Attendre

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« Joaquim, tu es un imbécile ! Et arrête de parler pour ne rien dire, concentre-toi plutôt sur le plan ! Si tu veux être discret, évite la douane et l'autoroute. Pour l'argent, 5000 euros devraient amplement te suffire.

— Surtout que c'est de francs dont j'ai besoin !

— Je vois que tu n'as vraiment pas d'arguments.

— Non... »

L'arrivée de Joaquim se révèle plus utile que je ne le pensais : il distrait mes ravisseurs. Ça reste risqué et très dangereux, mais aussi difficile soit mon évasion, je peux arriver à quelque chose.

« Si seulement tu passais autant de temps à préparer ta fuite que tu n'en passes à trouver des excuses... Non, rentre chez toi. Et tâche de ne plus me faire perdre mon temps. »

Je ne pense pas que la visite de ce Joaquim ait duré plus d'une demi-heure. Je n'en sais pas vraiment plus sur lui que lorsqu'il est arrivé. N'empêche que ça pourrait m'aider à m'en sortir si je dois finir en prison. Dénoncer les complices pour avoir une réduction de peine... Je n'en suis pas encore là. J'en suis même loin. Pour l'heure, les deux malfaiteurs reportent leurs plans à demain, le temps de dormir, je suppose.

Je me retrouve dans la chambre, surveillé de près par le même type et l'enceinte joue encore de la musique. Une journée perdue... Le sommeil ne me vient pas. À force de fermer les yeux, ils commencent à me faire mal et toujours aucun signe de sommeil. Au contraire, j'ai plus l'impression d'avoir les yeux grands ouverts qu'autre chose.

Dans ce cas, autant réfléchir à comment se libérer.

La fenêtre... Ça pourrait se faire... Si je la défonce et que je cours suffisamment vite pour les semer, je serai libre ! Mais qu'est-ce que je vais faire ensuite, si ça marche ? On me prend pour un fugitif, alors comment se débrouiller pour ne pas se faire massacrer à chaque carrefour ? Si je pouvais arriver jusqu'à une gendarmerie et faire semblant de me constituer prisonnier pour pouvoir m'expliquer... Mais personne ne va me croire... Même moi je ne me croirai pas si seulement ce n'était pas en train de m'arriver...

Que faire...

Sa mère ! Pourquoi les choses ne vont jamais comme elles devraient aller... Tout ça n'a aucun sens : si j'étais vraiment un criminel, je devrais au moins savoir pourquoi je fais ça, mais là je ne vois aucune raison...

C'est juste n'importe quoi !

Est-ce que ça se fait toujours de s'engager dans la Légion étrangère pour échapper à la justice... Ou alors je m'exile quelque part où on ne pourra plus me retrouver... La Mongolie, par exemple, vivre en ermite dans le désert... Mais est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Non, ce que je dois faire, c'est tout raconter à la police et faire tomber ces criminels au prix de quelques années de prison. Ils finiront bien par se faire arrêter si j'aide la police à les retrouver...

Je peux accepter mon sort parmi les malfaiteurs mais je m'imagine difficilement en train de faire carrière dans le Milieu. Et puis, ce n'est pas ça que je veux. Alors pourquoi ça devrait changer ? Je ne voudrais pas avoir à faire ça non plus puisque ça ne ferait qu'empirer la situation... Laissez-moi tranquille... Je veux juste retrouver une vie normale... Rentrer chez moi... Tout ce que vous voulez mais laissez-moi sortir d'ici...

Je ne vois absolument rien dans la pièce... Si je ne me savais pas gardé, je me croirais seul... Je n'arrive pas à entendre d'autres respirations que la mienne... C'est une drôle de sensation que d'être dans la plus épaisse obscurité, de n'avoir aucun point de repère peu importe combien on cherche, se sentir perdu dans cet espace effrayant... Je me rappelle que le bruit que j'entends s'appelle musique... Je l'avais presque oubliée... Je suis content de l'entendre...

La musique adoucit les mœurs...


« Bon sang, lève-toi ! »

C'est à peu près au même moment que je tombe à terre. On me fait déplacer encore une fois dans l'autre pièce. Qu'est-ce qui m'attend cette fois ? Non, je ne veux pas le savoir. Sauf si on me dit que je vais pouvoir être débarrassé de ces deux-là qui me retiennent prisonnier.

