Chapitre 25 - La maison des Nobles

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— Je vous en prie Jaelith, restez tranquille ! Si vous remuez autant, vos plaies risquent de s'ouvrir à nouveau !

Le père Nilsas ne comprenait pas pourquoi la jeune femme n'arrivait pas à tenir en place. Cela faisait deux jours qu'elle dormait, et à son réveil, la première chose qu'elle voulait, c'était sortir de la chapelle alors que ces blessures n'étaient pas encore guéries.

— Ne vous inquiétez pas pour moi mon père. J'en ai vu d'autre vous savez, ce n'est pas cette petite blessure de rien du tout qui aura ma peau.

Les mains du prêtre parcouraient ses hanches, resserrant les bandelettes de tissus propres qu'il avait changés. La douleur lui crispa le visage quand elle se releva et rajusta sa tunique. Faisant comme si de rien n'était, elle allait sortir.

— Jaelith !

— Oui mon père ?

— Faites attention à vous. Vous n'êtes pas totalement remise.

— Mais puisque je vous dis que je vais beaucoup mieux !

Elle le remercia rapidement avant de sortir de cet endroit. A peine avait-elle traversée la porte de la chapelle qu'elle tomba nez à nez avec son capitaine et Feiyl. Le dragonnet sauta dans ses bras.

— Jaelith ! Tu es enfin réveillée !

— Toi aussi tu à l'air d'aller mieux Feiyl ! Pendant un instant, j'ai cru que ce dragon avait eu ta peau !

— Personne n'aura ma peau aussi facilement !

Le dragon se lova contre le cou de la jeune femme sous le regard d'Elrynd. Ce dernier s'approcha d'eux.

— Jae'... Tu es sûre que tu e vraiment remise de tes blessures ? Il n'est pas un peu trop tôt pour toi de sortir ?

— Absolument pas mon capitaine ! Je vais très bien !

La jeune femme baissa la tête avant de continuer.

— Je... Je voulais m'excuser pour la méchanceté dont j'ai fait preuve à votre égard.

— T'excuser ? Je n'avais pas prévu ça...

Elrynd détourna la tête.

— Je pensais que c'était à moi de la faire Jae'. Ce que j'ai fait, même si en toute honnêteté je ne le regrette pas... Mais je n'aurais pas dû forcer les choses...

Devant le silence qui s'installait entre eux, Jaelith décida de détourner la conversation. Elle souleva Feiyl au-dessus d'elle et le regarda avec un faux air méchant.

— Et toi vilain dragon ! J'aimerai savoir pourquoi c'est seulement maintenant que tu te décides à m'adresser la parole.

— Tu trouves que je suis vilain ?

— Oh oui, très vilain. Et si tu ne veux pas que je me fâche, tu devrais répondre à ma question.

Disant cela, elle chatouilla le dragonnet à la gorge et ce dernier gloussa.

— Très bien, je vais te répondre... Si je ne t'ai pas parlé jusque-là, c'est parce que... J'avais très honte de moi.

— Mais pourquoi ?

— A cause de moi, tu as eu plein de problèmes. Je n'avais pas envie que tu en supporte d'avantage. Et puis, que voulais tu que je te dise ? Mes conversations ne sont pas vraiment intéressantes, et je préfère t'écouter parler.

Jaelith serra tendrement le petit dragon contre elle sans rien dire. Levant la tête vers le ciel, elle laissa son regard porté par les nuages et se demanda si elle reverrait le terrible dragon noir.

***

Le poing de Freyki retomba lourdement sur la table de bois.

— Je ne peux pas me permettre d'augmenter les taxes sous prétexte qu'un maudit dragon ait soufflé une partie de l'armée !

La réunion avait débuté il y a moins d'une demie heure, et déjà, le roi loup s'emportait. Malheureusement pour lui, la maison des Nobles était influente, et elle possédait quelque chose qu'il n'avait pas : de l'argent. La plupart de ses membres étaient de riches marchands, et deux représentants se trouvaient là en cet instant. Les deux représentants les plus prépondérants.

— Calmez-vous mon roi, nous ne sommes pas forcément obliger d'en arriver là.

A la gauche du souverain se trouvait un homme assez âgé. Ce dernier était de petite taille et assez replet. Il était habillé de la tunique des marchands, un vêtement de couleur pourpre et or. Il tentait de calmer le roi loup par ses paroles, mais savait que c'était en vain.

— Pas obligé ? Mais seigneur Cederman, ce n'est pas ce que semble penser votre confrère.

