Chapitre 20 - La mort du général

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De retour au camp, chacun pu se reposer. Il y avait quelques blessés, mais rien de vraiment grave. Jaelith s'était assise sur l'herbe fraîche, un peu à l'écart. Recroquevillée sur elle-même, elle se retenait de pleurer. Plus loin, Elrynd l'observait. Il mourrait d'envie de la rejoindre, de lui parler, de la prendre dans les bras, mais il savait que si il faisait ça, elle se fâcherait. Il se contentait alors de la regarder, de loin.

— Pourquoi vous restez là sans bouger ? Ce ne serait pas plus simple d'aller la voir ?

Le capitaine sursauta et se retourna pour se trouver face au roi. Il fronça immédiatement les sourcils avant de répondre.

— Si c'était plus simple, croyez bien que je serais à ses côtés.

— Qu'est-ce qui vous en empêche ?

Silence. Comment Elrynd pouvait-il expliquer que c'était Jaelith qui avait posé cette barrière entre eux ? Devant le silence du capitaine, Freyki haussa les épaules avant de l'ignorer et de s'avancer vers la jeune fille qui semblait perdue dans ses pensées.

— Vous n'avez pas l'air d'aller mieux.

Elle leva la tête vers son interlocuteur qui s'installa près d'elle.

— Qu'est-ce qui vous tourmente encore ?

— Rien de très important...

— Alors cessez de faire cette tête. On dirait que toute la misère du monde repose sur vos épaules."

Jaelith se tourna vers le roi et lui fit un sourire forcé. Ce dernier secoua la tête.

— Et vous espérez me faire croire que tout va bien avec cet horrible sourire.

— J'aurais essayé...

Elle se laissa tomber sur l'herbe, allongée de tout son long, et posa son regard sur le ciel gris. De longues trainées de fumées le zébraient, sans nul doute en provenance de ce qui restait de Bergen.

— J'entends la voix de la lumière me demander de continuer.

— La lumière communique donc avec les paladins et les prêtres ?

— C'est une façon de parler... On la ressent au plus profond de soi. Mais il m'arrive d'entendre sa voix...

— Et qu'est-ce qu'elle vous dit ?

Jaelith ferma les yeux et se concentra.

— Actuellement, elle me demande ne pas m'inquiéter. Mais je n'ai aucune idée de ce à quoi elle fait allusion.

Freyki tourna légèrement la tête et vit qu'Elrynd les observait toujours. Un large sourire sur le visage, le roi se pencha sur la jeune femme, et colla son visage près du sien. Jaelith, les yeux grands ouverts, demanda abruptement :

— Pourquoi est-ce que vous vous intéressez à moi ?

Le roi releva la tête et s'aperçut que le capitaine avait disparu. Il se rasseyait, suivit de la demie elfe.

— Ce ne serait pas drôle si je vous le disais.

— Qu'est-ce que vous attendez de moi très exactement ?

Freyki s'enferma dans un lourd silence pendant de longues minutes. Il avait alors finit par se relever et invita la jeune femme à faire de même.

— Il est temps de reprendre la route, ma dame.

***

Le général Lutz était déjà parti pour annoncer les nouvelles à Goldrynn. Il n'avait pas voulu prendre de repos et avait pris la route avant tout le monde, seul.

Pendant le chemin du retour, Jaelith réfléchissait tout en lançant quelques regards à la dérobée au souverain qui semblait perdu dans ses pensées. Pourquoi portait-il autant d'attention à elle ? Il n'avait pas voulu lui répondre et l'avait laissé avec ses interrogations.

C'est alors que des cris en provenance de l'avant du groupe se firent entendre. Sans attendre un instant, Freyki s'était rendu en tête, rapidement suivit de la jeune femme.

Au milieu du chemin se trouvait le corps démembré d'un homme. Et nul doute en voyant son visage figé dans une expression de terreur qu'il s'agissait du général Lutz Krisang. Jaelith porta les mains à sa bouche pour s'empêcher d'hurler. Le roi descendit de monture et s'approcha du cadavre. L'un des chevaliers demanda :

— Majesté, vous pensez que le général est tombé dans un piège de brigands ?

— De brigands ?

Freyki ferma doucement les yeux de l'homme qui l'avait fidèlement servi pendant des années. Son regard se porta sur une broche qui avait été abandonnée et qui n'appartenait pas à Lutz. Le roi la ramassa et la fit tourner entre ses doigts pour l'observer de plus près. Il représentait un serpent s'enroulant dans divers objets, parmi lesquels une dague, une orbe, une épée et un bâton. Il serrait le poing avec une telle puissance que la broche se brisa en deux.

— Encore ce culte des ombres...

L'homme se releva et fit signe à plusieurs chevaliers de s'occuper de la dépouille de Lutz. Le corps du général fut enveloppé dans un drap blanc qui se souilla rapidement de sang. Freyki remonta à cheval et ordonna à ce que le groupe se dépêche de retourner à Goldrynn.

Jaelith, les larmes aux yeux, s'approcha alors de la monture du roi. D'une petite voix, elle murmura :

— Je suis désolée pour le général Lutz.

— Pourquoi ? Ce n'est pas de votre faute. Ce sont ces maudits membres du culte de l'ombre ! Regardez !

Il lui tendit la broche qu'il avait ramassée. La demie elfe l'observa, et ne manqua pas de pousser un cri de surprise lorsqu'elle reconnut les objets gravés dessus.

— Ce sont les mêmes ! Mais pourquoi s'en être prit au général ?

— Parce qu'il était seul. Il faisait une bonne cible. De plus, ce n'est pas n'importe qui. En tuant Lutz, ils ont tué un des grands de la cité. J'espère qu'Arhan aura trouvé la cachette de ces misérables rats...

Le regard du souverain était noir de haine, Jaelith frissonna. Les portes de la cité n'étaient plus très loin.

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