Le chef est de mauvaise humeur : ses mouvements sont brusques, son visage est dur et ses yeux transmettent la colère. Il est agité, ce qui ne laisse rien présager de bon pour cette journée. Je le vois qui est pensif, comme lorsqu'on réfléchit à quelque chose sur lequel on n'arrive pas à se décider. S'il a des doutes, je peux essayer de le convaincre de m'épargner. M'épargner...

« Bien, avant de commencer, est-ce que tu ne te souviens vraiment de rien ?

— Non.

— Alors c'est moi qui dois m'en occuper... Ce n'est pas vraiment ce à quoi je pensais lorsque j'ai commencé mes études de médecine, mais bon, je peux quand même me débrouiller pour te faire revenir la mémoire.

— Vous allez me torturer ?

— Non, pas moi, pas selon moi. Contente-toi de répondre à mes questions. »

À cet instant, j'ai un doute : pourquoi veut-il à tout prix me faire retrouver la mémoire. Il pourrait très facilement se débarrasser de moi, de la manière qu'il veut. Est-ce que je suis plus utile vivant que mort ? Est-ce que je sais quelque chose dont il ne peut pas se passer ? Pour un gars comme lui, ça devrait être l'argent, la rançon. Je suis peut-être le seul qui sait où la récupérer. Génial ! Il n'y a pas mieux comme assurance-vie que ça. Je peux négocier ma libération, dans ce cas. Il ne va pas risquer de perdre cinquante millions aussi bêtement. Me voilà rassuré...

« Première question : de quoi te souviens-tu ?

— Rien.

— Bien sûr... Quel est le dernier souvenir que tu as de l'enlèvement ?

— Je n'en ai aucun.

— Évidemment... Mais tu as forcément le souvenir de quelque chose, même si ça n'a pas directement un rapport avec l'enlèvement. Alors de quoi s'agit-il ?

— Je suis rentré chez moi, j'ai révisé mes cours et je suis parti me coucher tôt. Ensuite, je me suis réveillé dans le sous-sol du bâtiment abandonné.

— C'est un début. »

Mon interlocuteur s'arrête un instant devant la fenêtre. Il regarde dehors, comme s'il allait trouver la solution qu'il cherche dans sa tête. Je me suis trompé : il n'est pas agressif. Quelque chose le perturbe et il s'agite de temps en temps, mais dans l'ensemble, il est calme, il garde le contrôle. Plus je l'observe et plus je me dis qu'il doit avoir une personnalité impressionnante, que si je pouvais mieux le connaître, je pourrais véritablement savoir quel homme incroyable il est vraiment.

« Continuons ! dit-il, en se retournant. Tu es rentré chez toi comme pour un jour ordinaire ?

— Oui.

— Tu en sûr ?

— Oui... j'en suis sûr.

— Est-ce que c'est vraiment ce qui s'est passé il y a trois jours ou est-ce que c'est juste un jour quelconque, un jour comme un autre ?

— Je ne comprends pas.

— Quelle plaie ! On va dire que ça n'a pas tellement d'importance. Tu ne te souviens ni du plan ni de la lettre ?

— Non.

— C'est pourtant toi qui as écrit la lettre et le plan vient de toi à la base. Est-ce que tu as une explication valable pour ça ?

— Si j'en avais une, je l'aurais déjà donnée. »

Je ne sais pas comment c'est possible. Ce type est en train de dire que je suis un criminel, tout comme eux, et il insinue que c'est moi le cerveau de la bande. Est-ce que c'est une technique pour me déstabiliser ? Qu'est-ce qu'il cherche, qu'est-ce qu'il me veut à la fin ?


L'interrogatoire devient interminable. Je reçois des questions pour lesquelles, la plupart, je ne connais pas la réponse, mais souvent, je ne comprends pas plus les questions. Je n'arrive pas à saisir une explication logique ou quoi que ce soit qui tienne la route. J'ai essayé de cerner la personnalité de mon interrogateur, en vain. Il fait les cent pas, il va et vient de la porte à la fenêtre, des fois il s'y arrête un instant pour méditer, avant de reprendre le flot ininterrompu de ses questions.

