Ce texte avait, à l’époque de l’affrontement meurtrier entre mes deux frères, été interprété comme une prophétie annonçant la fin du conflit. Et dès que celui-ci fût terminé, le texte est tombé dans l’oubli. Qu’il me soit revenu à l’esprit juste avant le défi de Bel….

Une seule question restait en suspens. Qui étaient les ailes mauves ?

Ayant l’impression d’avoir fait le tour du personnage, et surtout étant convaincu qu’Eva allait jouer un rôle dans notre renaissance, je suis sorti de ma bulle. Le spectacle qui m’attendait dans la grande pièce de contrôle ne pouvais que me conforter dans mon idée.

Alors que depuis des siècles, mon peuple ne s’intéressait quasiment à rien, qu’ils discutaient à peine entre eux, menant des vies de solitaire aux quatre coins de l’univers, La grande salle de contrôle bruissait de conversations. Une centaine des miens se trouvaient réunis et parlaient par petits groupes. Une multitude d’ailes colorées s’agitaient au gré des éclats de voix plus ou moins enflammés.

Je regardais, étonné, les miens discuter entre eux quand une main se posa sur mon épaule. Je me retournais pour découvrir Mic, souriant.

— Etonnant non ? Ça dure depuis plus de trois jours. Ça a commencé quelques heures après ton isolement, et depuis trois jours, la salle est pleine. Il y en a même qui discutent à l’extérieure.

— Et ils parlent de quoi ?

— De Bel, de toi et du défi qu’il t’a lancé.

— Du défi ?

— Tu ne te rappels pas ? Il t’a dit vouloir s’opposer à toi pour le bonheur de l’humaine.

— Eva, oui, je me souviens de ce qu’il a dit. Il faut que je le vois, où est-il ?

— Je ne sais pas, mais tu sais le trouver. Que se passe-t-il ?

— Je ne sais pas encore. Du moins je n’en suis pas sûr.

— Tu as l’air bizarre Gab.

— Bizarre ? Regarde autour de toi. Tu l’as dit toi-même, c’est étonnant. Quelque chose est en train de changer, il faut que je trouve Bel.

Je sortis de la pièce en zigzagant entre les ailes aux milles nuances de vert, de bleu, de rouges et me retrouvais rapidement seul, ayant laissé le brouhaha derrière moi. Seuls les neufs pouvaient retrouver n’importe quel membre de notre peuple, où qu’il soit, et le contacter en esprit.

Je localisais rapidement Bel sur la planète Terre.

— Bel ! Il faut que l’on se voit, je dois te parler.

— Tu veux déjà abandonner mon frère ?

— Abandonner quoi ? Je dois te parler d’Eva.

— Ta petite humaine ? Je suis justement en train de l’observer.

— Bel, arrête ça, ça n’a aucun sens.

— Que tu dis. Je ne me laisserais pas faire, c’est trop amusant. Tu as vu la salle pleine ?

— Justement, réfléchi Bel, il se passe un truc.

— Oui, les nôtres veulent nous voir nous défier. Nous allons les contenter.

Et Bel a coupé la conversation. J’avais eu le temps de visualiser le lieu où il était.