25. Château secret

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Maxime

Lorsque je me réveille ce samedi matin, je suis surpris de voir la clarté qui règne déjà dans ma chambre. Je me frotte les yeux et je constate qu’il est déjà presque neuf heures. Ma semaine a vraiment dû être éprouvante pour que j’émerge si tard. C’est étrange que les enfants ne soient pas venus dans ma chambre pour avoir leur petit déjeuner et, pris d’un sentiment de culpabilité, j’enfile rapidement un pantalon de jogging et me précipite dans leur chambre que je trouve vide, à mon plus grand étonnement. Ils sont déjà descendus et ont préparé leur repas tout seuls ? Ce n’est pas possible, si ?

Lorsque j’arrive en bas, je tombe nez à nez avec Miléna dont j’avais réussi à oublier la présence, mon esprit embrumé ne m’ayant pas permis d’accéder à toutes les informations stockées dans mon cerveau. Et ce retour à la réalité est on ne peut plus agréable. Elle est en effet juste vêtue d’un petit short bleu qui ne couvre pas grand-chose et d’un large tee-shirt bien échancré. Apparemment, c’est elle qui a géré le petit déjeuner et les enfants se sont installés tranquillement dans le salon maintenant qu’il est terminé. Lili est en train de lire sur le canapé pendant que Tom écrit ou dessine sur la petite table basse.

— Oh, bonjour, Miléna. Tu aurais dû me réveiller, tu sais ? Ce n’est pas à toi de tout faire à la maison comme ça, tu es notre invitée quand même !

Mon regard se pose sur elle et j’en profite pour la mater alors qu’elle me sourit avant de me répondre. On dirait qu’elle a oublié ce mec arménien avec qui elle a passé la journée de mardi et auquel moi, je pense tous les jours.

— Bonjour, Maxime. J’étais levée, les enfants aussi. Tu devais avoir besoin de dormir si tu ne l’étais pas, toi. Et puis, ça me fait plaisir de passer du temps avec eux.

— Oui, c’est rare que je fasse ainsi la grasse matinée, mais ça fait du bien. Tu es ravissante, ce matin.

Je ne sais pas pourquoi je lui fais ce compliment alors que je m’étais retenu d’en faire depuis que je l’ai vue dans les bras d’un autre, par peur de déranger.

— Merci, Maxime. T’es pas mal non plus, même si tu as la trace de l’oreiller sur la joue, rit-elle en me détaillant de la tête aux pieds peu discrètement.

Je réalise que je ne suis pas dans une tenue très décente avec juste mon bas de jogging sur le corps et une érection matinale renforcée par la vue de la jolie femme devant moi que je parviens difficilement à dissimuler.

— Oui, c’est moi au naturel au réveil, souris-je avant de m’écarter pour la laisser passer. Tu ne manges pasr avec moi ? Tu as l’air bien pressée !

— J’ai déjà mangé avec les enfants, tu sais ? J’allais retourner au deuxième étage pour regarder un peu les meubles pour la suite. Les petits sont occupés, je voulais en profiter.

— Ah oui, d’accord. A tout à l’heure, alors. Je prends mon café et je te rejoindrai sûrement.

Je ne la quitte pas des yeux alors qu’elle se dirige vers l’étage pour reprendre son activité. Même le samedi, elle n’arrête pas. J’avoue que je l’ai un peu évitée ces derniers jours, toujours énervé de l’avoir vue avec cet autre homme dont je suis jaloux, il faut se rendre à l’évidence. Comme si j’en avais le droit alors qu’on ne s’est rien promis tous les deux et qu’il n’y a rien du tout. Juste un bisou auquel je pense encore plus qu’à cet Arménien. Et si quelqu’un devait être jaloux, ce serait plutôt elle vu comment Nina m’a collé toute la semaine. Comme si le fait de savoir que Miléna habite à côté de moi l’avait poussée à se dévoiler plus vite et plus fort qu’avant.

Je me fais couler un café en discutant un peu avec les enfants avant de les laisser seuls en bas pour aller voir où en est Miléna avec les travaux. Lorsque j’arrive dans la suite, je suis surpris de voir tout ce qui a déjà été fait.

