Trois mois

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Ma dernière année se passait bien en moyenne. Depuis le sacré speech avec ma mère, on s'est adressée la parole tellement de fois plus que je n'ai jamais imaginé. Il le fallait, enfin, elle était ma génitrice, et malgré tout ce qu'elle a fait, elle reste ma mère. J'ai essayé quand même d'être un peu moins chiante, et on s'est fait un câlin un certain jour.

J'attendais mon meilleur ami en jouant avec Stormy, qui jappait. Aujourd'hui on allait fêter nos trois mois d'amitié, et puisqu'on s'est rencontré pour la première fois au stade de basket, il s'est arrangé grâce à ses connaissances multiples (dont il se ventait toujours) pour nous le vider, Naomi et Carla allaient venir aussi.

La voiture se gara dans le parking du bahut, je n'en fis même pas attention, j'étais plongée dans mes pensée et il fallait que Mauris m'appelle au moins quatre fois pour que je remette les pieds sur terre. Je retrouvai Carla près de nos casiers, qui étaient voisins et qui ont causé notre amitié, Naomi près du sien, nous attendant, puis la séance d'anglais nous fit appel.

Ces deux heures ennuyantes ne comptaient pas finir à ce qui paraissait. Notre prof n'a pas cessé de chanter sa fameuse citation : Much Noise ! Be Quiet please !

La fin des cours journaliers se déclencha finalement.

Je passais prendre mon cadeau, mon skate et me dirigeai vers le terrain.

Contrairement à mes prévisions, le lieu n'a pas été aménagé en salle de fête. On allait jouer, l'attitude de défi qu'affichait mes trois amis m'en rendit compte. Quand je roulai mes yeux, remarquant ma tenu inconvenable, Carla sourit et me balança mon sac de sport, ainsi que les clés de sa voiture. Great.

Après une véritable guerre dans la voiture de ma pote, une partie enflammée commença, nous nous étions divisés en deux, Maurizio avec Carla et Naomi avec moi.

Allongée sur le sol, je respirais à nouveau après ce match dur, auquel j'ai perdu. Les filles s'apprêtaient à partir. Le fêté rangeait ses affaires.

_ Bouge ton cul je vais te déposer chez toi, lança- t il.

Je connaissais ce message secret, car on l'a déjà utilisé quelques fois avant pour désigner notre endroit secret, je savais aussi que la fête allait commencer maintenant.

_ Je me sens coupable de ne ne pas avoir averti les filles, avouai je en montant au siège passager de sa voiture

_Ce sont elles qui ont voulu nous laisser un peu de temps tout seuls.

La route se passa dans une ambiance accueillante, il tentait vainement d'adapter ses cordes vocales sur les rimes opératiques d'Andrea Bocelli, ce qui me faisait rire.

_ Je m'améliore, non ?

_ Oui, tu ressembles moins à une chèvre qui accouche. Maintenant, tu ressembles plus à un coq qui s'étouffe, le taquinai je.

Une fois au pied de la foret, il sortit plein de sacs de son coffre. Nous les avions montés, puis, on s'est écroulés sur les coussins, toujours éparpillés sur le sol, avec nos boissons et des cupcakes. Nous papotions pour longtemps, et soudain, il sauta comme effrayé. Il se dirigea vers son sac à dos, et sortit une boite, ensuite vers son bureau et sortit une feuille cartonnée rude au toucher. Il me les tendit, et je me réjouissais de ce que je vis.

Mon portrait, visant le cerceau avec la même tenue que je mettais le jour de notre première rencontre. Le même regard tranchant. Ça m'étonne qu'il ait pu redessiner tout ces détails à partir de sa mémoire. Et puis l'ombre de son corps élancé dans le coin. Trop beau. Talentueux.

Il m'invita ensuite à ouvrir la boite, et je demeurai bouche bée, en remarquant les deux bracelets similaires en pierre noire. Il m'enfila le mien, et me tendit l'autre pour le lui mettre autour du poignet.

Après toutes ces surprises, je ne croyais pas que mon cadeau lui plaira. Je m'emparai du sac à dos, que j'ai pris soin de ne pas laisser dans la voiture, et sortis ma boite rectangulaire. Deux semaines plus tôt, je me suis débrouillée pour chercher la première édition de Notre Dame de Paris, son roman préféré. Ma mère n'aurait jamais remporté le prix de meilleure daronne de l'an, mais sa carte crédit m'a permis d'avoir ce livre rare. Dieu merci.

Il jacassa soudain, en remarquant la pièce d'art, et m'étreignit. J'étais sur le point de m'étouffer quand il me lâcha.

_ Tu feras quoi ces vacances ? questionna-t il.

Et oui les vacances d'été seraient dans quelques semaines, et je n'avais encore rien prévu, sauf que je ne les passeraient jamais près de ma soi disant famille.

_ Euh... je ne sais pas, rétorquai je.

_ Tu viens chez moi ?

Ça faisait des mois que nous étions amis, mais je ne savais pas où il habitait, puisque je ne l'ai jamais visité.

_ Dis le à mon manager, mon emploi est trop chargé, imitai je Noami.

Il pouffa de rire, et nous passâmes le reste de l'après midi à regarder des films sur son ordinateur.

Il faisait déjà noir quand nous décidions de nous barrer. On chantait une des chanson "modernes" que je lui ai fait découvrir, et la sonnerie de mon portable retentit, annonçant l'arrivée d'un message.

Mon sang ne fit qu'un tour lorsque je remarquai le nom qu'affichait l'application d'identification des numéros non enregistrés dans mon répertoire.

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