« Bon sang ! dit-il soudainement. Bon, quelle heure est-il... une heure. Quatre heures parties en fumé. Tu n'aurais pas faim, par hasard, Gangi ? Désolé de ne pas vraiment pouvoir te proposer beaucoup plus que des croque-monsieur. Tu ne m'en veux pas ?

— S'il n'y avait que ça, Léonard...

— Comment tu connais mon nom ? »

Qu'est-ce que ça veut dire ? Non, pourquoi j'ai dit ça ? Dis-lui que c'est l'intuition. Comment, exactement, est-ce que tu espères que ça va fonctionner, ton plan ?

« Depuis que tu es revenu, on ne te l'a jamais dit. On va faire plus simple : comment il s'appelle ? demande-t-il, en m'indiquant son complice. 

— Idriss...

— Tu vois que tu t'en rappelles, dit-il, esquissant aussi un sourire satisfait. Il y a bien des éléments dont tu te souviens. Jusqu'à présent, je peux dire avec une certaine aisance, que tu souffres d'une amnésie post-traumatique. Si ce n'est pas ça, c'est triste d'être déjà gâteux à ton âge. »

Pendant un long moment, il ne dit plus rien. Il semble s'être complètement désintéressé de moi. Seuls quelques coups d'œil montrent que ce n'est pas le cas. Il reprend sa posture pensive en regardant l'extérieur de loin. Ses doigts fins et agiles tapotent le bureau en bois massif. Son style ancien s'accorde bien avec l'autorité que dégage le chef. J'entends la poêle grésiller et l'odeur du repas m'arrive jusqu'aux narines ; je commence à avoir l'eau à la bouche.

Lorsque je reçois ma part, quatre croque-monsieur, comme les autres, c'est ce détail qui me frappe : comme les autres. Les voir manger tranquillement, ça serait presque une scène de tous les jours, un repas entre copains. Des gars gentils qui aiment s'amuser, insouciants, comme des enfants. Comment ces deux-là peuvent être des criminels, comment est-ce que ça en est arrivé là ? « Je l'aime bien celle-là. » confie Idriss avant de se mettre à chantonner. « Oui, elle est bien. » ajoute son copain.

La musique joue encore. Je me surprends à chantonner aussi dans ma tête. C'est la première fois que je l'écoute vraiment. Le morceau suivant me dit quelque chose, celui d'après aussi. Au bout d'un certain temps, je finis par toutes les reconnaître : les animes que je regardais enfant, les jeux vidéo auxquels je jouais... Tellement de nostalgie, et ces musiques qui m'ont soudainement l'air bien tristes. Elles touchent beaucoup de mes émotions, elles me rappellent mon enfance, les mangas que je lisais avec tant de passion... Tout ce que je n'ai plus maintenant que je suis un adulte et que j'ai déménagé dans un nouvel appartement, un appartement bien vide dont personne ne regrettera ma disparition.

Je dois avoir les yeux humides parce que Léonard essayes de me réconforter : « Allez, ne soit pas triste, dit-il d'un air bienveillant. C'est vrai qu'elles sont émotionnelles ces musiques. On ne dirait pas. Mais si on se laisse entraîner, alors on s'aperçoit qu'elles ne sont pas si mal, et même qu'elles sont belles. »

La pluie tape contre la fenêtre, floutant la vue sur l'extérieur, la liberté si proche et si lointaine. Elle accompagne la musique qui joue telle un fond sonore, une musique d'ambiance. La première chose que je fais lorsque je sortirai d'ici, ça sera d'aller dehors sous la pluie. J'en fais la promesse.

Les croque-monsieur sont bons. Plus élaborés que le simple saucisson qu'ils m'ont donné les autres fois mais toujours pas de quoi faire un repas gastronomique. Pour l'heure, je me limite à deux tranches de pain de mie, une tranche jambon et une tranche de fromage. Allez, lorsque je sortirai d'ici, j'ouvrirai un restaurant en ville. Ensuite, parce qu'il aura beaucoup de succès, j'en ferai une chaîne de restaurants réputés. Quel imbécile tu fais, Samuel !

Il me vient alors en tête de leur poser une question : « Pourquoi vous faites ça ?