Le regard du roi observait l'homme qui se trouvait à sa droite. Grand et mince, une mince mèche grise jurait avec les longs cheveux noirs de Ruber Drehen. Ce dernier portait lui aussi la tenue des marchands. Avec un large sourire, il lança au souverain :

— Pas d'argent, pas d'armée. Vous vous plaignez d'avoir perdu des hommes, mais pour les remplacer, il va bien falloir payer d'une manière ou d'une autre. C'est évident. Si vous ou le Seigneur Cederman ne voyez pas cela, alors c'est que vous êtes aveugles.

— Vous devriez surveiller votre langage ! Vous êtes en face de votre roi !

Le vieil homme s'était énervé et n'avait pas manqué de s'étouffer en toussant. Freyki s'était pris la tête entre ses mains et s'énervait.

— Je ne peux pas demander à mon peuple de payer plus qu'il ne le fait déjà !

— Il faudra bien que ça arrive un jour ! Autant que ce soit maintenant, comme ça c'est fait et nous n'en parlerons plus !

L'homme à la cicatrice leva la tête vers le plafond en soupirant et en tentant de retrouver un minimum de calme.

— Laissez-moi le temps d'y réfléchir seigneur Drehen.

— Vous laissez réfléchir ? Combien de temps ?

— Disons un mois. Laissez-moi un mois. Passé ce délai je vous donnerais ma réponse.

Le seigneur marchand haussa les épaules et plongea la tête dans les parchemins qu'il avait ramenés avec lui. Il en froissa un qu'il jeta sur le sol de la salle avant de se racler la gorge.

— Il y a autre chose dont nous devons parler mon roi.

— De quoi s'agit-il ?

— Je dois vous rappeler que vous n'avez toujours pas d'héritier...

Freyki se leva de sa chaise et lança un regard noir envers son interlocuteur.

— Vous n'allez quand même par remettre cette histoire d'héritier sur le tapis !

— Il le faut bien majesté. Cela fait un quelques années que votre femme nous a quittés. La période de deuil est passée, il faudrait vraiment que vous...

— Je ne suis pas encore prêt pour ça !

C'était un mensonge. Freyki savait déjà quelle personne il voulait voir à ses côtés. Mais ce choix déplairait certainement les membres de la maison des Nobles. Ruber gloussa.

— Pas prêt ? Dois-je vous rappeler que celle qui fut votre femme était aussi ma fille ? Moi aussi j'ai souffert de sa disparition !

Freyki secoua la tête. Il avait aimé Amaria, à sa manière... Il l'avait choisie car elle ressemblait vaguement à la femme qui hantait ses souvenirs. Elle lui en avait voulu pour cela. Elle avait jalousé ce souvenir jusqu'à la fin... Ruber se racla à nouveau la gorge.

— Mon roi, vous savez que j'ai une seconde fille... Eloria...

— Oui, je le sais.

Le roi loup serrait ses poings de colère, car il savait ce que le riche marchand avait derrière la tête.

***

Jaelith, accompagnée de Feiyl, arriva au donjon principal. Des éclats de voix lui parvenaient depuis la salle de réunion et elle se demandait ce qui pouvait bien s'y passer. Elle était venue car elle voulait remercier son souverain et n'en avait pas encore eu l'occasion. A peine avait-elle franchie la porte d'entrée du donjon qu'une voix féminine l'arrêta.

— Qui êtes-vous et que venez-vous faire ici ?

Jaelith se retourna et vit alors une très belle femme aux longs cheveux noirs et au regard vert. Cette dernière était habillée d'une magnifique robe pourpre abordant différents motifs de soie noire. Elle regardait la femme paladin d'un œil noir, puis elle vit le dragon et recula.

— Un dragon ? Vous osez ramener un dragon ici ?

— Feiyl n'est pas n'importe quel dragon !

— Il fait partie de ces horribles créatures ! Bah ! Il devrait finir avec sa tête au bout d'une pique comme tous ses congénères !

Feiyl grogna vers la jeune femme, mais Jaelith lui souffla de se calmer et de ne pas rentrer dans son jeu.

— Vous n'avez pas répondu à ma question. Je vous ai demandé qui vous étiez !

— Je n'ai franchement pas envie de vous répondre. Vous vous conduisez de manière déplaisante avec mon compagnon.

— Compagnon ? Vous considérez donc ce reptile comme un compagnon ? J'aurais au moins cru qu'il était votre animal de compagnie.

— Feiyl n'est pas mon animal de compagnie et ne le sera jamais.

— Parce qu'en plus il a un nom ? Mais peut être que vous, vous n'en avez pas.

Jaelith sentait la colère monter en elle. Elle détestait cette femme. Cette dernière la toisa de haut.

— Vous avez perdu votre langue ? Ça ne m'étonne pas de vous !