— Eh bien ! Quel travail ! C’est incroyable !

Elle a sursauté quand j’ai pris la parole car elle ne m’avait pas entendu venir et se retourne afin de me s’adresser à moi du haut de son escabeau.

— Tu ne devrais pas me faire peur comme ça. Si je tombe, je n’ai pas les moyens de payer un médecin, tu sais ? plaisante-t-elle. Ça te plaît ? Je t’ai dit que j’aimais ça, je m’amuse beaucoup.

— J’avoue que tout me plaît dans la pièce, oui. Et tu as presque fini, en plus. Un petit coup de nettoyage, et on est bon, non ? Ou tu as encore des finitions à faire ?

Je suis admiratif et entre dans la pièce où tous les trous dans la maçonnerie ont été bouchés, les murs repeints, et je vois qu’elle a essayé de reproduire le style et les couleurs qui se situent sur les peintures qui se trouvent dans l’escalier qui mènent à l’étage.

— Je pense que c’est bon. C’est la partie la moins sympa qui arrive avec le nettoyage. Pas ce que je préfère, mais j’ai hâte aussi, parce que je pense que tu as tous les meubles qu’il faut là-haut pour l’aménager.

— T’inquiète pas pour le nettoyage, je vais le faire. Ou on peut faire ça à deux, si tu le souhaites, mais là, c’est déjà formidable, ce que tu as réussi à faire.

— Je te remercie, ça me fait plaisir si ça te va, me dit-elle en descendant de l’escabeau avant d’approcher, pinceau à la main. Peut-être que tu devrais quitter la pièce, j’ai très envie de te repeindre maintenant que je n’ai plus de toile vierge…

— N’y pense même pas ! J’ai pas du tout envie d’avoir de la peinture plein le visage ou le corps !

— Toujours aussi bougon au réveil ? rit-elle en donnant un coup de pinceau à quelques centimètres de mon torse.

— Non, je crois que j’ai juste un petit blocage sur la peinture. Et quand je te vois si pleine d’énergie et si mignonne, c’est compliqué d’être bougon, tu sais ?

— Donc, tu ne vas pas être bougon si j’ose faire ça ? continue-t-elle, mutine, en traçant une petite ligne blanche de quelques centimètres sur mon ventre.

— Mais, arrête ! dis-je avec vigueur en lui attrapant son poignet pour l’éloigner de moi. Non mais, tu n’as peur de rien, toi !

Je la force à se retourner toujours en tenant ses poignets et me colle derrière elle pour éviter toute nouvelle attaque.

— Tu as fait le calcul du nombre de kilomètres que j’ai parcourus pour arriver jusqu’ici ? Tu crois que ton côté bougon et ta mauvaise humeur pourraient me faire peur, vraiment ? rit Miléna en tentant de se défaire de ma prise.

— Tu sais, les Arméniens ne font pas le poids face à moi, tu vois, tu n’arrives même pas à te libérer ! Ou à m’empêcher de faire ça ! ajouté-je en posant mes lèvres dans son cou pour lui faire une série de petits bisous.

— Arrête, glousse-t-elle sans plus se débattre alors que je la sens frissonner contre moi. Tu me chatouilles...

Je continue quelques instants puis m’éloigne d’elle avant que notre petite dispute se transforme en quelque chose de beaucoup plus sensuel que ce que nous nous autorisons.

— Je n’aime vraiment pas la peinture, tu sais. Je crois que la punition n’était pas à la hauteur et t’a bien trop plu, mais si tu pouvais éviter à l’avenir, ça m’arrangerait. On nettoie et on monte voir les meubles qu’on va mettre ici ?

— C’est sûr que ça ne donne pas forcément envie d’arrêter, murmure-t-elle en allant dans la salle de bain humidifier un chiffon qu’elle me tend. Ça va partir plus facilement sur ta peau que sur mon tee-shirt. Désolée, je pensais que tu plaisantais pour la peinture.

— Non, je crois que ça date de mon enfance… Je me suis retrouvé les fesses dans un pot quand j’étais gamin et depuis… J’évite. Et pour ton tee-shirt, il suffit de l’enlever si tu ne veux pas le salir. Facile, non ?