— Bonne idée, répond le chef. Si c'est toi qui pose les questions, tu auras plus de chances de retrouver la mémoire. »

Vraiment, à quoi il ne faut pas s'attendre avec eux...


« Pose-moi les questions que tu veux, je verrai si je peux y répondre. »

Ce sont les mots de Léonard. Maintenant, c'est à mon tour de jouer. Comme si tout ceci pouvait se résumer à un jeu ! Il est peut-être préférable que j'élabore une stratégie dans mes questions, leur donner une structure, comme on dit. Si je posais les questions qui fâchent d'abord ? Il se pourrait que ça fâche, effectivement. Alors, des questions simples en premier, ensuite les questions qui fâchent. Je dois aussi penser à me dépêcher sinon il arrêtera tout avant que j'ai le temps de trouver ses faiblesses.

« Depuis que je suis ici, je dois me trimballer cette enceinte d'une pièce à l'autre : pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle a de spécial ?

— C'est très simple. Il y a principalement deux raisons à cela.

— Je voudrais bien les connaître. »

Assis à son bureau, il s'enfonce encore plus profondément dans son fauteuil. « Une de ces raison est que la musique couvre nos voix. » dit-il, avant de marquer une pause. Il sort un pistolet de son manteau et commence à viser le mur à ma droite. « Ainsi, on ne nous entendra pas, que nous parlions ou que je tire. » Je remarque le silencieux au bout du canon ; malin.

« L'autre raison est plus accessoire mais pas moins utile. » poursuit-il, rangeant son arme où je ne peux la voir. « Un peu de divertissement ne fait pas de mal. Il faut bien un peu de douceur dans ce monde de brutes, si je puis dire. C'est toi qui y as pensé. » rajoute-t-il. Je ne m'attendais pas à ce que la réponse soit déjà si noire.

Je continue : « C'est moi qui ai pensé à tout ça ?

— Exactement.

— Et la lettre ? Ce n'est pas mon écriture à la fin !

  • En même temps ça pourrait être l'écriture de n'importe qui : tu as fait exprès d'utiliser une écriture neutre pour confondre les enquêteurs si jamais ils arrivaient à l'avoir. »

S'il disait vrai, les journaux n'auraient pas affiché ma photo partout. Je ne comprends pas son jeu. Pourquoi continuer à dire que c'est moi s'il en sait manifestement plus que moi ? C'est comme s'il avait réponse à tout. C'est sa photo à lui qui devrait être sur tous les journaux ! Je ne comprends pas comment il a pu faire passer mon visage à la place du sien. À moins qu'il n'essaye de me manipuler pour que je joue le rôle du coupable... Je ne serais qu'un leurre ?

« Vous allez me tuer ?

— Non, disait l'arracheur de dents.

— Alors, à quoi je vous sers ?

  • C'est vrai que dans cet état d'esprit tu n'es pas très coopérant. Mais il faut bien terminer l'opération : on ne va quand même pas arrêter en si bon chemin. »

Qui est cet homme qui se fait appeler Léonard et qui ne montre aucune faiblesse ? D'une part, il est sérieux à en faire peur, et de l'autre, il est décontracté à loisir. J'ai du mal à croire qu'il soit si dangereux que ça pour un criminel. Je me dis qu'il est peut-être trop confiant, le plan doit bien avoir une faille quelque part. Je vérifie mes doutes : « Comment ça se passe pour la rançon ?

— Bien, pas de problème à signaler.

— Mais en cas d'enlèvement les comptes bancaires de la famille sont gelés.

  • Ce n'est pas un problème. »

Et pourtant, c'est plutôt important comme détail. Ou alors, ce n'est pas le but de l'opération. Voilà que je parle comme eux, maintenant ! Ils doivent vraiment être très forts s'ils réussissent à toucher l'argent de la rançon. Déjà, la police ne paye pas et si elle paye, l'argent est tracé. Il n'y a pas moyen qu'ils puissent y arriver.

« Pas un problème ?

— Tout à fait. Tu n'as pas à t'inquiéter.

— Tant d'optimisme...