Elle tentait de contenir sa colère, mais cette femme la poussait dans ses derniers retranchements. Rapidement, elle s'avança vers elle pour lui faire face et la repoussa violement contre le mur de pierre froides. Ses yeux pleins de colères fixaient ceux de celle qui désormais tremblait de peur. D'une voix froide, elle s'adressa à la vipère.

— Mon nom est Jaelith Librevent. Et je vous interdis de me parler, à moi ou à Feiyl, sur ce ton. Continuer et vous aurez affaire à moi. Est-ce bien clair ?

La femme ne répondit pas, se contentant de la regarder de ses grands yeux verts étonnés. Suivie de son compagnon, elle la laissa là tendit qu'elle continuait son chemin vers la salle de réunion.


***

— Je ne suis pas prêt pour un autre mariage, est-ce si compliqué à comprendre Ruber ?

La voix de Freyki était lasse de se répéter.

— Il faudra bien que vous y songiez un jour mon roi !

— Seigneur Drehen, puisse qu'il vous dit qu'il n'est pas prêt, laissez-lui un peu plus de temps.

— Occupez-vous de vos affaires Seigneur Cederman ! Vous vous en êtes tellement bien occupé que votre fille unique à choisit de disparaitre du jour au lendemain !

— Je vous interdis de parler ainsi ! Charis est partie avec mon accord.

— Et elle n'est jamais revenue.

La lourde porte de bois s'ouvrit alors dans un horrible grincement, faisant cesser la conversation. Jaelith et Feiyl entrèrent, puis saluèrent les personnes présentes. Elle s'excusa auprès de son souverain.

— Je suis désolée de venir vous déranger en pleine réunion, mais je ne pouvais pas attendre plus longtemps pour vous remercier.

Ruber dévisageait la nouvelle venue sans aucune gêne, l'air méfiant. Ce qui contrariait le plus n'était pas de voir la jeune femme accompagnée d'un dragon. Non. C'était la manière dont Freyki la dévorait du regard. Theodore Cederman observait Jaelith avec un léger sourire. Elle lui avait parue forte et sûre d'elle à cet instant, et tout cela lui rappela bien des souvenirs. Il repensa à sa fille unique, Charis.

— Ne vous inquiétez pas. La réunion était sur le point de s'achever.

La douce voix du roi loup résonna dans l'immense salle alors que jusqu'ici il n'avait fait que quasiment hurler. Ruber ramassa ses parchemins qu'il mit rapidement dans sa besace de cuir. Theodore se releva lentement et prit doucement le chemin de la sortie après avoir salué son roi. A peine ce dernier avait-il ouvert la porte qu'une véritable furie entra en hurlant.

— Père ! C'est horrible ! Il vient de m'arriver quelque chose d'horrible !

C'était la femme de tout à l'heure. Cette dernière se jeta dans les bras de son père qui n'était autre que le seigneur Ruber qui semblait inquiet.

— Que se passe-t-il Eloria ?

— Une horrible femme m'a agressé avec son dragon !

Jaelith haussa les épaules.

— Agressé ? Vous avez insulté mon compagnon et m'avez dit des mots blessants. Il est bien normal que je me défende ! "

Eloria se tourna vers elle et poussa un cri. Elle hurla :

— C'est elle père ! C'est cette méchante femme !

— Calme-toi Eloria !

La vipère jeta un regard plein de reproches à la femme paladin qui l'ignora. Ruber se tourna vers son souverain pour présenter sa fille.

— Comme je vous le disais pendant la réunion, voici ma seconde fille, Eloria.

La jeune femme fit une courte révérence au roi tandis que son père continuait à parler.

— J'espère que vous vous entendrez aussi bien avec elle qu'avec Amaria.

Freyki n'avait pas répondu et s'était contenté de saluer brièvement la jeune femme. Il s'adressa au seigneur marchand en ces termes :

— Seigneur Drehen, j'ai besoin de réfléchir à vos propositions.

— Bien entendu. J'espère que vos choix seront les bons mon roi.

Eloria et son père saluèrent respectueusement le roi loup avant de sortir de la salle.

— Quelles horribles personnes...

C'était la voix de Feiyl qui avait brisé le silence. Freyki ne put se retenir de rire.

— Oui, vous avez raison. Mais malheureusement, je suis bien obliger de les supporter. C'est grâce à ces personnes si la cité ne tombe pas en ruines. Je m'entends plutôt bien avec le Seigneur Cederman. C'est quelqu'un de compréhensif et de patient. Le seigneur Drehen est tout le contraire.

— Pourquoi tenait-il autant à vous présenter sa fille ? C'est une véritable vipère !

Jaelith avait posé cette question, se doutant vaguement de quelque chose. L'homme à la cicatrice détourna son regard.

— Il parait qu'il faut absolument un héritier au trône. Alors on essaie plus ou moins de me forcer la main...

