Prélude

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Une pluie diluvienne s'abattait sur la ville, à tel point que l'eau des caniveaux commençaient à recouvrir les routes bosselées des bas-quartiers. Plusieurs lampadaires s'étaient déjà éteints à cause de l'humidité, laissant une majeure partie des rues dans la pénombre.

Tout était désert. A cette heure même les derniers ivrognes avaient quitté les bars pour rentrer chez eux. Seul le son des gouttes sur les toits venait rompre le silence nocturne.

C'est alors que des bruits de pas résonnèrent. Les rats longeaient les murs pour fuir la présence qui cavalait au travers des rues. D'une allure effrénée, l'individu courait sans faire attention aux flaques qui couvraient la chaussée. Il s'arrêtait par moment pour reprendre son souffle et regarder, terrorisé, ce qui le poursuivait. Mais rien, l'obscurité ambiante masquait tout ce qui se trouvait cinquante mètres plus loin.

Les vieux mendiants, qui étaient recroquevillés sous des décombres de batisse, ne lui jetèrent qu'un bref regard avant de se rendormir enroulés dans leurs vieux draps humides.

L'homme ne les remarqua même pas, trop effrayé par ce qui se trouvait derrière lui. En voulant traverser une voie, il manqua la descente d'un trottoir et s'écroula dans une large flaque boueuse, faisant tomber son haut de forme.

On entendit alors un cri aigu et perçan qui brisa le silence.

Ses yeux s'écarquillèrent, sa respiration saccada quand il aperçut deux yeux rouges le fixer dans l'obscurité. Il se releva puis reprit frénetiquement sa course, abandonnant son couvre-chef au gré des eaux pluviales. Jamais il n'avait couru aussi vite, la peur semblait lui donner des ailes.

Ses jambes tremblaient et manquaient à chaque pas de le faire chuter à nouveau. Des larmes coulaient le long de ses joues et se mélangeaient aux gouttes qui fouettaient son visage.

Son logis, seul lieu de sureté d'après lui, n'était plus très loin. Il devait faire vite. C'est pourquoi il traversa des petits ruelles escarpéee, des passages que d'ordinaire il n'aurait jamais emprunté. Mais là, il ne faisait plus attention à rien.

Arrivant dans sa rue, il renversa une poubelle au milieu du trottoir avant de s'aplatir lourdement contre sa porte.

Malheureusement, elle était vérrouillée. Tremblant et jetant des rapides regards en direction de la ruelle, il chercha ses clés. Tout en sanglotant, il tenta d'insérer une clé dans la porte mais il ne réussit qu'à faire tomber le trousseau.

C'est en le ramassant qu'il entendit la poubelle rouler lentement sur les pavés. Se retournant, il la suivit frénétiquement du regard comme si une menace en émanait. Sa respiration stoppa quand en relevant la tête, il vit deux jambes nues qui flottaient.

Il poussa un cri d'effroi. S'ensuivit un autre plus strident et glaçant. Puis, plus rien...

La nuit retrouva son calme ordinaire, le bruit des gouttes berçant à nouveau la ville dans son sommeil.

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