Un enfant pas comme les autres

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Virginie Desforges accueille le petit groupe qui entre dans la salle des peintures. Elle explique la démarche psychopédagogique tandis que les invités circulent librement d’une œuvre à une autre.

Les enfants ont été invités à exprimer les émotions ressenties quand ils sont tristes ou quand ils sont gais. Ils ont choisi ce qui les inspirait. Comme vous pourrez le constater, les couleurs vives et multiples sont toujours associées à la joie. En revanche, la tristesse, c’est à dire solitude, inquiétude, souffrance… est sombre, parfois monochrome. Nous avons affiché au mur les peintures sur un fond gris pour la gaieté et sur un fond blanc pour la tristesse. Si vous avez des questions…

Quelqu’un demande l’âge des enfants.

Nous accueillons des enfants de trois à seize ans, en externat ou en internat. L’atelier peinture est fréquenté par une vingtaine d’enfants de quatre à treize ans.

Agnès s’attarde sur une sorte de feu d’artifice qui concurrence un soleil éclatant.

Arnaud et Pol-Henri Verdier continuent de rivaliser de traits d’ironie, ce qui déclenche alors les regards noirs et gênés d’Agnès…

Le nom de l’artiste est inscrit sur une étiquette sous chaque dessin. Arnaud s’approche d’une feuille qui se distingue par sa blancheur. L’enfant n’a peint que quelques taches marron foncé qui ressemblent à des gouttes de pluie resserrées dans un coin de la feuille. Son œil, attiré par l’étiquette, peut lire « Pol-Arno Enrique Borreda ». Son regard reste collé sur l’étiquette, plus personne n’existe autour de lui. Une bouffée de chaleur le submerge, une brume de sueur recouvre son front, ses jambes hésitent à le porter…

Il se réveille sur un divan dans un petit salon, entouré d’Agnés et de Pol-Henri, qui guettent ses premiers mots, inquiets par le malaise soudain de leur ami.

Je me sens très fatigué… J’ai perdu connaissance ?

Un très court instant… Un médecin t’a examiné et a parlé de malaise vagal… Ce ne serait pas grave, mais tu nous as fait peur ! explique Pol-Henri l’air tourmenté.

Je suis incapable de participer au buffet… Je suis épuisé, je dois dormir…

Arnaud, ne vous inquiétez pas, je peux conduire, je vais vous ramener chez vous. Je suis contente d’avoir visité ce centre. Je reviendrai sans doute. Votre santé, c’est le plus important, conclut Agnès avec autorité. Je vais aller chercher nos vêtements et prévenir…

Merci, Agnès… C’est le plus raisonnable…

Arnaud et Pol-Henri, restés seuls, échangent un regard lourd de sens. Les secondes défilent. Un silence de pudeur, d’incompréhension et de colère s’installe. C’est Arnaud qui le rompt.

Tu as lu l’étiquette ?

Bien sûr.

Tu as connu Clara ?

La jolie Clara Enrique Borreda… Je suppose que tu veux savoir si j’ai couché avec elle… Oui, c’est arrivé... une première fois connement, on avait bu, il faisait beau, le truc idiot, sans penser à une suite… Et ensuite elle est venue chez moi quand vous vous êtes séparés. Elle cherchait un soutien, une épaule amicale et disponible… Je sais, c’est con, un cliché, facile…

Tu étais libre et on avait rompu…

Tu savais qu’elle était enceinte ? C’est ton fils ?

Je viens de découvrir son existence. Je te pose la même question…

Agnès revient avec les vestes. Elle a prévenu Virginie Desforges, qui comprend tout à fait. Elle espère que tout ira mieux très vite. Elle a insisté pour qu’on reprenne contact la semaine prochaine.

Bien sûr, Agnès. Je compte sur vous pour la rappeler. Merci encore. Bonne fin de soirée, Pol-Henri…

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