— Si tu aimes montrer tes tétons, tant mieux pour toi, Maxime, mais je ne me promènerai pas les seins nus, moi. Il y a des enfants ici, dit-elle en me faisant un clin d’œil.

— Et pourtant, je suis sûr que la vue ne serait pas déplaisante, rétorqué-je en sortant pour aller chercher le balai et les produits pour tout nettoyer.

Lorsque je reviens, Miléna a déjà commencé à tout enlever et nous nous mettons à la tâche sans échanger de mots. Mais nos regards ne trompent pas. Je suis rassuré de voir qu’elle a toujours cette étincelle de gourmandise, cette lueur d’envie quand elle m’observe. Le ballet que nous exécutons en silence est à la fois excitant et envoûtant. Qui aurait cru que se toucher la main en prenant un seau ou se frôler en enlevant la poussière pouvait avoir une telle charge érotique ?

— Voilà, tout est propre à part ton tee-shirt. Ça a vraiment de l’allure, ici, maintenant, dis-donc ! Bravo !

— Tu as de la poussière dans les cheveux, je crois, sourit-elle en venant passer sa main dedans. Là, il n’y a plus que mon tee-shirt qui est sale.

— Je passerais bien ma main sur le tee-shirt, juste là, dis-je en effleurant sa poitrine, mais ça n’enlèverait pas la peinture. On monte ?

— Ce serait une très mauvaise idée, et ça ne servirait à rien avec la peinture, tu as raison… Je te suis, Maxime…

J’hésite juste quelques secondes à poursuivre mes mauvaises idées mais me contiens et nous montons au deuxième étage où je la précède dans la pièce où sont stockés les meubles que mon père a accumulés dans l’espoir de redonner vie au Château.

— Tu penses qu’on va trouver ce qu’il nous faut ?

— C’est sûr ! Il y a un lit à baldaquin démonté dans le coin là-bas, et je pense que cette armoire va avec. Et les tables, là, pourraient servir aussi, elles sont dans le même ton. Et regarde ce fauteuil, sourit-elle, toute excitée en tapotant dessus, faisant s’élever la poussière.

Je m’approche de l’armoire et essaie de la faire bouger un peu. Elle est assez lourde et je parviens difficilement à la déplacer. Miléna se positionne juste à côté de moi et se joint à moi dans l’effort. On parvient à la pousser un peu vers la lumière qui vient de la fenêtre extérieure et la jolie Arménienne l’ouvre pour voir si on peut la démonter afin de la descendre plus facilement.

— Je crois que ce genre de meubles ne se démonte pas. Il va falloir qu’on se muscle ou qu’on demande de l’aide, tu sais.

— Je crois bien, oui, soupire-t-elle en essayant d’enlever les étagères. En plus, on risque d’abîmer le parquet en la tirant comme ça partout. Elle est vraiment superbe, cette armoire. D’époque, tu crois ?

— Oui, c’est mon père qui l’a ramenée ici. Il n’achetait que des meubles d’époque. Il va falloir faire attention quand on la bouge car elle doit coûter cher.

— Je te promets de ne pas la renverser exprès, même si je suis en colère contre toi, En revanche, je pourrais me cacher facilement là-dedans si tu veux me mettre dehors, rit-elle en posant un pied dans l’armoire. Tu sauras où me chercher !

Elle recule avant même d’y entrer et s’accroupit en tapotant sur le fond de l’armoire de chaque côté.

— C’est bizarre, ce n’est pas le même bois à droite et à gauche, continue-t-elle en se mettant à quatre pattes, la tête dans l’armoire.

Je me penche à ses côtés afin de comprendre ce qu’elle est en train de me dire et, effectivement, le bois sur le côté gauche a l’air beaucoup plus moderne. Miléna continue à tapoter et son doigt s’accroche à une petite aspérité sur laquelle je la vois insister.

— Tu fais quoi, là ? demandé-je en me penchant au-dessus d’elle.

