étaient mises en marche.

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