— Non, c'est juste que nous sommes prévoyants. Même s'il devait y avoir, comment dire... un imprévu, cela ne m'empêchera pas de mener à bien ma part de l'opération. Tout comme l'opération elle-même ne représente pas un danger sérieux pour qui que ce soit. De notre côté, en tout cas. »


Léonard ressort encore son pistolet pour le pointer près de moi. Tâchant de le distraire, je tente de détourner son attention. « Qui est Joaquim ? » Cela semble fonctionner car il interrompt son entraînement de tir pour me répondre : « Un ami... Faisons simple pour le moment. »

Scrutant à nouveau l'horizon depuis la fenêtre, Idriss s'approche de lui tout en me tenant à l'œil. Un peu inquiet, il lui chuchote quelque chose à l'oreille. Inévitablement, je n'entends pas de quoi il s'agit, la musique couvrant sa voix trop basse. Seul un « Tu crois ? » me parvient. La réflexion se poursuit quelques minutes au rythme de la pluie qui tombe. Je sens de l'hésitation dans l'attitude du chef. « Non, dit-il. Pas avant que je ne sois parti. »

J'essaye de m'incruster dans la conversation : « Qu'est-ce qui se passe ?

— Rien de bien important.

— Vous allez vous débarrasser de moi ?

— Non... »

Soudain, il se retourne avec un regard empli d'une sorte d'incrédulité. Il se charge bien vite d'agacement et de colère. Il s'approche, les pas lourds créant une atmosphère pesante. Le pistolet se dresse lentement jusqu'à pointer en ma direction. Ce n'est plus un jeu, l'arme ne vise plus à côté de moi ; il suffit d'une pression sur la gâchette pour que je reçoive la balle en plein corps.

« On ne se débarrasse pas des gens, comme tu dis ! Je ne suis pas médecin : cardiologue et chirurgien pour tuer des gens, bon sang ! Imbécile, tu as peut-être perdu la mémoire mais tu n'es pas censé avoir un caractère pourri ! » Cela dit, il range le pistolet avant de m'asséner un violent coup de pied au diaphragme. Je n'arrive plus à respirer...

« Il est regrettable que tu aies tout oublié de l'Organisation. Tu ne me rends la tâche que plus difficile, bien que je doute que ton amnésie ne soit un réel problème. Je vais quand même demander des instructions au Maître pour savoir ce qu'il en pense. D'ici là, tu vas rester enfermé dans la chambre. »

La scène est pathétique : je me tords de douleur en me faisant pousser par Idriss. Ce dernier me met des menottes au poignet qu'il attache à la table de nuit. Discrètement, je vérifie la solidité du lien. Étrangement, la table de nuit ne bouge pas et je suis en train de tirer très fort. Léonard entre lui aussi dans la chambre faiblement éclairée.

« Je ne sais pas ce qui a pu te choquer au point d'en perdre la mémoire. Ce que je sais en revanche, c'est que tu ne vas plus bouger d'ici avant que je n'ai mis au clair toute cette histoire. Ne t'inquiète pas, je serai rapide.

— Attends ! intervient Idriss.

— Quoi ?

— Samuel, dis-moi, tu tiens beaucoup à Sophie, si je me souviens bien. »

Pas elle ! Ma surprise est trop grande pour la cacher, la colère suit bien vite. Mon visage trahit mes émotions. Je me suis toujours promis que je serais prêt à tout perdre : travail, argent, maison, réputation, amis... mais pas elle.

« Ah ! J'aime mieux ça tout à coup, dit le chef. Tu comprends maintenant que tu dois nous écouter, j'espère. Le Maître saurait quoi faire s'il était ici. La meilleure chose à faire serait de lui expliquer la situation. Enfin... je ne suis pas sûr d'être très enchanté à l'idée de lui raconter tout ça.

— Je vois : vous avez peur de lui.

— Tais-toi ! N'oublie pas que tu l'as déjà rencontré une fois ! N'oublie pas... Je dois avouer que c'est assez ironique en parlant de toi.

— Mais alors, qui c'est ?

— Le Maître est celui qui a vu le potentiel que tu représentais pour l'Organisation, celui qui t'a offert notre aide, celui qui t'a donné une chance pour montrer ton vrai visage... On pourrait continuer longtemps à parler de lui mais je n'ai pas le temps, je dois partir. On verra bien à mon retour comment tu te portes. »


À suivre...

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