— Mais c'est horrible !

La voix claire de la jeune femme avait retentit entre les murs de la grande salle. Le roi en fut surprit.

— En quoi est-ce horrible ?

— On ne peut pas vous forcer à épouser quelqu'un que vous n'aimez pas !

— Ce genre de choses est plus courant que vous ne le pensez Jaelith. Vous avez cru qu'en tant que roi, je pourrais me marier avec une femme par amour ?

La jeune femme secoua la tête.

— On ne peut pas être heureux ainsi.

— Je ne le sais que trop bien ma dame.

Il repensait aux deux années qu'il avait passé auprès d'Amaria. Il ne l'avait pas aimé comme il aimait Jaelith en cet instant. Il ne ressentait pas ce feu au fond de lui, il n'entendait pas cette voix intérieur qui lui disait de prendre ses lèvres et de se lier à elle. C'était autre chose... Il l'avait aimé comme on aime une amie. Un amour agréable, mais qui ne possédait pas la passion que la demie elfe lui procurait. Freyki les battements de son cœur se hâter et sa respiration s'accélérer.

— Mon roi, tout va bien ?

Si elle s'approchait de lui, s'il sentait la douceur de sa peau contre la sienne, il ne savait pas s'il pourrait se contenir.

— Je vais bien oui.

Il se rappela la douceur de ses lèvres lorsqu'il l'avait embrassé alors qu'elle était endormie. C'est elle qu'il voulait à ses côtés. Elle et personne d'autre. Surtout pas une vipère comme cette Eloria.

— Jaelith... Puis-je vous emprunter Feiyl un moment ?

— Pourquoi est-ce que vous ne lui demandez pas vous-même ?

Il avait oublié que le dragon s'était enfin décidé à parler avec ses camarades et tourna la tête vers Feiyl qui gloussa.

— Si vous avez besoin de moi et si Jaelith n'y voit pas d'inconvénients...

Le petit dragon s'approcha du roi loup. La jeune femme les salua.

— Eh bien, puisque c'est ainsi, je vais retourner me reposer à l'auberge. Même si je vais mieux, je pense que j'ai quand même besoin d'un minimum de repos si je veux pouvoir affronter cet énorme dragon noir lorsqu'il remontrera le bout de son museau.

Elle sortit alors de la salle, laissant son souverain seul avec Feiyl. Le dragonnet demanda :

— En quoi puis je vous être utile ?

— J'ai besoin de soulager ma conscience.

Freyki posa son regard vers le ciel qui commençait à s'assombrir lentement à travers l'une des fenêtres de la salle.

— Soulager votre conscience ?

— Comme je le disais tout à l'heure, on essaie de me forcer à me marier le plus rapidement possible.

— Mais vous n'en n'avez pas la moindre envie. A moins que je me trompe ?

Le roi loup eut un rire nerveux.

— Je ne veux pas qu'on m'impose une femme que je serais incapable d'aimer.

— Il y a quelqu'un que vous pourriez aimer ?

— Oui, il y a bien quelqu'un...

L'homme à la cicatrice baissa la tête. Feiyl l'observait et le trouvait vraiment étrange. Il demanda :

— Si il y a quelqu'un, alors pourquoi ne pas lui demander ?

— Je ne sais pas si elle partage les mêmes sentiments que moi. C'est une femme capable de briser le cœur d'un homme pour s'en débarrasser. Quand je la vois, elle illumine tout ce qui se trouve autour d'elle. Elle est forte comme un homme et ne se laisse pas marcher sur les pieds. Pourtant, il lui arrive souvent de pleurer.

— Qui est cette femme ?

— Tu la connais mieux que moi petit dragon.

Feiyl déglutit. Il se doutait de quelque chose mais ne s'attendait pas à ça.

— Pourquoi me parler de tout ça à moi ?

— J'aimerai savoir ce que tu en penses.

— Je sais que Jaelith a une grande place pour vous au fond de son cœur, roi loup. Mais je serais incapable de vous dire si ce qu'elle ressent pour vous est de l'amour. De toutes manières, si vous lui dites, elle se cachera derrière sa prophétie et il vous arrivera la même chose qu'au capitaine paladin. Elle cherchera à se faire haïr de vous afin que vous l'oublier.

— Que dois-je faire d'après toi ?

— Je ne sais pas. Je ne suis qu'un dragon vous savez, et les aventures amoureuses des humains ne m'intéresse pas plus que ça.

L'homme à la cicatrice baissa la tête, l'air abattu. Parler avec Feiyl lui avait fait un peu de bien, mais il fallait maintenant qu'il soulage son cœur auprès de la personne qu'il aimait. Et il ne savait pas ce qui allait résulter de cette entrevue.

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