Le temps se répète

4 minutes de lecture

_ Putain, vous vous êtes embrassés! paniqua Naomi.

_ je croyais qu'il était gay, éclata Carla.

Elles enchaînèrent leurs questions, affolées par la scène dite sortie d'un film.

_ Oui, bah non je ne peux que te dire que j'ai tout gâché. Non, il l'est pas. Bon sang! Qu'est ce qui t'est passé par la tête pour le penser!

_ Les charmants sont souvent gay.

Qu'est ce qu'elle est conne cette fille!

_ Vous connaissez l'histoire, donc facile de prévoir ce que j'ai fait et ce que je pense de tout ça, conclus je, agacée.

_ Oh, je suis désolée, je ne sais pas ce qui m'a pris, je...euh, m'imita Naomi.

_ Et tu lèves les yeux au ciel en pensant à ton film de merde et en priant que tu ne tombe pas amoureuse de lui, ajouta Clara.

Great. Elles étaient si proches cette fois à prévoir ma réaction.

_ Ta gueule.

En rentrant ce soir, une foule géante m'attendait dans la maison. Au début, je crus que je m'étais trompée de porte, cependant, c'était le même accroche-clefs accroché à l'entrée, le même attrape rêve et le même potager de fleurs au coin du jardin. C'était ma maison!

Je bousculais le tas de lycéens ivres éparpillés partout, sautai une flaque de vomis dégueulasse, et grimpais l'escalier que certains avaient élu comme refuge, quand je tombai nez à nez avec une fille de ma classe.
Elle m'expliqua que Jace fait la fête à l'occasion de la fin de l'année scolaire, et que pour cette raison tous les terminales sont là. Dans MA maison.

J'ouvris la porte de ma chambre et tombai sous deux tourtereaux qui se pelotaient. Je les chassai à grand coups de pieds pour finir seule et commencer mes devoirs, en dépit de la pollution sonore qui venait du bas.

Je me battais pour ne pas dormir lorsque je reçus un message de Carla, qui s'invitait elle même chez moi. Et même pas dix minutes passés, elle atterrit dans ma chambre avec un tas de boissons alcooliques. Notre propre fête commença tout de suite.

_T'as vu ton frère le matin? Avec sa bande de footballeur?

*******

Calée, je vidais le contenu de mon estomac. On avait bu jusqu'au bout. Ma meilleure amie tenait mes cheveux. Elle décida d'aller me chercher une aspirine pour les maux de tête qui m'attaquaient.

Je m'endormis en attendant celle qui n'est jamais venue.

Habituellement, un samedi, c'est la journée du Basketball, même si on le jouait presque tout le temps. On s'est réservé ce jour pour le faire plus régulièrement. Je me réveillai à bout de force, pris ma douche accompagnée d'une migraine barbare qui me fracassait le crane. Le bas de la maison qui servait la veille à une piste de danse et au buffet était étonnement bien rangé. La flaque de vomi a disparu, et à ma grande stupéfaction, aucun verre, aucune bouteille, aucune assiette ne traînait par terre. Aucun son n'émanait du lieu, on aurait dit une maison inhabitée si on ne remarquait pas la télé mise muette.

Mon frère ainsi qu'un autre garçon, que je ne reconnus pas, se regardaient les yeux grands ouverts. Ils avaient l'impression d'être hors zone puisqu'ils n'avaient même pas remarqué ma présence.

Je m'en foutais. Mon véritable problème était l'éclipse nocturne de ma meilleure pote. Je lui envoyai un message auquel elle ne tarda pas à répondre. Elle m'informa de l'urgence familiale qui l'a poussée à partir.

J'informai ensuite le basketteur des maux de tête qui m'accablaient, pour m'éviter une partie de notre sport collectif dans cette chaleur caniculaire.

Une fois seule, je relus le message de Yvann, et décidai de répondre.

Ma première tentative se concrétisait en un gros doigt d'honneur accompagné de:

"Mon cher Yvann, je crois que tu t'es trompé de numéro, je n'ai plus aucune raison pour croire tes mots vaniteux, ni pour me lier à toi. J'ai eu assez de ce mensonge sucré que tu mijote dans ton coin. Il vaut mieux que tu ailles chercher ta salope que de perdre ton temps en essayant de me convaincre que tu n'est plus le sale connard."

Mais je me ressaisis rapidement, et rédigeai une bonne réfutation de son invitation.

A: Yvann Jones,

Salut! Je vais nickel. Et toi?

Oui c'est beau ici, je me suis habituée au climat, Il le fallait enfin.

Je ne crois pas que je pourrais venir, ce n'est plus mon truc les BucketList, et je ne risquerais pas de voyager avec un inconnu encore une fois.

Désolée,

A plus.

Je n'ai ps réussi à rester objective vers la fin. Un sentiment d'amertume s'empara de moi, mais céda rapidement sa place à une colère diabolique,si jalouse qu'elle ne me partagea avec aucun autre sentiment ni avec aucune autre idée.

Je revis le jour de la pendule, et mon corps affaibli se secoua de frissons. Ma vue se brouilla.

Comment peut on être si maléfique? Comment une telle cruauté peut habiter l'Homme. Comment...

Une notification vint interrompre mes questions existentielles.

De: Yvann Jones,

Laisse toi reconnaître cet inconnu comme t'as fait le premier jour. Laisse toi reconnaître cette nouvelle personne.

Comment une personne te demande de lui pardonner alors que tu n'as même pas pardonné à toi même pour l'avoir connu, pour lui avoir laissé une chance d'entrer dans ta vie?

Comment fonctionne le seau que certains ont dans le crane, pour les faire croire qu'ils ont la permission de s'infiltrer dans les vies des autres et de foutre le bordel dedans et qu'ils seront pardonnés sur le champs après?

Mais comment je suis devenue cette personne haineuse? Mon père m'aurait gueulé dessus pour cette attitude que j'ai adopté.

La Trahison. Il m'a trahi.

L'aventurière pris possession de moi, et je lui réécris la même réponse avec laquelle j'ai répondu quatre ans plus tôt.

A: Yvann Jones,

Fais voir la personne que tu es devenu.

Je me connaissais assez bien pour savoir que dès que le sang qui coule dans mes veines se refroidira, je regretterais cette carte sortie au mauvais temps et avec la mauvaise personne.

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