— Je cherche à comprendre, ça me rend curieuse. Je crois que ça peut s’ouvrir, regarde, ça bouge, me répond-elle en s’acharnant jusqu’à soulever la planche de bois.

— Il y a quelque chose dedans ? demandé-je, mes mains posées sur ses épaules pour mieux m’approcher.

Miléna ne me répond pas mais me tend une vieille boîte en bois avant de soulever un livre à la couverture dorée.

— C’est fou ça. Tu imagines depuis combien de temps c’est là-dedans ?

— Je ne sais pas si ça fait si longtemps que ça, en fait, dis-je en commençant à lire ce qui est écrit. Regarde, c’est l’écriture de mon père. Il a écrit sur la première page de ce grimoire…

— C’est vrai ? Mais pourquoi ton père aurait caché ça ? Qu’est-ce qu’il a écrit ? me demande-t-elle en se collant à moi pour voir.

— Il explique que si on trouve ce manuscrit, c’est qu’on s’est décidé à faire quelque chose de ce Château et que l’on mérite de connaître le secret du domaine. Tu vois, là, il a marqué qu’il y avait un trésor caché quelque part dans l’édifice et que le manuscrit, c’est la clé pour le trouver. C’est fou, non ? J’arrive pas à y croire, continué-je en commençant à feuilleter le livre qui est malheureusement écrit en latin.

— Ton père s’y connaissait en latin ? C’est lui qui a tout écrit, tu crois ?

— Non, ce n’est pas lui, c’est beaucoup plus ancien, je pense. Tu as vu la qualité de l’encre ? On dirait un livre qui date du Moyen-Âge… C’est fou… dis-je en posant le livre sur une chaise.

— Et toi, tu sais traduire le latin ? Parce que je te préviens, mon côté journaliste a envie de partir en enquête tout de suite, et mes notions sont très limitées.

— J’ai des bases, mais je ne suis pas capable de tout traduire, non. Il va falloir utiliser un traducteur en ligne ou trouver un prof de latin. Moi aussi, j’ai envie de savoir ce qu’il y a dedans ! Tu imagines ? Un trésor est caché ici ! Mais c’est juste incroyable… Et cette découverte, c’est juste grâce à toi ! Merci mille fois Miléna !

Je l’enlace, pris par l’émotion du moment. Elle se laisse faire et se colle contre moi alors que son regard est toujours dirigé vers le livre, mais lorsque mes lèvres s’approchent des siennes, elle répond immédiatement à mon invitation et les presse contre les miennes. Nous échangeons un baiser qui m’emporte et me fait oublier jusqu’à l’existence même du trésor. Là, tout ce qui compte, c’est cette femme magnifique qui noue ses bras autour de mon cou, qui répond à mon baiser en faisant jouer sa langue avec la mienne. Je ne sais pas combien ce moment dure, mais lorsque la jolie brune s’écarte un peu et me repousse, je sens une immense frustration s’emparer de moi.

— Désolé, Miléna, je ne voulais pas te forcer…

— Tu ne m’as pas forcée, arrête… C’est juste que ce n’est toujours pas une bonne idée.

— Oui, tu as sûrement raison, concédé-je, un peu frustré. Je vais aller voir ce que je peux tirer du livre. Et on s’occupera des meubles à descendre plus tard. Il n’y a pas d’urgence de toute façon.

— Oui, d’accord… Si seulement je pouvais encore utiliser mes contacts en Arménie, on aurait une traduction rapidement, soupire-t-elle en caressant la couverture du grimoire du bout des doigts.

L’évocation de ses contacts en Arménie me ramène tout de suite à cet Arménien qu’elle a rencontré ici. Et cela a au moins le mérite de rafraîchir immédiatement la température. Je récupère le livre de ses mains et nous descendons. Je ne sais pas ce qu’il y a comme secret caché dans ce manuscrit, mais vu que je l’ai découvert grâce aux efforts de Miléna et sa volonté de rénover une suite, j’ai une obligation morale de l’associer à la suite des découvertes que je ferai. Et je suis content car ça me fait une excuse pour ne pas la laisser partir et prendre du temps avec elle. Je suis déjà tellement accro que je vais m’en contenter.

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